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EAN : 9782954472362
96 pages
Zinnia Editions (06/10/2013)
4/5   3 notes
Résumé :
Huit textes pour ce recueil de récits en deux temps : "Consécrations" celui de l'emprisonnement sous une dictature dans l'Argentine des années 70 et son après, "Prisons complémentaires", celui de l'enfermement dans une histoire individuelle. L'un entraînant l'autre, dans un processus d'"Accumulation", titre du prologue. Récits de témoignage en un sens, mais fictionnalisation aussi dont l'écriture très singulière suppose une réélaboration qui ancre les tex... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Alicia Kozameh a été emprisonnée de 1975 à 1978 pour s'être opposée à la dictature militaire qui étouffait l'Argentine à cette époque. Elle a gardé de cette période d'enfermement un traumatisme qui ressort dans chacune de ces nouvelles, comme autant de cicatrices sur le corps convalescent que forme l'ouvrage.

Les huit textes, écrits entre 1992 et 2003, sont organisés en trois grandes parties : Accumulations, Consécrations et Prisons complémentaires. On se plaira à lire dans le choix de ce plan une sorte de corps humain pas tout à fait libre de ses mouvements.

Accumulations _ la tête ? compte un seul et unique texte d'ouverture qui a le mérite d'annoncer la couleur. Point d'action encore, mais la peinture d'un personnage retirant un collier pour le déposer sur sa table de nuit, et déjà l'exposition de quelques grandes idées. La vie est comparée par la narratrice (ou le narrateur ? bien qu'on suppose l'ombre de l'auteure derrière ce "je") à un collier de perles capricieuses, rassemblées par hasard et pas toujours contrôlable. La métaphore du corps, voire du corps enfermé apparaît pour s'installer durablement se faire filer jusqu'au bout du recueil.

Consécrations est le chapitre le plus touffu du recueil ; il est le tronc, muni de ses bras qui se débattent, de ses mains qui vivent et qui veulent caresser autant que se battre. Les trente détenues de la nouvelle "Esquisse des hauteurs" tentent un passage en force dans nos esprits ; en racontant leur quotidien dans la prison souterraine, à la veille d'un "renforcement" sécuritaire du lieu _elles sont en train de se faire emmurer, l'auteure nous montre comment préserver sa liberté de penser au sein-même de la cellule. Théâtre improvisé, partage d'histoires, sculpture sur os de volaille récupérés dans les gamelles... tout fait ventre. "La rencontre. Oiseaux" est une suite toute trouvée : on suit le périple de 27 femmes qui se sont connues en prison et qui veulent se retrouver pour prendre un verre... toutes en même temps ! Leur attroupement effraie, dérange, mais qu'importe : leur préoccupation majeure, c'est de savoir ce que fichent les trois manquantes. Viendront-elles ? "Deux jours dans la relation de ma belle-soeur Inès avec ce monde péremptoire" est une conversation factice et rêvée entre la narratrice et sa belle soeur plus attirée par la mort que par la vie après la perte de son mari. On comprend que l'homme a payé cher son militantisme ; les survivantes, qui partagent ses aspirations à la démocratie, ne font pas leur deuil de la même manière. L'une a pris le parti de la vie, l'autre stagne et s'enfonce... Plus poétique encore, "Vents à rotation perpendiculaire" traite du phénomène de disparitions en masse d'étudiants fauteurs de troubles qui la ramenaient un peu trop pour ne pas faire tache aux yeux de la junte militaire au pouvoir à cette époque. Enfin, "Dernier message" boucle les Consécrations en faisant écho à la première nouvelle ; il s'agit d'une lettre écrite par une détenue de la prison de Rosario à ses proches.


Prisons complémentaires, c'est un peu les jambes qui aimeraient se mettre en marche mais qui restent engluées... On quitte l'univers carcéral pour aborder d'autres formes d'enfermement, moins restrictives physiquement mais tout aussi frustrantes. "Mungos Mungo" me semble parler de cette période de traumatisme qui suit la libération d'un être trop longtemps coupé du monde, effrayé de percevoir le trop-plein de vie autour de lui alors qu'il ne peut plus ressentir la sienne. Comme une note d'espoir, "Alcira en jaunes" décrit la naissance de l'engagement politique d'une fille en proie aux contradictions de sa propre famille _ sa mère et sa grand-mère sont juives, et son père antisémite, et à l'ambiance houleuse qu'on devine.

Alicia Kozameh nous propose ici quelques morceaux d'une expérience personnelle terrible, tellement personnelle qu'il est difficile de mesurer toute sa force.
Lien : http://pulco-suivezlepapillo..
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Je tiens tout d'abord à remercier zinnia éditions et babelio pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre de l'opération masse critique.
Que ce fut difficile d'en voir le bout, alors même que ce livre ne comporte que ..125 pages ! La faute au style de l'auteur. J'ai lu bien des essais sur les conditions de vie ou de détention en période de dictature, mais là j'ai eu énormément de mal. Des phrases alambiquées décrivant une histoire édifiante, mais qui ont tendance à nous perdre. Comme si tout avait été écrit dans l'urgence.
Ce livre, il faut le lire très concentré.
Il s'agît d'histoires inspirées de l'expérience vécue par l'auteur, et je suis un peu ennuyée de n'avoir pas aimé comme j'ai l'impression que j'aurais du. Dommage.
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Une compilation de textes forts et puissants écrits par une femme qui a connu la détention sous la dictature des années 70 en Argentine. Ces textes sont tous de petites histoires qui donnent un regard sur comment s'organise la vie en détention, sur ce qu'est la liberté. On sent que derrière la plume l'expérience de trois ans en prison a marqué à vie l'écrivain. Les mots sont autant de point de sutures tentant tant bien que mal de panser les plaies encore vives de l'auteure. Un style très riche et percussif. de très beaux textes pour prendre du recul sur sa propre vie. Après la lecture de ces récits, l'on se sent différent. Une très belle découverte grâce à masse critique. Un grand merci.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Il y aura toujours quelque chose à défendre. Nous sommes là pour cela. Nous sommes. Parce qu’il y a toujours quelqu’un qui a besoin de prendre quelque chose à un autre pour protéger ce qu’il a ou pour ajouter quelque chose à son avoir.
Défendre. Cette idée me pénètre, défendre ; elle me pénètre et m’envahit. Je la sens me prendre en charge et cela me fait du bien. Défendre ce qui me maintient dans un espace déterminé de ce monde.
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Elle était noire, la mer. J’ai besoin qu’elle soit noire. Pour que la différence s’établisse. Pour qu’elle garantisse ma survie. Pour qu elle suive mes règles. Les règles de mon jeu. Pour pouvoir la considérer comme une part de moi-même. À moi. Pour pouvoir l’avoir et la regarder. Et la faire tourner. Et la parcourir. Et exercer sur elle toute la force de mon besoin.
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Ne sois pas négatrice. Nous ne sommes pas en liberté. Les prisons sont encore pleines de compagnons, le pays est un camp de concentration, et il nous contient tous. Il n’y a rien de nouveau dans ce que je suis en train de dire.
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Des peaux plus sombres ou plus claires. Il n’est pas possible de déceler des différences. En réalité, il n’y a pas de différences. Ou elles sont sans importance. Personne ne peut dépasser les limites, personne ne peut exprimer davantage que ce que les expressions des autres autorisent. Il y a des mesures imposées par les circonstances extérieures, et des proportions déterminées par des accords mutuels. Il faut veiller sur la condition qui les fait une : celle d’être vivantes.
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On se décompte. Régulièrement on se décompte et s’inspecte. On s’enfile. Se met en ordre. Se donne un ordre. Un ordre. Plusieurs. Et l’on se regarde, avec un peu de chance et quand on a fait un effort respectable, dans une position plus ou moins frontale : voici le collier que je suis. Les perles dont je suis fait. Dont je me confectionne.
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