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Citations sur Fortune carrée (41)

Il n'est pas dans tout l’orient de grande cité qui puisse donner une idée de Sanaa. Ni le Caire, au bord du désert que surveille le sphinx. Ni Damas, reine de Syrie, molle et subtile, noyée dans son verger géant. Ni Jérusalem, bloc compact de voûtes, d'arceaux, de ruelles, d'exaltation, de haine et d'amour.

Sanaa, au milieu de la coupe prodigieuse de pierre et de lave que ferment les djébels yéménites, se dresse isolée du monde et près du ciel. Flanquée de donjons ronds et pesants, cernée par d'épaisses enceintes crénelées, elle est vaste, solide, bâtie en force et tranquillité. Elle semble issue du sol même, toute posée dans sa forme, sa fierté et sa sobre noblesse. Ainsi que le haut plateau qui la soutient, Sanaa porte le sceau de la fable et de la vie en même temps.

Elle est féodale sans vestige de mort, elle est orientale avec ordre, ampleur el fermeté, Elle bruit, elle respire alors qu'elle pourrait être vide et servir de témoin au passé, comme les vilîes fascinantes qu'on exhume des sables. On ne voit pas un Occidental dans ses larges rues et pourtant elle est organisée, elle est propre, elle est civilisée dans son dessin profond. Pareille à l𠆚rène héroïque qui l'a conçue, Sanaa s'élève comme un mythe animé.
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Seul ! dit-il à haute voix.
Fut-ce la sonorité de ce mot dans le silence absolu du désert et du ciel plus encore que sa signification qui fit passer un frisson dans les os de Philippe ? Il ne se le demanda point, car il se vit soudain au milieu de pierres noires, dans des gorges arides, monté sur son mulet aux réflexes lents, environné de sauvages beautés et d'embûches secrètes, n'ayant personne avec qui partager ses ravissements et ses craintes, limité par le truchement d'Omar aux explications, aux ordres les plus élémentaires et sans aucune communication, sans nulle ouverture, réduit désespérément à lui-même. C'était donc cela la solitude !
Un étincelant et tragique miroir qui réfractait toutes les émotions, tous les espoirs, tous les effrois.
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Sanaa, au milieu de la coupe prodigieuse de pierre et de lave que ferment les djebels yéménites, se dresse isolée du monde et près du ciel. Flanquée de donjons ronds et pesants, cernée par d’épaisses enceintes crénelées, elle est vaste, solide, bâtie en force et tranquillité. Elle semble issue du sol même, toute posée dans sa force, sa fierté et sa sobre noblesse. Ainsi que le haut plateau qui la soutient, Sanaa porte le sceau de la fable et de la vie en même temps.
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Il comprit que le monde était d'une ampleur infinie et d'une substance difficile pour l'homme. Il connut le prix du soleil, l'interdiction terrible des ténèbres, la magie de l'eau, le sang précieux des nourritures.
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Enclose dans une muraille circulaire, ramassée entre ses tours et ses pierres, Hadjira élevait, côte à côte, au-dessus de la brume et du vent, ses maisons prodigieuses de huit étages en morceaux de roc l’un à l’autre ajustés, ses maisons grises comme la lave, étroites comme des piliers dressés pour supporter les nuages, peintes de bandes de chaux vive comme des idoles barbares, percées de meurtrières comme autant de forteresses. Et à leur pied s’étalait, gradin rouge par gradin rouge, la plus pure et la plus vaste arène qu’eussent jamais conçue les génies et les dieux. Et plus loin, plus haut, plus bas, tandis que s’évasait le cirque fantastique, chaque piton, chaque cime, chaque aiguille haussait vers le ciel un village aigu et mystérieux. Et mieux regardait Igricheff, plus se multipliaient ces nids farouches, fabuleux. Ils semblaient les derniers, les plus incroyables. Mais il suffisait à Igricheff de tendre sa vue pour en apercevoir d’autres qui les dominaient encore, perdus dans la brume des sommets comme dans la brume du large, couronnant des arêtes plus effilées encore, refuges miraculeux. Et, ménagé avec une science et une audace infinies, chacun d’eux menait vers un nouveau cirque de gradins, creusé depuis des siècles dans le flanc des montagnes divines comme si, pour ces demeures titaniques, il eût fallu des escaliers de géants. Pics cyclopéens, formidables citadelles, gardiens de la pierre et du ciel, le soleil et les nuées et les aigles passaient sur eux tour à tour.
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- Vous êtes vraiment un curieux homme. Vous habitez le bout du monde, vous êtes entouré de guerriers nus quand ce n'est pas de pirates noirs. Vous avez bourlingué dans les îles les plus sauvages, battu les plus âpres déserts et chaque fois que je vous parle de chasser, vous faites le dégoûté. C'est un principe ? une morale ? une superstition ?
- Rien de tout cela. Pas même un sentiment. Ça ne m'amuse pas, voilà tout. Je ne suis pas un homme de luxe, peut-être parce qu'il m'a toujours manqué, peut-être parce qu'il fausse l'existence, la truque et change les hommes en singes auprès desquels Dakhata sont des seigneurs. Les gens qui, comme vous, s'en tirent indemnes, sont rares. Et vous êtes si jeune. Or, la chasse telle que vous l'entendez, c'est du luxe. Je tue les bêtes, les gens aussi, pour me défendre ou pour manger. Les chasseurs noirs font de même. Et quand ils vont à l'affût du fauve, c'est pour vendre des peaux de lion ou de léopard. Pas pour avoir un beau tableau.
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- Et ça ?
Philippe montrait la voile toute gonflée et qui ressemblait à une bannière sur sa hampe.
- Ca. C'est la fortune carrée.
Mordhom hésita une seconde, puis ajouta :
- Pour la tempête qui vient.
Igricheff montra ses dents sous un long sourire aigu.
- Fortune carrée, dit-il lentement, fortune carrée… Je ne connaissais pas… C'est bien, c'est très bien… Je pense au poker… à la chance, à la tempête. Fortune carrée… J'ai toujours vécu sous elle et j'ignorais son nom… Fortune carrée… Merci, Mordhom.
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Ce peuple en armes avait toute la force et toute la rigueur d'un clan. Livrés à eux-mêmes, ces hommes, ces femmes ne devaient pas avoir de qualités régulières, mais réunis sur un bateau rapide, en troupe de choc ou en ville assiégée, on sentait la vigueur, le courage et l'acharnement de chacun décuplés par l'entente profonde et mystérieuse du sang.
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Dans les cellules et le sang de tous ces hommes bruissait la rumeur même de la vie.
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La grand-voile amenée, le boutre allait plus lentement et, d’une façon insensible, se rapprochait de la côte. On entendait déjà le bruit du ressac sur le rivage. Tout autour du sillage, des récifs affleuraient comme des bornes sombres couronnées d’écume. Certains, immergés, se devinaient seulement, lorsque le bateau les frôlait, à un infime remous décelé par la lune. La plus légère embardée eût été funeste à ces moments.
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