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EAN : 9782246818298
Grasset (29/08/2018)
3.33/5   6 notes
Résumé :
Un homme en colère, Elias, se promène au bord de la mer. Il lui arrive un des plus grands malheurs qui puisse exister. Une libraire de Bretagne, Léa, naguère éprise d'un marin qui s'en est allé, lui laissant en cadeau un petit guépard, vit de solitude et de rencontres sexuelles éphémères. Matthieu, effrayant et gracieux, surgit dans leur vie et va bouleverser leur destinée. 
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je me suis lancée dans ce roman sans savoir exactement à quoi m'attendre. Au moment de refermer ce livre, la perplexité est le sentiment qui subsiste. J'ai apprécié la lecture et l'écriture, l'atmosphère étrange et les personnages déroutants, mais quelque chose me faire dire que je suis passée à côté de l'histoire, ou du moins de son sens profond. le premier mot qui me vient à l'esprit pour décrire cette lecture est "uncanny" que rien ne peut vraiment traduire en français, mais qui représente exactement ce que je ressens de l'atmosphère de ce bouquin.

Voici quelques éléments du texte qui m'ont interpellé:

L'ouverture de ce roman est fracassante. le ton est donné dès la troisième page lorsque

L'écriture est aérienne, parfois décousue, mais tend à créer une ambiance ombragée et troublante qui correspond aux trois personnages principaux. Sur certains passages, les phrases sont désordonnées, emmêlées et imbriquées les une dans les autres; au fond, elles miment le destin de chacun de ces personnages, ces vies qui se superposent un temps, s'éloignent mais restent liées. le début du récit est bancal, fracturé; il imite la vie bancale de ces personnages et leur isolement. Mais au fil du récit, lorsque les trois personnages se rencontrent et évoluent ensemble, le texte est beaucoup moins saccadé, il devient fluide et plus continu, on trouve beaucoup moins de ruptures.

Les personnages du roman sont décalés, même parfois perturbants:
Il y a d'abord Elias, aigri par la vie et les humains qu'il "maudit". en a fait un homme solitaire et sombre.
Puis il y a Léa, cette femme qui vit à travers le vague souvenir du marin de Rhodes, et qui semble insensible à la vie et aux évènements qui l'entourent.
Et il y a surtout Matthieu qui reste la plus grande interrogation (énigme?) de ce livre. Matthieu, cet être qui cherche à se définir, plus sensible et intuitif que le monde qui l'entoure. Celui qui cherche à se trouver à travers des lois physiques, pour appréhender sa différence. Celui des trois qui se trouve être le plus en marge de la société, celui qui a abandonné le conformisme social pour se vivre pleinement.
Et puis il y a aussi Julien (personnage secondaire) qui m'a particulièrement marqué. Parce que Julien, c'est cette allégorie du lecteur, celui qui assiste, spectateur aux évènements, et qui se demande: "quel est le sens de tout cela ?" (p.216), cette question qui hante la lecture, et qui rencontre le lecteur, écrite noir sur blanc, vers la fin du roman. Julien, c'est moi, celui qui cherche des explications, un sens, une rationalité là où il n'y en a pas.

Les descriptions de mer agitée sont brillantes. Très sombres et poignantes, elles évoquent vraiment le caractère puissant et impétueux d'une tempête en bord de mer. Cette atmosphère lourde, presque apocalyptique qui caractérise le déchaînement des eaux. Les images sont très parlantes pour qui connait la mer et le ciel du Nord.

La mort est partout dans le roman, à chaque coin de page, à chaque rencontre:

C'est aussi un roman très animalier, mais les animaux n'apportent pas la douceur que l'on pourrait attendre. Ils sont inquiétants, féroces, parfois sanguinaires - Ils sont souvent synonymes de mort.

J'ai trouvé l'histoire surréaliste, les personnages et leurs réactions à divers évènements très étranges. Il se passe des choses qui n'ont ni queue ni tête, mais qui ne semblent déranger personne. Les situations s'enchaînent, elles sont souvent farfelues et parfois incompréhensibles. Mais il n'y a ni début, ni fin, puisque la fin rejoint le commencement et boucle un cycle d'évènements fantastiques.
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Je préfère émettre un avis uniquement sur le style et l'écriture, car le fond m'avait laissé perplexe et j'en suis à la deuxième lecture. C'est sûrement bon signe, je suis happé par l'univers bien particulier du récit.
Pour en revenir à l'écriture, c'est une belle découvert. Il s'agit là d'un auteur de grand talent dont la plume suffit à ravir le lecteur, en tout cas moi.
J'apprécie l'écriture droite et simple la plupart du temps, mais je ne rechigne pas non plus à me nourrir d'un phrasé plus poétique avec les circonvolutions à même de tuer tout ennui. Une plume solaire dans un univers sombre. de la délicatesse et du talent.
Seul bémol avec les belles lettres, on se plaît à relire certains passages tellement c'est agréable. À en détruire le déroulé de l'histoire... 😄
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les paroles, les gestes, les expressions, tout me parlait intimement et, bien souvent, je savais ce que la personne allait dire avant qu’elle ne le dise, même si c’était un mensonge, et parfois je savais ce qu’elle allait vivre, avant qu’elle ne le vive. Quand j’étais avec cet « Autre », dont on nous rebat aujourd’hui les oreilles, je devenais cet autre. Je le comprenais, il n’y avait aucune frontière entre lui et moi mais une effrayante porosité qui n’a rien à voir avec du mimétisme, car le mimétisme est un jeu de miroirs, qui renforce les apparences. Ce que j’éprouvais était l’inverse, les apparences ne retenaient pas mon attention et je ne me mettais en miroir de personne, mais je m’appliquais à adopter les comportements généraux, pour ne pas déranger les autres et pour me protéger.
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Les frontières entre les êtres, entre les choses, tout paraissait clair pour eux. Pour moi rien ne l’était. J’ai appris plus tard à jouer le jeu commun, à dire, et plus tard à reconnaître que mes voisins étaient des êtres séparés de moi par la surface verticale des murs, par leur épaisseur, par la surface plane du jardin et, quand ils venaient chez nous, par la surface de leur peau. Mais ce qui semblait évident pour les autres n’avait rien d’évident pour moi. Rien n’était séparé, ni les êtres ni les choses, le passé et le futur n’étaient pas balisés par le présent.
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Comment peut-on attendre pendant dix ans le retour d’un amant puis, d’autres étant passés et repartis, attendre l’arrivée du suivant pour donner un sens à sa vie ?
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— Certainement pas, dit-elle, ce type est odieux.
— Mais il a du talent.
— L’un n’excuse pas l’autre.
— Certains sont odieux mais n’ont aucun talent…
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Tout ce qu’on gagne est perdu, sur la terre comme au ciel, et rien de ce qu’on perd n’est pour autant gagné où que ce soit.
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