Dans le cadre d'un cours de littérature consacré aux auteurs de français langue étrangère, j'ai été invitée à lire la trilogie des jumeaux d'Agota Kristof, une auteur hongroise. Cette trilogie se divise en trois tomes : « le grand cahier », « La preuve », et « le troisième mensonge ». J'ai lu les deux premiers et entamé le troisième lorsque j'ai appris que je n'avais pas le droit, pour des raisons trop complexes à expliquer ici, de suivre ce cours. Mais à chaque mauvaise nouvelle il y a un aspect positif et dans ce cas précis, cela m'a permis d'abréger mes souffrances et d'interrompre ma lecture.
En effet, j'ai détesté ce livre. Certes, l'atmosphère et les images qu'il dégage sont pour le moins originales. Certes, le jeu entre mensonge et fiction révélé dans les dernières pages du second volume est intéressant. Et bien sûr, je comprends la métaphore de la gémellité de l'exilé, tiraillé entre ses deux patries. Je ne dirais donc pas que ce roman est mauvais, simplement, c'est le genre de chose que, à titre personnel, je n'ai absolument pas envie de lire.
D'abord, ce roman présente certaines scènes qui m'ont véritablement perturbée. Au programme : zoophilie, rapports incestueux, pédophilie, sadomasochisme (avec des enfants) et un prêtre suspect.
Quant aux personnages, ils sont plus malsains et antipathiques les uns que les autres. Ainsi, les deux jumeaux se comportent non pas comme des enfants au passé difficile, comme on le laisse entendre, mais comme de véritables psychopathes. Je pense par exemple à l'incendie de la maison de bec de lièvre, mais aussi et surtout à cette étrange habitude que de conserver les os de ses proches en guise d'objets décoratifs…
Ensuite, du point de vue de l'écriture, elle est volontairement noire et insensible. Les deux enfants le disent eux-mêmes : ils éliminent des grands cahiers tout ce qui relève de l'émotionnel et se limitent au faits. Cette distance vis-à-vis du lecteur était donc tout-à-fait volontaire de la part d'Agota Kristof, mais je n'en comprends pas pour autant l'intérêt. Effectivement, la littérature est le support idéal pour aborder toutes sortes de sujets, y compris les plus sombres qui soient. Cependant, ici, cette insensibilité volontaire suscite davantage le malaise et le dégout plutôt que la réflexion.
Je ne vous conseille donc pas ce livre, véritable puit à images traumatisantes. Je ne sais pas ce qui a amené l'auteur à écrire des choses pareilles, mais j'ai du mal à concevoir qu'un esprit normalement constitué puisse imaginer des telles horreurs. Je regrette néanmoins de ne pas avoir l'occasion, en fin de compte, d'avoir cours sur cette auteur. Cela m'aurait probablement donné d'autres clés de lecture. Je sais en effet que j'ai tendance à lire au premier degré, défaut que je m'efforce de corriger. En lisant d'autres critiques, j'ai également pu constater que nombre de lecteurs avaient apprécié ce livre et son écriture si froide et déroutante. A vous de juger, donc.
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