Avant de lire cette trilogie, je ne connaissais absolument pas l'univers de
Mercedes Lackey. C'est une faute. Si vous voulez lire les séries de cette auteure qui ont trait à Valdemar, il faut commencer par le Griffon noir, chronologiquement le premier tome, et lire les cinq sagas qui suivent (du moins si on veut bien faire, mais ce n'est pas non plus indispensable). Personnellement, quelques éléments ont échappés à ma compréhension, et j'ai mis plusieurs pages à bien cerner le contexte. C'est frustrant, mais pas insurmontable.
J'ai entendu beaucoup de bien des livres de
Mercedes Lackey avant de me mettre à cette trilogie. Ça a sûrement contribué à ma déception, mais je dois avouer que, même sans cela, j'ai trouvé le style de l'auteur parfaitement inintéressant. Les personnages sont fades, sans substance (sauf peut-être Ventnoir, un peu plus travaillé). Les méchants sont des méchants parce que c'est comme ça et c'est tout. Par exemple, l'auteur a tout fait pour rendre Mornelithe Fléaufaucon antipathique : une apparence entre l'humain et l'animal, une cruauté aussi démesurée que gratuite (il tue ses sbires le matin avec le petit déjeuner. J'exagère, mais à peine. À croire que ce n'est absolument pas utile d'avoir des serviteurs !), une haine inconditionnelle des griffons et des "idiots aux oiseaux" (comprenez, les Tayledras, un peuple constitué d'humains manipulant la magie et étant liés à des rapaces, un peu comme Éragon et Saphira, sauf que l'animal en question est moins intelligent et que les humains peuvent avoir plusieurs oiseaux-liges)... Peut-être que les motivations de sa haine sont données dans les séries précédentes (l'évocation des Guerres Magiques est faite à de nombreuses reprises), mais en lisant La Trilogie des Vents, on a l'impression qu'il les déteste juste parce que c'est le rôle qu'on lui a donné.
J'aimerais aussi citer un passage du troisième tome qui m'a notamment laissée perplexe : "Les espions de Fléaufaucon lui avaient rapporté quelques-unes des activités du jeune roi. Il le faisait surveiller, parce qu'il était l'ennemi des petits copains de k'Sheyna, les abrutis aux chevaux blancs." Est-ce que la médiocrité du langage ne choque que moi ? Est-ce que c'est la traduction qui est mauvaise, ou l'auteure ? Il y a plein d'autres passages comme celui-là. Encore au sujet de Mornelithe : "Tous les plans qu'il avait imaginés lors de ses existences passées pourraient être menés à bien. Il deviendrait encore plus puissant qu'un roi ou qu'un empereur. le monde entier se prosternerait devant lui et l'appellerait "Maître"." Je trouve ça tellement cliché que ça me tape sur les nerfs.
Tout cela me permet de dire que l'auteur a vraiment un très mauvais style.
Le seul point positif est la presque originalité de l'oeuvre. L'univers est riche, il y a plein d'espèces animales, de pays, de types de magie, de conséquences à l'utilisation de la magie (les Modifiés, la corruption de la terre, la perte de pigmentation des sorciers). Mais en même temps, quand on fait cinq séries de livre sur un même monde, on s'attend effectivement à ce qu'il soit un minimum approfondi. L'histoire aurait pu être bien (une jeune princesse arrive à quitter son pays menacé par la guerre grâce à l'intervention de chevaux magiques. Désormais, elle doit sauver ledit pays avec l'aide d'une épée dans laquelle est enfermé l'esprit d'une femme vieille de plusieurs millénaires et d'un peuple lié à des oiseaux ; ce dernier étant lui aussi sous la menace d'un sorcier malfaisant. Ça ne sort pas vraiment des sentiers battus, mais ça a le mérite d'être un minimum creusé), cependant tout est trop manichéen : d'un côté les gentils Compagnons incorruptibles et leurs maîtres, accompagnés des gentils Tayledras et de leurs oiseaux (vous avez remarqué que les gens biens sont tous liés à des animaux ?), de l'autre le méchant roi Ancar qui veut agrandir son territoire et Mornelithe Fléaufaucon, un terrible sorcier qui a modifié son apparence pour être mi-homme mi-lion et paraître encore plus méchant.
Tout cela me conduit à penser que ce serait plutôt un livre adressé à des enfants ou de jeunes adolescents (on va dire 12-13 ans). Mais vu l'âge des personnages (qui est fluctuant, d'ailleurs : dans le tome 2, Espeth, qui est la plus jeune des protagonistes, est décrite comme une femme de 26 ans, et dans le tome 3, comme une jeune fille de 16 ans. Que croire ?), j'ai des doutes...
Vous l'aurez compris, je ne conseille pas ce bouquin.