AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Corniche Kennedy (32)

Les petits cons de la corniche. La bande. On ne sait les nommer autrement. Leur corps est incisif, leur âge dilaté entre 13 et 17 ans et c’est un seul et même âge, celui de la conquête.
Commenter  J’apprécie          330
Vue de près, la bande de la Plate est plus hétérogène qu'elle n'y paraît : c'est l'occupation d'un même territoire, d'une même bordure qui opère la soudure. Ceux-là vivent dans les cités du Nord, seuls ou presque, livrés à eux-mêmes : parents dépassés, harassés - Ptolémée, Nissim, Bruno ; rentrés vivre leur retraite en Algérie laissant les plus jeunes sous la responsabilité des plus grands - Rachid ; travailleurs de nuit, dormant le jour, n'ouvrant quasiment plus les volets - Mickaël, Carine, Loubna ; prolos qui n'avaient pour survivre que leur force de travail si bien que le travail manquant, les voilà qui végètent, muscles mous soudain, atrophiés, flageolant aux bras et aux cuisses tandis que les ventres ballonnent au-dessus de la ceinture, gonflés de mauvaise bière, et dépressifs, brutaux quand ils sortent de leur torpeur - Nadia ; enfin, famille désintégrée dans la violence, père en prison, mère multipliant les séjours en hôpital psychiatrique - Mario.
Ils sont encore scolarisés, collège ou lycée, vont aux cours, vaille que vaille. D'autres attendent d'avoir seize ans pour en finir avec la vie scolaire, dont Mickaël, Bruno, Loubna, qui entreront en apprentissage à la rentrée. Veulent de la thune, gagner leur vie le plus vite possible. Car la pauvreté leur colle à la peau, même si les garçons affichent les bonnes baskets, même si les filles ont le bon look, le bon gloss, le sac ad hoc, les fringues mode dénichées pour rien dans un décrochez-moi ça - qualité zéro mais trois euros deux tee-shirts pailletés, c'est cadeau - même s'il est hors de question d'être les petites choses des quartiers Nord et qu'on danse comme des seigneurs.
(p. 113-114)
Commenter  J’apprécie          240
Se mettre en danger sans même y penser, ne voir dans toute prise de risque que la promesse d'une intensité nouvelle, vivre plus fort, rien d'autre.
Commenter  J’apprécie          230
Ils se donnent rendez-vous au sortir du virage, après Malmousque, quand la corniche réapparaît au-dessus du littoral, voie rapide frayée entre terre et mer, lisière d'asphalte. Longue et mince, elle épouse la côte tout autant qu'elle contient la ville, en ceinture les excès, congestionnée aux heures de pointe, fluide la nuit - et lumineuse alors, son tracé fluorescent sinue dans les focales des satellites placés en orbite dans la stratosphère.
Commenter  J’apprécie          160
Certes, il y a bien aujourd'hui des trios de mémères énormes et matinales qui y déplient péniblement des sièges de toile, devisent en rang et se baignent à voix haute − la mer est leur lieu de prédilection, porte à leur place leur corps trop lourd, elles y frétillent comme des sirènes −, un bambin braillant le mercredi entre leurs cuisses formidables et tuyautées de varices − lequel est illico gavé, crémé, rafraîchi ; il y a bien des routards qui s'y endorment − l'été, le sac de couchage sarcophage autocuiseur étuvant des odeurs humaines irrespirables, l'hiver, un ou deux chiens en pelisse −, des gens qui en cherchent d'autres, en attendant se masturbent dans le creux des rochers, des couples égarés qui grimpent sur le Cap et prennent la pose à tour de rôle devant l'appareil photo, suspendus au-dessus du vide par l'effet d'une illusion d'optique, et rigolent d'avance de la bonne blague qu'ils vont faire ; il y a bien la livraison semestrielle de brique de came compressée sous film plastique et plus rarement des flingues graissés qui transitent roulés dans des couvertures − et alors ça ne rigole pas, les Zodiac accostent en silence à la rame et repartent après que des types les ont chargés sous l'œil d'un guetteur pourvu d'un Scorpio plaqué contre le torse et tenu à deux mains, la tête pivotant comme un phare automatique − ou encore des gens qui ne veulent plus vivre et vont se jeter dans la mer depuis le bout du Cap. Mais la plupart du temps, rien, c'est vide, pas un chat.
Commenter  J’apprécie          130
La nuit complice de leur défi comme l'écrin du bijou est désormais temps mort, un temps de défaite.
Commenter  J’apprécie          130
Ils ont longé la corniche jusqu'aux plages du Prado avant de bifurquer vers le nord, Mario est assis à l'avant sur le fauteuil passager, la ceinture de sécurité lui cisaille la gorge, il fume une Lucky sans tousser, a tourné tous les boutons du tableau de bord, je peux mettre la radio? La ville est pleine et chaude encore, à cette heure, le trafic est dense derrière le port, les trottoirs essorent une population épuisée qui ne veut pourtant pas se coucher : touristes étrangers, estivants en goguette — faut profiter —, pickpockets, familles qui traînent aux terrasses des pizzerias, grand-mères en jeans cloutés et nourrissons endormis dans les poussettes, première vague de noctambules, adolescents en grand appareil. Mais bientôt ce ne sont plus que de grandes avenues frangées d'arbres fluorescents qui ne ventilent plus rien, parcourues de bagnoles nerveuses, pleines à ras bord, vitres baissées musique à fond, on approche des cités, les lumières sont blanches, les gens pendus aux fenêtres fument dans l'air nocturne et l'écho des télévisions, des jeunes sont regroupés au bas des immeubles ou traversent les immenses dalles de béton bleutées, leurs voix. résonnent sur l'esplanade lunaire, on leur crie de se taire, ils brandissent un doigt, il flotte dans l'atmosphère une odeur de joint, de plastique tiède, de vieilles épluchures et de papier journal. Mario se rapetisse dans le fauteuil, les oreilles bientôt descendues au niveau des épaules, il regarde celui qui l'accompagne, ce gros bonhomme frisé, le visage large, le nez camus, le double menton aussi volumineux que la fraise du duc de Nemours, la chemisette claire tendue sur la bedaine, il voudrait que le trajet dure, ne pas rentrer chez lui, ne jamais rentrer; tellement heureux d’être à l'avant de cette voiture, d'être comme un homme a côté d'un autre homme, connivents, la cigarette au bec– la Lucky Strike entre l'index et le majeur, au niveau des premières phalanges, de sorte que pour fumer il pose sa paume contre sa bouche, comme un héros, comme un Américain —, tellement content qu'ils habitent ensemble la nuit, la ville. Il a ouvert la fenêtre pour sentir le frais sur son front, le frais et le fétide, les peaux qui perlent puis, poissent sous les maillots de foot, l'été sans perspective, chaque tour coincée entre deux autres et l'enceinte de murs antibruits comme une ligne de démarcation, comme un écran entre ce monde et l'autre, les tags qui se décolorent sous les Abribus, les chiens énervés. (p. 121-122).
Commenter  J’apprécie          50
et bien voilà c'est arrivé j'ai abandonné avant le milieu du livre cela ne m'était jamais arrivé je pense que l'histoire est très bonne mais l'écriture trop tortueuse des montagnes russes impossible à lire dommage
Commenter  J’apprécie          50
Toujours la baie azur, les sauts, l’écume, les mêmes gosses qui sautent dans la mer des Grecs et ce soleil âpre qui percute le littoral, crame la rétine de ceux qui fixent la pierre crayeuse de la corniche, la mer scintille comme du sucre et les bourdons somnolent, c’est le plein été.
Commenter  J’apprécie          40
Ciel porcelaine, froid sec de New York, on irait bien siroter un Martini en terrasse une chapka sur la tête, un koala sur les genoux.
Commenter  J’apprécie          40






    Lecteurs (1428) Voir plus



    Quiz Voir plus

    A l'abordage : la mer et la littérature

    Qui est l'auteur du célèbre roman "Le vieil homme et la mer" ?

    William Faulkner
    John Irving
    Ernest Hemingway
    John Steinbeck

    10 questions
    504 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , mer , océansCréer un quiz sur ce livre

    {* *}