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3,72

sur 1565 notes
Ambiance kafkaïenne teintée d'humour noir pour ce roman dont le seul défaut réside peut être dans le rythme un peu lent de la première moitié du livre.
La mort ne cesse de planer dans ce livre, en témoigne cette pensée du héros du livre qui " songeait que chaque journée apportait quelque chose de nouveau et de totalement imprévu. Il se disait qu'un jour, ce seraient des ennuis, peut être même la mort."
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Le tour de force d'Andreï Kourkov dans ce livre inclassable est de maintenir l'intérêt de son lecteur avec des ingrédients totalement improbables.
Victor se veut écrivain mais il n'arrive pas à construire une véritable intrigue. Il va se voir proposer un travail inédit par le directeur d'un quotidien de Kiev : il est chargé de rédiger , à l'avance, des nécrologies, de personnalités qui ont toutes quelque chose à se reprocher et iI va, à son insu, être le pivot d'un système de nettoyage de la société ukrainienne post-soviétique gangrénée par la corruption.
En dehors de cette activité, Victor est dans un mode survie, il n'a pas d'ami et un étrange compagnon : un pingouin qu'il a pris au zoo qui voulait s'en débarrasser. Il va également se trouver en charge d'une petite fille confiée par un homonyme de son pingouin ( Micha) dont il s'occupe tant bien que mal avec l'aide d'une jeune nounou qui deviendra sa compagne. Toutes ces choses arrivent dans la vie de Victor sans qu'il n'ait rien prémédité . Il est un peu comme un bouchon sur l'océan, bringuebalé au gré des circonstances, dont il s'accommode avec fatalisme en gardant en lui un fond d'angoisse et une sorte d'empêchement à vivre une véritable vie affective.
Un récit dont l'originalité m'a séduite, qui nous propulse dans une société corrompue et violente, où rien ne fonctionne, où les complots et l'auto défense sont des comportements normaux, où la médecine n'est réservée qu'aux riches, où la solitude désespérée est le lot commun.
ça peut paraître sombre, mais l'humour et l'auto dérision de l'auteur m'ont embarquée, il écrit à la fois la banalité du quotidien avec ses actions répétitives mais aussi son absurdité tout en nous immergeant dans une sorte de polar géopolitique. Inclassable, vous disais-je !


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La Pingouine. C'est comme ça qu'on pourrait réintituler le Pingouin.
Je viens de découvrir l'existence du verbe pingouiner : je pingouine, tu pingouines … nous pingouinons … Conjuguer ce verbe, ça permet d'adopter la démarche d'un pingouin, d'un air de déséquilibré.e. Mais c'est parfait ! Je vais adopter ça comme nouvelle démarche féminine.

Vous vous demandez ce que vient faire la Pingouine ici ? Bah moi, je me demande ce que vient faire le Pingouin dans cette histoire. le Pingouin ou la Pingouine, j'insiste, car le ou la Pingouin.e s'appelle Micha.
Il y a un écrivain, journaliste et philosophe qui s'appelle Micha, une chanteuse aussi, une volleyeuse et un policier s'appellent Micha. Ce dernier , le policier, il est dans le Pingouin. Ne me demandez pas ce que fait un policier dans un pingouin ! *

*Même si nous ignorons à l'heure actuelle ce que peut faire un policier dans un pingouin, nous n'ignorons pas ce que peut faire un policier avec un pingouin :
« Un policier se promène dans la rue avec un pingouin. Son chef le voit et lui dit : « Que fais-tu avec ce pingouin ! Emmène-le immédiatement au zoo ! »  … Deux heures plus tard, il tombe toujours sur le même policier, toujours avec le pingouin. En colère, il lui dit : «  Mais je t'avais dit de l'emmener au zoo ! » On y est allés, lui répond l'autre, et maintenant on va au cirque... »

*² Nous n'ignorons plus non plus après la lecture du Pingouin ce que peut faire un pingouin dans un policier ... que je qualifierais plutôt de roman d'espionnage décalé !
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La littérature russe ou ukrainienne me manquait.
Je me suis embarqué pour Kiev. J'y ai suivi Victor.

Victor Zolotarev est un journaliste au chômage. Il est seul enfin presque : il a recueilli un pingouin.
Le Zoo de Kiev en manque de moyens, s'est débarrassé, a confié une partie de ses animaux à ceux qui voulaient en prendre soin.
Il mène une vie solitaire, très solitaire.
Un jour on lui confie un travail : écrire à l'avance des rubriques nécrologiques pour un journal.
Des rubriques variées : hommes d'affaires, politiciens, militaires, policiers…
Il appelle ces articles des « petites croix ».
Petit problème : certaines « petites croix » sont publiées, car par exemple…

— Il est tombé du cinquième étage. Il semblerait qu'il ait été occupé à laver les carreaux, mais étrangement, ce n'était pas chez lui. En outre, il faisait nuit.

Un travail tranquille et qui paye en dollars, mais il vaut mieux ne pas trop poser de questions…

Le pingouin apporte un peu de couleur (curieux pour un animal noir et blanc n'est-ce pas ?) dans une vie morne où tout semble gris et sans avenir.
Nous sommes à Kiev, juste après la chute de l'URSS.
Tout se paye en dollars.
Les habitants survivent :

> Ce qui, auparavant, semblait monstrueux, était maintenant devenu quotidien, et les gens, pour éviter de trop s'inquiéter, l'avaient intégré comme une norme de vie, et poursuivaient leur existence. Car pour eux, comme pour Victor, l'essentiel était et demeurait de vivre, vivre à tout prix.

Peu d'échappatoires :

Buvons pour que ça ne soit pas pire. Mieux, ça a déjà été.

Les gens ordinaires se débrouillent pendant que d'autres trafiquent armes et matières premières.
Tout se paye :

* Besoin d'hospitalisation ? $
* Besoin de médicaments à l'hôpital ? $ (et oui en plus !)
* Mourir dignement ? $

La violence n'est jamais loin. Il faut parfois prendre le large le temps que « cela se tasse ».
Il ne fait pas bon être journaliste non plus. le directeur qui donne du travail à Victor se réjouit que femme et enfants ne soient pas à Kiev ou en Ukraine.

C'est donc un roman assez sombre.
Mais pas dépourvu de moments lumineux ou burlesques.

— Dites, articula-t-il enfin, vous avez vraiment un pingouin ou c'est moi qui pars du ciboulot ?
– C'est vous…, lui répondit Sergueï, avec une sincérité parfaite.
– Oh la vache ! lâcha le pêcheur, épouvanté. Il agita maladroitement les bras, tourna les talons et regagna son emplacement. Victor et Sergueï le suivirent des yeux.
– Ça va peut-être l'inciter à boire un peu moins, conclut Sergueï, optimiste.

Il y a, quand même, un peu de la place pour la bienveillance, l'amour et la tendresse.
Mais peu et d'une très grande fragilité.
Comme si la vie simple et humaine n'était qu'un mince couche de glace.

La plume d'Andreï Kourkov est acérée, juste, cynique avec une certaine retenue (la violence est plus suggérée).
Sans doute que quelqu'un quelque part à Kiev pourrait rédiger une « petite croix » sur Andreï Kourkov.

P.S. :

Vous l'aurez compris ce n'est pas l'aventure trépidante d'un justicier éliminant les profiteurs de la chute de l'URSS.
Dissipons les malentendus possibles.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Pour faire éditer ce livre, mon cousin a dû se faire passer pour un certain Kourkov. Le monde des humains n'est pas encore prêt.

Il y raconte une partie de sa vie à Kiev, dans les années sauvages de l'après-perestroïka. Car il s'agit d'une histoire réelle, même si l'on reconnaît très bien, dans la manière de tourner ou d'envisager les événements, une tendance naturelle à la mélancolie propre à mon cousin. Mais avant de le condamner, imaginez-vous arraché à votre pays natal, à votre famille, à vos amis et même à vos semblables, et emmené dans un pays qui vous paraîtrait aussi torride qu'à nous le Sahara en plein midi. Puis, après la fermeture du zoo pour raison économiques, que vous restiez enfermé toute la journée dans un appartement miteux en compagnie d'un écrivain raté - Victor - presque aussi dépressif que vous. La maladie congénitale dont souffre mon cousin n'arrangeait pas les choses.

Dans le laps de temps où mon cousin est enfermé avec lui, Victor acquerra pourtant aisance matérielle, ami, famille, petite amie, nombreux critères reconnus de réussite, auxquels s'ajoute la publication régulière de ses oeuvres, d'une manière fort originale. Mais hélas, qu'y a-t-il de pur dans la société ukrainienne de l'époque, où les opportunistes sans scrupules s'unissent entre politique et mafia tandis que les laissés pour compte qui n'ont pas les moyen de la corruption crèvent comme des indigents ?

La manière dont tous les événements s'enchaînent dans un engrenage suggéré, insensiblement subi par un Victor tout en ingénuité coupable, est dépeinte avec précision et subtilité par mon cousin, au moyen d'une ironie mi drôle mi amère qui est fort plaisante. Un jour je vous présenterai ses autres œuvres. Un grand écrivain que ce Micha.
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Victor mène une vie assez morne dans son petit appartement de Kiev avec son pingouin recueilli au zoo. Ecrivain pourtant peu prolixe, il tente de faire découvrir l'un de ses manuscrits à un éditeur et se voit proposé à la place un job de rédacteur pas très commun : il doit rédiger les nécrologies de personnalités pas encore décédées. La tâche paraît étrange mais est bien payée : Victor s'embarque dans cette nouvelle mission. Au fur et à mesure de leur rédaction, il va pourtant vivre de loin une situation étrange, car les sujets de ses nécrologies disparaissent les uns après les autres...

Mise de côté la consommation abusive et certainement culturelle de la sacro-sainte vodka nationale à toute heure du jour et de la nuit ou du thé comme seuls moyen de se désaltérer et abreuver son corps en liquide qui intervient presque toutes les deux lignes, nous avons affaire à un récit qui regorge de personnages à l'apparence lisse mais qui ne le sont en rien, de descriptions à l'aspect stoïques mais au goût bien salé, et d'originalité légèrement absurde absolument pas mal placée.
Kourkov nous invite en Ukraine post Guerre-Froide, où la Mafia locale fait la loi, où les gens disparaissent aussi facilement qu'on perd ses clefs, où l'argent a bien sûr un rôle important à jouer.
C'est un roman agréable, qui se lit vite et bien, sur une contrée pourtant pas si lointaine qu'on oublie souvent de conter. le début est extrêmement original et prometteur, le milieu perd un peu son lecteur qui ignore finalement où l'auteur veut en venir, la fin offre un dénouement logique mais inattendu. On se plaît même à penser qu'on pourrait éventuellement lire la suite vu que ce qu'on vient de lire était loin d'être désagréable.
C'est un roman dans lequel il se passe à la fois tout et rien, dans la neige ukrainienne, dans le froid de la solitude, dans un monde que l'on croit sien mais qu'on touche en réalité à peine.
C'est une fable assez triste, une critique amère.
C'est un roman à lire.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Divorcé, sans emploi, Victor Zolotarev a adopté un pingouin le jour où le zoo de Kiev a décidé se débarrasser de quelques animaux pour faire des économies. Victor rêve de gagner sa vie grâce à sa plume et son objectif semble atteint lorsqu'il est embauché par un journal local afin d'y écrire les nécrologies. Bien sûr il prépare à l'avance celles des personnalités célèbres du pays encore vivantes.
Mais la particularité advient quand son rédacteur en chef lui donne sa propre liste de noms, avec des précisions obligatoires à rajouter aux notices. Des détails concernant des malversations, des affaires douteuses ou des scandales de moeurs. Lorsque ses “clients” commencent à tomber comme des mouches, Victor commence à se poser de questions… et ne fait rien, sa nouvelle situation lui permettant de fermer les yeux sur ce qui se passe autour de lui. Avec le pingouin, au fil des péripéties, il construit une petite famille atypique : une petite fille pris en charge après la disparition de son père mafieux, Nina sa nounou, qui deviendra vite sa maîtresse.

À travers cette histoire loufoque, Andreï Kourkov décrit son pays (d'avant la guerre actuelle, l'ouvrage date de 1996) post-indépendance : mafia, corruption, affairisme et assassinats en tous genres, et une population qui détourne le regard (un instinct de survie hérité du soviétisme), profitant des premiers instants de liberté et d'un début d'amélioration des conditions de vie matérielle. Une entrée sauvage et violente dans la démocratie et le capitalisme.
Avec humour et avec talent, l'auteur fut le premier à faire découvrir ce pays tout neuf, né du démembrement de l'empire soviétique.
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Victor Zolotarev est un écrivain raté. Incapable d'écrire un roman. Plutôt à l'aise avec le format court.

Solitaire, il a adopté un pingouin, Micha, lorsque le zoo de Kiev s'est débarrassé de certains de ses occupants, faute de pouvoir les nourrir.

Ils ne s'aiment pas vraiment tous les deux, ils se sont juste habitués l'un à l'autre.

Tout va changer lorsque Victor se voit proposer un nouveau travail : rédiger des chroniques nécrologiques de personnalités publiques "en avance" pour le journal Stolitchnyé vesti. Comme ça, lorsque ces hommes politiques, hommes d'affaires etc, passeront de vie à trépas, les louanges et autres critiques mortuaires seront déjà rédigées et prêtes à être imprimées.

L'exercice se révèle plaisant pour Victor, se découvrant très doué pour ce travail, mais une chose le turlupine : c'est bien beau d'écrire tout cela, mais un peu frustrant de ne pas être publié quand aucun des sujets de ces "petites croix" ne se décide à mourir. Pourtant personne n'est immortel...

Premier roman dAndreï Kourkov, le pingouin est une plongée absurde dans la société ukrainienne contemporaine.

Une plongée s'accompagnant de corruption, de règlements de comptes, de mafia ou de perte des valeurs.

Le grotesque des situations met une sorte de voile n'occultant, néanmoins, pas le cynisme du propos.

On retrouve un citoyen lambda, peinant à trouver un sens à sa vie, se faisant embrigader dans une affaire qui le dépasse. Il ne sera qu'un pion bien utile, bien servile pour plus puissant que lui.

Mais ce pion n'est pas totalement innocent, lui aussi se trouve compromis par l'argent, le confort facile. Il semble obnubilé par sa personne, échouant à tisser des liens avec les personnes placées sur son chemin.

Un très bon premier roman d'un auteur dont je suis curieuse de connaître le reste de la prose.
Lien : https://allylit.wordpress.co..
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Comment faire une critique ou un résumé de ce livre???
Je renonce!
Il faut lire entre les lignes pour comprendre un peu la vie dans ce pays. On y retrouve les lieux importants de Kyiv, les quartier, les ambiances....
Ne cherchez pas le polar classique mais laissez vous entrainer par l'auteur, entrez dans son histoire et dans son monde parfois rude, parfois cruel (souvent) perçois loufoque
Ochy vkousna!
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Ce roman très original nous permet de comprendre les facettes d'une société post-soviétique en Ukraine où l'on assiste à une dé-socialisation et une destruction même des valeurs humaines ainsi que de la vie intellectuelle, la seule puissance qui prédomine au-dessus des autres tout au long du roman est celle de l'argent, qui peut pousser les gens à des comportements n'ayant aucune éthique.
D'autre part , ce qui fait l'originalité même du roman, c'est le mélange de situations improbables voir ambiguës: adopter un pinguin, écrire des chroniques nécrologiques pour des personnalités encore en vie, se retrouver à devoir élever une petite fille... et encore bien d'autres... mais je trouve que les personnages sont parfois un peu trop "stéréotypés" (mais cela ne reste que mon modeste avis...) et les situations improbables à la fin permettent de prendre de la distance avec le récit et de ne pas tourner à l'effroi car on se dit "Cette partie-là elle est un peu tirée par les cheveux,non?" mais on lit avec beaucoup de plaisir et la fin est tout simplement géniale.
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