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3,9

sur 158 notes
"Cosplay", c'est, pour le commun des mortels, un certain art japonais de se déguiser. Pour Laurent Ladouari, auteur du roman "Cosplay" (justement!), c'est une méthode managériale comme une autre, mise en scène dans un roman d'anticipation. "Cela n'a aucun sens", suggère le prière d'insérer... voire! En l'occurrence, le lecteur va être happé dans un jeu de masques tourbillonnant et non exempt de coups de théâtre - comme il se doit.



Précisons le contexte: vers la fin du vingt et unième siècle, l'entreprise 1T, vieille gloire de la production de processeurs, est au bord de la faillite. Son repreneur, Zoran Adamas, lance un grand jeu de rôles massivement multijoueurs, "Cosplay", dans cette entreprise. Les joueurs? C'est le personnel. Comme son nom l'indique, ce jeu se déroule masqué, ce qui permet tous les coups. Et si le début ressemble à un joyeux chaos, l'issue pourrait être fructueuse... ou pas. Là-dedans, l'auteur lâche une petite nouvelle, Katie...



La mascarade de tous les paradoxes

Ainsi naît une foisonnante comédie du management et des restructurations. A priori, le sujet aurait pu être tragique, sur fond de détresse sociale. L'auteur choisit un tout autre point de vue. le Cosplay pousse au départ les personnes à la motivation chancelante et galvanise ceux qui sont passionnés. La narration suit une série de collaborateurs masqués, de tous niveaux hiérarchiques, bons et méchants. le jeu de masques autorise tous les décalages: on trouve ainsi un Robespierre au discours un peu mou, et aussi un Gandhi armé d'un bazooka, qui a une "vision pour le moins musclée du pacifisme" (p. 394).



Chaque personnage réel est d'ailleurs invité à choisir son avatar dans un catalogue de personnages historiques réels ou mythiques, ce qui donne lieu à des présentations parfois cocasses. Qui se cache, par exemple, derrière la présentation "Vedette des guérillas, vendeur de T-shirts" (1)? Il va de soi que ces avatars puisent à toutes les époques, ce qui génère des rencontres pour le moins improbables entre figures du présent et du passé - un anachronisme organisé, donc.



Erudition et vision du management

Derrière l'esprit joyeusement carnavalesque de ce vaste roman, porté par l'énervante ritournelle "Mexico" de Luis Mariano, se cache une solide érudition. Les nombreuses références à l'Antiquité, à son histoire et à ses mythes rappellent certaines pages d'"Ilium" de Dan Simmons, en nettement moins ennuyeux malgré quelques longueurs: se croiseront ici Jules César et Cléopâtre, mais aussi Cincinnatus et d'autres. Les références à Alexandre Dumas sont aussi présentes. En particulier, le lien entre Katie Dûma (Dumas) et Athos (ce dernier étant une créature de Dumas) ne saurait échapper au lecteur. Cela, sans parler d'allusions répétées au comte de Monte-Cristo. Enfin, plus d'un personnage lit beaucoup, de Thomas Hobbes à Hector Malot en passant par Ayn Rand et quelques autres.



Et puis, il y a aussi une certaine conception du fonctionnement des entreprises qui transpire de ce roman. Une conception idéalisée et un poil manichéenne, opposant les entreprises à l'ancienne, pourries par le copinage et les malversations (voire, avec le personnage de Jenna Briggs, les progressions de carrière basées sur l'opulence d'une poitrine), et un nouveau système purement démocratique et méritocratique. Cela peut aller, entre les lignes, jusqu'à suggérer au lecteur qu'il peut aussi arriver, dans son entreprise, rien que par son talent - et ce, de manière fulgurante. Un point de vue qui mérite d'être nuancé...



Un roman d'aventures costaud

Si cette vision peut faire débat, force est quand même de constater qu'en bon écrivain de romans d'aventures, l'auteur sait faire rebondir son intrigue de façon captivante et efficace, après un début lent qui prend le temps de se mettre en place et, mine de rien, d'intriguer le lecteur. La fin met en scène ceux qui tirent les ficelles, jouant aux échecs. Elle laisse aussi le lecteur... sur sa faim, concernant un ou deux éléments: qu'advient-il de l'idylle entre Hélène et Tancrède? Que va-t-il advenir du projet de cerveau artificiel qui devrait faire renaître 1T de ses cendres (comme un phénix - tiens, c'est comme par hasard le nom du groupe auquel 1T appartient...)? Que sont les "volutions", en définitive? Ce roman se présente comme la première de celles-ci. Il devrait y en avoir d'autres, qui devraient apporter des réponses à ces questions au fil de romans successifs.



"Cosplay" laisse donc l'impression d'un récit aux fondements solides, qui pourraient être plus subtils parfois; c'est aussi un roman d'anticipation captivant, exubérant voire baroque dans le propos sinon dans le style, et qui se dévore. L'anticipation s'avère essentiellement géographique et technologique; elle donne à voir une ville qui pourrait être Paris, séparée du reste du monde par un mur de 12 mètres de haut. Et elle est contrebalancée par une playlist qui fait la part belle aux chansons que tout le monde connaît - et qui, pour une bonne part, ont été des succès du vingtième siècle ("Money" de Pink Floyd, "Like A Virgin" de Madonna, "Revolution" des Beatles, etc.). Sans rien perdre d'un rythme qui fait écho à l'écriture rapide et alerte de l'auteur, elles seront donc devenues, pour ainsi dire, de la banale musique classique ou d'ascenseur à la fin du vingt et unième siècle...



(1) C'est Che Guevara (p. 123).

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Cosplay ! Un roman qui selon moi va faire beaucoup parler de lui, j'en mets ma main à couper !!! Je pari beaucoup sur ce nouvel auteur et cette nouvelle saga qui va faire son entrée dans nos chères petites librairies à partir du 2 janvier prochain. Cosplay, première volution, un titre à première vue assez peu évocateur (« Cos » pour costume et « play » pour jouer), la présentation en quatrième de couverture pourrait également en laisser perplexe plus d'un. Et pourtant ne vous fiez pas à ce petit préambule étrange, car ce livre est une véritable petite bombe !! Et la suite promet d'être encore meilleure…

Dès les premiers chapitres Laurent Ladouari montre le ton, je craignais un peu (je dois l'admettre) de tomber dans un roman compliqué et dans lequel j'allai devoir être très attentive pour bien comprendre le déroulement de l'histoire, et bien pas du tout ! le style de l'auteur est fluide et percutant, il maîtrise et connait parfaitement son sujet. le tout se lit à une vitesse ravageuse. Une fois entrée dans le jeu, il est vraiment très difficile d'en sortir !!!

Nous commençons tout d'abord par faire la connaissance des personnages principaux du livre et notamment de la thésarde très intelligente et maligne Katie Dûma. Nous apprenons dès les premières lignes que 1T, une entreprise spécialisée dans la fabrication de microprocesseur, est au bord de la faillite. Elle vient tout juste de se faire racheter par Adamas, un puissant homme d'affaire aux idées loufoques, craint et jalousé par le reste du monde. Né gitan, Adamas est un homme bien énigmatique, le mystère entourant son personnage est vraiment intriguant, et je peux vous assurer que l'on VEUT savoir qui est Zoran Adamas. Sans compter ses brèves apparitions que l'on devine la plupart du temp, car Adamas adore jouer au chat et à la souris avec le commun des mortels. le tout dernier chapitre m'a cependant permise de mieux le cerner. Mais Zoran Adamas n'est pas le seul personnage mystère de ce roman, et rapidement nous allons faire la connaissance de ses proches collaborateurs qui sont tout aussi incroyables et indéchiffrables que lui.

« Les prédateurs finissent tous de la même façon. Lorsque l'angoisse de disparaitre les abandonne, ils s'empâtent, s'alourdissent, ralentissent. Bientôt quelqu'un prendra leur place et les précipitera du sommet de la chaîne alimentaire où ils étaient trop confortablement assis. » p33

Le personnel de 1T se retrouve brusquement « pris en otage » par l'équipe d'Adamas qui leur demande de participer à un jeu, le Cosplay. Et ce, dans le but de tenter de sauver ou bien de détruire leur entreprise. le Cosplay est un jeu virtuel. Coiffés d'un casque étrange et de capteurs au niveau des doigts, les participants choisissent un avatar parmi tout un tas de personnages historiques, mythiques ou oniriques. Ils sont alors projetés virtuellement dans un monde de fiction, un univers très proche visuellement des locaux de leur entreprise actuelle. Ainsi cachés derrière leur personnage de fiction, les salariés de 1T n'hésiterons pas à exprimer leur mécontentement. Armés d'armes à feu tous les coups sont permis dans le Cosplay et l'ensemble du personnel ne tardera pas à faire l'étalage des non-dits et des rumeurs les plus folles concernant leurs collègues ou supérieurs. C'est le grand déballage chez 1T, une apocalypse foudroyante et imprévisible la ravage. Et les joueurs les moins populaires se retrouvent vite dans la fosse aux squales…Game over !
Fraîchement recruté à 1T, Katie n'a pas d'autre choix que de participer au Cosplay. Et sans s'en rendre compte, son entrain et son amour pour 1T feront de son personnage de fiction un des principaux leaders du Cosplay.

« Dans l'océan, il y a des requins. Sur la terre, des lions. Dans les cieux, des aigles. Choisis bien ton rôle dans ce drame ! Car celui qui n'est pas lion, aigle ou requin est une proie qui vit dans la peur d'être dévorée. Mais, si le sinistre métier de requin te répugne, pour n'être la proie de personne dans ce bocal, un seul moyen : fais-toi dauphin. Leurs joyeuses assemblées tiennent tous les requins en respect. Ils sont les véritables seigneurs de l'élément marin. » P34

Que ce soit dans le Cosplay ou bien à l'extérieur du jeu, Laurent Ladouari à imaginé tout un panel de personnage vraiment très intéressant. Sans pousser très loin dans leur passé, la description qu'il nous en fait est suffisante pour nous permettre de nous attacher (ou bien de détester) ses personnages. Les chapitres sont assez courts et donnent un bon rythme au roman, le point de vue omniscient nous permet de nous projeter et de saisir avec encore plus de facilité l'univers crée par l'auteur.

S'il fallait néanmoins trouver quelques points négatifs, je dirai que je me suis assez souvent mélangée les pinceaux concernant certains personnages que je n'arrêtai pas de confondre. Car finalement, il y pas mal de personnages à mémoriser. Et en cette période « troublée » d'avant fête j'ai eu beaucoup de mal à trouver le temps de me plonger d'une seule traite dans ce roman, mes coupures répétées ne m'ont certainement pas beaucoup aidées !!! Autre point que je voudrai aborder, (attention ce n'est pas négatif du tout) j'ai été quelque peu déstabilisée car il n'y a pas de repères de temps ni d'espace dans ce livre. Nous ne savons pas à quelle époque nous sommes, ni à quel endroit. Nous savons néanmoins qu'Internet n'existe plus, que la monnaie courante est l'écu, que la ville dans laquelle nous progressons est ceinturée par un mur (dans la zone est en dehors de la zone) après que le monde ait subi une guerre (la guerre du Pacifique), qu'il y a un couvre feu et des règles de sécurité très strictes … Mais à vrai dire nous sommes tellement obnubilés par le sort de 1T et de ses occupants que l'aspect non développé concernant l'époque et la localisation, ne m'a finalement pas plus « titillé » que cela. (je ne serais tout de même pas contre quelques explications supplémentaires par la suite…)

En bref : Ce livre m'a vraiment laissé une très bonne impression ! Ce roman d'anticipation novateur, original et abracadabrant (enfin pas si invraisemblable que cela en fin de compte…) de jeu virtuel pour « sauver » une entreprise m'a vraiment beaucoup plu ! Il y a de l'humour, de l'action, une véritable intrigue, des questions, des tonnes de questions encore suspens… Qui est vraiment Julien ? Et Natacha ? Nemo ? 1T va-t-elle réussir à produire ce qu'elle nous promet ? Adamas est très loin de nous avoir livré tous ses secrets ! Je veux également en savoir plus sur Nonpareil, et Tancrède, et Paul… Bref, avec CosplayLaurent Ladouari a réussi le pari de rendre passionnant un sujet qui au premier abord peut paraitre ennuyeux. Cosplay est LE petit bijou qu'il faut se procurer dès le début de l'année prochaine !


Lien : http://www.a-lu-cine.fr/lect..
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La société technologique 1T, longtemps à la pointe de l'innovation est en perte de vitesse depuis le départ de Proteus, son plus prestigieux développeur. Sinind, son rival asiatique lui taille tant de croupières qu'elle est au bord du dépôt de bilan quand Zoran Adamas, dit le Gitan, un milliardaire cynique et haï de tous, décide de la racheter et ose déclarer que c'est pour la détruire. Il propose au personnel de jouer pendant trois jours au Cosplay, une sorte de jeu de rôles costumé, sous l'égide de la belle Ayako. Pendant ce temps, la jeune et talentueuse Katie Dûma réussit à se faire embaucher sans véritable statut. En compagnie des trois mille employés de la société, elle participera à ce jeu en apparence insensé car sans règle, dans l'anonymat d'un masque et d'un déguisement et avec quelques armes capables de détruire virtuellement. Très vite, les participants comprennent qu'il s'agit de les pousser à démissionner en masse et que, pour survivre, il va falloir s'unir et s'organiser différemment...
« Cosplay » est un livre étrange car difficilement classable. Entre la science-fiction et l'anticipation, mais pas tout à fait. Entre la fantaisie et le roman social, mais pas vraiment. Entre la BD manga et les aventures sur fond de jeu virtuel (genre « Player One »), mais pas seulement. Une lecture plus perspicace, inclinerait à penser qu'il s'agit plutôt d'une sorte de conte philosophique dans le style d'un Italo Calvino ou d'un Vian, mais sans le génie de ces deux-là naturellement. La description des rapports humains et des luttes de pouvoir au sein de l'entreprise pourrait être intéressante si l'auteur avait su s'extraire d'une forme de manichéisme simplificateur parfois agaçant. Les bons sont lisses et sans défaut et les méchants totalement répugnants. La morale véhiculée par l'ensemble est d'une simplicité enfantine et d'un angélisme bisounours. Elle repose sur des adages du genre : « Servir pour réussir », « N'ayez pas peur » et pourquoi pas « L'union fait la force ». L'intrigue qui démarre bien et promet beaucoup, aurait gagné à être plus rythmée et plus resserrée. Résultat, elle ne tient malheureusement pas la distance (474 pages). le happy end est un peu décevant, tout comme les va et vient entre le réel et le virtuel. le lecteur se retrouve souvent en train de nager entre l'improbable et le flou pas forcément artistique. Les lieux, les époques et les circonstances ne sont volontairement pas définis. A noter de très nombreuses allusions et clins d'oeil à la pop music des années 70/80 (Nina Simone, The Doors, The Rolling Stones, David Bowie etc...). Dommage que ce livre ne soit pas sonorisé et rempli de véritables effets spéciaux. le style basique et les pauvres descriptions de Laurent Ladouari ne suffisant pas toujours à faire rêver le lecteur, un metteur en scène génial pourrait-il peut-être tirer une bonne adaptation cinématographique de cette histoire bizarroïde et un peu longuette ?
(Livre critiqué dans le cadre d'une opération « Masse Critique » de Babélio)
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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ça y est, le jeu est terminé!

Si vous appréciez les romans à légère anticipation, la même histoire sur plusieurs plans, les devinettes, les défis et les personnages mythiques, vous plongerez avec délectation dans Cosplay.

Le choix de deux typographies permet de se repérer aisément dans les différents espace-temps.
De temps à autre un cliché semble s'y glisser mais l'auteur manie suffisamment bien l'écriture, l'histoire et ses personnages pour éviter, justement l'écueil du lieu commun: les informations apportées conservent leur fraîcheur. Les rebondissements tombent à point nommé et respectent le rythme de la partie.

L'écriture fluide sert autant la partie "réelle" que les phases de jeu. On s'approprie sans difficulté les règles et l'entreprise 1T, tant est si bien que le lecteur peut facilement enfiler un costume d'avatar aux côtés des employés.

Un jeu où la liberté violente offre à chacun de prendre la place qu'il pense la sienne au sein de leur entreprise. les puissants ne sont pas ceux qu'on croit. Qui aujourd'hui n'a jamais pensé "si j'occupais ce poste là, si on me donnait la possibilité, mes compétences seraient plus utiles". Un thème très actuel je trouve!

Ne sachant pas vraiment écrire, chers Babelnautes, sachez néanmoins que je rejouerais volontiers une partie de Cosplay.

Je m'arrête là: j'ai rendez vous avec Adamas sur le toit terrasse pour qu'il me raconte, en savourant une tasse de thé, ce qu'il projette pour ses protégés Non-Pareils, tellement envoûtants !

Editions HC, et Babelio: Merci!









18 décembre 2013
Non non, je n'ai pas terminé de lire Cosplay, tout juste déposé dans ma boîte aux lettres (merci Babelio!).
Simplement je suis pressée de vous dire que ce Cosplay est addictif dès les premiers chapitres; vous savez, un peu comme ces jeux d'arcades dont on a du mal à se détacher?
A peine la première page lue que déjà on est dans les starting-blocks, prêt à s'élancer dans le jeu. Très fort...

Je reviens donner mon ressenti global une fois l'oeuvre intégralement lue.
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