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EAN : 9782266128803
320 pages
Pocket (01/10/1996)
4.18/5   353 notes
Résumé :
C'est en 1931 que Kessel entreprit la rédaction de ce qui devait être un de ses plus beaux romans. L'idée de " Fortune carrée " lui vint sur le plateau volcanique de Sanaa en voyant " le Moscovite " caracoler sur l'étalon de l'imam du Yémen.


Cette histoire virile met en scène deux hommes violents et sans attaches : Hakimoff et Henri de Monfreid, dans un cadre époustouflant de beauté : le Yémen, la mer Rouge, l'Éthiopie-Somalie.

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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne veux pas vous raconter d'histoires, je veux simplement que vous appréciiez les embruns piquants du sel de la Mer Rouge gifler votre visage. Je veux que vous ressentiez vos pieds s'enfoncer dans le sable meuble et brulant du désert. Je veux que vous observiez vos équipiers exténués, l'ombre de leurs pommettes avachies, rougies et rendues mobiles par les flammes vivantes d'un feu de camp qui crépite tout en écoutant les chants entêtants de vaillants guerriers.

Je veux, comme moi que vous vous laissiez emporter par l'aventure brute et virile où l'on se forge des amitiés loyales à la densité rare que l'on a autant de difficultés à clore qu'à couper le cordon ombilical de votre chair, de votre sang.

Bien sûr, vous allez penser que j'en fait des caisses mais c'est à la mesure du plaisir d'avoir renoué avec ce genre que j'ai tant adoré et pourtant délaissé depuis deux à trois années : Les romans d'aventures.

Et moi qui suis plus sérieux que cavalier, qui mieux que Joseph Kessel aurait pu me remettre le pied à l'étrier dans ce sujet où il excelle ? J'apprécie vraiment cette remise en selle.

Incontestablement, dans ce Kessel, il y a du Jules Verne et du Pierre Benoit.
De notre grandiose visionnaire, la beauté racontée des paysages, la douceur et la rudesse des climats et des mers, la hardiesse légendaire des animaux et la prodigieuse diversité de la botanique mais sans l'excès de précision monotone du romancier magnifique du 19ème siècle. de notre écrivain inoubliable de l'Atlantide, de Koenigsmark ou de la Chatelaine du Liban il y a toute la puissance et l'épaisseur des personnages confrontés à des situations inextricables où la valeur et l'honneur de l'homme font la différence. Cet écrivain controversé aimait tellement les femmes qu'il a élevé certains hommes au rang de chevalier…servant.
Lui, devait être plus cavalier que sérieux. (Hihihi)

Et puis, avec quelques notes de musique on embellit toujours la solitude de l'aventurier tel le Capitaine Nemo devant son orgue sur le Nautilus on écoute Mordhom et son clavecin sur le plateau Abyssin.

De toute évidence, ce roman fait la part belle aux castes, aux tribus, aux ethnies du Yémen, de Somalie et d'Abyssinie en général et à trois personnages en particulier : Igricheff, le bâtard kirghiz, Mordhom et Philippe Lozère, les aventuriers français.

La fortune carrée est en fait une voile de tempête qui soudera l'amitié sans voile de ce triangle d'hommes insolites.

Au-delà des faits d'armes, on croise la destinée de contrebandiers, de mercenaires, de pécheurs de perles, de guides, de matelots et de guerriers tous fiers de porter haut leur dessein avec un dévouement allant parfois jusqu'au sacrifice ultime.

"Vous savez, j'ai l'impression de sortir d'un songe, d'avoir rêvé que je vivais les histoires que je lisais dans mon enfance. Je le regrette déjà."

En définitive, je veux que vous partagiez mon émoi à faire revivre ces pages foisonnantes de péripéties, écrites à la suite d'authentiques voyages avec le cran, la frénésie et l'envie de la grande aventure « Kessel » de la vie.
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Ah les étiquettes ! Ca vous colle à la peau… Littérature jeunesse pour celui-ci ? Oui pourquoi pas mais les adultes y verront peut être autre chose, un truc en plus. Alors j'ajoute amour aux étiquettes. Parce que c'est un grand livre d'amour : amour de la terre, des paysages, de l'aventure, des hommes, d'un homme. Un hymne à la beauté des paysages, des corps, des éléments de l'univers, la mer rouge déchaînée était splendide, tout comme le sable du désert ou les roches et forêts et Chaïtane, bien sûr ce fier destrier. Je me sentais prise dans un tourbillon élémentaire, une partie intrinsèque d'un environnement luxuriant même dans sa dureté. Quel régal que cette lecture !
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Lire ce roman, avec ces trois hommes qui cherchent fortune, chacun à leur manière, c'est partir à l'aventure, s'émerveiller, avoir soif et souvent aussi mal au coeur. La fortune carrée, celle qui se gonfle lorsque vient la tempête, le souffle du danger, le refrain de l'aventure, le grain de folie, la recherche de l'absolu, de la beauté sauvage, dénuée de luxe et de truquage.

On a l'impression de suivre des "Théodore Monod", chercheur de cailloux dans le désert, d'une trace de vie sublime, d'instants magiques. La cruauté en plus pour certains.

Trois hommes. L'un guerrier qui ne sait être que sauvage avec à peine un sursaut d'humanité dans son regard, à part pour son cheval. L'autre presque aussi sauvage, mais encore rattaché par un fil à la civilisation, et cela lui fait mal, il voudrait s'en libérer, juste vivre l'essentiel, sans devenir une pierre. Et le dernier, jeune et plein d'élan, émerveillé face à ces deux grands hommes aguerris, dont il attend les leçons.

Un roman d'aventures qui éclate de vie sauvage, sous la chaleur du désert, avec la loi de la nature et des hommes fiers et cruels. Rencontre avec des tribus, qui ressemblent à leur territoire, âpres et beaux à la fois, beaux dans leur dépouillement.
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Et voici une nouvelle lecture de Kessel, quelle aventure ! Bien que la première partie ne m'a tellement emballée, je me suis bien rattrapée à bord du bateau de Bruno et encore plus au sein de la caravane de Philippe.

C'est bien la 3ème partie la plus admirable par les descriptions, la vie d'une caravane, l'angoisse de trouver le point d'eau à temps, la peur de se faire attaquer, de se perdre tout simplement, mais aussi le beau chemin en soi.
"Il pensa que la lenteur même à laquelle elle l'astreignait était son plus sûr instrument de découverte, de révélation. Qu'aurai-il vu par les rapides moyens de voyage qu'il avait aimés jusque là ? Des images, des perspectives effleurées. Mais le long contact avec le grain de sol et de la lumière, cette notion des valeurs minérales, ce sens de la sécheresse et de l'approche de l'eau, ce dessin des vallées, des plateaux, des cirques et des monts qui, peu à peu entraient en lui, cette communication efficace, directe, brute avec la peau ardent de la terre, comment les eut-il pu connaître sans cette avance pas à pas, où le corps s'unissait à la route, sans le déroulement presque immobile des crevasses mystérieuses, des piliers et des rouges murailles ?"

Cette partie dans le désert est digne d'un récit de Théodore Monod, j'ai retrouvé toute cette splendeur, ce vaste monde qui émerveille tant, le néant est empli de découvertes.
J'ai aussi préféré cette partie pour le côté humain de Philippe et ses retrouvailles avec Bruno.

C'est un excellent récit d'aventures parfois un peu cruel mais tellement bien écrit qu'on a du mal à le quitter.
Un petit côté "Lion" et un autre "Cavaliers" pour ceux qui ont aimé ces deux romans, ils aimeront sans aucun doute celui ci.
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Un immense roman d'aventure, la vraie, et comme on n'en fait plus.
Très heureuse de découvrir une nouvelle facette de Joseph Kessel que je connaissais par des romans plus intimes construits autour de personnalités puissantes et hors des normes (La passante du sans souci, Belle de jour, L'armée des ombres).
Il y a pourtant un élément commun entre ces romans et Fortune carrée, dont mon père me répète depuis des années qu'il a ébloui ses jeunes années: c'est le courage qui anime ces hommes, cruels mais justes, allant jusqu'au bout d'eux-mêmes dans une nature sauvage à la mesure de l'immensité de leur coeur: Igricheff le moscovite que porte et qui domine fièrement le destin, Mordhom le marin intrépide torturé par la part de finesse et de hauteur que la civilisation a déposé en lui, et Lozère le frêle millionnaire qui trouvera la force dans ses faiblesses.
Mais la lumière que dégagent ces hommes serait bien pâle sans le cadre prodigieux dans lequel ils évoluent, et qu'on sent que Kessel revit littéralement dans son écriture : Fortune carrée est le produit romancé de son voyage au Yemen, en mer Rouge et en Abyssinie, contrées aux paysages grandioses desquels il a rapporté le reportage Marchands d'esclaves avant de lâcher son coeur dans ce roman puissant comme Chaïtane le cheval.
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Il n'est pas dans tout l’orient de grande cité qui puisse donner une idée de Sanaa. Ni le Caire, au bord du désert que surveille le sphinx. Ni Damas, reine de Syrie, molle et subtile, noyée dans son verger géant. Ni Jérusalem, bloc compact de voûtes, d'arceaux, de ruelles, d'exaltation, de haine et d'amour.

Sanaa, au milieu de la coupe prodigieuse de pierre et de lave que ferment les djébels yéménites, se dresse isolée du monde et près du ciel. Flanquée de donjons ronds et pesants, cernée par d'épaisses enceintes crénelées, elle est vaste, solide, bâtie en force et tranquillité. Elle semble issue du sol même, toute posée dans sa forme, sa fierté et sa sobre noblesse. Ainsi que le haut plateau qui la soutient, Sanaa porte le sceau de la fable et de la vie en même temps.

Elle est féodale sans vestige de mort, elle est orientale avec ordre, ampleur el fermeté, Elle bruit, elle respire alors qu'elle pourrait être vide et servir de témoin au passé, comme les vilîes fascinantes qu'on exhume des sables. On ne voit pas un Occidental dans ses larges rues et pourtant elle est organisée, elle est propre, elle est civilisée dans son dessin profond. Pareille à l𠆚rène héroïque qui l'a conçue, Sanaa s'élève comme un mythe animé.
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Enclose dans une muraille circulaire, ramassée entre ses tours et ses pierres, Hadjira élevait, côte à côte, au-dessus de la brume et du vent, ses maisons prodigieuses de huit étages en morceaux de roc l’un à l’autre ajustés, ses maisons grises comme la lave, étroites comme des piliers dressés pour supporter les nuages, peintes de bandes de chaux vive comme des idoles barbares, percées de meurtrières comme autant de forteresses. Et à leur pied s’étalait, gradin rouge par gradin rouge, la plus pure et la plus vaste arène qu’eussent jamais conçue les génies et les dieux. Et plus loin, plus haut, plus bas, tandis que s’évasait le cirque fantastique, chaque piton, chaque cime, chaque aiguille haussait vers le ciel un village aigu et mystérieux. Et mieux regardait Igricheff, plus se multipliaient ces nids farouches, fabuleux. Ils semblaient les derniers, les plus incroyables. Mais il suffisait à Igricheff de tendre sa vue pour en apercevoir d’autres qui les dominaient encore, perdus dans la brume des sommets comme dans la brume du large, couronnant des arêtes plus effilées encore, refuges miraculeux. Et, ménagé avec une science et une audace infinies, chacun d’eux menait vers un nouveau cirque de gradins, creusé depuis des siècles dans le flanc des montagnes divines comme si, pour ces demeures titaniques, il eût fallu des escaliers de géants. Pics cyclopéens, formidables citadelles, gardiens de la pierre et du ciel, le soleil et les nuées et les aigles passaient sur eux tour à tour.
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Seul ! dit-il à haute voix.
Fut-ce la sonorité de ce mot dans le silence absolu du désert et du ciel plus encore que sa signification qui fit passer un frisson dans les os de Philippe ? Il ne se le demanda point, car il se vit soudain au milieu de pierres noires, dans des gorges arides, monté sur son mulet aux réflexes lents, environné de sauvages beautés et d'embûches secrètes, n'ayant personne avec qui partager ses ravissements et ses craintes, limité par le truchement d'Omar aux explications, aux ordres les plus élémentaires et sans aucune communication, sans nulle ouverture, réduit désespérément à lui-même. C'était donc cela la solitude !
Un étincelant et tragique miroir qui réfractait toutes les émotions, tous les espoirs, tous les effrois.
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- Vous êtes vraiment un curieux homme. Vous habitez le bout du monde, vous êtes entouré de guerriers nus quand ce n'est pas de pirates noirs. Vous avez bourlingué dans les îles les plus sauvages, battu les plus âpres déserts et chaque fois que je vous parle de chasser, vous faites le dégoûté. C'est un principe ? une morale ? une superstition ?
- Rien de tout cela. Pas même un sentiment. Ça ne m'amuse pas, voilà tout. Je ne suis pas un homme de luxe, peut-être parce qu'il m'a toujours manqué, peut-être parce qu'il fausse l'existence, la truque et change les hommes en singes auprès desquels Dakhata sont des seigneurs. Les gens qui, comme vous, s'en tirent indemnes, sont rares. Et vous êtes si jeune. Or, la chasse telle que vous l'entendez, c'est du luxe. Je tue les bêtes, les gens aussi, pour me défendre ou pour manger. Les chasseurs noirs font de même. Et quand ils vont à l'affût du fauve, c'est pour vendre des peaux de lion ou de léopard. Pas pour avoir un beau tableau.
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Sanaa, au milieu de la coupe prodigieuse de pierre et de lave que ferment les djebels yéménites, se dresse isolée du monde et près du ciel. Flanquée de donjons ronds et pesants, cernée par d’épaisses enceintes crénelées, elle est vaste, solide, bâtie en force et tranquillité. Elle semble issue du sol même, toute posée dans sa force, sa fierté et sa sobre noblesse. Ainsi que le haut plateau qui la soutient, Sanaa porte le sceau de la fable et de la vie en même temps.
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Jusqu'où peut nous entrainer l'amitié avec un animal ? Surtout quand cet animal est farouche : ici, il s'agit du roi des animaux. le lion.
« le Lion », de Joseph Kessel, c'est à lire et à relire en poche chez Folio.
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Mais si, vous connaissez Joseph Kessel !

Avec son neveu, il est l'auteur des paroles d'un hymne à la révolte et à la résistance écrit à Londres dans les années 40 :

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