Si j'ai lu
Alice au pays des merveilles plusieurs fois, c'était la première fois que je me plongeais dans Alice de l'autre côté du miroir. Et pourtant, cette histoire avait quelque chose de familier. La faute à Disney qui, en faisant son
Alice au pays des merveilles, a mélangé les deux ouvrages. C'est ainsi que j'avais déjà fait connaissance avec Tweedledee et Tweedledum, que je connaissais déjà l'histoire du Morse et du charpentier. Ajoutez à cela l'Alice de Burton qui m'avait fait rencontrer la reine blanche et la version avec Kate Beckinsale qui est, elle, pour le coup, vraiment une adaptation d'Alice de l'autre côté du miroir.
J'ai retrouvé, avec cette espèce de plaisir mitigé qui marque chacune de mes lectures d'Alice, cette petite fille étonnante qui se retrouve toujours dans un monde totalement loufoque. Parce qu'en termes de loufoquerie, ce tome-ci n'a rien à envier au précédent. Je dis plaisir mitigé parce qu'étonnamment, je ne suis pas totalement fan de cet univers qui pourtant m'attire sans cesse. C'est ainsi que je relis régulièrement Alice, que je regarde le dessin animé ou le fil de temps en temps. En fait, ce n'est pas tant que je n'aime pas l'histoire, c'est qu'elle a un petit côté dérangeant. Et ce tome-ci ne déroge pas à la règle. Nous sommes plongés dans un univers totalement délirant, un brin inquiétant, et nous suivons cette petite fille en nous demandant si elle va finalement pouvoir rentrer chez elle. Je dirais même que le côté dérangeant est plus accentué dans ce tome-ci que dans le précédent, mais peut-être est-ce parce que je le découvre tout simplement ? Ici, nous passons réellement du coq à l'âne, sans la moindre transition. Je pense notamment à l'épisode avec la chèvre qui tricote : d'abord nous sommes dans sa boutique, puis sans qu'on comprenne comment nous nous retrouvons dans une barque, puis de nouveau dans la boutique. Cette histoire est construite comme un rêve. Elle n'a ni queue ni tête, elle se contente d'avancer. On dirait presque ce que j'appelle de l'écriture automatique : l'auteur balance ses idées au fur et à mesure qu'elles lui viennent sans se soucier de savoir si c'est cohérent ou non. Et c'est peut-être ça qui fait que je m'intéresse autant à l'histoire d'Alice : son côté dérangeant, déroutant, lui apporte finalement un certain charme, une bonne dose de fantaisie, de folie. Cela fait peut-être du bien, au milieu de nos vies plus « carrées » ?
Là encore, nous nous trouvons face à un bel objet. La couverture à l'ancienne lui donne tout son charme et attire l'oeil. Les illustrations de
Benjamin Lacombe viennent agrémenter le texte, que ce soient les images pleine page en couleur ou les illustrations en noir et rouge incrustées dans le texte. Elles ont gardé ce petit côté un peu inquiétant, macabre, qui ressort toujours dans les oeuvres de
Benjamin Lacombe et qui restitue tellement bien l'ambiance de ce livre (parce que oui, comme dit, l'histoire a quelque chose d'inquiétant).
Pour ma part, je trouve cette édition magnifique.