Le Donjon de Naheulbeuk, ou l'incroyable histoire d'un succès non démenti jusqu'à ce jour.
Tout commence au début de ce siècle, lorsqu'une bande de potes passionnés de jeux de rôles, de l'esthétique médiévale, de chant et de toute cette sorte de choses décide d'un commun accord que la Fantasy, c'est bien, mais quand c'est drôle, c'est mieux.
Naît alors une saga parodique audio, téléchargeable gratuitement et légalement sur le site du Pen of Chaos. A base de Ranger, de Magicienne, d'Ogre et de Barbare, sans oublier le Nain, l'Elfe et le Voleur, cette série truffée de références en tout genre renverse complètement les codes de la Fantasy et du jeu de rôle. A la manière de
Terry Pratchett (Les Annales du Disque-Monde) pour sa façon de briser les codes, et de François Pérusse pour le concept de capsules audio humoristiques (Les 2 minutes du Peuple), nos joyeux drilles envahissent un donjon, à la recherche de la douzième statuette de Gladeulfeurha, sans du tout savoir quels terribles dangers les attendent…
Inévitablement, quelques années plus tard, forts de leur succès populaire (principalement dû au bouche-à-oreilles pour ceux qui ne fraient pas dans les conventions GN), naît la bande dessinée.
Marion Poinsot, dessinatrice de son état, rejoint John « Pen of Chaos » Lang et sa troupe et l'aventure éditoriale commence. Attendue au tournant par la communauté déjà importante de fans,
Marion Poinsot adopte un trait plutôt mignon et rondouillard, un peu à la manière des chibi dans les manga : la tête compose un tiers du corps, les yeux sont immenses et les jambes presque absentes (c'est encore plus flagrant pour le Nain, haha !). A noter également la couleur, très réussie, de Lorien. Les textes étant, quant à eux, à peine retouchés, on entend véritablement la voix des personnages, ce qui rend l'immersion jouissive.
Ce groupe hétéroclite de protagonistes est (théoriquement) l'association idéale de talents pour s'aventurer dans une quête telle que parcourir un donjon. Sauf si, bien sûr, tous ses membres sont de niveau 1 et ne peuvent pas se supporter. le Ranger « au regard d'acier » est un très mauvais leader et n'a aucun sens de l'orientation ; la Magicienne – qui passe son temps le nez dans ses grimoires – soit rate ses sorts, soit touche le Nain ; l'Ogre, lui, ben… on comprend pas ce qu'il dit, à part la Magicienne (« comme quoi les Magos servent à quelque chose ! ») ; le Barbare s'exprime le plus souvent par des grognements et autres monosyllabes (ah si, il connaît le mot « Baston ») ; l'Elfe est nyctalope (ce qui est bien, pour une Elfe) et ne supporte pas le Nain ; le Nain, lui, est comme tous les autres (il est petit, quoi) et est là juste pour emmerder [sic] l'Elfe ; et le Voleur est un pleutre, à qui les tâches ingrates reviennent, parce qu'il ne sait « rien faire d'autre ». Bref, en lieu et place de véritables héros partis accomplir une noble quête, on se retrouve avec des incompétents de première, qui sont là juste pour (tenter de) gagner de l'XP(terme fréquent dans les jeux de rôle (vidéo ou autre), signifiant « points d'expérience », à gagner au combat ou en résolvant des énigmes, permettant au personnage de monter en niveau et de devenir ainsi plus puissant). Mais c'est tellement drôle.