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EAN : 9782845743151
240 pages
Le Verger (09/11/2018)
4/5   5 notes
Résumé :
[ÉPREUVES NON CORRIGÉES]

« Käte, avez-vous le sentiment d’habiter votre vie ? »
J’étais tellement surprise par la question que je répondis :
« Je n’en sais rien. Et vous ? »

Ernest Schmitt est né avant la Première guerre mondiale dans une famille de petits paysans catholiques, près de la frontière suisse. Dans les années trente il devient avocat à Strasbourg et épouse la fille de son patron, un membre éminent de la haute s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
De temps en temps, il me faut reconnaitre que les opérations Masse Critique de Babelio me permettent vraiment de découvrir des bouquins et surtout des auteurs qui ne faisaient pas encore partie de mon tableau de chasse…enfin, on va plutôt dire de mes connaissances….
Pierre Kretz, que je ne connaissais absolument pas ( honte à moi )est l'auteur de trois romans et est aussi coauteur de « L' Alsace pour les Nuls », histoire de planter le décor. Cet ancien avocat s'est lancé avec « Vies dérobées « dans une très belle restitution de l'histoire bien particulière de l'Alsace de la première partie du 20eme siècle.
On va suivre plusieurs narrateurs, qui tous, selon leur point de vue vont nous parler d'une même personne : Ernest Schmitt. Ce dernier, fils de paysans, né avant la première guerre mondiale ( de nationalité allemande donc ), va devenir avocat dans les années trente à Strasbourg ( là il est devenu français). Il va vivre la seconde guerre mondiale et être incorporé de force (à nouveau sous la nationalité allemande) et redeviendra français en 1945.
Ces différents narrateurs vont nous décrire du mieux qu'ils peuvent Ernest Schmitt que finalement on n'arrive pas trop à cerner. Et pourtant, ils y mettent du leur, même le savoureux Schnurtzi, qui n'est rien d'autre qu'un sanglier un peu particulier.
J'ai pu me replonger dans cette période très particulière de l'histoire de l'Alsace où les gens étaient loin d'être maitres de leurs destins. Je reconnais qu'à ma grande confusion, j'ai appris l'une ou l'autre chose que j'ignorais complètement. Comme par exemple L
le pourquoi des différentes écritures du nom de famille Schmitt et Schmidt. Je ne m'étais jamais posé la question et franchement, heureusement que j'ai lu ce livre qui m'a bien éclairé la dessus.
Je n'ai pas pu m'empêcher en lisant ce livre de penser à ma grand-mère, qui a connu cette époque et qui a travaillé sous les autorités allemandes à Strasbourg. Elle non plus n'avait pas le choix, il fallait bien manger pour vivre..
Le seul petit bémol : la quatrième de couverture en dévoile un peu trop…
En tout cas, encore merci à Babelio et aux Editions le Verger, car franchement cela fut une très belle découverte !


Challenge ABC 2018/2019
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Une fois de plus, l'opération masse critique organisée par Babelio construit des ponts et abolit les distances. Elle a permis à la lectrice lambda que je suis, perdue dans sa Belgique profonde, d'accéder à un beau texte de Pierre Kretz, auteur publié dans un coin d'Alsace tout aussi profond. Sans eux, je n'aurais même pas eu connaissance de ce roman. Qu'ils en soient tous remerciés.

Qu'est devenu Ernest Schmitt ? Qu'a-t-il fait de sa vie ? Ce n'est pas lui qui vous le dira puisque nul ne sait ce qu'il est devenu. Par contre, chaque personne qui l'a connu, de près ou de loin, va vous en parler, brièvement, chacune à son tour, à coup d'anecdotes. Tout cela va vous le rendre mystérieux, intime et étranger à la fois, bref terriblement humain et attachant.

Ce procédé narratif, vous l'aurez compris, m'a beaucoup plu. Il donne à l'ensemble une légèreté, une dynamique, distille une soupçon de mystère, d'empathie et de mélancolie. le tout est porté par une belle écriture, un style limpide avec des passages tantôt truculents, tantôt graves et émouvants.

Par petites touches, sans commettre l'erreur d'en faire un livre d'Histoire, Pierre Kretz nous livre l'âme des Alsaciens du début du XXe siècle à travers la vie d'Ernest Schmitt et des personnes qui l'ont côtoyé. Il survole de manière sensible et à hauteur d'homme le destin d'un peuple qui a tout vécu : l'appartenance à l'Allemagne puis à la France, les tensions entre catholiques et luthériens, la montée du nazisme, l'enrôlement des Malgré-nous, la recherche d'une identité après la guerre.

En conclusion, un roman court très réussi pour apprendre et se souvenir que des générations d'Alsaciens n'ont pas toujours eu la vie facile.

Lien : https://belettedusud.wixsite..
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Vies dérobées relate la vie bien remplie d'Ernest Schmitt au travers des souvenirs et anecdotes des personnes qui l'ont côtoyées.
J'ai aimé le découpage en courts chapitres qui donnent voix à un personnage différent et qui permet de donner du rythme à la lecture. Je regrette juste de ne pas en savoir plus sur certains aspects de la vie du mystérieux Ernest Schmitt.
Ayant vécu en Alsace quelques années, les références alsaciennes ont ravivé d'agréables souvenirs, cependant pour des lecteurs de "l'intérieur" l'emploi de nombreuses expressions et mots en langue alsacienne pourrait, à mon sens, dérouter et perturber la lecture.
Merci à l'opération masse critique et aux éditions le verger pour cette bonne lecture qui nous rappelle qu'il n'y a pas si longtemps on n'était pas toujours maître de son destin...mais le sommes nous vraiment aujourd'hui ?...
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L'auteur à travers la vie et l'exil soudain de son héros, Ernest, nous promène dans l'Alsace des années 20 et des décennies qui suivirent. L'ensemble est assez noir, comme probablement a pu l'être la vie de bon nombre de concitoyens d'Ernest dans ces périodes troubles. Plusieurs thèmes, certains spécifiquement locaux, sont abordés dans cet ouvrage, comme la "cohabitation" entre catholiques et protestants et les malgré-nous. L'originalité de l'oeuvre réside dans la trame qui est constituée des témoignages de divers personnages qui sont appelés, via la plume de l'auteur, à décrire leur quotidien et leurs états d'âme (y compris une tête de sanglier empaillé !).
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Magnifique roman qui donne la parole, tour à tour, et à la première personne, aux différents protagonistes, majeurs et mineurs, d'histoires familiales qui suivent l'histoire de l'Alsace.
Le propos est clair, concis, précis, et souvent teinté d'humour et d'ironie. On en apprend beaucoup sur l'Alsace et les Alsaciens, et sur la vie, aussi. Chaque phrase sonne juste.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Dimanche dernier il y avait un repas de communion chez une cousine de ma femme. C'est toujours vers la fin du repas, quand ils sont un peu éméchés, qu'ils abordent le sujet, les frères et les cousins de ma femme. "C'est tout de même bizarre Max que t'étais dans la Wehrmacht, non ? Au fond vous êtes quand même plutôt boches, non ? Et puis il y avait plein d'Alsaciens dans la SS, tout le monde le sait..."
J'ai beau leur expliquer l'incorporation de force, leur dire une énième fois qu'il y avait des classes entières de gamins de 17, 18 ans versés dans la SS, ça ne change rien à l'affaire, ils ne me croient pas vraiment. Un jour je leur ai expliqué que dans le Sundgau des centaines de jeunes passaient en Suisse et qu'un jours une quinzaine de jeunes de Ballersdorf qui tentaient de passer la frontière ont été arrêtés et fusillés au Struthof dans les deux jours.
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Nos voisins de palier, les Lévy, m'invitent parfois le vendredi soir. Un jour je leur ai dit qu'à mon avis Ernest a vécu des choses terribles en tant que soldat. Des choses dont il n'a jamais parlé à personne. Les Lévy sont restés silencieux. J'ai réalisé alors ma maladresse. La moitié de leur famille a disparu dans les camps et mon mari avait été soldat dans les armées de Hitler. Puis monsieur Lévy a dit :
- Nous non plus, nous ne parlons jamais de ces choses-là. À quoi bon parler de la mort ? Il faut vivre à présent, nous n'avons pas le choix.
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Mais tout cela je le pense aujourd'hui, alors qu'il est trop tard. J'aurais dû le comprendre il y a des années, quand Ernest passait des nuits entières à ne pas trouver le sommeil. J'avais compris que pendant ses insomnies il était hanté par des images de guerre qui se projetaient au plafond de notre chambre où elles défilaient en boucle. Parfois, pour les fuir, il partait dans la chambre voisine. Et là, il tournait en rond une bonne partie de la nuit.
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