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3,48

sur 529 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La montagne, la mer, un bon livre et ça repart. Et si c'était la solution à tout ? Sans doute est-ce l'une des solutions pour pallier la panne de lecture qui me pèse depuis plusieurs mois (années ?). Rien de tel qu'un livre de Yasmina Khadra, fraîchement distingué du titre de docteur honoris causa par l'Université Polytechnique Hauts-de-France, pour replonger dans le plaisir de lire.

Ce que j'aime ses histoires, sa plume, la profondeur, mais aussi la détresse de ses personnages. J'ai, une fois de plus, plongé au coeur d'une intrigue profonde et intime. J'ai observé la déchéance d'un homme, la longue descente aux enfers d'Adem, le personnage central du récit. Une lente et pernicieuse chute, une errance prolongée pour oublier les autres, mais aussi et surtout pour s'oublier soi-même. S'abîmer pour s'effacer.

La richesse de cette histoire réside non seulement dans la profondeur du personnage d'Adem, mais aussi dans la variété des rencontres qu'il effectue. Mika, Mekki ou encore Hadda deviennent rapidement des figures familières, occultant progressivement le souvenir fantomatique de Dalal, sans jamais parvenir à l'effacer complètement.

Quelle est la place des hommes et des femmes dans un pays en pleine reconstruction ? Comment se construire soi-même lorsque l'on marche sur les sentiers des guerres passées ? le sel de tous les oublis retrace le destin d'un homme, mais aussi son cheminement intérieur, celui qui gronde et qui refuse de sortir. C'est une tranche de vie décryptée très précisément, une mise à nue de la vie d'un homme et de ses semblables. La place de la femme occupe ici une place primordiale, entre désir et possession. À quel point une rupture peut-elle entraîner une réaction en chaîne et provoquer La Rupture, celle dont on ne se remet jamais vraiment ?

Sommes nous tous condamnée à fouler un jour le sel de tous les oublis, lorsque la nous aurons séché la mer...
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Je n'ai pas beaucoup aimé le personnage principal, impoli, pas très reconnaissant de l'aide apportée lors de ces rencontres.
par contre je voulais aller au bout pour connaître la fin de son périple.
Mitigée sur cette lecture mais j'ai qd même apprécié lire ce texte.
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Le Sel de tous les oublis est une des nombreuses oeuvres de Yasmina Khadra qui comprend un style et des personnages que l'on retrouve en permanence chez cet auteur fécond.

Tout d'abord, le style. Une écriture limpide, vivante, qui donne forme aux personnages, aux récits, aux paysages et aux rêves (ou cauchemars) des personnages. Cette qualité d'écriture est un hommage à la langue française, tant cette qualité est au-dessus de celle des auteurs français contemporains (je suis partial certes, mais j'ai des éléments de comparaison pour l'affirmer). ;)

Ensuite, les personnages. Quand vous entrez dans la maison de Yasmina Khadra, vous y croiserez des personnages pittoresques, charmants et effrayants, sages et fous, humbles et arrogants. Souvent situés en Algérie, ces personnages et leurs histoires vous font aimer ce pays, vous donnent l'envie de le découvrir, alors que leur auteur semble ne plus y être désiré.

Disons simplement pour le présent livre, le Sel de tous les oublis est l'allégorie de tout ce qui peut permettre à un être humain d'oublier ses échecs, de mieux mourir pour mieux ressusciter. Il y a aussi beaucoup de cela chez Khadra : les personnages sont habités à la fois par la lumière et les ténèbres à l'image du titre de son sublime ouvrage, Ce que le jour doit à la nuit.

C'est ce qui se passe ici avec Adem (sorte d'Adam ?), chassé de son paradis, en quête de renaissance, malgré ses ténèbres qui le rendent profondément antipathique. Ou encore avec Mika, un nain joyeux et profondément humain, qui cache aussi en lui sa part de ténèbres mais qui va sauver Adem tel l'ange Mickaël (?).

L'ouvrage est une ode à l'ermitage pour soigner les misanthropes en tout genre. Mais est-ce que cela est suffisant ? On relèvera quelques facilités d'écriture autour de la femme qui réveille l'homme (nous dirons cela simplement) ou bien justement des sauvetages opportuns d'Adem par Mika.

Mais ce livre est à lire tant il est dans le prolongement de la belle écriture et des récits passionnants de son auteur.
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Un roman âpre, qui a en toile de fond les débuts de l'indépendance de l'Algérie. Adem, instituteur, quitté par sa femme, part de chez lui et commence à errer, s'installant tantôt ici, tantôt là, au grès de ses rencontres et des opportunités. Une errance dans un pays qui se cherche, une errance en lui, un homme qui se cherche aussi.
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« Si ton monde de déçoit sache
Qu'il y en a d'autres dans la vie
Sèche la mer et marche
Sur le sel de tous les oublis »
Un refrain fredonné par un musicien de la rue, obsède Adem, un instituteur à la dérive, que sa femme vient de quitter pour un autre homme. Son itinérance de village en village, seul avec ses démons, ne l'arrange guère; ceux qu'il croise sur son chemin, il cherche à les éviter à tout prix, même ceux qui cherchent à l'aider ou à le soutenir.
Yasmina Khadra plante son décor dans une Algérie tout juste sortie de sa lutte contre l'indépendance. À l'instar de ce que vit son anti-héros, les nouveaux temps sont instables et propices aux errements. « Par-dessus les décombres de toute révolution, une race de vautours se fera passer pour des phénix qui n'hésiteront pas à faire des cendres des martyrs de l'engrais pour leurs jardins, des tombes des absents leurs propres monuments et des larmes des veuves de l'eau pour leurs moulins. » Lors de ses pérégrinations, Adem observe, analyse, critique et juge sévèrement le genre humain, bon ou mauvais.
Khadra parle à tous dans ce roman dont la brièveté n'enlève rien à la sagacité du propos. Bien dit, bien raconté, bien écrit, c'est une histoire de toutes les époques, incitative à la réflexion existentielle et au sort de l'individu dans la société.
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Le titre poétique du livre « le sel de tous les oublis » renvoie à un vieux poème qui fait la promotion de la fuite en avant : « Ne t'arrête surtout pas/ Et confie ce que tu cherches/ À la foulée de tes pas ». le sel de l'oubli évoquant ce qui reste des larmes quand on a beaucoup pleuré : « marche sur le sel de tous les oublis ». Cette marche sans argent, sans désir de se sociabiliser, c'est précisément ce que va entamer Adam, le protagoniste principal du roman. Chaque nuit précédée de soirées arrosées est une occasion pour lui de descendre un peu plus dans l'échelle sociale… mais cela va lui permettre surtout de vivre des expériences fortes, jusqu'à un passage à la section des fous de l'hôpital de Blida.

Adem Naït-Gacem, un instituteur algérien, voit sa vie s'effondrer lorsque sa femme le quitte. Incapable de se relever de cette perte qu'il n'avait pas vue venir, sans aucune attache, il est désespéré. Il abandonne du jour au lendemain son poste d'enseignant et se lance sur les chemins comme un vagabond et rejoint les autres naufragés de la vie qu'il rencontre.

Le lecteur accroche dès les premières pages, intrigué par le personnage d'Adem qui décide de quitter une vie confortable pour une vie d'aventure sans aucun point de chute, ni objectif sauf celui d'oublier sa vie conjugale et sa vie d'enseignant. Depuis le départ de son épouse, le chaos s'est installé dans son esprit et essaye de comprendre – bien malgré lui - le désir de sa femme de vivre une autre vie, d'être tombée amoureuse d'un autre que lui, d'être libre de faire ce qui lui plaît, de partir. La douleur de l'abandon est si profonde qu'Adem fui et se transforme en vagabond. S'ensuit une vie d'errance tout en recherchant la solitude, fuyant toutes mains tendues. Sa route tortueuse est jalonnée de personnages abimés par la vie et pourtant bienveillants.

En s'éloignant de la ville, l'errant retrouve peu à peu le bon sens. Quelques marginaux rencontrés parviennent – non sans peine – à établir une relation avec lui fondée sur la discussion et l'échange. Les dialogues sont donc omniprésents dans la narration.

Sa rencontre la plus marquante - tout du moins pour le lecteur - est assurément celle avec le personnage de Mika, un nain au physique disgracieux, mais qui par sa force de caractère et sa générosité envers Adem, joue le rôle d'un ange gardien, d'un sauveur, d'un bienfaiteur dans un monde de vilenie, de méchanceté, de trahison et de roublardise. Enfant rejeté par son père dès sa naissance, puis par sa mère, à cause de sa laideur et de son nanisme, il ne sombre pas dans la revanche et ne se lamente pas sur son sort. Il aime la nature, les gens. La bonté même. En croisant la route de la vie cabossée d'Adem, il devient son protecteur jusqu'à la fin du récit, fort en émotions.

À travers ce duo insolite, Yasmina Khadra imagine un Don Quichotte et un Pablo Sanchez des temps modernes. Deux personnages emblématiques qui errent à travers les campagnes d'une Algérie qui vient de se libérer du colonialisme. L'histoire se déroule en effet dans une période que l'écrivain franco-algérien n'avait pas explorée littérairement jusque-là ; celle d'une Algérie nouvellement indépendante. le récit se déroule en 1963, une année charnière, entre deux mondes, celui de la colonisation et celui de l'indépendance. Même si cette période historique n'est pas le sujet premier du roman, le romancier intègre de manière subtile des faits spécifiques à cette époque (avec notamment la rencontre du couple de Hadda et Mekki).

Une fiction habilement menée, oscillant entre le roman d'aventures et le conte philosophique. Sublimée par une plume empreinte de poésie – comme toujours avec Yasmina Khadra - la trame psychologique se densifie tout au long du roman et les pensées les plus intimes alimentent une intrigue riche en références historiques et philosophiques.
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Au coeur d'une Algérie indépendante , libérée du colonialisme à l'aube de tous les espoirs ———, nous sommes en 1963 ———cette nation en état de choc se cherche encore une identité , les français partis, les «  patriotes » n'ont pour compétence que leur foi…

Ils ont accédé à la liberté , pour rencontrer des jours meilleurs ils doivent axer leurs efforts sur la société future , leurs enfants ——-qui , eux,——-représentent l'Algérie de demain .
C'est le cas d'Adem Naït - Gacem , instituteur, cultivé , dans un village situé à l'arrière pays de Blida mais lorsque son épouse Dalal claque la porte pour rejoindre son amant , il ne supporte pas le vide de son absence : colère , indignation , souffrance inouïe l'envahissent .
Adem cherche alors un sens à son malheur mais ne lui en trouve aucun.

Il ne retourne pas à l'école où il enseignait le calcul aux élèves de CP et les leçons de choses au CE1.
Il quitte le village le jour même avec pour tout bagage un sac en toile cirée , sans dire adieu aux voisins ni à sa soeur.
Meurtri , dévasté par la douleur et la trahison de son épouse il se comporte en anti - héros , se laisse balloter au gré de ses rencontres tumultueuses ,se montre arrogant, grossier, ombrageux , taciturne , aigri .

Des rencontres surprenantes jalonnent sa route: un nain en quête d'affection qu'il rabroue méchamment , un musicien aveugle au chant prophétique , un ancien bagnard : Turambo, des déficients mentaux rencontrés à l'asile psychiatrique de Joinville , Rex, Driss , Laïd, des éclopés de la vie , des personnages attentifs ,charitables, pétris de bienveillance et de compréhension.
Adam reste fermé à toutes les mains tendues , un vrai misanthrope, antipathique , affamé de solitude et de colère …

Un homme perdu pour lui - même et pour la société .

Mais il convoque Nikolai-Gogol' des Âmes Mortes ,Frantz-Fanon, Mohammed Dib? Alexandre-Pouchkine, ,Moufdi Zakaria ……
Il a toujours un cahier sur lui…..
Rupture , errance , déchéance , alcoolisme , désirs charnels , rancoeur , place de la femme dans la société , mais aussi réflexion sur notre propension à accepter les épreuves , les affronter ou pas ,refus de rédemption d'Adem….

Jusqu'au jour où ….

Ce livre est doté d'une plume superbe, écriture classique , poétique, au réalisme cru , alternant la noirceur la plus absolue, le bruit et la fureur , à une luminosité splendide …..
Un roman dépeignant une Algérie au début de tous les espoirs !
Un peu désespérant quand même !
.
«  ——- Non, tu ne peux pas être un poète.
Tu as trop de ténèbres dans les yeux . Un poète , c'est L'Enfant des Lumières.
Son esprit est un soleil . Il sait dire des choses qui éveillent aux éclaircies de ce monde » …p 222.

«  Tu vois , tu ne connais toujours rien aux femmes . La femme est un exercice de haute voltige . Ce qu'elle montre n'est qu'illusion , ce qu'elle déclare n'est qu'allusion » …P'388.
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La dépression, le plus profond des abîmes, la pire des noirceurs... Parfois ce qui nous accroche à la vie ne tient qu'à un fil infime et c'est la douloureuse expérience que va vivre Adem à la suite de sa rupture. Cet instituteur sans histoire et respecté rentre un jour chez lui et découvre sa valise préparée par Dallal, son épouse. Elle a décidé de partir avec son amant. Dans une société pourtant patriarcale, Adem n'a ni la force de protester ni de la répudier... Il songe juste à fuir le plus loin possible de cette douleur qui le hante. Commence alors pour lui une longue errance qui le mènera de port en port. Au fil de sa misanthropie grandissante, il va se retrouver tour à tour pensionnaire d'un asile psychiatrique, sdf et refuser chaque main tendue, sans doute est-il trop blessé pour pouvoir être en mesure d'aller de l'avant... Faisant d'une femme l'objet de son obsession et de son délire il va aller jusqu'à gâcher l'ultime chance de redevenir un être socialement intégré.
J'ai aimé ce roman sur fond de post guerre d'indépendance car à travers son écriture et son immense empathie pour le héros, l'auteur nous montre à quel point l'être humain est fragile et peut selon les évènements auquel il sera confronté se révéler à la plus profonde des noirceurs.
C'est un roman dur mais la vie ne l'est-elle pas tout autant? Combien croisons nous chaque jour de ces être fracassés au coin de nos rues dont nous ignorons l'histoire et les raisons qui les ont poussés là?
Ce roman appelle à une plus grande tolérance.
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Tout débute par un adultère. Adem, notre protagoniste, ne supporte pas s'être fait tromper et part sans se retourner. Un voyage sans retour se prépare alors dans un Algérie qui sort de la colonisation française et qui tente de trouver un nouvel équilibre.
L'écriture de Yasmina Khadra est l'un des gros points forts de ce roman. Beaucoup de passages sont magnifiquement écrits et donnent à réfléchir. Pourtant le personnage principal n'a pas réussi à me toucher. Très solitaire, il est renfermé sur lui-même et ne supporte pas la présence d'autrui. Toujours dans l'affrontement, il subi sa condition et ne sait "ni dire merci ni pardon". Sur beaucoup de points, il ressemble à "l'étranger" d'Albert Camus. Cette dimension absurde prend une grande place dans l'histoire et nous impose une distance avec le personnage principal. Dommage pour un livre si bien écrit...
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Choqué. Dévasté. Tel est l'état d'Adem quand sa femme lui apprend qu'elle le quitte. Il abandonne sa vie, sa maison, son métier d'enseignant pour prendre la route.

Je l'ai suivi dans sa traversée du désert, espérant qu'il se relève, qu'il finisse par rebondir, se relever plutôt que d'errer telle une âme en peine, seul et solitaire. Perdu et perclus d'une douleur infinie. D'une souffrance sans fond.
Des rencontres jalonnent son chemin, des possibilités d'un lendemain, mais Adem nous offre son désespoir, son arrogance et sa misanthropie sans faillir chaque jour qui passe.

Un livre sombre, dans une Algérie qui panse ses blessures au lendemain de son indépendance, au même titre que notre antihéros, meurtri et habité par ses fantômes.
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