Les éditions Ankama se sont lancé dans la réactualisation et la modernisation de la bibliographie de Stefan Wul, qui quoi qu'en disent les littéros est un figure majeure de la SF française qui a maintes fois prouvé l'efficacité de son pouvoir d'évocation, et pour cela je ne peux que les en féliciter !
Mais si j'avais beaucoup aimé le roman "La Peur géante", son adaptation en BD est bien décevante, d'abord et surtout parce que les auteurs ont voulu le transformer et l'édulcorer en blockbuster Marvel. Alors le tome 1 fait illusion parce qu'on suit d'assez près la première partie du roman, mais ensuite tout s'effondre et on tombe dans l'action movie à la "G.I. Joe" où les héros gagnent en muscles et perdent en cervelle au fil des pages… Donc on passe d'une belle relecture de "La Guerre des mondes" à un remake pas très inspiré d'"ID4"…
Après le tome 1 d'exposition et le tome 2 de transition, voici le tome 3 de conclusion intitulé "La Guerre des abysses"…
Le master plan de l'humanité, c'est de faire diversion en bombardant des créatures aquatiques avec des canons laser orbitaux, tandis qu'une unité d'élite lance une attaque surprise sur leur supposée capitale… Bravo les grands stratèges, et bravo pour le côté écologique hein ! le général en chef, sosie 3e âge du héros de "Metal Gear Solid" (lui-même sosie de Snake Plissken dans "New York 1997"), et les nombreux clins d'oeil parfois à la limite du repompage de "Pacific Rim" ne rattrape pas cette conception américano-américaine de la guerre absolument insupportable… Soupir…
Ah ça, on est loin du roman d'origine avec ses brigades internationales, qui bloquées dans une guerre de tranchées autour des usines de dessalement (les Torpèdes ne pouvant intervenir sur la terre et les humains ne pouvant intervenir sous l'eau), étaient obligées de recourir à la sale guerre en utilisant des armes biologiques transformant les Torpèdes en « forgisés »… (confère la saga de "L'Assassin Royal" de Robin Hobb)
L'épilogue ne respecte aucunement le roman d'origine, pire il est incohérent avec tout ce qui a été dit précédemment (sans parler de la fuite abracadabrantesque du héros qui met la suspension d'incrédulité à rude épreuve) !
Car pendant 3 tomes on nous montre des Torpèdes qui veulent exterminer l'humanité et des humains qui jubilent quand ils exterminent les Torpèdes (genre cette affreuse case page 7 où les troufions crient « Yeaah » et « Yeeheeee » juste derrière le général en chef, dans la lignée des allocutions anglophones qui se multiplient depuis le tome 1) qui au final s'entendent sur un partage du monde… Soupir
Graphiquement Raul Arnaiz essaie de se mettre dans les pas de Mathieu Reynès, mais si son découpage dégage un beau dynamisme les dessins sont eux très moyens et l'ensemble n'est pas absolument pas tiré vers le haut par les couleurs de plus ne plus fades de Stéphane Richard.
J'aurais me laisser prendre au jeu de la grosse Série B décomplexée, mais au final je reste sur une désagréable impression d'auteurs en mode OSEF qui se sont fait plaisir en transformant un roman SF français en comics mainsteam yankee. C'est d'autant plus triste qu'il s'agissait d'une des oeuvres de l'auteur les plus faciles à adapter et à moderniser, puisque les thèmes de colonisation et de la guerre froide y étaient mis de côté au profit d'une société postcoloniale mondialisée, cosmopolite et apaisée… (les auteurs, ainsi que certains prescripteurs d'opinions, n'ont pas compris le roman certes, mais à ce niveau-là d'incompréhension du matériel d'origine je crains qu'ils ne l'aient pas lu non plus…)
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Suite et fin de la trilogie... et vraiment un peu de déception, pour le coup, bien que je n'ai pas lu le roman original.
Le dialogue Torpède/Kou-Sien est des plus basiques: les torpèdes viennent du fond des mers et exterminent les humains parce que ceux-ci ruinent leur environnement. Pas de négociation possible.
C'est bizarre, parce que justement la civilisation humaine avait l'air de plutôt bien s'en tirer, la dimension écologico-moralisatrice (les forces de la nature punissant l'humain qui fait n'importe quoi) qui pouvait être présente n'avait été introduite à aucun moment, ça arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Et puis les torpèdes n'ont du coup vraiment rien de sympathique, qui pourrait nous faire nous questionner un peu sur le bien-fondé de leur guerre contre l'humanité. Donc on est vraiment dans le blockbuster hollywoodien hyper-binaire, c'est un peu dommage de ne pas avoir fait évoluer la perception de l'ennemi en cours de série...
Sinon le truc qu'on voit tout de suite c'est le changement de dessinateur; même si Arnaiz s'applique à avoir un style proche de Reynès, vigoureux et clair, le trait fait moins soigné, les images sont moins léchées, plus ternes; je regrette le dessin des 2 premiers tomes. le découpage est par contre toujours réussi, on est plongé ( c'est le cas de le dire!) dans l'action très vite, et le parallèle entre l'agression de Kou-Sien et l'attaque de Bruno et Pol dans les abysses est plutôt bien foutu je trouve.
La fin est à la fois surprenante, en ce sens que pour une bd qui a suivi depuis le début un scénario de style très hollywoodien, on se serait attendu à un complet happy-end; et là, pas tout à fait... Et en même temps facile à deviner, parce que logique il faut dire qu'on ne pouvait pas vraiment s'attendre à ce que Bruno sorte indemne de l'attaque puis de sa remontée brusque, en étant coincé sans vaisseau à des profondeurs pareilles... le coup de rentrer dans une vraie méduse géante et s'en tirer sain et sauf aurait vraiment été trop gros! Je ne peux pas dire que j'aie vraiment été triste, vu que je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher aux personnages.
Ah si, je tiens à souligner un joli effet de miroir de la dernière scène du tome 3, avec la première du tome 1. Et une couverture dynamique :)
Bref, jusqu'au bout, la série aura été fidèle à elle-même, c'est-à-dire très efficace, musclée, facile à lire, agréable, et en même temps relevant de stéréotypes assez primaires. Divertissant, mais poussant peu à la réflexion... Ce qui est assez regrettable, car à lire la critique d'Alfaric le roman original avait l'air bien plus riche. Au final, on a bien quelque chose, qui en partant d'un pitch identique, aboutit à un résultat un peu différent; ce qui correspondrait à mon idée d'une bonne adaptation, sauf que là, ça a l'air d'avoir perdu quand même une grande partie de son âme, et même sans connaître le matériau de base ça donne une série B tout juste honnête, qu'on referme sans forcément avoir envie de la relire ou de rester avec les personnages...
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les 2 premiers tomes m'ont beaucoup plus malgré une certaine réticence sur le style de dessin de mathieu reynes mais au final j'avais été conquis.
pour ce dernier tome je trouve la reprise du dessin par raul arnaiz bien en dessous (c'est plat, sans détails, statique).
La colorisation ne relève pas l'ensemble (nouveau coloriste), c'est trop coloré et ça manque cruellement de contraste pour donner de la profondeur au dessin.
Au niveau scénario on enchaîne des scènes d'action militaire sans réellement creuser l'ensemble.
Cette conclusion est donc fade, sans surprise et décevante.
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Le scénario reste égal : il est vrai un peu archétypal ! L’exercice d’adapter un roman issu de la période de la guerre froide relève de la gageure.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
- Pourquoi vouloir notre disparition?
- Vous ne respectez rien. Vous détruisez notre monde. Notre existence est mille fois plus ancienne que la vôtre. Vous êtes de passage comme d'autres avant vous.
- Pouvons nous négocier avec vous?
- Non je vous l'ai dit: il est trop tard. Votre règne est terminé. Et vous ne m'utiliserez plus.
Quelle que soit l’issue de la guerre qui s’engage et quel que soit le degré d’agressivité qu’ils manifestent envers nous ou que nous ressentons pour eux, il nous faudra bien négocier un jour avec les Torpèdes. Il n’y a pas d’autre issue.
Si nous ne gagnons pas, il restera de la vie sur Terre, mais elle ne sera plus humaine.
Dans le 172e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente Barcelona, âme noire, que l’on doit au scénario conjoint de Denis Lapière et Gani Jakupi ainsi qu’au dessin de Ruben Pellejero, Martín Pardo et Emmanuel Torrents et qui est édité chez Dupuis sous le label Aire libre. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :
- La sortie du premier tome sur deux de Sans Francisco 1906 un album baptisé Les trois Judith que l’on doit au scénario de Damien Marie, au dessin de Fabrice Meddour et c’est à retrouver aux éditions Grand angle
- La sortie de l’album Sang neuf que l’on doit à Jean-Christophe Chauzy et aux éditions Casterman
- La sortie de l’album Carcajou que l’on doit au scénario d’ElDiablo, au dessin de Djilian Deroche et c’est édité chez Sarbacane
- La sortie de l’album Vivre libre ou mourir que l’on doit au scénario d’Arnaud Le Gouëfflec, au dessin de Nicolas Moog et c’est publié chez Glénat dans la collection 1000 feuilles
- La sortie de l’album Oh, Lenny que l’on doit à Aurélien Maury et aux éditions Tanibis
- La réédition en intégrale du diptyque Le convoi que l’on doit à Denis Lapière au scénario, Emmanuel Torrents au dessin et c’est publié chez Dupuis dans la collection Aire libre.
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