Saint Paul est un personnage de caractère et de conviction qui continue de marquer fortement et durablement le christianisme. Sa lecture de nos jours n'est pas toujours évidente, car sa véhémence, sa rigueur, sa force, ses obsessions peuvent choquer et s'accommodent mal de nos esprits mous du genou, de consensus, tièdes et politiquement corrects. C'est pour cela que toute tentative d'aide de nos contemporains à apprivoiser l'apôtre, voire, à l'inverse, de se laisser apprivoiser par lui, est indispensable. Mais peut se révéler difficile. Ainsi en commençant par feuilleter le livre, j'ai trouvé sa construction intéressante puisqu'elle présente bien évidemment une approche du message de Paul par ses épitres, et en passant en revue chacune d'entre elles, en s'attardant plus particulièrement sur un certain nombre de passages qui ont marqué l'auteur, en y associant ses réactions et ses commentaires.
A la lecture, cet ouvrage n'est pas une exégèse des textes, mais il transcrit de belles méditations de l'écrivain sur chacun des versets retenus. Celles-ci révèlent sa belle foi qui est en phase avec l'enseignement du saint, qui n'exprime aucune distance critique, car pour lui la moindre distance ne peut exister. Ces méditations peuvent ainsi se montrer tour à tour enflammées, éclairantes, lyriques, illustratives.
Ayant très sûrement lu trop rapidement ce livre, en n'ayant pas suffisamment pris le temps de savourer toutes ces pensées, j'avoue ne pas les avoir totalement appréciées et ne pas les avoir trouvées toujours suffisamment limpides.
Néanmoins, même si ce n'est pas "Saint Paul pour les nuls", l'intérêt de cette lecture est de passer en revue toutes les plus belles parties de ses lettres, sans ignorer celles qui peuvent poser problèmes à notre époque, avec l'auteur qui nous accompagne agréablement dans ce parcours en nous montrant leur importance, leur totale actualité, leur cohérence et leur grandeur pour autant que nous ne prenions pas les mots de l'apôtre à la légère.
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Ga 5,1
"C'est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés."
Ne jamais oublier cela, ne jamais le réduire, le détourner ou le caricaturer. Ou prendre les choses de haut, comme s'il fallait vite passer à autres choses plus sérieuses. Car rien n'est plus beau, ni plus juste, ni plus nécessaire que ce rappel : par le Christ, je suis libre et dans le Christ, je suis libre. Je reprends la parole de l'Apôtre à la première personne parce que ce "nous" ne doit pas devenir un paravent pour préserver mon anonymat, pour m'offrir le refuge d'une collectivité ou même d'une communauté. Je parle en mon nom, parce que cette liberté est bien la mienne, et j'en porte la responsabilité. Christ regarde ma conscience, ma seule et unique conscience, comme il regarde la seule et unique et irremplaçable conscience de chaque croyant. La liberté qu'il m'octroie n'est ni provisoire ni transitoire, ce n'est pas une liberté au rabais. Remarquons en passant, et en nous mettant à la place du sceptique ou de l'agnostique, que c'est probablement la chose la plus difficile à comprendre. Oui, cette liberté, cette haute et totale, cette effrayante (envisagée sous une certaine lumière) liberté m'est donnée dans le Christ à l'instant même où je m'attache à lui d'un lien indéfectible.
Patrick Kéchichian [Jeudi La Procure 10/11/11] .