Comment lui expliquer la violence de la perte de l'être aimé ? On ne peut la comparer qu'à celle du deuil. accepter la mort d'un proche, c'est se mesurer à la
barrière de l'impossible. Il ne reviendra pas, le temps est à sens unique, la porte du néant ne se franchit qu'une fois. Mais précisément, par son caractère définitif et assuré, la mort offre un point d'appui solide à la tristesse. Il y a dans le chagrin d'amour la même privation que dans le deuil, mais sans la certitude. On ne peut pas renoncer à la présence d'une personne qui vit toujours, qui est à là, à la fois atteignable et perdue.
Il y a un côté commercial dans l'amour. L'acte sexuel ressemble à une négociation. Le but ? Atteindre un accord qui ne lèse aucune des deux parties. D'ailleurs, cette dimension se révèle progressivement. Les accords tarifaires arrivent assez tard dans l'évolution d'un couple. Si je te suce, tu vas en faire autant. Si tu te prêtes au 69 – que tu n'apprécies pas –, tu pourras en échange me griffer. Si tu jouis la première, tu me laisses finir quand même. Si je te lèche les orteils, tu m'autorises à te fourrer trois doigts dans la chatte. Si tu avales mon sperme, je te ferai ensuite un long câlin immobile et tendre.
Je n'échangerais rien contre un moment de tendresse passé avec toi. Dans tes bras. Sentir l'odeur de ta peau, de ton souffle, de tes cheveux, vaut plus à mes yeux que n'importe quoi d'autre. J'ai besoin de sentir ton amour. Que tu as besoin de moi. Que je ne suis pas seule dans cette aventure-là.
Sous moi Pauline est blonde. Elle est ample. Large de hanches, ronde de seins. Abondante. Elle plonge ses yeux très bleus, aux pupilles unies, sans nuances, au plus profond des miens. La jouissance crispe son corps, mais ses yeux sont toujours aussi limpides, ce sont deux atolls baignés d'une paix océane, deux échantillons de Pacifique. Non, avec ces comparaisons, je n'y suis pas encore : en réalité, dans le regard qu'elle pose sur moi, je lis à la fois le don le plus absolu et la plus souveraine distance. Les paupières ne cillent pas. Les iris, dans la pénombre, sont deux points lancés au loin, tout au bout du phrasé de nos soupirs.
Laissez-moi vous présenter Pauline. Dans la vraie vie, quand elle n'est pas écartelée au creux d'un lit, elle est psychanalyste. C'est la première fois que nous passons à l'acte.
Quand on accepte de se donner, ça ne peut pas être une décision seulement rationnelle. Il y a une prise de risque dans l'amour. On n'a pas besoin d'obéir à des règles. Moi, j'ai envie que tu sois ma femme, parce que j'aime ton sourire, ton intelligence, ton corps. J'aime te baiser. J'aime discuter avec toi. J'aime m'engueuler avec toi. J'ai envie que nous soyons l'un à l'autre pour toujours.
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Lorsque Philosophie magazine s'est lancé en 2006, avec une petite équipe de journalistes emmenée par un rédacteur en chef et un éditeur novices, Alexandre Lacroix et Fabrice Gerschel, les chances de succès étaient minces. Peu de moyens financiers, quasiment aucune publicité… mais un projet à la fois utopique et évident : associer philosophie et journalisme afin d'éclairer les grands enjeux de l'actualité, dans toutes ses dimensions, et rendre accessible 2 500 ans de patrimoine philosophique pour un public non initié, auquel nous ne demandons aucune connaissance préalable, juste de la curiosité.
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