Dharamsalades

DaramsalaDES-Les masques tombent - Essai - André Lacroix - Éditions Almathée - Lu en juin 2020.

André Lacroix est un professeur belge, retraité de l'enseignement secondaire. Passionné par le Tibet où il a séjourné plusieurs fois, il rencontre Tashi Tsering ("appelé Tashi Tsering Josayma, né en 1960, un tibétologue, historien et écrivain Tibétain" - Wikipedia), dont il traduit les mémoires sous le titre "Mon combat pour un Tibet moderne. Récit de vie de Tatshi Tsering" Il est aussi auteur de nombreux articles repris sur www.tibetdoc.org
Dans son avant-propos, l'auteur nous met en garde contre les "infox" qui circulent depuis Dharamsala venant du "gouvernement des Tibétains en exil". Infox qui finissent par devenir vérités pour certains citoyens occidentaux.
André Lacroix pose 5 questions :

- Avant l'arrivée des soldats chinois, le Tibet était-il un pays heureux ?
- Le Dalaï-lama a-t-il été chassé du Tibet par les Chinois en 1959 ?
- Y a-t-il eu 1.200.000 victimes tibétaines de l'oppression chinoise ?
- Les Tibétains sont-ils envahis par les colons Han ("en souvenir de cette dynastie, jusqu'à aujourd'hui, le groupe ethnique majoritaire du pays se désigne lui-même comme étant le « peuple Han" - Wikipedia ») au point de devenir minoritaires chez eux ?
- le Tibet est-il victime d'un génocide culturel ?

Et de conclure que sans nul doute, les réponses seraient affirmatives à 90% s'il les posait aux citoyens lambda.
Ce que je confirme, j'aurais répondu oui, mais après la lecture de cet essai,
je ne vois plus du tout les choses de la même manière. L'auteur répond à ces questions en démontrant, après de nombreuses recherches dont il cite les sources, que la vérité n'est pas dans ce que nous lisons dans les médias et que nous prenons pour argent comptant sans chercher plus loin.
André Lacroix, lui, est allé plus loin et il aborde de nombreux thèmes qu'il a divisé en 5 chapitres.

- Contre-vérités et mensonges
- Ambiguïtés et double langage
- Silence et omerta
- Brève conclusion

Tous sont diablement intéressants et interpellants.

Une bibliographie non exhaustive se trouve aussi en fin de livre.

J'ai vraiment été d'étonnement en étonnement à la lecture de Dharamsalades - titre bien choisi - j'en ai appris plus dans cet essai de 51 pages que par toutes mes lectures de passage sur internet diffusées dans les médias sur la problématique du Tibet.
A lire, certainement.

Êtes-vous fan du dalaï-lama ? Oui ? Alors, il est peut-être préférable pour vous de ne pas ouvrir ce petit livre de 51 pages ! André Lacroix met le doigt sur des aspects du personnage et du mouvement de libération du Tibet qui ne sont pas la non-violence que l'on prête au Prix Nobel de la Paix…

Se basant sur de très nombreux documents, l'auteur conteste 14 « idées reçues » quant à ce que nous croyons savoir de la politique de la Chine au Tibet.
Quelques exemples ?
1. le Tibet a été envahi par la Chine en 1950.
Faux : La Chine n'a fait que récupérer une province traditionnelle qui pendant une quarantaine d'années avait échappé à son contrôle…
2. le Tibet était pourtant indépendant avant l'arrivée des Communistes.
3. le Tibet d'avant 1950 était « le pays le plus heureux qui soit ».
4. le dalaï-lama a été contraint à l'exil par les Chinois.
5. La résistance tibétaine contre la Chine a toujours été non-violente.
6. 1.200.000 Tibétains ont péri par la faute des Chinois.
7. le Tibet est aujourd'hui submergé par l'arrivée des Chinois Han.
8. le critère racial rend impossible l'entente des Tibétains et des Han.
9. le Tibet n'est qu'une colonie chinoise.
10. La région autonome du Tibet n'est autonome que sur le papier.
11. On assiste à l'extinction de la langue tibétaine.
12. le Tibet est victime d'un « génocide culturel ».
13. le Tibet est victime de persécutions religieuses.
14. le Tibet est un enfer écologique.

Après ces idées reçues, qu'il démonte en se référant à de nombreuses sources, André Lacroix s'attaque à des ambiguïtés et au double-langage (autonomie ou indépendance, violence ou non-violence, philosophie ou religion) et pour poursuivre, il dénonce une omerta certaine et des silences assourdissants (argent, scandales sexuels, les mauvaises fréquentations du dalaï-lama).

André Lacroix cite ses nombreuses sources dont certaines proviennent des services secrets américains ou anglais (documents déclassifiés).

J'aurais aimé un livre avec encore plus de contenu et de développements.
J'avoue que si je ne connaissais pas personnellement André Lacroix, j'aurais eu du mal à croire toutes ces DaramsalaDES. André est un honnête homme soucieux de rendre justice et de bannir ses propres préjugés s'il découvre une autre vérité solidement étayée. Il a passé des années et des années à fouiller dans les documents avant d'écrire des articles qui ne correspondaient pas à ce que je lisais habituellement dans les journaux ou à ce que j'entendais à la radio et à la télévision. Contrairement aux journalistes qui ne citent pas leurs sources, l'auteur étale les siennes. C'est après un voyage de deux mois en Chine, dont une partie au Tibet, qu'il décida d'étudier la question.

Portrait à charge de quelques-uns des torts les plus criants du "gouvernement du Tibet libre en exil" à Dharamsala et de complaisances inexcusables du Dalaï Lama vis-à-vis de personnages comme son précepteur, Heinrich Harrer, membre des SA dès 1933 passé ensuite à la SS, puis envoyé par Hitler au Tibet afin d'y renforcer un axe Berlin-Tokyo qui passerait par Lhassa.

Tout ce que l'auteur écrit est vrai, rigoureux, vérifié et validé par une foule de références en fin d'ouvrage.

Nul n'était donc besoin d'y aller à la sulfateuse pour frapper les esprits.

Je regrette infiniment le ton pris par l'auteur, et son côté "tir à vue dans toutes les directions" afin d'emporter une adhésion à toute force de lecteurs occidentaux obligatoirement acquis à la cause d'un Tibet libre (la plupart d'entre nous n'y pense pas chaque matin au réveil) et aveuglés par la personnalité du Dalaï Lama.

Des financements par la CIA aux scandales sexuels de hauts dignitaires écclésiastiques pédophiles mis précipitamment en retrait mais non dénoncés par la presse occidentale, du précepteur nazi du Dalaï Lama à la comparaison de l'usage des langues locales dans les différentes "provinces" chinoises et françaises, et j'en passe, le pudding tibétain aura été un peu trop lourd pour moi.