Prendre un pingouin comme N.A.C, le nommer Micha, c ‘est bien une fantaisie d'ex soviétique, curieux mais, c'est aussi, le petit pouêt pouêt qui va donner un cachet original et drôle au récit. Kourkov en attend des retombées de sympathie et d'indulgence pour son personnage Victor et surtout Micha qui est, entre autres, neurasthénique. Kourkov est un homme prudent. La cohabitation des deux sera forcement «drôôôlatique» du moins fera son petit effet pendant un temps.
Passé cette toquade au sujet des personnages principaux, les autres sont terreux surtout les femmes, de quoi Kourkov nous parle-t-il dans sa narration?
D'un journaliste qui écrit des comptes-rendus sur des personnalités en vue. Bien entendu cela est très rémunérateur mais, dans un monde post-soviétique, ces pré-nécrologies ont un prix et le lecteur va comprendre assez rapidement de quoi il est question. En fait d'intrigue on se sent un peu lésé mais on se dit qu'il va bien y avoir des rebondissements. Il y en aura...mais un seul en dernière page. On est chiche chez les ukrainiens.
Dans un monde post-soviétique il ne peut être question que de corruption, de KGB ou d' un organisme étatique semblable, de petits arrangements, de petites vies étriquées, de problèmes de logement, d'alcool qui tient chaud et fait rêver et du fatalisme primitif et complaisant des slaves.
On n'y échappe pas mais Kourkov nous en bassine dans son intrigue avec des longueurs répétitives assommantes même s'il y met un peu d'ironie, d'humour dirons-nous du bout des lèvres, désabusée pas toujours de bonne qualité. Petit dej, lecture des quotidiens, patates bouillies, travail d'écriture, et abrutissement à l'alcool: comme d'habitude l'Homme Rouge est prévisible.
Une narration primaire et navrante, terne comme un temps de pluie en automne dans les mornes plaines d'Ukraine, grise comme un bloc d'habitation soviétique, narration qui nous saoule et nous fâche autant que les innombrables petits cognacs et vodkas bus par les personnages ainsi d'ailleurs que les pommes de terre bouillies, qui nous laisse la gueule de bois jusqu'à la de fin d'année 2024.
Et Micha? Et bien Micha (Micha pas l'autre! Nous rappelle-t-il malicieusement car il y en a deux: un effet comique qui a fait son temps) confirme bien, sans surprise, son rôle de joker de Kourkov mais il est sous exploité. Avoir pris un pingouin juste pour en faire ça, c'est vraiment ne pas aimer les bêtes. Par contre Kourkov aime la truite mais au citron.
Et c'est bien tristounet.
Et Victor? Et bien Victor confirme bien, sans surprise, qu'il est bien «l'Homme Rouge»
fini, apathique et sans relief, pleutre et petit d'ego.
Et la société ukrainienne? Et bien la société ukrainienne confirme bien, sans surprise...Bah vu ce qu'il s'y passe actuellement on ne va pas être méchant.
le pingouin n'est pas «à la slave» comme «la truite»! On a du mal a retrouver le Kourkov de cette nouvelle (parue après
le pingouin) et on en conclut que Kourkov comme son personnage Victor Zolotarev n'est juste bon (et encore dit-il) qu'à écrire des nouvelles où il peut se permettre une chute judicieuse et malicieuse et encore le style n'y est pas: Kourkov ne tient pas la distance!
Cette «burlesque» comédie nous a mis le moral dans les chaussettes pour ce début d'année. Espérons que les «abeilles grises « qui nous attendent ne le seront pas autant que «
le pingouin »
On voit que sur Babelio Kourkov est dit «écrivain proche de
Mikhaïl Boulgakov» Là il ne faut pas exagérer!