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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Procès de Moscou ( 1936- 1938 ) : Tous les membres du Politburo du temps de Lénine furent jugés. à l'exception de Mikhaïl Kalinine et Viatcheslav Molotov. Et évidement de ...Staline.
Staline a arrêté ou fait exécuter la plupart des bolcheviks de la révolution russe de 1917. Sur les 1966 délégués du Congrès de 1934, 1108 sont arrêtés. Sur les 139 membres du Comité central, 98 sont arrêtés. Trois cinquième des maréchaux soviétiques et un tiers des officiers de l'Armée rouge ont été arrêtés ou/et fusillés. En dehors des prisonniers politiques, plusieurs millions d'autres sont morts durant les purges. L'accusé principal, Léon Trotski, (expulsé d'URSS en janvier 1929) a réussi à échapper aux procès du fait de son exil. Mais il fut retrouvé au Mexique par Ramón Mercader, un agent du NKVD qui l'exécuta avec un piolet le 21 août 1940 sur ordre de Staline. »
Le zéro : l'homme , l'infini : l'ensemble, l'état, l'union, l'empire, l'appareil.
L'homme : rien , l'infini : la cause.
Voilà toute la folie algébrique de tout régime totalitaire, de toute dictature.
Et plus l'individualité se soustrait plus l'homme se soumet.
Ici Staline, là un autre. Peu importe le symbole, le drapeau, l'hymne , le bruit des godillots , quelque soit la langue du credo. Au nom de la cause, de la vérité pleine et entière, au nom de la grande et unique lumière, au nom de l'ensemble, de grande machine sociale, du nouvel ordre national, de la grande cause mondiale, l'homme n'est plus que constituant, donnée, élément, ...constituant, et n'ayant pas à se constituer :il ne constitue rien. Individuellement : zéro, le néant. Voici donc l'algorithmique du système.
Mentir souvent, cacher souvent, éliminer beaucoup, dénoncer énormément, accuser , suspecter, épier tout le temps. Rapporter, juger, déporter, assassiner.
Mener, diriger, contrôler au point de ne plus même éprouver la nécessité de gouverner. N'en éprouver que son besoin. Car le besoin lui persiste, le besoin invente ses moyens. Jusqu'à ce que le le but en devienne même un moyen.
Autonomie du système ? , intelligence du système qui s'auto-régule ? En se créant, en s'inventant continuellement ; le système se dévore et se contamine. Il ne voit même si c'est son cerveau ou ses mains qu'il dévore. le prion qui rend fou.
La fin devant éternellement justifier tous les moyens. « Sainte Raison » que celle de la machine, que celle de l'appareil, du système, qui invente le concept d'un peuple , peuple qui n'est que multitude et non une unité. Concept que le système invente, peuple qu'il méprise, et qu'il désigne du doigt du haut de la tribune, et cela au nom de tous, mais évidement pour aucun d'entre eux ceux là, au nom du saint progrès qui ne cesse justement jamais de progresser et de maintenir sans cesse le peuple en retrait, au nom du bien de tous, et du mal de chien pour chacun, le système crée maintient déforme réforme l'ordre social qu'il établit, qu'il crée, qu'il réalise Pour son propre bien. Et non pour le bien de chacun. Puis le système perd son but, perd son bien. Perd sa raison, perd ses moyens.
Un ensemble d'individus ne crée pas un ensemble.
Un pays, une communauté, une classe, une famille, une entreprise, un couple, un système tout cela est une fiction. Fiction nécessaire au fonctionnement du groupe social auquel il est rattaché. Mais fiction. Tout ordre social est une fiction.
Tout va à peu près pour le mieux, tant que les individus jouent leur rôles dans la fiction. Réalité et fiction s'équilibre. Sphère public, sphère privée, Dans un certain ordre chacun vit ou survit comme il le peut ou au mieux comme il le veut. Tout va tant que chacun est en droit de penser, tant que chacun conserve son devoir de parole. Tant qu'il existe d'autres fictions, tant qu'on peut choisir sa fiction. Tant que la fiction sociale ne touche pas la réalité de l'homme, à son individualité. Tant que chacun peut lui même se réaliser. Ainsi l'équilibre peut il se maintenir. Ce n'est pas parfait, mais ça peut perdurer. Mais si un cap est franchi suite au relâchement de l'intelligence individuelle face à différents facteurs le plus souvent économiques  : la fiction sociale prend le pas. Et comme la fiction n'a pas d'intelligence, mais seulement une fonction, et donc pas de raison, le système s'emballe, peut devenir fou, devenir incontrôlable, rien ne peut plus arrêter le système, parce que le système est à présent en tout , est devenu tous, il a englobé la multitude des individualités. Il est un. Et un seul peut devenir tous. Et ce qu'il va dire, faire décider , entreprendre devra être considéré comme l'expression de la volonté de l'ensemble. Car seul « cet ensemble » sait ce qui est bon pour tous, pour chacun. Tous devront le reconnaître. L'Un n'est t il pas tous ? Tous ne se retrouvent ils par en l'Un ?
Voilà comment peut se créer un dictateur. Voilà comment peut s'implanter une dictature.
Abrutissement par la peur, abrutissement par le mensonge, abrutissement de la masse. Désertion de la volonté de toute intelligence individuelle. Tous marchent au même rythme, dans le même sens.
A ce compte le système a tôt fait de repérer l'opposant. Celui qui ne marche pas. Ou alors pas du même pas.
Et puis si besoin, on en désigne, on en invente pour l'exemple, pour bien instruire le peuple, ou pour lui donner une explication qu'il peut comprendre afin que le système justifie certaines de ses imperfections pour mieux les dissimuler.. Pour le bien de tous.
Le quota aluminium n'est pas atteint ? sabotage. le rendement des terres est insuffisant ? Sabotage. de l'intérieur, de l'extérieur. La paranoïa est injectée. L'ennemi est partout. Il est dans tout. Il peut être chacun. Il peut même être à la tête du système. le système le sait mieux que tous. Alors le système s'ampute la tête. Pour l'exemple. Et on en arrive à convaincre les morceaux amputés qu'ils doivent l'être pour le bien de tous, même s'ils sont sains, voilà comment certains martyres ne deviennent pas des saints. du moins pas tout de suite. Si le système en a besoin… on verra...le traitre d'aujourd'hui sera peut être le martyre de demain, dans un sens ou dans l'autre, selon le besoin.
On se dit c'est impossible. Ce n'est qu'une fiction ! Un cauchemar ?
Non une réalité pour chacun.
Tels furent les procès de Moscou. Une mascarade. Une terrible, épouvantable mascarade.
Ce qui est assez étonnant c'est que ce livre a paru en France dès 1945.
En novembre 1956, les tanks soviétiques attaquèrent Budapest. Certains commencèrent alors seulement à réaliser ce que Staline signifiait.
Certains décidèrent de changer de fiction. Autre système.. Qu'en est il resté de leur réalité ?
Il y a peut être différentes raisons de penser comme il doit exister peut être différentes façons de marcher. ..Mais il ne doit y avoir qu'une réalité pour chacun , celle de chaque homme et de sa liberté.

Astrid Shriqui Garain

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Si le communisme, et le stalinisme en particulier, n'ont pas perduré longtemps à l'échelle de l'Histoire, ils ont néanmoins inspiré une série d'auteurs de talent : Orwell, Soljenitsyne, Koestler, … Koestler a été un précurseur dans la dénonciation de ce qui se passait réellement en URSS, ce qui lui a d'ailleurs valu un accueil très froid en France.

Le roman raconte l'histoire de Roubachof, ancien cadre du parti emprisonné aujourd'hui pour sabotage, complots, actes anti-révolutionnaires, et tout le lot d'accusations habituel. Roubachof se fait peu d'illusions sur son sort : il sait très bien qu'une fois pris entre les mâchoires de l'appareil répressif soviétique, on en sort rarement indemne.

Il faut dire que Roubachof connaît très bien les mécaniques du système, pour les avoir utilisés plus d'une fois lorsqu'il était encore en état de grâce. En faisant le point sur sa vie, il remarque qu'elle n'a été qu'une succession de trahisons, de lâchetés, d'exécutions sommaires, pour servir la doctrine soviétique et, accessoirement, sauver sa peau. C'est presque avec soulagement qu'il accueille son inévitable condamnation, qui mettra un terme à la comédie qu'a été sa vie.

Mais le parti n'envisage pas de le laisser s'en tirer à si bon compte. Il ne lui suffit pas d'éliminer les éléments indésirables, il faut encore les briser et leur faire admettre avec un repentir sincère qu'ils ont eu tort sur toute la ligne.

La vie sous un régime communiste a dû être particulièrement marquante, car tous les auteurs que j'ai lu sur le sujet sont capables de disséquer avec précision la vie quotidienne et ce qui se passe dans la tête du citoyen moyen. Koestler nous décrit ici toute la « mythologie » soviétique : la certitude absolue d'être les premiers à comprendre le sens de l'Histoire et de pouvoir l'orienter, d'avoir d'avoir la capacité d'instaurer le paradis sur Terre, et que pour cette raison, la fin justifie tous les moyens. le Parti ne peut jamais être pris en défaut : si les faits lui donnent tort, il faut changer les faits, ou réécrire les prédictions faites à l'époque ; si des objectifs ne sont pas atteints, il faut trouver des saboteurs ou des traîtres, d'autant plus haut dans la hiérarchie de l'état que l'échec est grand. Koestler décrit également l'espèce de schizophrénie qui touche tous les membres assez haut placé : fabriquer des preuves et des témoignages de toute pièce, et en même temps les professer comme des vérités absolues.

L'ambiance du roman est assez oppressante, mais avec de tels auteurs, on a l'impression de connaître intimement le stalinisme sans jamais l'avoir vécu.
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Koestler , avec ce livre , mettra mal à l'aise tous ceux qui peuvent encore penser que le citoyen (le zéro ) est la prunelle des yeux du pouvoir ( l'infini ) . Certes le cadre dans lequel se déroule l'histoire est celui d'une dictature ( à tort nommée " du prolétariat " ) mais le terme "démocratie " qualifiant la plupart de nos états n'est-il pas aussi inapproprié ?

On repense à la lecture de ce livre à "L'aveu " d'un autre Arthur ( London ) , aux " récits de la Kolima " de Varlam Chalamov ainsi qu'à la vie d'Imre Kertész .

La psychologie des personnages est chirurgicalement analysée .

Inspirés de faits authentiques , cette fiction démontre combien l'individu peut être sacrifié pour la raison d'état et comment la propagande se fera fort d'inculquer aux masses que le pouvoir agit en son nom à juste titre .

Cette lecture qui parle de faits et temps anciens me semble pourtant d'actualité et mériterait d'être lue pour ouvrir les yeux du peuple aux réalités politiques ( loin de celles que nous serinent les médias traditionnels .
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Roubachov est un ancien de la révolution et du parti communiste soviétique.
Il s'est battu, il a eu des responsabilités…
Mais les temps au changé.
Il faut accabler ceux qui sont maintenant des contre-révolutionnaires.
Ceux qui sont « contre » Staline et la nouvelle garde du parti.
Emprisonné, Roubachov doit-il s'incliner ? avouer ? se révolter ?

Véritable plongée dans un système totalitaire à l'arithmétique spéciale.
L'individu est un voire zéro car quand on divise par le peuple par un million, il ne reste rien. Rien qui n'a de valeur.
Roubachov sait que sa vie est en jeu. Il est condamné d'avance.
Il a le choix entre un traitement administratif ou un procès.
Un procès de l'ère Stalinienne.

Dans sa cellule, il se souvient quand lui-même, pièce du jeu politique, il excluait ceux qui déviaient de la « doctrine » d'alors.
L'isolement le conduit à réfléchir sur la révolution, le mouvement, la politique, le peuple.

À quel moment, la « raison » révolutionnaire s'est-elle dévoyée ?
Le parti a-t-il jamais compris et représenté le peuple ?
La fin justifie-t-elle les moyens ?
Moyens effroyables. On a fusillé, envoyés dans des camps pour prétendu sabotage, contre-révolution.

> Il n'existe que deux conceptions de l'éthique humaine, et elles sont diamétralement opposées. L'une est chrétienne et humaniste, elle proclame que l'individu est sacro-saint et affirme qu'on n'a pas le droit de faire de l'arithmétique avec du sang. L'autre repose sur le principe fondamental que le but collectif justifie les moyens, que non seulement il autorise, mais exige qu'on soumette l'individu à la communauté, de toutes les manières possibles, qu'on en fasse un cobaye ou un agneau sacrificiel

Quels genres d'homme peut sortir de cela. Qui est l' « homme nouveau soviétique » ?

> Nous savons que l'histoire ne se soucie pas de la morale et qu'elle laisse des crimes impunis, mais que toute erreur a des conséquences et se paie jusqu'au septième descendant.

Le livre a une portée plus universelle que la simple peinture des purges staliniennes.
Il est beaucoup question de l'usage global de la violence, du rapport au peuple, de la capacité du peuple à résister, de sa maturité face aux changements de la société

> Tout progrès technique entraîne une complexité accrue du processus économique, l'apparition de nouveaux facteurs et de nouvelles intrications que, dans un premier temps, la masse n'est pas capable de discerner et de comprendre. Tout progrès technique subit entraîne donc dans un premier temps une régression intellectuelle relative des masses, une chute du thermomètre politique de la maturité

Vaste sujet que la maturité du peuple

> le niveau de maturité politique d'un peuple détermine la dose de liberté individuelle qu'il est capable de conquérir et de conserver

Roman de son époque, il est pourtant terriblement contemporain

> Nous sommes indiscutablement confrontés ici à un mouvement pendulaire de l'histoire, de l'absolutisme à la démocratie et, dans l'autre sens, de la démocratie à la dictature absolue.

Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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J'ai lu avec beaucoup d'intérêt dans cette nouvelle traduction ( j'avais lu le livre une première fois il y a 30 ans et je me souvenais presque de rien, j'ai eu un peu honte...). le personnage principal est isolé dans une cellule, en attendant d'être - longuement, très longuement- interrogé par le NKVD. Il communique ponctuellement avec ses voisins en tapant sur les murs et cela donne lieu aux rares dialogues détendus (si non peut dire) du livre. On est à Moscou dans les années 1930, ce sont les procès de Moscou. Enfin on le suppose car le livre donne tantôt des éléments précis sur l'URSS, et parfois se situe dans un pays à la limite de l'invention. Staline est d'ailleurs appelé N°1 dans le livre. La Sibérie n'est pas nommée en tant que telle. J'imagine que cela contribue à la portée universelle de ce livre qui précède 1984 dans la dénonciation puissante du totalitarisme, même si le livre n'englobe pas exactement nazisme et stalinisme.
le livre constitue une vaste et ambitieuse réflexion sur les moyens que l'on peut employer au nom de ses idées, dans le cadre par exemple d'une révolution. Il y a vraiment des pages exceptionnelles à ce sujet. On sera presque surpris de voir Dostoïevski (celui de Crime et Châtiment) cité dans le texte pour argumenter en faveur de l'humanisme, quand on a pris l'habitude, récemment de limiter ce grand auteur à ses sentiments excessivement nationalistes.
le livre est incontestablement beau et tragique. J'ai été sensible aux pages décrivant par ailleurs les amours du narrateur avec une secrétaire, moment de poésie douloureuse dans un univers terrifiant.
Toutefois je n'ai pas été sensible à toutes dimensions du livre et j'ai trouvé un peu datées certaines pages qui tendent à ressembler à une dissertation de philosophie.
Néanmoins j'ai été impressionné par cette dénonciation puissante du totalitarisme soviétique.
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Juif hongrois, Arthur Koestler fût communiste ... jusqu'à son voyage en URSS où il découvre l'envers du décor. Il rompra ses liens dès 1938 et passera de nombreuses années à dénoncer la dictature soviétique, dans l'indifférence générale des années de la guerre.

Ce roman, écrit en 1940 paraîtra en France en 1945 et aura rapidement un grand succès. Il raconte la trajectoire de Roubachof, un responsable communiste injustement accusé, comme nombre de responsables lors des fameux procès de Moscou. On découvre à quel point l'homme, censé être la valeur majeure, n'est que Zéro face au Parti qui est L Infini. Comment ceux même qui envoyaient au peloton d'exécution les déviants furent broyés à leur tour, par un système entretenant sa propre paranoïa.

Dans ce roman vif, Arthur Koestler nous aide à nous poser les questions essentielles des rapports entre l'individu et la société, qui semblent sans intérêt tant que la société cohérente et si cruciaux quand les événements dérapent. D'ailleurs l'analogie peut aussi rappeler les époques de la Terreur post 1789 où l'on se retrouvait sous la lame de la guillotine pour une simple parole ...

Un chef-d'oeuvre politique, historique et littéraire.
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Inspiré des purges staliniennes , ce roman imagine l'itinéraire d'un dignitaire soviétique, Roubachof, qui, après une carrière d'apparatchik (diplomate, espion, fidèle du Chef et lui-même instructeur des grands procès), est jeté en prison et jugé.

Au-delà de l'étude du fonctionnement d'un système totalitaire, Arthur Koestler expose le problème de l'utilisation de la "Fiction Grammaticale"qui consiste à supprimer le "Je" au profit du "Nous", à renier l'existence de l'homme en tant qu'individu au profit de la communauté. Aucune action, aucune pensée ne peut se justifier si elle ne s'inscrit pas dans la logique du "nous". C'est, si on en croit Arthur Koestler, ce qui oppose fondamentalement les régimes occidentaux judéo-chrétiens aux régimes totalitaires : pour les premiers, l'homme est l'infini au nom duquel tout doit être entrepris, toute action collective tendant à améliorer le sort de chaque individu, pour les autres, l'homme est zéro et peut être sacrifié si cela profite à la communauté.

"Le zéro et l'infini" fut publié en France à la libération, au moment où le parti communiste était le premier parti de France. Il fit scandale fut immense...
Ce qui n'empêcha pas le livre honni d'atteindre rapidement les 200.000 exemplaires...

"Le zéro et l'infini" est probablement le livre le plus connu d'Arthur Koestler. Il est le premier qui vient à l'esprit à l'évocation de son auteur... Cela n'en fait pas le plus accessible!
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Les "procès de Moscou " vu à travers la vie d'un cadre du parti nommé Roubachof .Ou comment les loups se mangent entre eux .
Un livre intimiste , ou l'on se retrouve dans la peau de l'accusé , dans sa cellule , avec ses pensées .
Un bon livre sur les régimes totalitaires , broyeurs de personnalités .
Qui ne peuvent plus arrêter la "machine infernale "qu'ils ont mis en route et qui poursuivent leurs fuite en avant...vers le néant et la folie destructive .
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Le Zéro c'est l'individu, ramené à son néant indistinct, broyé par l'Infini du totalitarisme qui a tout pouvoir sur lui.
Ce roman commence par l'arrestation de Roubachov, ancien n°2 du Parti, et montre comment il sombre progressivement dans le renoncement, l'abdication, les ténèbres du fond de la cave où il est interrogé, sous la lumière éblouissante de la lampe braquée sur lui. Plus rien n'a de sens, ni son passé, ni ses aveux, la vérité n'existe pas dans cet État qui n'est jamais nommé mais dont les sources d'inspiration, en 1940, sont aisément identifiables. Les bourreaux d'un jour sont les victimes du lendemain, on trompe ses amis comme ses ennemis et pour ne même pas sauver sa peau. Dans l'alternance des pensées, des interrogatoires et du journal de Roubachov, l'auteur donne à voir un monde aux valeurs fluctuantes, où chacun joue sa vie sur des détails insignifiants, pensant toujours obéir à sa propre ligne mais sans jamais savoir si elle suit ou dévie de celle qu'il faut suivre absolument. Ainsi se trouve mise en évidence une partie des rouages sur lesquels repose le totalitarisme et qui n'a pas manqué d'inspirer George Orwell dans ses deux ouvrages majeurs. Les pensées du personnage reposent sur une grande base théorique, mais son propre questionnement ne manque pas d'interroger le lecteur sur les limites et l'absurdité des comportements humains, d'autant plus proches de zéro qu'ils croient tendre vers l'infini.
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Encore une fois merci à la boîte à livres parisienne qui m'a permis de découvrir ou redécouvrir ce magnifique ouvrage. La personne qui s'en est débarrassé ne savait pas ce qu'elle faisait. Un état totalitaire. Un parti dominant qui ne supporte pas les opposants ni les mous d'ailleurs. Une prison immense de deux mille politiques. Aucun prisonnier de droit commun. C'est facile à comprendre : si l'on commet une faute de jugement ou une maladresse qui met un grain dans le rouage de l'industrie, on est considéré comme un ennemi du peuple et conduit en prison. Même purge chez les paysans. Sans qu'il soit nommé de quelconque façon, le n°1, c'est Staline. Ivanof, Gletkin sont ses bras droits actuels. Roubachof lui a vieilli. Il appartenait à l'ancienne garde, en temps que commissaire du peuple donc haut placé et se croyant intouchable. Et pourtant ! Un jour, on vient l'arrêter pour le déferrer en prison. Il cherche à comprendre puis se laisse aller et c'en est fini pour lui. Confession. Exécution. C'est un livre très dur. Mais tout l'intérêt réside dans l'argumentation du citoyen Roubachof. Roubachof évoque la Révolution française et dit que Danton et ses amis se sont tout de même vu épargner toute cette comédie. Il lui est répliqué que son Danton et la Convention « n'étaient qu'enfantillages en face de qui est en jeu ici. Ces gens-là portaient des perruques poudrées et déclamaient au sujet de leur honneur personnel. Pour eux, tout ce qui comptait était de mourir avec un beau geste, sans se soucier de savoir si ce geste faisait du bien ou du mal. » Aller toujours plus loin dans le mal.
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