J'ai lu ce premier tome il y a assez longtemps alors que je squattais chez mon frangin pour un quelconque Noël. Plus tard, lors d'une autre visite, j'ai dû m'enfiler les 9 ou 10 tomes suivants. En une matinée. Bref, j'ai décidé qu'il était temps d'en faire moi même l'acquisition, ce qui me permettait non seulement de les chroniquer à mon aise mais aussi de les relire jusqu'à plus soif. Vous ais-je déjà dit que j'adore le postapo ?
De prime abord, le noir et blanc aurait pu me rebuter. En fait non, les niveaux de gris sont tellement nuancés qu'on a presque l'impression de lire une BD en couleurs. On pourrait aussi se dire que le noir et blanc permet d'atténuer l'horreur de certaines scènes, mais quand on voit des planches comme celle ci dessous, il est permis d'en douter.
L'histoire tout le monde la connait : Rick, flic sans peur et sans reproche dans la petite ville de Cynthiana dans le Kentucky, se fait tirer dessus lors d'une opération, se retrouve dans le coma et se réveille dans un monde complètement transformé et accessoirement remplis de zombies.
C'est là que je me rappelle à quelle point j'aime le postapo, avec ce double sentiment qu'il est capable de générer : l'horreur de ce qui arrive à ce pauvre type, se réveiller comme ça au milieu des cadavres ambulants, retrouver sa maison vide, femme et enfant disparus, se faire agresser par une armée de morts-vivants ; et le côté jouissif de l'expectative des situations survivalistes auxquelles les auteurs vont le confronter.
Rick n'est cependant pas un personnage très attachant. Son côté archétypal est même très agaçant. Mais ça fonctionne vachement de part les aspects symboliques du personnage : il représente l'Amérique et ses valeurs morales. Et tout cela s'écroule. C'est très bien représenté dans les quelques pages avec le cheval : cette scène où on le voit galoper avec son chapeau de cow-boy et ses armes sur son dos et à sa ceinture ... L'Amérique ... Deux pages plus loin, le cheval se fait manger et le voilà redevenu simple mortel parmi les mortels ... Cela dit, il garde son chapeau.
* Attention spoiler dans les 2 paragraphes suivants.*
Un autre aspect intéressant de ce WD n°1, c'est la rivalité qui oppose Rick et Shane, qui non contents de se battre pour la même femme, luttent aussi pour la place de chef de groupe. Ce n'est pas dit explicitement mais c'est tout à fait ce qui se passe quand ils se disputent quant à la marche à suivre : Shane est confiant dans le fait que l'armée va venir les sauver et veut donc rester aux abords d'Atlanta (il est résolument tourné vers le passé) ; Rick quant à lui est plus réaliste et veut d'éloigner de la ville et de la masse grouillante des zombies qui l'occupent. Ce sera finalement Carl, le fils de Rick, qui donnera définitivement raison à son père.
Du côté des autres personnages, il reste assez difficile de s'attacher à eux : ils ont tous une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. L'auteur nous le fait rapidement comprendre en en tuant quelques uns au passage. Par contre, les réactions des autres lors de décès, ou encore lors de la lente agonie de Jim, aide vachement à ressentir de l'émotion face à tous ces morts. Et puis il y aussi
Morgan Jones et son fils que l'on entreaperçoit au début et à la fin du volume, dont l'immense solitude fait peine à voir.
*fin spoiler*
Ce premier tome de Walking Dead m' aura fait, vous l'aurez compris, une excellente impression : des dessins bien fignolés (sauf pour le cheval dont j'ai trouvé les traits grossiers par rapport au reste, ce qui me laisse à penser que ce n'est pas trop le kif des dessinateurs et que donc on en verra peu dans la série, ce qui est dommage), une histoire qui tape fort avec des séquences vraiment retournantes (j'aime particulièrement les dessins chocs en pleine page, ils sont vraiment géniaux), des personnages que l'auteur n'hésite pas à faire mourir et une putain d'envie de savoir ce qui va se passer ensuite.
Le seul truc que je n'aime pas, mais alors pas du tout, c'est cette manie de mettre certains mots en gras dans les bulles ; ce qui fait que dans ma tête, quand je lis, je ne peux pas m'empêcher d'appuyer sur le mot en gras (c'est quoi ce conditionnement à la con ?). Apparemment c'est une sorte de ponctuation assez fréquente dans les comics. En espérant finir par m'habituer ... Pour le reste j'en redemande.
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