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EAN : 9782505013181
272 pages
Dargaud (04/11/2011)
3.91/5   35 notes
Résumé :
Kentarô Ueno est mangaka. Il habite, avec sa femme et sa fille de 10 ans, dans une petite maison qui lui sert aussi d'atelier. C'est une famille heureuse. Certes, sa femme souffre de dépression mais, elle suit un traitement et tout a l'air de bien se passer. Jusqu'au jour où, alors qu'il s'apprête à se coucher, il la retrouve allongée face contre sol, inerte. "Sans même nous dire au revoir" raconte ce qui s'est passé ensuite dans la vie de l'auteur jusqu'à aujourd'h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Le travail de deuil est étroitement lié aux circonstances du décès de l'être cher. Ainsi une séparation brutale provoque souvent une hébétude traumatique et amplifie la durée du chagrin.

La pochette plastifiée protégeant le manga de Kentarô Ueno, intitulé ''Sans même nous dire au revoir'', représente un quartier commerçant de la banlieue de Tokyo.
La précision du coup de crayon est telle qu'en plissant légèrement les yeux vous avez l'impression d'observer une photo en niveau de gris. L'oeil est pourtant attiré par quelques gouttes d'eau qui en surimpression brouillent quelque peu ce paysage urbain et poussent instinctivement le lecteur à effleurer du bout des doigts cette jolie couverture. On pourrait croire qu'il s'agit de gouttes de pluie mais en réalité se sont les larmes de l'auteur.

Kentarô Ueno exerce ses talents de mangaka dans l'atelier aménagé au-dessus de l'appartement qu'il occupe avec son épouse Kiho et leur fille Karim âgée de dix ans.
En ce 10 décembre 2004, à bientôt minuit, il travaille sur ses planches pour satisfaire une importante commande du magazine ''Comic Beam''. Au même instant, à l'étage au-dessous, Kiho s'écroule face contre sol.
Ni le massage cardiaque prodigué par Kentarô, ni l'intervention des sapeurs-pompiers, n'arrivent à ranimer la jeune femme.

Le processus de résilience se concrétise chez Kentarô Ueno par le besoin de raconter sous la forme d'un manga cette mort tragique et aussi le long travail de deuil qui commence. Perpétuer le plus longtemps possible le souvenir de Kiho aidera peut-être Karim à surmonter la disparition de sa maman.

La veillée mortuaire, le crématorium, le recueillement des ossements, le petit autel où brûlent les bâtonnets d'encens avec en arrière-plan une photo de Kiho sont reconstitués avec minutie. Ces dessins, parfois sur une double page, sont plus vrais que nature.

Le rituel de la séparation, l'absence insoutenable de l'être aimé, les souvenirs heureux, le sentiment de profonde injustice, les promenades en solitaire au coeur de la nuit, les planches du manga sur lesquelles perle parfois une larme : une kyrielle d'images qui montrent et suggèrent tout autant.

Laisser du temps au temps pour se reconstruire, laisser le chagrin lentement s'estomper, laisser les jours meilleurs venir par les hasards de la vie...
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Son budget domestique ayant diminué, Kentarô Ueno, mangaka, a demandé à disposer, en cette fin d'année 2004, d'un nombre de pages deux fois supérieur à son habitude. Aussi, son planning est très serré et il travaille jusque très tard dans la nuit avec son assistant. Heureusement pour lui, il habite juste au-dessous, avec sa femme, Kiho, et sa fille, Karin. Cela le rassure car son épouse est asthmatique et souffre de dépression. Les coups de déprime ne sont pas rares. En ce 9 décembre 2004, comme d'habitude, Kentarô descend tardivement chez lui. Il est étonné de voir l'appartement en désordre, le frigo ouvert et la télé encore allumée. Et là, encore plus étrange, Kiho est étendue dans le salon, face contre terre. Après l'avoir retournée, il lui prend son pouls, qu'il a l'impression de confondre avec le sien, lui prodigue un massage cardiaque et décide finalement d'appeler une ambulance. Aussitôt, la jeune femme est conduite à l'hôpital où, malheureusement, les médecins ne peuvent que constater sa mort...

Kentarô Ueno est un mangaka célèbre au Japon, notamment pour ses mangas humoristiques. Pour son premier album publié en France, l'auteur se livre avec beaucoup d'émotion et de délicatesse. En effet, il retrace les jours qui ont précédé et suivi la mort de son épouse, Kiho. Une épouse aimée et aimante, une mère dévouée et tendre. de sa mort tragique et effroyablement subite, l'auteur déploie les heures et les journées irréelles et pourtant inoubliables qui ont suivi. le rituel de la mort, la crémation, la famille présente puis le travail de deuil. Profondément intime et sincère, ce récit, sans être larmoyant, se révèle extrêmement poignant et bouleversant. D'autant que quelques photos et dessins au fusain agrémentent des planches déjà sensibles et très réalistes et que la couverture est elle-même marquée de larmes. Une magnifique et émouvante leçon de vie, pour celui qui, bien qu'étant tourné vers l'avenir et vers l'espoir, n'oublie pas la femme et l'épouse qu'était Kiho...
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Que ce manga est beau. Pas joli, mais beau. Infiniment triste aussi.

Kentarô Ueno nous dessine et nous conte la mort de sa femme. Les jours qui ont précédé, les jours qui ont suivi, sa tristesse, son désespoir, ses souvenirs, ses regrets.
J'ai adoré les dessins de son propre visage déformé par la peine: vous savez, cette impression que notre visage se met à fondre, à s'affaisser.
J'ai adoré aussi ses dessins de lieux qu'ils aimaient tout deux, ses vues baignées de larmes, le voile couvrant les souvenirs, les visages qui s'effacent si vite.
J'ai aussi beaucoup aimé les gros plans sur des détails qui nous paraissent sans importance et qui pourtant recueillent toute la souffrance d'un immense manque.

Un manga très intimiste, peut être égoïste aussi. Un travail de deuil assurément.
Il m'en reste un sentiment d'apaisement.

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Kentarô Ueno nous livre dans ce manga son histoire personnelle, poignante. le récit de la mort subite de sa femme, et de son désarroi pendant l'année qui a suivi. Sa femme était malade chronique et dépressive depuis une dizaine d'années, sous traitement, et avait quelques problèmes avec l'alcool. Un jour, tellement occupé à travailler à l'étage de la maison à son oeuvre de mangaka, il ne se rend pas compte que sa femme est tombée inanimée face contre sol, au rez de chaussée. C'est d'abord l'incrédulité et l'urgence qui le guide, il agit mécaniquement pour prévenir les secours et se rendre à l'hôpital avec sa fille encore toute jeune, qui fait preuve d'un calme remarquable, d'une grande maturité. Il va nous décrire dans le détail cette phase des formalités d'usage, après qu'on lui eût annoncé la mort de Kiho, puis l'organisation de la crémation...Quelques jours après, toutes les démarches administratives étant achevées, le vide se fait évident et prend tout son terrible sens. La douleur est immense. Elle reviendra par vagues récurrentes, quand un objet, une photo, une vidéo sont autant de souvenirs lui rappelant cette vie d'avant avec la défunte. Très tôt, il propose à son éditeur d'écrire sur ce drame personnel. Finalement, il le fera avec le recul de quelques années, lorsque l'émotion sera atténuée, nous livrant ce témoignage fort.

Ce manga autobiographique est presque un documentaire sur les démarches que chacun devra entreprendre un jour pour un membre de sa famille. C'est au départ un peu déstabilisant, très descriptif, on a l'impression que ce sera bien long et peut-être saturé d'émotivité à fleur de peau. Mais finalement, cela ne traîne pas tant en longueur, cela reste sobre, et le propos nous apporte beaucoup, tant sur les us et coutumes japonais dans cette situation, que par les thématiques d'ordre plus philosophique, qui ne sont pas affichées mais se devinent en filigrane.

Car c'est un récit qui fait réfléchir sur la notion de culpabilité (pouvait-il en étant plus attentif en ce triste jour la sauver ?), sur la nécessité de profiter à plein du présent (on ne devrait jamais croire qu'on a l'éternité devant nous), sur les responsabilités qui vous tombent dessus et auxquelles il faut faire face (il faut qu'il soit présent, malgré son mal-être, pour sa fille qui en a besoin), sur nos capacités de résilience, qui permettent de survivre, et peut-être un jour, de revivre. Ce qui sauvera Kentarô, outre la présence de sa courageuse petite fille, c'est aussi son travail, son art, dans une forme d'art-thérapie. Et puis un jour, contre toute attente, l'amour reviendra...Mais ça, comme il dit, c'est une autre histoire !

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Une couverture troublée de petits ronds comme autant de traces de larmes. Un titre portant le fardeau du regret. D'entrée, le ton est donné.

Dans Sans même nous dire au revoir, Ueno Kentarô, mangaka spécialisé dans les séries humoristiques, racontent la mort de sa jeune femme en décembre 2004. Avec précision et émotion, il détaille les démarches à effectuer, les rites, les funérailles. Plus douloureusement, c'est la perte qui transparaît à travers chaque case, chaque planche. La perte pour laquelle il n'existe pas de mot juste. Pas de réconfort si ce n'est laisser le temps faire son oeuvre d'érosion. de cicatrisation. Chose qui semble si improbable au moment de la mort d'un être cher.

En commençant ce manga, je craignais de me sentir dans une position désagréable de voyeur du malheur d'autrui. Mais le tracé net et fouillé de Ueno Kentarô, sa narration en équilibre qui jamais ne tombe dans l'exhibition ou le pathos, ont rendu sa lecture émouvante. Et difficile dans le sens où le récit renvoie tout un chacun à ses propres drames vécus.

Un très beau roman graphique à découvrir.
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critiques presse (4)
LeFigaro
15 mars 2012
Le chemin vers l'apaisement est long et tortueux. Kentaro Uneo le parcourt, en compagnie de sa petite fille, avec ses pinceaux et ses crayons pour seuls soutiens.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
BDGest
13 décembre 2011
Récit sur le deuil, Sans même nous dire au revoir est très juste dans ce qu’il déroule, mais, peut-être par pudeur, trop sage, trop appliqué pour le sujet traité.
Lire la critique sur le site : BDGest
BullesEtOnomatopees
12 décembre 2011
Sans même nous dire au revoir est une œuvre magnifique, dure et tendre à la fois. A travers le récit de ces quelques jours, Kentarô Ueno touche au cœur ; une inévitable empathie naît à la lecture du drame, tellement inattendu et dans le même temps si commun, si banal.
Lire la critique sur le site : BullesEtOnomatopees
Sceneario
21 novembre 2011
C’est très sincère, très profond, très juste. Et c’est donc quelque part indispensable parce que personne n’est à l’abri de vivre un tel triste événement. Ce qui rend presque naturellement indispensable cette bande dessinée des éditions Kana qui vous marquera profondément.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Je vivais dans la crainte de ta maladie.

Je craignais que notre quotidien ne s'effondre.

Je craignais que mon organisation ne soit déréglée.

Alors que c'était toi qui souffrais le plus de cette situation...
... moi pendant ce temps je pensais...
"C'est embêtant..."
"Quel ennui..."
"Le voilà bien embarrassé..."

Alors c'est à moi de te demander pardon...
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Quel que soit l’amour qui
nous lie à une personne,
quel que soit le respect
que l’on éprouve pour elle,
un jour, on finit par ne plus
entendre les battements de
son cœur, et, très peu de
temps après il faut s’occuper
des funérailles. L’idée que
l’être s’éloigne de nous, qu’il
quitte notre regard émane
directement de l’homme. La
philosophie jouit de cette idée,
la religion la glorifie, les
hommes se l’expliquent pour
ne pas avoir de regrets.
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Je vivais dans la crainte de ta maladie.
Je craignais que notre quotidien ne s'effondre.
Je craignais que mon organisation soit déréglée.
Alors que c'est toi qui souffrait le plus de cette situation ...
Moi pendant ce temps je pensais...
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Depuis le jour des funérailles, j'avais la sensibilité à fleur de peau.
Je savais très bien que la tristesse et la douleur s'abattraient sur moi lorsque je me retrouverais seul...
Venu de je ne sais où, j'entendais un gémissement sourd...il ne s'agissait que de mes propres sanglots que j'entendais pour la première fois.
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p.31.
Moi-même, après avoir commencé à dessiner, c’est un fait, j’en suis évidemment arrivé à me demander : " Pourquoi faut-il que je dessine cette histoire si cela me fait tant souffrir ? "

Il n’empêche qu’il m’était impossible de ne pas la dessiner. Alors, pourquoi ? Serait-ce parce que j’ai envie que quelqu’un sache ce que j’ai ressenti ? C’est probablement la conclusion à laquelle on arrive, celles et ceux qui ont connu des moments difficiles disent qu’ils souhaitent avoir au moins une personne qui les écoute, qu’ils souhaitent trouver quelqu’un qui les comprenne, je pense que c’est ça.

Plus encore, en tant qu’artiste, comment aurais-je pu supporter de ne pas exprimer ces émotions par le dessin ? En fait, si je devais parler sans tact, je dirais qu’en tant qu’artiste, c’est un sujet en or que je ne pouvais pas laisser passer.

Cette œuvre est faite avec le cœur, le passé est ce qu’il est, je fais à présent la part des choses dans mes sentiments je souhaite aller de l’avant, le regard tourné vers l’avenir.

A la fin de cette œuvre, il y a du désespoir. Mais il cédera finalement la place à de l’espoir ; je le sais aujourd’hui.

24 Juin 2009.
Kentarô Ueno
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