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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Drogue, politique et mafia à Manchester tels sont les ingrédients de ce polar urbain et mélancolique, oeuvre d'un primo romancier, qui a été barman et libraire.

Les sirènes ce sont les filles qui collectent l'argent de club en club pour le compte de Zain Carver. le jour où la fille du député Rossiter disparaît et part s'installer avec ce dealer, l'homme politique fait appel au flic Adams Waits, jeune inspecteur profondément torturé et avec de nettes tendance auto destructrices.

Joseph Knox nous entraîne dans un monde sombre et violent où chacun semble jouer double jeu. Au fur et à mesure que Waits s'enfonce dans ses mensonges, compromet son enquête en ayant une liaison avec Catherine et perd la notion du temps, j'ai aussi eu l'impression de perdre pied.

L'écriture est rapide, les paragraphes courts, c'est poisseux, visqueux, très noir et surtout, Manchester une ville qu'on connait finalement assez peu de ce côté si de la Manche ( sauf pour les fans de foot et de Manchester United ou City) sert quasiment de personnage à part entière tant sa description est juste et que Knox, qui semble parfaitement connaitre sa ville, en dévoile les multiples facettes avec une précision étonnante.

Un Manchester peuplé de semi fantômes, personnages dévastés par les ravages de la drogue où les disparités sociales sont nombreuses et les fossés entre les strates de la population ne cessent de s'accentuer, même si l'addiction - drogue et alcool- est le point commun entre eux.

Si on pourra juste déplorer un petit manque d' effet de surprise dans le dénouement ou un léger manque d'empathie pour ces personnages vraiment très dévastés, la plume de Knox est d'une qualité telle qu'on attend avec une vraie impatience le second tome des aventures d'Aidan Waits déjà publié au Royaume-Uni. et qui devrait être publié dans ce courant 2019 .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Voilà un livre qui se mérite ! D'abord parce qu'il est dur, la citation qui ouvre cette chronique le montre suffisamment, me semble-t-il. On hante, avec Aidan, les bas-fonds que, pour la plupart d'entre nous, nous n'avons jamais eu l'occasion de seulement imaginer – et heureusement ! Il n'y a que des éclopés : éclopés de la vie, éclopés du sentiment, qui ont vécu la trahison, la violence, l'abandon, et qui en sont sortis cassés. Au-delà du réparable.

Alors ils cherchent un échappatoire, dans l'alcool, dans la drogue, dans la fuite, dans l'argent plus ou moins facile. Mais le prix à payer est souvent terrible. Et Aidan, qui n'est pas mieux lotis que tous ceux-là, lit dans leurs yeux cette désespérance, ce renoncement. Ils sont, pour certains, déjà morts.

Les filles servent dans les bars, elles se prostituent pour se payer leur dose, elles transportent la drogue ou ramènent l'argent aux dealers. Les hommes font le coup de poing, violentent et violent. Ils brisent des os, cassent des nez, et regardent le sang couler. Chacun fuit quelque chose, son passé, ses souvenirs, son bourreau. Et, pour tenir encore un peu debout, alcool ou chimie, jusqu'à la dose de trop.

Aidan est comme tous ceux-là. Seules les amphétamines lui permettent de tenir. Alors il se sent invincible. Mais que peut-il faire alors que tous semblent se liguer contre lui ? Chargé de retrouver Isabelle Rossiter, la fille du député, et de la sauver, comment imaginer que lui, l'homme aux ailes brisées, ait la moindre chance ?

C'est dur et brutal, donc, mais c'est aussi comme une promenade hallucinée dans une Manchester nocturne et glaciale. On passe de l'ombre à la lumière, les flashes sont soit ceux des véhicules de police, soit l'éclair de la lame du couteau. Parfois, comme au rythme du trip qui maintient Aidan en mouvement, on file au travers des événements, avant de s'écraser contre un mur. Nous aussi, nous sommes en plein trip, et c'est terriblement inconfortable.

C'est aussi cela, la lecture : se retrouver propulsés dans quelque chose qui nous heurte, nous secoue, nous retourne la tête.

Je sors de ce livre avec une gueule de bois. Sans pouvoir dire que j'ai aimé, mais incapable de nier que le job est fait. Comme Aidan, j'ai eu le sentiment d'être le jouet du hasard et du destin. Je n'ai pas vraiment aimé, mais ce n'est pas forcément un livre que l'on aime. C'est un livre que l'on vit, que l'on transpire, que l'on vomit, que l'on saigne.

C'est noir. Cru. Désespéré et, peut-être, désabusé. Ce n'est pas une lecture consensuelle, cela ne plaira pas à tout le monde. Et si vous vous lancez, n'oubliez pas votre torche !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Nuits noires dans les bas-fonds de Manchester

J'ai enchainé ce polar directement après un autre roman noir « d'atmosphère » d'une auteure anglaise également.

Le sujet est différent, mais on y retrouve la même ambiance sombre et déprimée. Si bien qu'à la faveur d'une inattention temporaire, j'ai fini par mélanger les deux histoires !! Mais bon, le premier m'ayant bien emballé, je n'ai pas été « dépaysée », je suis restée sur la lancée !! L'un aurait pu être la continuation de l'autre malgré la différence de style. Rien de carrément original mais l'écriture est agréable.

Déjà la première de couverture avait attiré mon attention. Je la trouvais attrayante et très esthétique. Elle évoque, le mystère, le monde de la nuit et peut-être, l'étincelle de lumière et d'espoir au bout du tunnel ?

Ici, nous avons l'anti-héros classique en la personne d'Aidan Waits, inspecteur déchu, à deux doigts de la révocation, accro aux amphètes et accessoirement au sky également. Un looser en somme qui traine ses désillusions comme un boulet ; un être « à plat » et au creux de la vague. Aussi n'a-t-il d'autre choix que d'accepter la mission d'infiltration que lui confie son supérieur auprès d'un gang local donnant dans le trafic de drogues. Au départ, il ne s'agit que de localiser les « sirènes » et les pister de bars en bars lors de leurs collectes du bénéfice des ventes de came. Il s'agissait de débusquer la taupe au sein de leur brigade qui renseigne le caïd, Zain Carver.

Ça se corse, avec l'entrée en scène d'un député qui voudrait bien faire rentrer sa fille mineure et fugueuse au bercail. Celle-ci a trouvé refuge…. chez Zain, le fameux dealer. L'heure n'est donc plus à l'observation « de loin » mais à l'infiltration. Mission très dangereuse car « officieuse » ce qui veut dire « sans filets », pas de couverture officielle en cas d'échec. Une sorte de mission « suicide » en quelque sorte. Ça passe ou ça casse !

Va s'ensuivre une série de « sacs de noeuds » imbriqués les uns dans les autres où tout le monde manipule tout le monde. A tel point qu'on en perd un peu son latin ! Mais de fil en aiguille avec une lecture attentive, tout se tient parfaitement et chaque situation trouve son explication. Rien de capillotracté, tout s'emboite et a une explication logique.

L'atmosphère des bas-fonds de Manchester, comme des endroits plus cossus est retranscrite à merveille ; on « visionne » tout comme dans un film. C'est « parlant ». C'est triste, noir, mélancolique, démoralisant ; les personnages ont l'air tous au bout du rouleau, leurs vies retenues par un fil invisible qui menace de rompre à tout moment. Tout à l'air si glauque et terriblement fragile. On trouve peu d'espoir dans ce roman. Même le superintendant Parrs ne semble pas si « recommandable » …

Le personnage d'Aidan n'évite pas les poncifs du genre mais, je l'ai trouvé « attachant » tout de même dans sa détresse. On apprend peu sur le personnage qui donnera surement naissance à une saga où on en apprendra un peu plus sur lui à chaque aventure.

Un roman noir très réussi qui en appellera donc d'autres je l'espère. Je suivrai avec le plus grand intérêt l'évolution du personnage principal… le suivant « chambre 413 » est déjà paru fin 2019 et je vais me le procurer sans hésitation.

Merci aux Éditions le Masque pour leur confiance et la plateforme NetGalley France.

Détail de ma notation : Mon intérêt en début de lecture : 3.5/5 – milieu de lecture : 4/5 – dernier quart et final : 4.5/5
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Aidan Waits est inspecteur de police à Manchester. Inspecteur tout fraîchement suspendu pour avoir subtiliser des preuves dans une affaire. Mais le superintendant Parrs compte profiter de cette situation pour l'utiliser et l'infiltrer dans le monde de la nuit mancunienne et faire tomber le trafiquant de drogue (enfin officiellement un homme d'affaires) Zain Carver, mêlé à une affaire de disparition non résolue datant de 10 ans, mais aussi débusquer la ou les taupes de la « maison police » qui renseignent Zain.

Plutôt doué, c'est alors que David Rossiter, député de ses fonctions, veut bénéficier des services d'Aidan Waits pour retrouver sa fille de 17 ans qui a disparu.

Dans un Manchester de nuit, moderne et froid, accentué par la saison hivernale dans lequel se déroule l'histoire Joseph Knox signe ici un roman policier glaçant et vraiment glauque. Il nous plonge dans une histoire sordide où se mêle addiction aux drogues, scandale politique et désespoir. le pouvoir de destruction du désespoir est dévastateur et sa voix est plus forte qu'un appel à l'aide…

Très rythmé et histoire bien ficelée, c'est un bon polar dans une atmosphère lugubre. Et on ne va pas se le cacher on n'en sera pas moins content d'en ressortir pour retrouver une lecture avec une ambiance moins sombre.
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Jeune inspecteur inexpérimenté mais déjà borderline, la faute à une fascination certaine pour la nuit et pour la drogue, Aidan Waits n'est pas loin de se faire virer de la police de Manchester. C'est cette tendance à flirter avec les limites qui en fait l'homme idéal pour approcher Zain Carver, qui tient le trafic de drogue et un certain nombre de boîtes de nuit de la ville, et Isabelle Rossiter, fille fugueuse d'un député puissant et sulfureux. Dans le sillage des sirènes, les filles chargées de collecter l'argent du trafic, Aidan Waits va pénétrer dans le monde de Zain. Peut-être jusqu'à s'y perdre.
Dit comme ça, on se dit qu'on a lu ce genre de roman environ mille fois. Ce n'est d'ailleurs pas totalement faux. Il est d'autant plus remarquable dès lors que Joseph Knox arrive à sortir du lot.
Il y a d'abord ce héros, presque archétypal mais fort bien incarné et dont Knox arrive à faire un personnage véritablement ambigu. Partagé entre sa fascination pour le milieu dans lequel il pénètre et si ce n'est l'envie, du moins le besoin de garder sa place dans la police, mais aussi entre le dégoût que lui inspirent sa hiérarchie et Rossiter et son attirance pour certaines sirènes, Waits se consume littéralement sous nos yeux. Opiniâtre ou juste engagé sur une pente trop glissante pour pouvoir en sortir, c'est avec une certaine fascination qu'on le voit s'enfoncer.
Il y a ensuite une ambiance que Joseph Knox installe avec aisance. Malsaine, lourde de menaces, qui maintient une tension constante, elle est pour beaucoup dans la manière dont le roman agrippe le lecteur.
Tout cela associé à un récit haché par les diverses pertes de connaissance d'Aidan Waits, entre abus de drogues et d'alcool, épuisement et passages à tabac, donne l'impression de découvrir cette histoire à la lumière d'un stroboscope.
Si Sirènes ne changera sans doute pas l'histoire de la littérature noire, il n'en demeure pas moins que, intelligemment construit, bien écrit, percutant, il est de ces livres que l'on n'a pas envie de lâcher une fois qu'on les a commencés. Polar efficace et avec un héros incontestablement attachant, il vaut donc le détour.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Aidan Waits, inspecteur à Manchester, est un « bad boy », avec un passé douloureux et chaotique, accro aux amphets et qui s'inscrit dans la lignée des enquêteurs naviguant constamment entre deux eaux. Il est donc le candidat idéal pour mener une enquête « en sous-marin », destinée à découvrir lequel de ses collègues s'est mis au service du baron de la drogue local. Mais c'est aussi un coeur d'artichaut, sensible au sort des «  sirènes », ces jolies jeunes femmes paumées qui oeuvrent comme petites mains de ce baron de la drogue et pour elles, il est prêt à prendre des coups. Et il en prend beaucoup, mais renaît toujours, tel un Phoenix.
Je les ai donc trouvées très attachants tous ces personnages nuancés.Ils sont nombreux et l'auteur sait très bien en dessiner les contours en quelques lignes. Par ailleurs, l'intrigue est dense, rapide, se suit bien, malgré un début ,qui volontairement nous plonge d'emblée dans le coeur de l'action , sans prendre le temps de mettre les différents éléments en place ; ça vaut le coup de s'accrocher car le rythme s'installe vite, à l'aide de courts chapitres et ce roman s'avère un vrai page-turner que l'on dévore sans s'en rendre compte.
Deux regrets cependant : que la ville de Manchester, dont l'histoire est bien intéressante, ne soit pas davantage mise en avant. J'aurais aimé qu'elle soit davantage traitée comme un personnage que comme un décor. Et que le discours sur la drogue ne soit pas plus clair. Il m'a semblé que l'usage de celle-ci était quelque peu banalisé dans le roman ( a contrario de l'adultère par exemple). L'échelle des valeurs de l'auteur m'a laissée un peu perplexe.
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Un livre lu dans le cadre des Explorateurs du Polar 2019 de Lecteurs.com.
Ambiance nocturne et assez glauque dans ce roman à l'intrigue aussi tortueuse que celle du film de Howard Hawks, "Le Grand Sommeil". Un entrefilet dans un journal rappelle à Aidan Waits, jeune flic de Manchester voué aux patrouilles de nuit, les évènements qui se sont déroulés un an auparavant et qui ont fait bifurquer sa vie. Alors chargé d'une mission d'infiltration du réseau de criminels dirigé par Zain Carver, pour découvrir une "taupe" dans les services de la police, il s'est vu également confier la surveillance d'Isabelle, la fille fugueuse d'un sénateur. Celle-ci a trouvé refuge auprès de Carver et des jeunes femmes qu'il utilise comme "sirènes" pour récupérer l'argent de la drogue auprès des dealers. Cette double enquête se complexifie encore par la personnalité d'Aidan, fasciné par l'univers de la nuit et ses dangers, et par les relations ambiguës qu'il entretient avec Carver.
Manipulé, instrumentalisé, par ses supérieurs autant que par les criminels et par les jeunes femmes qu'il côtoie, Aidan Waits semble se mouvoir dans une nuit sans fin, dans des situations enchevêtrées où tout le monde a quelque chose à cacher. La narration à la première personne plonge le lecteur dans la même impression paranoïaque de progression en aveugle au milieu de dangers indéfinissables. Comme Waits, on n'y comprend pas grand-chose, on soupçonne, on se trompe, on se méfie de tout le monde et on se débat dans l'atmosphère poisseuse des nuits urbaines comme dans un monde parallèle. Rien ne semble stable dans cet univers et tout paraît susceptible de se métamorphoser sans cesse : les règles et les codes, les personnalités, les rôles, les statuts s'intervertissent, se pervertissent, créant d'infinis jeux de masques et ramifiant inextricablement l'intrigue.
Je trouve que le roman de Joseph Knox se teinte d'une sorte de désenchantement amer, d'une tristesse latente, que porte l'histoire de ces trois "sirènes" et du narrateur. Leurs sursauts pour s'affranchir de la fatalité semblent dérisoires et tout se passe comme si les personnages, par avance, les savaient voués à l'échec. J'ai été absorbée par cette lecture, d'abord parce que le suspense est maintenu de bout en bout et ensuite parce que les ramifications de l'intrigue nécessitent une attention soutenue, afin de ne pas perdre un seul fil de ce tricotage serré. Je garde une petite réserve quant au personnage-narrateur, si difficilement cernable que cela pourrait passer pour une fragilité de construction, ainsi que pour la succession de retournements de situation, à la fin, qui m'est apparue un peu branlante. Mais c'est, sans aucun doute, un roman qui sort des sentiers battus et rebattus.
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La couverture de Sirènes, roman policier très noir de Joseph Knox, me semble particulièrement bien choisie : un lettrage au contour estompé et des lumières vives mais floues illuminent la nuit, sans apporter ni chaleur ni joie à cette image urbaine. Nous sommes à Manchester, et nous allons accompagner un jeune flic, Aidan Waits, pendant la dernière partie de sa descente aux enfers…

Le roman est divisé en six parties présentées comme bien distinctes, et dans lesquelles le temps semble s'accélérer : la numérotation des chapitres recommence chaque fois, et les parties sont de plus en plus courtes. « Ensuite », le premier mot du bref prologue de deux pages, laisse supposer qu'un avant est important… Nous sommes à la page 11, et nous retrouverons le premier paragraphe, mot pour mot, à la page 373, au début de la sixième et dernière partie. La presque totalité du roman va donc nous raconter ce laps de temps d'un an, d'un mois de novembre à un autre.

Dans le prologue, on fait la connaissance de Waits, jeune flic en disgrâce, qui patrouille de nuit avec son équipier, Sutty. Waits regarde la photo d'une jeune femme morte qu'il connaît : « la dernière des trois », mais il refuse de répondre aux questions de son équipier et d'expliquer « ce qui s'est réellement passé là-bas ». Il y aura pourtant beaucoup de choses à raconter : « Je savais seulement où ça avait commencé un an plus tôt. Les trois fautes contre moi, et toutes les raisons qui m'empêchaient de refuser ».

Pour ce qui est des deux dernières fautes, le lecteur sera fixé avant la page 40 ! Waits a fortement indisposé un supérieur hiérarchique en en tentant de prouver qu'un prétendu suicide est en fait une affaire de meurtre (c'est la deuxième faute), et, parmi des pièces à conviction, il a piqué un sachet de drogue qu'il a remplacé par du talc (c'est la troisième). Pour connaître la première faute de Waits, celle qu'il ne se pardonne pas, il faudra attendre un peu plus longtemps et remonter jusqu'à son enfance.

Ce flic en disgrâce ne peut pas donc refuser la dangereuse mission d'infiltration que lui propose Pars, un policier haut placé. Dangereuse, parce que Waits doit s'introduire dans le cercle des proches de Zain Carter, un important trafiquant de drogue, autour duquel gravitent des hommes de main et les « sirènes », les filles chargées de collecter l'argent de la drogue. Dangereuse, parce que le but de cette infiltration est de démasquer le flic qui renseigne Carver. Dangereuse, parce qu'à cette première mission va s'en ajouter une autre : surveiller Isabelle Rossiter, dix-sept ans, fille d'un richissime attaché de cabinet, qui voit dans la fréquentation de Carver une manière de se rebeller contre son milieu et contre son père, prétend ce dernier. Dangereuse enfin, parce que Aidan Waits est paumé, malheureux, et surtout accro : à l'alcool, à la coke, aux amphétamines et autres pilules… Et Waits tâtonne, son enquête piétine, quand il avance un peu, il prend des coups de poing ou pire… Il boit trop, soigne ses gueules de bois aux euphorisants et gère son stress à coup de calmants. Il entraîne ses lecteurs avec lui dans sa confusion, ses pertes de mémoires, sa profonde tristesse.

J'ai bien aimé ce roman noir, très noir, même si je me suis parfois perdue en suivant Waits. Ce qui sauve le personnage, je crois, c'est sa profonde compassion pour tous les bras cassés dont il va croiser la route, surtout pour les femmes de l'entourage de Carver, ces sirènes bien malmenées par la vie, elles aussi. Il ne juge pas, il constate les dégâts et quand il peut, il essaye d'apporter son aide, dans la mesure de ses moyens et sans souci de se préserver lui-même. Pas de manichéisme non plus : la plupart des « méchants » ont des fêlures, des failles qui à un moment ou un autre vont les rendre brièvement touchants…

Merci au Grand Prix des Lectrice de Elle et aux éditions du Masque.
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@Sirènes est un polar urbain très noir dont l'intrigue se déroule à Manchester.
Le jeune inspecteur Aidan Waits est en pleine descente aux enfers. Accro aux amphétamines, il dérobe de la drogue dans la salle des pièces à conviction. Pris sur le fait, il n'a d'autres choix que d'accepter la proposition de son supérieur : se fondre dans le monde de la nuit pour infiltrer les milieux de la drogue.
L'excellente plume de l'auteur et son style brillant nous font voyager des bas-fonds nauséabonds de la ville aux suites luxueuses des politiciens bien nantis.
Le lecteur ressent les ambiances oppressantes jusque dans ses tripes. Il visualise parfaitement l'ensemble des personnages. Ceux-ci ont pour particularité d'avoir chacun une part d'ombre. Mention spéciale pour un personnage haut en couleur surnommé Virus. Il apporte une note d'espoir bienvenue dans ce polar à l'atmosphère visqueuse.
L'auteur fait également la part belle aux femmes, à la fois pièces maîtresses et victimes des trafiquants de drogue.
Ce premier roman au rythme effréné est une réussite ! Vivement la sortie du deuxième tome des enquêtes de l'inspecteur Aidan Waits.
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Nouvel auteur sur la planète thriller, Joseph Knox nous propose ici un premier roman à la fois réaliste et sombre. Quelles sociétés parallèles et souterraines cache la quatrième ville du Royaume-Uni? le romancier déploie sous nos yeux la face sombre de Manchester. La circulation de tous types de drogues même les plus frelatées est légion. La jeunesse dorée mais aussi démunie est la proie favorite des trafiquants. L'appel de la défonce est à l'image du chant des sirènes : irrépressible. Exit le tea time, le flegme anglais et les costumes en tweed. L'auteur ne nous épargne pas et introduit son lecteur dans un univers contemporain, réaliste et mafieux.

Le trafic de drogues est certes au coeur de l'intrigue mais l'auteur donne la part belle à un jeune inspecteur, Aidan, trainant de multiples casseroles derrière lui. Son passé est entrevu en de trop rares passages. Ces derniers permettent tout juste au lecteur de mieux appréhender ce personnage brisé, borderline et accro aux amphétamines. C'est bien dommage car j'aurais adoré en savoir plus sur lui. Il vit sans cesse sur la corde raide dans une ambiguïté assez malsaine et un discernement pour le moins singulier. N'essaye-t-il pas de refouler son mal-être en venant au secours de causes perdues? Peux-être l'apprendrons-nous dans le prochain volume.

Décidément, le Grand Prix des lectrices Elle nous propose une belle sélection de thriller à nous mettre sous la dent. Sirènes de Joseph Knox m'a beaucoup plu. Je retiendrai sa noirceur, son réalisme et les personnages tous plus paumés les uns que les autres. Je regrette seulement que l'auteur ne nous en dévoile pas davantage à propos d'Aidan Waits, anti-héros aussi brisé qu'ambigu.
Lien : https://danslemanoirauxlivre..
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