C'est un roman dont l'histoire s'étend de 1911 à 1923 et un peu avant pour les souvenirs, les " secrets"...
Une comtesse âgée revient vivre dans sa propriété de Temple Hill ,dans la campagne, anglaise, accompagnée de son petit- fils et la vie de certains villageois en est toute émoustillée. Pensez-donc, la vieille dame a vécu à Rome, à Paris , sa maison est truffée d'oeuvres d'art...
Cecily, une jeune fille qui fait office d'institutrice dans le village , va être plus impressionnée que les autres, à la fois par l'ouverture que de telles personnes représentent sur le monde , mais aussi par le jeune homme qui s'apprête à étudier pendant 3 ans. Une opportunité inouïe, l'espoir d' une autre vie , pour une simple villageoise dont le père décédé les a laissées , elle , sa mère et sa soeur, dans la précarité .
Cet été, une vieille amie de la comtesse , Sylvia, vient d'arriver au domaine, afin de l'aider à écrire ses mémoires. Sylvia est romancière , mais très vite, elle se heurte à un mur, Cora, n'a pas l'intention de tout " lâcher" , des zones d'ombres subsistent, elle semble agitée.
Parallèlement , Cecily et le petit- fils de Cora se " fréquentent" chaque jour, un peu plus...
Alternant les points de vue de Cora, Sylvia et Cecily, petit à petit le voile se lève sur la vie tumultueuse de la comtesse, mais les débuts sont confus, à l'image de sa mémoire qui s'enfuit et des sortes d'hallucinations ; l'auteure passant sans prévenir du passé au présent.
Mais cela vaut le coup de prendre son mal en patience car le "secret ", est intéressant. Les personnages sont ambigus, ni bons, ni mauvais. Et bien sur, il faut remettre toute l'histoire dans le contexte historique . Cela en dit long sur l'époque, la façon dont les femmes ( et les enfants) étaient traités , considérés. Que de bonheurs gâchés....
C'est vraiment dommage que la narration , qui s'éparpille un peu, ne soit pas à "la hauteur" de l 'histoire, car avec un peu plus de suspens, ce récit aurait pu être "énorme" !
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C'était son statut de vieille fille qui lui valait de se faire traiter ainsi. Et cela ne datait pas d'hier. Si elle avait été mariée, ou veuve, les autres l'auraient regardé différemment. Elle aurait été élevée au rang de "femme de" , digne de respect et protégée par l'amour et l'estime d'un homme vivant ou mort. Sans cet appui, sans ce statut, les gens n'avaient pas d'égards pour elle ou pour ce qu'elle ressentait. Au mieux, ils lui souriaient poliment.
Quand le voyage touchait à sa fin, c' était tout ce qui vous restait : des souvenirs. De futilité, d'orgueil, de bonheur, de souffrance, de chagrin et de regrets. Doux-amers, ils flottaient dans l'air comme le duvet du chardon dans le vent, insaisissables, et, une fois attrapés, jamais aussi beaux qu'avant.
C'était curieux cette façon qu' avaient les jeunes gens de s'affaler. En particulier les jeunes garçons - toujours vautrés. Cela la dérangeait de la même façon qu'un poignet de chemise effiloché : brouillon, désordonné.
- Mille neuf cent onze, dit-elle tout haut en secouant la tête.
Tout cela lui semblait tellement futuriste. Elle n' était pas encore habituée au vingtième siècle, ses dates et ses modes étranges, ses inventions.
Ces Français ne sont pas des gens honnêtes - regarde ce qu'ils ont fait à leur roi...