De tous les crétins égocentriques du monde, c'était lui qui allait se retrouver papa à plein temps. Un peu tordu, quand même... Autant aller travailler dans un zoo. Il ne connaissais rien aux enfants et pas grand-chose à la vie en général. Et le plus curieux dans l'histoire, c'est que personne ne lui avait rien demandé. Aucune mère ou grand-mère n'avait téléphoné pour le sommer d'assumer enfin ses responsabilités.
Un reporter doit toujours se poser cette question fondamentale : pourquoi me donne-t-on cette information.
(P423)
Mikael préférait affronter le déshonneur que de trahir Lisbeth de quelque façon que ce fût.
Ce qui compte, ce n'est pas de croire en Dieu. Dieu n'est pas mesquin. Ce qui compte c'est de comprendre que la vie est précieuse et riche. Nous devons l'apprécier et essayer de rendre le monde meilleur. Celui qui trouve l'équilibre entre les deux est proche de Dieu.
En réalité c’est très simple : celui qui surveille le peuple finit à son tour par être surveillé par le peuple. Il y a là une logique démocratique fondamentale...
L'été indien qui avait illuminé la ville une grande partie du mois d'octobre, permettant aux terrasses de cafés de rester ouvertes bien plus longtemps qu'à l'accoutumée, avait soudain laissé place à un climat affreux : rafales et pluies torrentielles incessantes. La plupart du temps, les gens pressaient le pas à travers la ville, le col rabattu. Mikael n'avait pas mis le nez dehors de tout le week-end. A vrai dire, ce n'était pas uniquement à cause du temps. Il avait passé deux jours à ruminer de grands projets de revanche, mais qui ne tenaient pas la route. Tout cela ne lui ressemblait pas.
Il n'avait rien d'un chien hargneux avide de rendre les coups et, a la différence de tant de stars du paysage médiatique suédois, il ne souffrait pas d'un égo surdimensionné qu'il fallait sans cesse affirmer et engraisser. D'un autre côté, les dernières années avaient été difficiles et à peine un mois plus tôt, le journaliste économique William Borg avait rédigé une chronique dans le journal du groupe Serner Business Life sous le titre :
LES JOURS DE MIKAEL BLOMKVIST SONT COMPTéS
Après coup, ce qui avait le plus sidéré Balder, c'était la fascilité avec laquelle elle avait laissé partir le gamin. Sans protester, sinon pour la forme, ils l'avaient laissé emmener le gosse. Peut-être August n'était-il qu'un fardeau pour eux. Difficile à savoir.
Hanna lui lança un regard indéchiffrable, mains tremblantes, mâchoire crispée. Mais elle posa trop peu de questions. Elle aurait dû lui faire subir un interrogatoire, avancer mille exigences et instructions, s'inquiéter de voir les habitudes du garçon bouleversées. Elle se contenta d'un :
-Tu en es sûr? Tu vas t'en sortir ?
Hanna avait encore pris une raclée. Elle en recevait souvent. Il serait faux de prétendre qu'elle s'était habituée. Personne ne s'y habitue. Mais ça faisait partie de son quotidien et elle se souvenait à peine de la personne joyeuse qu'elle avait été un jour. La peur faisait désormais indissociablement partie de son être, et depuis quelque temps elle prenait des calmants et fumait soixante cigarettes par jour.
Plus exactement, il vit d'abord un être malfaisant, un démon au visage blafard qui levait une main pour tuer.
Allongée dans son bain, Erika but une gorgée de vin, puis sourit avec mélancolie.
- Quand est-ce que tu vas comprendre que tu es Mikaël Blomkvist ?
- Je pensais que je commençais à maîtriser un peu le sujet.