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Citations sur Première Guerre mondiale (7)

En 1915, j'étais âgé de 17 ans et, pour toute expérience humaine, possédais celle d'un écolier.
En 1920 j'avais été journaliste, acteur, soldat, observateur d'aviation et fait le tour du monde avec mon escadrille.
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En passant devant une boîte aux lettres j'ai entendu une toute petite fille demander à sa maman : « Écoute maman, si je mettais une lettre pour mon papa tué, est-ce qu'elle arriverait au Paradis ? »
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Le croiseur Sydney a coulé l'Emden et pour ce succès, en somme peu important, Londres est en fête, les journaux exultent, à toutes les portes éclatent des écriteaux : « submersion de l'Emden », «Emden coulé », etc.
C'est que le petit navire corsaire était devenu la terreur du Pacifique et de l'océan Indien.
[...]
Aussi sa perte est célébrée à l'égal d'une grande victoire. Cependant, la joie n'a rien d'insultant. Au contraire, on dirait qu'il s'y mêle un regret − le regret du chasseur qui a abattu une trop belle bête de proie. Les journaux expriment même un sentiment de franche admiration pour le commandant et l'équipage du « petit léopard des mers .
Au fond l'Angleterre, cette nation de marins estime dans le capitaine Müller ses qualités d'audace et de courtoisie [...].
Car de tous les récits des capitaines et des prisonniers que l'Emden recueillit avant de couler les navires, un fait ressort : c'est la courtoisie du capitaine Müller. Il apparaît vraiment comme un homme accomplissant son devoir avec la sérénité et la franchise d'un bon chevalier antique, un de ceux qui tendent la main à l'ennemi vaincu.
Et les Anglais qui sont une race profondément chevaleresque et loyale admirent cet ennemi qui se battit si bien, qui les exaspéra souvent par ses succès, mais qui jamais ne fut cruel et révéla des qualités de gentleman et de brave marin.
Les journaux saluent cet adversaire par de bonnes paroles et la population ne ménage pas ses louanges au capitaine Müller. Si le capitaine, sauvé du désastre de son bâtiment, est transporté à Londres, il est sûr d'une réception chaude, cordiale et respectueuse.
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(p. 78-79)

La fermeture des magasins serrait les rangs de la foule; et la grande Isabelle roulait plus librement sur ses hanches, frôlait plus hardiment les hommes, avec la peur de rentrer seule, de ne trouver personne à qui elle vendrait cette nuit.

Car souvent déjà, depuis la guerre, la chasse au mâle restait infructueuse.

La première fois - une nuit de décembre - elle avait grelotté deux heures les épaules couvertes d'un âcre brouillard, puis s'était couchée seule, dans son meublé banal, sans inquiétude encore, stupéfaite seulement de ne pas avoir trouvé à s'employer dans ce grand creuset d'accouplements qu'est une nuit parisienne.

Mais de plus en plus fréquents se firent les jours où elle rentra bredouille et elle commença à perdre son assurance de belle traîneuse de trottoirs, confiante en sa chair désirable.

La pénurie d'hommes s'accentuait. Les jeunes gens, ceux qui veulent , qui aiment et qui connaissent l'amour se battaient là-bas, dans cette lutte monstrueuse, à la fois si proche et si lointaine.

Ce soir encore Isabelle ne rencontrerait que des vieillards éteints, des employés voûtés et claudicants. Et si par hasard passait un homme, un vrai, à la souple allure, aux lèvres sensuelles, aux gestes de proie, il avait déjà à son côté une femmes, deux parfois.

D'autres filles se dandinaient avec la même question angoissée sur la figure : "Gagnerai-je mon pain ce soir ?".

Devant un café Isabelle ralentit le pas. Un petit vieux fixait sur elle un regard gélatineux et allumé. Il se décida et l'appelait du doigt: "Tu prends quelque chose ? " Puis, immédiatement, la bouche baveuse, il chuchota : "Combien prends-tu pour la nuit ?"
"Quinze balles, déclara-t-elle".
- Oh, je ne peux pas ma petite, protesta l'autre. Cent sous, si tu veux.
- Tu te fous de moi, riposta-t-elle. Je ne travaille pas à ce prix-là. Au revoir, vieux radis."

Et elle s'en alla, contente au fond. Une heure encore elle arpenta les boulevards. Rien à faire. C'était désespérant.
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La même lassitude étreint les deux groupes, le même dégout du massacre, le même anéantissement physique et moral. Brusquement, d'un accord tacite qu'ils ont lu dans tous les yeux, avec une inquiétude d'abord qui devient une paix lumineuse, ils s'asseyent et défont leurs sacs ; et ces gens qui se sont tués, qui demain enfonceront, les yeux fous, leur baïonnette rouillées de sang, dans les corps tièdes de vie, mangent, assis côte à côte et partagent en frères leur nourriture.

Les ennemis, lundi 16 novembre p. 39-40
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Entendu dire à un arrivage de blessés par une dame du monde :
"L'aire de la Côte d'Azur est merveilleux pour les blessures à la tête, mais il ne vaut rien pour les plaies des jambes."


p. 73
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Il est réconfortant de noter dans cette guerre moderne sans grâce, sans aspect romanesque, lourde de haine et de barbarie, ce geste vraiment chic d'estime mutuelle et de courtoisie qui rappelle les anciens temps, quand les chevaliers se saluaient avant le combat et se donnaient l'accolade après, quand pour refuser l'épée d'un brave, les gentilshommes balayaient royalement la lèvre de leur feutre.

Vendredi 13 novembre / p. 35
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