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sur 116 notes
Si je devais choisir un titre parmi les centaines qui composent l'anthologie de la chanson réunionnaise, je n'ai aucun doute sur mon choix : « Grand mère » d'Ousanousava ( https://www.youtube.com/watch?v=caTLGk3vd0A ) ! Comment le portrait de cette mémée, isolée sur le nombril fumant des Mascareignes peut-il immanquablement faire renaître le souvenir d'aïeules nées loin du soleil et des lataniers ?
Très vite, en tournant les pages de ce livre de Dany Laferrière, j'ai songé à «  Grand mère » mais aussi fatalement à mes mémées… Pourtant, là encore, quel écart géographique et culturel entre Massif central et Caraïbes… le romancier, comme dans les tableaux de son île natale, se souvient de cette dame merveilleuse qui a sans doute permis au jeune Dany d'être aujourd'hui ce qu'il est : un écrivain talentueux mais surtout une conscience éclairée tandis que sa terre natale a du mal à sortir des ténèbres. Portrait d'une femme mais aussi chroniques d'une adolescence dans une ville de la « Perle des Antilles » : Petit Goave. Par petites touches, l'auteur redonne vie à l'Haïti de son enfance où le merveilleux empiète sur la vie quotidienne comme si les loas, ces esprits du Vaudou, irriguaient tout un imaginaire. Une galerie de personnages truculents nous plonge dans un monde que l'auteur se garde bien d'idéaliser. le chaos qui caractérise ce pays aujourd'hui ne doit pas faire oublier que le jeune Dany a grandi sous le joug d'un pouvoir dictatorial qui n'avait rien d'exotique : le duvaliérisme. de l'avis de beaucoup d'historiens, un régime que l'on doit placer en haut de la liste des pires systèmes autoritaires. Entre anecdotes légères sur la sociabilité provinciale et l'évocation de ses émois de jeune mâle, l'écrivain glisse des pages où la violence macoute transpire.
Dany Laferrière symbolise ces millions d'Haïtiens contraints de supporter l'injustice des exactions, des épidémies ou encore des catastrophes naturelles rendues tragiques par le sous-développement et la gabegie politique, et, pourtant, qui tentent de faire vivre le beau par l'art ou le sourire, quand tout vous pousse vers le laid. Certains restent là-bas à espérer des jours meilleurs, à tenter d'agir. D'autres sont exilés, avec parfois, le coupable sentiment d'avoir fui. Bien malin celui qui pourrait dire ce que nous ferions si nous n'avions pas eu le privilège de naître dans une région plus apaisée.
« Le charme des après-midi sans fin » est un magnifique portrait d'une femme lumineuse mais aussi un pudique hommage à un pays. Un peu, comme cette autre chanson, « J'aurais envie d'aller à ma maison » : https://www.youtube.com/watch?v=61D0EcHloCc
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Bien qu'écrit des années plus tard, ce roman est la suite directe de L'Odeur du Café.
Dany a 13 ans , le début de l'adolescence, des quatre cents coups vite réfrénés par Da (sa grand-mère), la liberté de courir seul dans les rues, de faire les commissions et d'écouter les adultes parler de leurs vies.
L'enfant se rapproche notamment du notaire Loné qu'il va suivre toute une après-midi.
Le roman, anecdotique au début, s'enfonce peu à peu dans la violence des Tonton Macoutes (qui ne sont pas nommés) qui sillonnent Petit Goave après le couvre-feu et enlèvent ceux qui trainent encore dans la rue; les tortures et les morts sont sous-entendus, le regard reste celui d'un enfant qui observe et la parole est donnée à Da, qui le protège tout au long.
Le titre peut être surprenant quand on lit le roman jusqu'à la fin car on y lit finalement beaucoup d'angoisse, celle de devoir peut-être quitter Da pour rejoindre sa mère à Port-au-Prince, celle des violences en ville, et surtout la perte de Vava, son premier amour aux grands yeux noirs.
Dany Laferrière a l'art de parler de choses graves et sérieuses d'un ton badin et je l'aime pour ça.
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Plongée dans une enfance haïtienne à l'orée de l'adolescence. Insouciance, balades vespérales sur le wharf, jeunes filles aux yeux d'une douceur fatale et au goût de mangue. Mais la situation politique du pays, l'arrestation des hommes du village et l'instauration d'un couvre-feu délogera Dany Laferrière de ce coin de paradis et l'éloignera de sa grand-mère bien-aimée.

Pour Babéliotes confinés dans cet interminable hiver, en mal de soleil, d'espace et horizon lointain. En attendant de pouvoir à nouveau se promener sur les plages, sentir la caresse du soleil et entendre l'accent du Sud chanter dans le vent.

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Haiti début années soixante. Dany Laferrière nous conte la jeunesse haïtienne de "Vieux os" élevé par sa grand-mère Da à Petit Goâve, avec que sa mère est à Port-Au-Prince la capitale. Bien évidemment le quotidien du jeune garçon est celle vécut par Laferrière lui-même. En cours chapitres, on suit au quotidien la vie du petit-fils de Da et de ses amis Rico et Frantz, et son éveil au sentiment amoureux avec la belle Vava. le tout sur fond de tensions politiques.
Récit en partie autobiographique avec une magnifique grand-mère, femme protectrice et tolérante. Tour à tour, drôle, attachant, touchant, un hymne à la liberté, à l'insousciance de l'enfance écrit dans une langue riche et colorée. Délicieusement nostalgique.
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Le charme des après-midi sans fin est une lettre d'amour que l'auteur adresse à sa grand-mère Da. Depuis L'Odeur du café, il aura vieilli de quelques années. Quand ce second roman verra le jour, Da se sera déjà éteinte un samedi d'automne, à l'âge de 96 ans. Cinq ans après sa mort, les mots émouvants de son récit lui adresseront un dernier adieu.    
 
Sous forme de petits portraits, instantanés de son quotidien, il écrit avec nostalgie son enfance haïtienne à Petit-Goâve. Les souvenirs émergent du passé et bouleversent l'âme du lecteur. Sur la galerie du 88 de la rue Lamarre se tient fièrement une grande balance à café. Assise sur sa vieille dodine, une chaise de Jacmel dont elle ne se sépare que pour dormir, Da passe des heures à discuter avec son petit-fils, Vieux Os. L'odeur du café des Palmes, le préféré de Da, se fait sentir partout dans le village. À toute heure du jour, les gens passent et s'arrêtent pour boire une tasse bien chaude. Da ne serait pas Da sans son café qu'elle prépare amoureusement dans la cour sous la vieille tonnelle. Il est le témoin muet du réconfort qu'elle transmet. Et de l'amour infini qu'elle porte en elle…
 
« Da dit que c'est ainsi la vie. Un moment, vous êtes là, on ne voit que vous, on n'entend que vous, on ne parle que de vous, et un autre moment, on ne se souvient même pas de votre visage. Moi, je veux me rappeler toujours les yeux de Vava. »
 
Dany Laferrière n'oubliera jamais Vava, son amour de jeunesse. Jeune fille éblouissante dans sa petite robe jaune, aussi jaune que le soleil, assise sous le manguier. Il ne voit qu'elle, des papillons dans le ventre. Cinquante ans après, il lui dédie un livre jeunesse remplit d'amour : Je suis fou de Vava. Un trésor…
 
« Si j'ai aimé une fille, elle ne me sera jamais indifférente. Mon coeur battra toujours plus vite en entendant son nom. »
 
« Ses yeux se posent à peine sur moi que, déjà, ils me brûlent par leur feu intense. Même à cette distance, je sens cette chaleur. »
 
Il n'oubliera jamais non plus Rico et Frantz, avec qui il a fait les quatre cents coups. Ni Didi, Fifi, Edna et Sylphise. Certains d'entre eux reposent aujourd'hui dans un cimetière de Petit-Goâve. Il se souviendra d'une soirée chez Nissage et du fils d'Izma, mort de la tuberculose. D'autres gens encore et des commérages, de sa passion pour les livres, d'une épidémie de choléra, du bon vieux Marquis, le chien de son enfance et des rêves étoilés sous la penderie. Et qu'est-ce qu'il aimait regarder Da, son regard et l'expression affectueuse des traits de son visage. Un jour, sa mère et ses tantes ont dû rentrer à Port-au-Prince, le laissant seul avec Da des années durant. Il était encore enfant. J'ai l'impression que l'adulte qu'il est devenu lui doit tout, mais avant tout, un amour infini pour la vie. Et des racines inoubliables. 
 
Le régime des Duvalier débarque à Petit-Goâve. Les troupes gouvernementales encerclent la ville. Arrestations, amendes et couvre-feu général, des gens sont jetés en prison. L'auteur reste flou sur ces moments historiques qui ont marqué sa vie à jamais. Pudeur ou douleur encore omniprésente, de ces conflits il devra quitter Petit-Goâve et rentrer à Port-au-Prince. Ce jour-là, derrière le rideau de la fenêtre, Vava lui fait un baiser de la main. Et Da le regarde partir en pleurant. Il ne les reverra plus jamais qu'en pensées… 
 
« J'ai écrit ce livre pour une seule raison : revoir Da. Quand « L'Odeur du café » est paru en automne 1991, Da était encore vivante, et elle l'a lu.
-Vieux Os!... Quel beau cadeau tu m'as fait!
-Je te l'avais promis
Je me souviens de son doux sourire… Elle est morte un samedi matin. Et depuis, elle me manque. »
 
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« J'ai pris tant de plaisir à être à Petit-Goâve que je n'ai pas vu le temps passer. »
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Dans « le charme des après-midi sans fin », Dany Laferrière nous fait partager son enfance en Haïti, dans la petite bourgade de Petit-Goâve. Alors âgé de 11 ans, il se fait appelé Vieux Os et vit auprès de sa grand-mère Da à qui sa mère l'a confié afin de lui éviter les dangers de la capitale de Port-au-Prince où elle-même vit.
Da, sur sa terrasse de bois, accueille les visiteurs avec une bonne tasse de café, ce breuvage corsé qui occupe une place importante dans la maisonnée. Amis, connaissances, tous rendent visite à la vieille femme, personnage reconnu au sein de sa communauté et considéré un peu comme un « sage ». Vieux Os aime tendrement cette grand-mère qui lui raconte les histoires et coutumes du pays. Elle apprend également à son petit-fils les bonnes manières afin de faire de lui un honnête homme.
A côté du portrait de Da, nous suivons également la vie quotidienne du jeune garçon : les bagarres, les aventures et les premiers émois amoureux avec ses inséparables amis Rico et Frantz. Nous découvrons aussi les habitudes des habitants de la ville, leurs bonheurs et leurs soucis de tous les jours. Malgré son jeune âge, Vieux Os est déjà très mûr et pose un regard inquiet sur ce qui l'entoure. Car la crise politique menace ce petit monde jusque là protégé et Da elle-même en oublie son café qui a trop chauffé. L'heure est grave…

C'est à travers des chapitres qui ressemblent à de petits tableaux que Dany Laferrière nous raconte cette jeunesse colorée. Avec un style simple auréolé de mots créoles, l'auteur nous décrit sa terre natale et son enfance envolée. C'est un regard d'enfant qui se pose sur le monde des adultes, un regard tellement juste et vivant que l'on sent avec lui l'odeur du café de Da.
Hommage à sa grand-mère, instants d'émotion, souvenirs, mots colorés, Dany Laferrière réussit brillamment à nous faire remonter le temps avec lui. Direction Haïti.
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Dany Laferrière, le Charme des après-midi sans fin - 2011 - ⭐️⭐️⭐️⭐️

Petit-Goâve - Des villageois colorés, une grand-maman Da, pleine de sagesse et de fermeté, Marquis le chien, la douce Vava, et voici l'adolescence de l'auteur au pays aimé et les nécessaires apprentissages de cet âge. Laferrière procède par petites touches, ce qui nous permet de savourer pleinement les instants. Les moments naissent et s'évanouissent et c'est leur évanescence qui crée chez le lecteur la même nostalgie et la même candeur sans doute que chez le narrateur. N'est-ce pas là le propre du souvenir ? J'ai beaucoup aimé.
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J'ai retrouvé avec une joie complice les habitants de Petit-Goâve déjà rencontrés dans « L'odeur du café ». Ici le narrateur a un peu vieilli et se trouve à l'aube de l'adolescence. On vit avec lui la timidité devant les filles, les fanfaronnades avec les amis mais aussi les questionnements devant ce monde d'adulte parfois si étrange. Et surtout on découvre beaucoup plus en profondeur les acteurs clés de cette petite ville, leurs secrets plus ou moins gardés, et la dynamique propre à cette communauté. Sans oublier une dimension politique qui apparaît comme une surprise tout en étant par ailleurs parfaitement en accord avec ce contexte Haïtien. Que dire au sujet de Da, la grand-mère que j'aurais aimé avoir, sinon qu'elle est le roc, non seulement de l'éducation de Vieil Os, mais aussi du voisinage. Tout cela conté en minuscules tranches de vie, d'une à quelques pages au plus, sur le ton désinvolte, à la limite de la naïveté dont on est bien loin par ailleurs. Une lecture qui induit la rêverie...
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Le charme des après-midi sans fin
Livre écrit par Dany Laferrière, où il nous raconte sa propre histoire d'adolescence à Petit-Goâve. le livre est aussi une preuve de reconnaissance à sa grand-mère Da. À la fois drôle, sérieux et triste, ce livre est un miroir clair des moeurs enfantines et même celles des adultes d'Haïti. L'histoire cadencée en multiples petits chapitres nous porte à rêver.
Voilà le conte :
Un petit garçon de 13 ans (Dany) surnommé Vieux Os, qui est élevé par sa grand-mère dans l'amour et la sagesse, va fréquenter le quotidien des adolescents d'Haïti. Les promenades avec les amis, les petits combats à l'école, et un amour secret à l'égard de Vava, vont être entre autres le blablabla de son passage à Petit-Goâve, jusqu'à ce que subitement surgit le malheur. Des problèmes politiques pas trop bien expliqués vont aboutir à l'arrestation des notables de la ville, puis une conversation secrète entre Da et le Commissaire du Gouvernement expliquant des problèmes graves va causer le départ de Vieux os. Départ très triste pour lui, car il va devoir se séparer du corps chaud de Da et de son café. Comme si cela ne suffisait pas, étant sur la route pour se rendre à Port-au-Prince, un bisou lointain de Vava exaspère la situation. Il va revenir trente ans après pour revoir ses amis : Frantz, Rico, Vava, Edna, Fifi, Didi, et Sylhise qui ont illuminés son enfance.

S'il y aurait une critique négative à faire ce serait : À force d'évoquer plein de petits chapitres contenant quelque fois sa propre l'histoire, l'auteur se perd dans sa narration. Des histoires évoquées qui sont devenues très attrayantes ne sont pas terminées. Comme l'histoire du mariage de Thérèse, l'amour de Fifi pour Vieux Os, le départ de Rico pour Port-au-Prince pour cause maladive etc.…
Mais en gros ce livre fait partie de ceux les plus pittoresques de la littérature haïtienne, car les commentaires à son sujet sont de plus en plus complimenteurs

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Roman autobiographique sous forme de petits récits qui raconte son enfance à Petit Goave avec sa grand-mère, Da, qui l'a élevé et à qui il rend hommage. Écriture poétique empreinte de tendresse malgré la situation politique qui prévaut dans les années soixante sous le terrible régime dictatorial de Duvalier. Et pour cause car peu à peu, on s'enfonce dans la violence de la situation politique. On est témoin du drame de ce pays sous le joug d'un dictateur sans limite quant à la violence qu'il impose à son peuple.

J'aime beaucoup l'écriture de Dany Laferrière. Il a cet art poétique qui touche l'âme et nous amène dans des moments de joie, de bonheur, mais aussi de souffrance et de compassion envers ce peuple arraché à son bonheur et sa joie de vivre. Il sait transmettre les sentiments, les siens et ceux des autres, avec une profondeur et une plume qui me charment. J'ai toujours plaisir à relire ses écrits.
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