Un second recueil de nouvelles, pour cet auteur de talent. Un regard d'une Afrique, des sensations qui transpire au fil des pages, des odeurs d'une nourriture qui se fait rare, les couleurs des tenues de ces femmes et de ces hommes, en tous points si vivants. Détonations, pour tous ces coups de feu, ces explosions qui rythment les temps de guerre civile, les périodes d'insécurité de certains quartiers, ou de certaines régions. Mais n'allez pas voir en cela le fond de ces récits, car bien au contraire, Liss dresse dans cet ouvrage un portrait en ombre chinoise de ces gens sous les bombes.
Des bribes de vie, des fragments de souffrance et de joie, mais pas de certitude, pas de connaissance, juste de la vie avec tout ce qu'elle porte de singulier. Nous autres européens avons l'habitude de regarder le continent africain avec le souci d'y plaquer nos modèles de compréhension, d'y retrouver quelque chose de nos propres logiques culturelles.
Mais que ce soit Mouchikimbila, ou Mayele-Asili, tous ces personnages nous invitent à partager un peu de ce quotidien qui leur est si familier, qui nous est si étranger. Mais dépasser les apparences, les gestes communs d'une vie domestique, leurs préoccupations ne nous sont pas si éloignées. Alors, Liss questionne avec justesse le statut de cette femme africaine, forte et soumise, violentée et admirée, elle traduit les luttes de pouvoir et les abus. On retrouve souvent, au gré des exodes, ces sentinelles qui gardent les barrages le long des routes brûlées par le soleil et qui arpentent ce sol rougit par le sang versé inutilement, ou du moins pour assouvir la soif de ces bourreaux.
Mais je me garderai de rentrer dans quelque forme de jugement que ce soit, au risque de faire ce que je dénonçais plus haut. Non, ce livre est décidément un miroir, un hublot donnant sur une Afrique que nous ignorons, celle que l'on ne médiatise pas. Liss se fait porte voix de ces femmes et de ces hommes qui malgré les combats, malgré le climat insécure, crient haut et fort leur humanité. Des préoccupations simples mais véritables, dans ces récits qui fleurent l'authenticité, le tout rythmé par la plume légère et précise de cette jeune femme de lettres.
Vivement un roman de la même trempe…
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Partir. Quitter son domicile. Errer à la quête d'un coin stable où poser ses peurs. Se reposer. Se poser. Ne plus s'opposer à l'évidence : partir. Inutile de se faire des illusions. Le gaz de l'insécurité a bien intoxiqué la zone. Partir en quête d'oxygène. Partir. Sans savoir le jour du retour. Ulysse attendit vingt ans. Attendrons nous vingt heures? vingt jours? vingt mois?
La Roseraie des Cultures et des Arts - 8ème édition.
Table ronde "Destinées littéraires".
Invitées :
Liss Kihindou, Écrivaine, professeur de français.
Llivre « Négritude et Fleuvitude - Et autres observations littéraires », aux Éditions L?Harmattan, 2016.
Marie Dô, Écrivaine, danseuse, chorégraphe.
Selection Titre de son intervention : « Fais danser la poussière ».
Livre « Les dunes sauvages », aux Éditions Plon, 2016.
Déborah Lévy-Bertherat, Écrivaine, poétesse.
Selection Titre de son intervention : « Grandir dans la guerre ».
Livre « Les voyages de Daniel Ascher », aux Éditions Rivages poche, 2015.
Marie Lissouck, Écrivaine.
Livre « le sang des uns et des autres », aux Éditions Sépia, 2016.
Modérateur : Aimé Eyengué, Écrivain-Poète, Aimé Eyengué est Docteur en Sciences sociales et diplômé en Sciences Politiques des Universités de Paris. Spécialiste en Modes de vie, il s?intéresse à l?action politique et ses incidences sur le devenir des nations et l?action des peuples sur le devenir de l?action politique.
http://www.laroseraiedescultures.fr/edition2016/mb-table-ronde-4-Destinees-litteraires.html
Association "La Roseraie des Cultures et des Arts" le 4 septembre 2016 - Moulin de la Bièvre
Salon du Livre et des Arts de L'Haÿ-Les-Roses
http://www.laroseraiedescultures.fr
Réalisation : M.D'E
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