Etonnant de constater que la vie n'est qu'une longue suite d'accumulations, la recherche permanente de moyens de combler l'espace, d'occuper le temps. Tout cela au nom du confort matériel, certes, mais surtout pour ne pas avoir à reconnaître qu'on ne fait que passer sur cette terre, qu'on la quittera bientôt sans autres biens que les habits dont sera revêtu notre cadavre. Amasser dans la seule intention de tromper le sort commun qu'est l'engloutissement à venir dans l'inconnu, de s'inventer un semblant de permanence, de croire à la solidité de ce que l'on a bâti.
Neuf comprimés étaient alignés sur mon bureau : une capsule de 150 mg de Zantac contre l'acidité gastrique, deux gélules de gingseng coréen en guise de dopage naturel, deux tablettes de 5 mg de Dexédrine en guise de dopage chimique, une dose massive (5 mg) de Valium pour lutter contre le stress, et enfin trois grosse gélules de bêta-carotène destinées à désintoxiquer un peu mon organisme.
"C'est surtout la ventrée de carotène qui m'épate, constaté Estelle, les yeux fixés sur ma ration pharmaceutique du matin.
- Ça purifie, lui ai-je expliqué avec un grand sourire.
- Un peu comme un Diet Coke après deux Big Mac et la grande barquette de frites, c'est ça ?
L'arrogance n'est souvent qu'un masque posé sur le désespoir.
Cependant les envies ne meurent jamais, elles ne font qu’hiberner.
nous ne cessons pas rêver d'une existence plus libre tout en nous enferrant de plus en plus dans les obligations, dans les pièges domestiques. Nous aimerions tant partir, voyager légers, et cependant nous ne cessons pas d'accumuler de nouveaux poids qui nous entravent et nous enracinent. La faute nous en incombe parce que, au-delà du rêve d'évasion, auquel nous ne renonçons jamais, il y a aussi l'attrait irrésistible des responsabilités : la carrière, la maison, les scrupules parentaux, les dettes, tout cela nous remet sans cesse les pieds sur terre, nous offre cette sécurité tant recherchée, nous donne simplement une raison de sortir du lit le matin. En réduisant inexorablement le champ du "choix", cette vie nous accorde le soulagement des certitudes. Alors, même si tous les hommes que je connais enragent en secret d'être tombés dans un cul-de-sac domestique, nous continuons à y entrer et à nous y installer, tous. La rage au cœur, le désir de vengeance aux tripes.
L'angoisse de la perte, tu ne sais absolument pas ce que c'est, hein? "Ça te conduit à penser que tout est fragile, que tout n'a qu'un temps. Tu finis par douter du bonheur, douter que ça puisse exister. Et chaque fois qu'il t'arrive quelque chose de bien dans ta vie, tu sais que ça ne restera pas, qu'on va te le reprendre à un moment ou un autre....
Etonnant de constater que la vie n’est qu’une longue suite d’accumulations, la recherche permanente de moyens de combler l’espace, d’occuper le temps. Tout cela au nom du confort matériel, certes, mais surtout pour ne pas avoir à reconnaître qu’on ne fait que passer sur cette terre, qu’on la quittera bientôt sans autres biens que les habits dont sera revêtu notre cadavre.
L'arrogance n'est souvent qu'un masque posé sur le désespoir.
Les meilleures idées naissent souvent du hasard.
Réussir. Le plus américain des verbes. Comme dans l’incontournable phrase : « Tu as reçu la meilleure éducation possible, maintenant tu dois réussir ». Pour mon père, comme à peu près tous mes camarades de classe, ce terme n’avait qu’une seule et unique signification : faire de l’argent, beaucoup d’argent.