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EAN : 9782271087430
1260 pages
CNRS Editions (27/08/2015)
5/5   3 notes
Résumé :
« Pour moi, on n’est écrivain qu’à condition d’être poète ». Sony Labou Tansi (1947-1995) est connu et célébré comme romancier et dramaturge. Mais qui connaît son œuvre poétique ? De cette terra incognita, seuls témoignaient quelques poèmes éruptifs lancés à la volée dans la presse et aussitôt relégués aux oubliettes de l’éphémère. À la mort de l’écrivain, on découvre dans ses papiers une multitude de poèmes manuscrits, inédits. L’ensemble constitue une mosaïque de ... >Voir plus
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Le mois d'octobre fermente
Sur la colline
Je pense à ton corps de feu
Je pense à l'enchevêtrement
des gestes
sur les hanches
du souvenir

Les chansons d'octobre
fermentent
au clair de lune
Je pense à tes yeux
fermés
sur mes folies
dans un corps ouvert
à perte de vue —

Le linge sept fois froissé
Fermente
dans ma douleur
Je pense

à tes odeurs
de fille sur l'effondrement
de ma force
vitale — à la pente douce
De l'étreinte —
Le tam-tam d'octobre
Fermente
dans les feuillages
Je pense au tremblement
délicieux
de tout mon être
sur la malchance
de ton sein
Je pense à la corde de tes cheveux
tressés
où mon cœur
était
pendu — dans un monde qui pend.

L'espoir ardent tourmente
Mes veines
Je retrousse mon âme
Sur ma trop lourde fatigue — sur mes sens
Bouchés de solitude.

Ta bouche dorée d'ardeur
s'ouvre
au vertige lancinant
qui me ficelle
L'herbe d'octobre
Lapide
L'espoir — se lève comme les barreaux
Dans la colère des forçats
Qui me le dira ?
Oh qui me dira
ce qu'ont tissé
tes nerfs glacés
sur les murs
de ta maison souterraine
dans ton village
souterrain — La source jaillit
du ventre de la colline et se disperse
Je retrousse mon âme et mon chagrin
Maintenant c'est sûr
Je mourrai de faillir
sauter
vers toi — comme une source de vie.
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(...)

Je ne suis pas Noir
Adam n'est pas mon oncle
Ève n'est pas ma tante
Je suis un doigt de lumière
Pour une terre
Qu'on n'a pas encore créée

Je ne suis pas Noir
Pas un cheveu de nerfs de satellite
Pas une larme de jus de soleils
Pas un neveu d'étoile filante

Je ne suis pas Noir
Pas une goutte d'urine cosmique
Ni la morve du Hasard
Ni le pain quotidien de l'Occident
Ni vent
Ni cendre
Ni fumier
Ni Sodome
Ni Gomorrhe
Ni feu ni carbone
Ni cap
Ni promontoire
Je suis
Puisqu'enfin il faut le dire
Puisqu'enfin il faut le crier
Je suis un verre
Disons une bouteille
Un litre
Du sang de Judas
Je suis la vie privée
De Satan.
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(...) Je m'amuse à voir avec des yeux d'artiste ce que ne peuvent pas voir les yeux de la théologie. La Bible et moi, nous sommes d'accord sur l'imminence du cosmocide, mais le cosmocide n'est pas forcément une catastrophe, encore moins une cour criminelle. Et puis bien sûr il y a l'Art, ce démon bête qui exige qu'on fasse quelque chose de beau, même si l'on devait faire ce quelque chose avec les entrailles de Dieu. Je suis amoureux de la beauté. Je tuerais si seulement tuer était beau, je mentirais si mentir était beau, je volerais si voler était beau. Le cosmocide est tellement beau pour le Noir que je l'appelle liberté. Du plus loin que je vois. Je travaille avec Dieu, mais rassurez-vous : je suis gâté d'indemnités, de garanties et de toutes sortes d'assurances physiques et morales ; moi, le petit sauvage à l'huile de palme, qui peut me bouffer ? (...)
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Le temps était limpide
Comme un rêve
Le jour dansait au fond des choses
Comme un poisson
d'avril

Le ciel
Tanguait au ciel comme un mensonge
Quel donc était ce songe
D'argent qui gonflait les paupières
De Satan
Dieu dormait
Étendu sur une natte de prières
Il avait pendu aux murs
Du monde ses redoutables armures
Ni vol d'archange
Ni rien : tout dormait
Puis Satan est venu
Las de crimes
Mais surtout las de lui-même

Il voulait savoir comment l'on aime
Il est donc venu
Fouailler le sommeil limpide de Jéhovah
Non dit le Très-Haut
Reste aux fers
Car après tout ce que tu m'as offert
Comme forfaits et comme poignards dans le dos
Tu ne peux plus choisir le repos

Mais Seigneur dit Satan
Qui du reste était l'ange du charme
Seigneur Très-Haut
Où donc n'était pas votre dos ?
Dieu fondit en larmes
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Satan n'a jamais goûté
À vos amours sucrés
D'intrigues
Ni à vos plaisirs
Salés de crimes

Satan
N'a jamais acheté
Le silence ardent
Des soutiens-gorge
Ni touché
À la pudeur fleurie des slips
En feu

Satan
n'a jamais brodé
L'orgueil
Sur la laine élastique
Des bas-ventres ballotants

Satan
N'a jamais pêché
Le vertige
Dans le sexe rose des drogues
fatiguées

Satan
N'a jamais vendu
Le vin des mitraillettes
Au sommeil limpide
des consciences
vierges

Satan
N'a jamais drogué
Les hanches du pétrole ni violé
Les baobabs

Seulement
Depuis qu'on l'a mis
À la porte du paradis
Il achète des copains
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Vidéo de Sony Labou Tansi
Extrait de «Je, soussigné cardiaque», de Sony Labou Tansi (Congo)
Metteure en scène : Catherine Boskowitz. Lu par Marcel Mankita, Eddie Chignara, Mireille Roussel, François Raffenaud, Gustave Akakpo, Bertrand Amiel (artiste bruiteur).
Extrait issus des lectures RFI «Ça va, ça va, le Monde !», du 16 au 21 juillet, de 11h30 à 12h30, dans le jardin du gymnase du lycée Saint-Joseph à Avignon. Un cycle de lecture coordonné par Pascal Paradou, dirigé par Catherine Boskowitz, avec le soutien de la SACD.
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