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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Estienne raconte le voyage qu'il fit en 1921, voyage qui devait le mener de Paris aux bords de la Volga et qui le mena à Kovno en Lituanie ..pas plus loin mais quel voyage!
Une fois de plus Joseph Kessel a su me charmer. Une plume élégante, un phrasé addictif, je me suis laissée emporter .
Un court roman sans aucun doute grandement autobiographique, une immersion dans un univers proche de la Russie familiale quittée par sa famille suite à la Révolution , une écriture ample et rapide, le voyage a un goût de trop peu
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Sous ce titre suggestif une invitation au voyage. Voilà un court récit souvenir aux accents nettement autobiographiques écrit par J. Kessel en 1932... Un homme se raconte. Paris dix ans plus tôt, sautant à bord d'un train couchette dont le terminus est Riga ce jeune homme de fort tempérament, qui rappelle par bien des côtés l'auteur, regarde défiler vers l'Est les paysages sans joie des lendemains de la Grande Guerre, derrière la vitre de sa cabine feutrée propice à toutes les rêveries. Ce narrateur Jean Estienne est aussi un aviateur plein d'aplomb et de hardiesse tout juste démobilisé qui fait des débuts dans le journalisme. Tête brûlée il a juste l'idée de gagner à ses frais un pays qui pourrait être le sien (sa mère y étant née tout comme celle de J. K.) : la Russie. Pays dont il connaît la langue et qui l'aimante par son actualité. S'imaginant par-dessus le marché qu'un reportage "prodigieux" au milieu des convulsions révolutionnaires récentes va lui ouvrir les portes de la gloire au retour.

Derrière l'autoportrait très réussi de jeunesse le personnage de Jean Estienne se révèle vite des plus attachant. Sa nature impatiente et l'impétuosité de ses élans ne masquent ni sa sensibilité extrême ni sa fragilité, encore moins la précarité du but qu'il s'est fixé et des moyens qu'il se donne ensuite pour (ne pas) l'atteindre... Bien avant son arrivée dans les brumes de la Baltique et sa rencontre avec quelques activistes socialistes révolutionnaires russes opposants, réfugiés à Riga, une place pour le doute s'immisce dans le récit et lui confère sa dimension hasardeuse et insolite. Dans le brimbalement du compartiment et la traversée des frontières lituanienne et lettone, pays qui viennent d'accéder à l'indépendance, l'obtention d'un visa autant que les intentions réelles du narrateur pour pénétrer dans cette Russie désirée vers laquelle tendent ses affects, à la fois éternelle et à présent soviétique, apparaissent bigrement problématiques.

Wagon-lit conserve un pouvoir d'attraction romanesque fort. Le trajet tout d'abord, via Berlin et Kovno, jusqu'à Riga et le "climat" d'une lecture prise dans les rumeurs de l'Histoire y sont évidemment pour quelque chose : étapes ponctuées de fouilles et de contrôles aux frontières nouvellement dessinées ou encanaillements divers, quand il faut que la chair exulte, dans des établissements bien moins distingués que les grands hôtels européens ornant la littérature bon genre. Le narrateur entre "foi et inconscience" incarne à la perfection un stade de la jeunesse où la mobilité des désirs contradictoires contrevient totalement à la gravité générale ambiante. L'énergie qui le pousse en Russie est celle-là même qui l'en éloigne. Il est prêt à "rompre les amarres" en restant à Riga avec une bande de tziganes quand surgit un soir Nina, la jeune apprentie révolutionnaire à qui il s'est lié, pour l'extirper de son bouge... Une belle entreprise ferroviaire, téméraire et inaboutie, un chassé croisé Est/Ouest dont l'issue fantasmée ne pouvait s'écrire qu'avec les mots d'une rêverie partagée et dans la poésie d'un Wagon-lit...




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WAGON LIT de Joseph Kessel "Gallimard 1932" 125,- pages

"Combien de fois, dans mon enfance assez pauvre, ai-je rêvé sur les quais des gares devant les rames uniquement composées de wagons-lits et qui contenaient pour moi toute l'essence, toute la magie du voyage terrestre. Sur leurs flancs les pancartes portaient les noms des capitales, des grandes villes inconnues. Ils y menaient directement. A l'intérieur brillaient doucement des bois polis, des velours. Les femmes, dans les couloirs, paraissaient plus belles, les hommes plus audacieux."

Interpellé par la silhouette d'une femme rencontré par hasard dans la rue le narrateur se souvient d'un curieuse aventure vécue en 1921. Il voulait rejoindre sur la Volga, pour faire un reportage, une équipe de secours aux affamés envoyée par les Américains. Après une journée d'errance et une nuit de débauche à Berlin, il repart vers l'est et s'arrête en Lituanie où son visa pour la Russie se fait attendre. Il rencontre Nicolas Naoum et ses amis, Russes exilés, militants révolutionnaires animés d'un bel idéal, Nastia, la Tzigane, reine de ses nuits de plaisir et d'ivresse, et surtout la déroutante Nina, tantôt lointaine et tantôt folle, tenaillée par son désir de connaître Paris. Estienne l'aidera à réaliser ce rêve. D'une bien étrange manière, sans quitter la Lituanie.

Curieux texte que celui là. le présent et les souvenirs se mêlent dans une danse curieuse.
Un bonheur de découvrir Kessel différent, sensuel et explosant sous l'emprise de ses souvenirs.
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