Cet art nouveau, dans le vieil art de la gravure, c'était ce qu'on appela « la manière noire. » Qui aurait dit qu'après deux longs siècles, où le cuivre attaqué par le burin, l'eau-forte, la pointe, le maillet, avait fourni les innombrables productions que nous entassons dans nos collections, il viendrait un homme assez hardi pour essayer une nouvelle voie; que cet esprit ingénieux aurait compris qu'en prenant à rebours tous les procédés suivis jusqu'à ce jour, on obtiendrait des effets inconnus; qu'il se mettrait à l'oeuvre, étonnerait ses contemporains, et mériterait toujours la reconnaissance des amis des arts?
Une histoire complète de la gravure en manière noire il ne peut être publiée en France; c'est dans les Pays-Bas ou en Allemagne qu'il faut l'écrire: le précis qui suit, tracé trop à la hâte, suffira, j'espère, pour indiquer quelle place importante ce genre d'estampes doit prendre dans les collections, et montrera en même temps quelles chances de découvertes s'offrent dans les archives et les collections, quelles lumières l'auteur, qui s'en occuperait plus sérieusement, pourrait jeter sur ce sujet.