J'aime bien
la Princesse de Clèves, ce premier roman moderne de la littérature française, comme Don Quichotte est le premier roman de la littérature mondiale, etc.
Madame de la Fayette a écrit une oeuvre attachante même si elle n'est pas ce que je préfère lire.
La langue classique de l'auteure, parfaite, aristocratique nous parait guindée, mais elle me plaît beaucoup ; certaines scènes ne sont pas très vraisemblables ; le trombinoscope des gens de cour est interminable et ennuyeux, l'intrigue plutôt mince.
Peu importe. L'étude psychologique des personnages sonne juste, même si un parti pris de bienséance élégante leur confère un caractère un peu artificiel.
Mlle de Chartres a reçu une éducation stricte de sa vertueuse mère. le prince de Clèves tombe amoureux fou de cette très jeune fille et l'épouse. Pour elle, c'est un mariage de raison. Elle ne lui est pas attachée.
Plus tard à la cour, elle rencontre le très beau duc de Nemours ; c'est le coup de foudre. le roi et la reine, madame de Chartres elle-même les remarquent. La jeune femme se voit intimer l'ordre de refouler ses sentiments. Se sentant coupable sans même avoir « fauté », dans un accès de loyauté peut-être excessif elle avoue tout à son époux et le détruit.
Madame de Clèves est-elle amoureuse de Nemours ? Ne le serait-elle pas plutôt d'une image, d'une icône interdite, de ses rêves d'adolescente ? Ne serait-elle pas en quelque sorte une malheureuse érotomane corsetée qui se meut avec difficulté dans une robe de cour trop lourde pour elle ?
Mais le roman est aussi étude moeurs détaillée, celle de la vie à la cour sous l'ancien régime. C'est bien cela qui met madame de Clèves en valeur et fait par contraste l'intérêt du récit : les monarques du XIIe siècle exhibent leurs maîtresses, ennoblissent leurs enfants adultérins. Les grands du royaume suivent leur exemple.
L'ombre de Diane de Poitiers, favorite, amie, confidente ou bien almée du roi Henri II hante le livre du souvenir qu'elle a laissé.
Quant à la vertu de madame de Chartres et de sa fille dans une cour aux moeurs légères, on serait tenté de dire : il en restait donc au moins deux ainsi en ce temps-là ?
Conclusion : roman très intéressant au délicieux charme suranné.
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