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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Giono, Furioso est un essai consacré au grand écrivain Jean Giono.
Rien de bien spécial, jusque là le titre était assez clair.
Mais pourquoi Furioso ? Et bien à vrai dire je me pose encore la question après avoir refermé la dernière page du livre.
Effectivement, l'auteur fait quelques liens avec L Arioste et son Roland Furieux (Orlando Furioso en VO), et sur la fureur de vivre de Giono, mais sans plus.
Parlons-en, de l'auteure (trice ?). Commissaire de l'exposition Giono au MUCEM, elle s'est plongée dans les romans, l'oeuvre et la vie du grand écrivain français pour réaliser l'itinéraire des visiteurs du musée marseillais. J'en ai été, d'ailleurs. Elle a alors découvert ce qu'un reste de modestie m'empêche d'appeler l'eau tiède, mais ce reste est minuscule: Que Giono n'est pas le poète des cigales, le conteur de la Provence éternelle, du soleil et du Mistral. Mais bien plus que cela, avec sa part d'ombre, ses lâchetés, ses bassesses, ses petitesses, ses trahisons.

Bon, j'ai été un peu méchant en parlant d'eau tiède, mais tout lecteur attentif de Giono a bien vu que son oeuvre était parcourue de noirceur, de pessimisme, de désir puissant, de mort et de violence aussi. Et de là à comprendre que sa vie ne fût pas une longue Durance tranquille... il n'y a qu'un pas. Durance, qui jusqu'il y a peu était encore au nombre des fléaux de la Provence (avec le Mistral et le Parlement).
Qui a parcouru ses journaux sait ce qu'à vécu l'écrivain, quelles furent ses positions lors de la deuxième Guerre Mondiale. Et ses ennuis, ses prises de distance avec les communistes, ses publications dans les journaux collaborationnistes, mais aussi sa protection accordée aux résistants, à des familles juives.
Ses tromperies à sa femme, aussi. On le sait, il n'était pas un ange.
Le talent d'Emmanuelle Lambert n'est donc pas de nous offrir des scoops à toutes les pages, mais plutôt de rebrasser tout ça, de le synthétiser dans un beau portrait, tendre mais qui ne laisse que peu de zones d'ombres, pour le meilleur et pour le pire.
Le style est délié, agréable, on passe du présent au passé, de la famille de l'auteur à sa vie puis à son oeuvre, de la préparation de l'exposition au Mucem à des souvenirs plus personnels de l'autrice.
A lire peut être pour découvrir Giono, ou pour passer encore un petit moment à ses côtés quand on a (presque) tout lu de lui.
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Imaginez votre rencontre avec un inconnu qui vous parle de son amour pour une femme que vous avez aimé aussi (ça marche aussi au masculin) . Jalousie , complicité , sourde inquiétude ? C'est pourquoi j'ai abordé cet ouvrage à pas de loup car mon long compagnonnage amoureux de l'oeuvre de Giono me rendait étrangement méfiant. Cette inconnue allait-elle me dévoiler à mon grand dam quelque aspect inconnu de moi ? Déflorerait-elle ma passion à coup de sournoises révélations ? Eh non ! Ce livre est l'expression d'une compréhension de l'auteur et de l'oeuvre pleine d'empathie, sans flagornerie , ni pédantisme . L'essayiste pousse le mimétisme jusqu'à , comme Giono à propos de Virgile, de Melville , de Machiavel , mêler sa propre biographie à celle du sujet . Beau travail.
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Un indispensable « petit livre » (pas évident de se limiter à 200 pages sur le sujet) qui désincarcère définitivement Giono de sa gangue régionaliste (il est le plus souvent engoncé dans les rayons régionaux de nos bibliothèques avec Pagnol et Proal, Magnan et Mauron…) pour éprouver sa stature à ses/nos préoccupations contemporaines. Alors Giono s'impose non seulement furioso mais d'une fraîcheur universelle ! Emmanuelle Lambert accompli humblement un travail de virtuose qui rend Giono vibrant d'actualité bien au-delà du cinquantenaire de sa mort : une belle occasion d'explorer toute l'étendue de ses textes, au-delà des plus connus, sans oublier les journaux et les correspondances. Si l'exposition dont elle est commissaire au Mucem peut donner le sentiment de dresser d'entrée de jeu un pare-feu contre toute attaque sur les « ambiguïtés » de Giono pendant la guerre, elle livre aussi l'extrême complexité d'un être à la fois vulnérable (comme nous) et littéralement hors du commun. « Alors, nous savions qu'il y avait des choses plus grandes que nous-mêmes, et qu'on entend dans le vent. »
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Cinquante ans après sa mort, Jean Giono a tout du grand auteur patrimonial. de sa fable écologiste L'homme qui plantait des arbres au Hussard sur le toit, récit d'une terrible épidémie, son oeuvre ne cesse de resurgir dans notre actualité. Mais que sait-on de l'homme qui, marqué dans sa chair par son expérience des tranchées, resta toute sa vie soigneusement à l'écart du monde et défendit le pacifisme avec une telle vigueur qu'il finit par s'attirer, à l'heure de la Libération, les foudres de la Résistance ?

Travaillant les archives et les correspondances comme un matériau romanesque, Emmanuelle Lambert signe une biographie intime, à hauteur d'homme. Sans jamais faire d'impasse sur les paradoxes de ce grand humaniste dévoré par un pessimisme et une noirceur intenses, elle signe ainsi un portrait incroyablement animé et émouvant : celui d'un homme sans cesse poussé par une fureur de vivre et d'écrire, qui chercha tout au long de sa vie à transcender sa part d'ombre dans ses livres.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Jean Giono, elle l'aime. Furieusement. Dans cet essai, elle lui rend hommage. Un hommage furieusement poétique. Elle nous fait découvrir l'homme derrière la plume, l'homme caractériel, l'homme blessé, l'homme volage, l'homme créateur, l'homme furieusement humain. Un essai, furieusement majestueux, gionosement vôtre.
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Cette biographie sur Jean Giono est très intéressante. Très bien écrite. L'écriture est fluide. J'ai beaucoup apprécié ce mélange entre la biographie de Jean Giono et la vie de l'auteur même si parfois je m'y perdais un peu. Elle mérite vraiment son prix femina de l'essai 2019.
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Biographie, essai, hommage… L'exercice était loin d'être simple mais le rendu est passionnant !
Giono tous le connaisse de la trilogie de pan à l'homme qui plantait des arbres sans parler des Angèle et autres que vous n'avez peut-être pas lu mais visionné grâce à Marcel Pagnol.
Emmanuelle Lambert, pousse Giono dans ses retranchements, elle le convoque, lui parle, le houspille, entre dans son oeuvre, ressort des extraits, des rancoeurs, son style, sa fureur, ses zones d'ombres.
Tout est là dans ce portrait de Giono, l'inédit y côtoie le secret, la lumière et l'inavouable, le conteur hors pair amateur d'Homère, Stendhal, Flaubert et Machiavel à son passage en prison qu'il aurait apprécié !
Fin transcripteur de la nature, des animaux des hommes et de leurs travers ! Amoureux de la vie qui exécrait la guerre jusqu'à quel point… celui de se faire mal voir, maladresse, connivence, qui sait ? L'homme était complexe !
Ce livre a le mérite d'offrir un portrait singulier, loin de l'image lisse des tableaux provençaux, un visage humain qui se joue de la grandiloquence, qui révèle quelques égratignures, et fait la part belle à la légende tout en rendant ses lettres de noblesses à l'homme qui les aimaient tant les lettres !
J'ai beaucoup aimé Colline, Un de Baumugnes et Regain, on les retrouve ici bien présents entre les lignes d'Emmanuelle Lambert. Je suis admirative devant cet exceptionnel travail de recherche, de documentation et d'enquête, parsemé de souvenirs familiaux, d'anecdotes telles ses bisbilles avec Pagnol.
Parfois aux souvenirs de l'écrivain se superpose ceux de l'auteure, comme si écrire sur l'autre permettait de se retrouver un peu.
Allez un petit tour à Manosque, révisez ses classiques n'a jamais été aussi moderne !
Un excellent et passionnant travail !
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Giono, furioso”
d'Emmanuelle Lambert
subtile virgule dans le titre car il s'agit de Jean Giono, comme une évidence,
car Giono compte dans notre patrimoine français, avec Hugo, Verlaine, Zola.... Furioso en italien c'est furieux mais ici c'est une furie plus qu'une colère... quoique...
Cet essai extrêmement agréable et facile à lire, n'en est pas un pour Emmanuelle -elle a déjà été publiée-
Il aurait pu s'intituler “le malentendu provençal” expression détestée par Giono qui aujourd'hui lui colle à la peau “ (p 32)
les 65 premières pages plantent le décor, mise-en-bouche tout en nous clouant à notre fauteuil :
“Si on vous lit, si on vous lit vraiment, il est difficile de vous aimer, vous.” lui écrit-elle.
voilà, ca c'est dit.

Lui, dit “Ce que j'ai à dire je l'écris, le reste c'est zéro.” p 91

en parlant du livre “L'homme qui plantait des arbres” (p 103) elle lui dit : “il rayonne d'une chose qui me paraît si loin de vous que c'en est curieux: l'optimisme.” car elle lui parle souvent,
sinon elle nous décrit ce travailleur de génie comme un “artisan” pas très mondain.
Attachant, effrayant parfois et même gougeat dans sa vie personnelle, je ne savais rien de sa réputation de collabo pendant la grande guerre... pour moi Jean Giono c'est le mythique roman “le Hussard sur le toit”...
mais ici les questions sont posées et des réponses éclairées, données; donc
ça c'est fait aussi, merci

p 152 la synthèse de qui il était vraiment est remarquable.
“le demi-sourire qui en dit long” (sur les photos )
ce sont des mois et des années de recherche, pour une grande expo rétrospective commandée par le Mucem de Marseille et puis ce livre,
en partage,
le résultat aussi d'amitiés nouées avec les descendants, les gardiens des souvenirs et de sa demeure à Manosque (qu'on a l'intention de visiter oui évidemment! 😉)
🙏🏼
je me suis laissée emporter par la plume exquise de l'auteure, et cette époque aussi, peut-être plus révolutionnaire que la nôtre, finalement, à bien des égards,
vous l'aurez compris,
je vous recommande vivement cette biographie historique et romancée dont le Prix FÉMINA est sacrément bien mérité!
🙏🏼 @editionsstock
#associationdesamisdejeangiono
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Au pas de course et le coeur battant, un parcours alerte avec Giono, sa vie, son oeuvre et sa trace, d'une beauté admirable et d'une intelligence décapante. Et une vraie leçon de lecture.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/11/03/note-de-lecture-giono-furioso-emmanuelle-lambert/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Furioso, comme l'aurait peut-être aussi décrit Ludovico Ariosto, lui aussi poète comme Jean Giono, observateur des moeurs et des comportements chaotiques des humains. Emmanuelle Lambert par une écriture parfois proche de celle du roman fait de l'écrivain provençal une sorte de personnage de conte qui semble avoir chevauché le vingtième siècle comme une époque de la Renaissance après avoir essuyé toute la laideur de la Première guerre mondiale.

L'écrivaine a une passion pour Jean Giono, aucun doute. Mais une passion raisonnée, loin de tout fanatisme, ce pourquoi on peut lire son ouvrage avec empathie. Car elle n'hésite pas à envoyer quelques piques ou à s'interroger sur le comportement réel du « papa » du célèbre Angelo sous l'Occupation ; à juste titre.

S'adressant quelquefois directement à l'écrivain, elle repasse sa vie au gré des événements marquants – notamment la guerre 14-18 où Giono fut choqué à jamais – et de ses ouvrages qui sont loin d'être toujours une ode à la joie. C'est là tout le paradoxe du personnage, j'en avais l'impression et mes doutes d'amateur sont confirmés par un regard professionnel : aussi poétique que réaliste, aussi contemplateur qu'acteur, autant à représenter la vie que la mort, optimiste un jour, pessimiste le lendemain, amoureux de sa femme comme de ses maîtresses… seule certitude, apôtre de la paix et farouchement opposé à la vésanie de la finance.

Comme tout écrivain, il puisera son inspiration sur le vécu, sur ses idéaux, sur ses relations. de ses parents, il voue un amour sans faille à son père, pour sa mère tout est plus ombrageux. de ses amis, il portera toujours dans son coeur son compagnon de combat arraché par les griffes de la guerre et sera souvent fidèle en amitié. L'occasion de remettre en lumière un bien oublié Lucien Jacques.

L'occasion de retrouver aussi les livres de Giono, ceux lus dans mon enfance et de découvrir ceux vers lesquels je n'ai encore pris comme compagnons d'une soirée.

Furioso. Ma non troppo.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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