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EAN : 9782266266260
176 pages
Pocket (17/08/2017)
4.29/5   7 notes
Résumé :
La société japonaise est résolument polymorphe. Elle est animée par une tendance qui est celle de la poussée aux extrêmes : le caractère fantastique de sa littérature et de son cinéma qui est d'une rare cruauté, l'extravagance du théâtre kabuki, les déguisements excentriques des cosplays, les comportements d'une violence inouïe de certains adolescents ou encore la " mort par excès de travail ". Mais cet extrémisme-là ne saurait nous en dissimuler bien d'autres : l'e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Anthropologue et professeur d'université, François Laplantine a étudié le Brésil avant de poser ses valises en Extreme-Orient. Il a déjà abordé le Japon en 2010 avec Tokyo, ville flottante. Dans cette ouvrage paru en 2017, il traite des extrêmes existants dans la société nipponne.

Je commencerai par les points négatifs de cet ouvrage. En premier lieu, j'y ai trouvé beaucoup de coquilles en général et de fautes d'orthographe dans la transcription en caractères romains des termes japonais (par exemple onnogata à la place de onnagata, hikikomori écrit une fois sur trois ainsi correctement ou sinon omettant le h, etc). Ça devient vite déplaisant dans la lecture. Et c'est d'autant plus gênant si le lecteur découvre la société japonaise avec ce livre. Une vraie relecture corrective aurait été bien nécessaire.
Le second bémol tient au faible volume de l'ouvrage. En effet, les chapitres, pour denses qu'ils soient, restent courts et François Laplantine survole parfois des notions ou des aspects spécifiques avec un paragraphe, voire une seule phrase. Un peu court.

Une fois cela dit, cette étude est une intéressante mise en relief des préjugés fantasmés de l'Occident sur le Japon, ainsi que du caractère diversifié de la spécialité nippone.
François Laplantine le déclare dès la première page: le Japon est le seul pays qui déclenche autant d'imaginaire fantasmatique chez nous Occidentaux. Imaginaire très ambivalent puisque s'y oppose un Japon éternel source d'une sagesse que l'Occident aurait perdu à des mégalopoles fourmilières où les habitants masquent émotions et pensées derrière une façade de réserve que certains résidents étrangers temporaires assimilent à de l'hypocrisie.
L'anthropologue tente de remettre un peu d'ordre dans ces présupposés en démontrant les extrêmes qui tendent la société de l'archipel.

Pour parvenir à son but, François Laplantine se base sur sa propre expérience en tant qu'étranger et en tant qu'anthropologue, sur les ouvrages d'autres chercheurs en sciences humaines, sur les notions et impressions véhiculées par la langue, la littérature et le cinéma japonais.
On voit ainsi que le Japon de l'ascèse zen est tout aussi présent que l'exubérance des cosplayers. Il insiste sur les définitions et les cadres de la socialité qui sont très contextuels. Ainsi dire "non" (iie) est extrêmement rare car jugé trop agressif dans la recherche de l'harmonie (wa) sociale. A la place s'instaurent de légers signes corporels ou des phrases telles que "c'est difficile" (muzukashii desu) ou encore "un peu" (chotto). L'interlocuteur socialisé dans l'archipel décode d'emblée ces non non-dits. Pour l'étranger, ce peut être déroutant.
En revenant sur le wa, désir d'harmonie, on se rend compte qu'il est à double face et que les Japonais se laissent parfois complètement aller, notamment lors des sorties entre collègues, après le travail, très alcoolisées. Ou, plus extrême, dans des situations de brimades et harcèlements (ijime - cf. sur ce sujet la série manga Life de Suenobu Keiko qui en fut elle-même victime) ou de hikikomori (des jeunes qui se renferment totalement et refusent de sortir de leur chambre - cf. La dernière métamorphose de Hirano Keiichiro qui éclaire sur cet état sous forme romanesque).

En conclusion, cet ouvrage est très utile à qui s'intéresse au Japon et à ses rapports en société. A noter que l'étude porte essentiellement sur la capitale Tokyo. Compte tenu qu'il fait moins de 200 pages et donc ne peut prétendre à l'exhaustivité, sa lecture peut se compléter utilement d'autre livres comme Les Japonais de Karyn Poupée ou ceux de Muriel Jolivet, Homo Japonicus et Japon, la crise des modèles.
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Après le Brésil, l'anthropologue François Laplantine a posé son regard et ses bagages en Asie, notamment en Chine et au Japon. « Le Japon ou le sens des extrêmes » est une sorte de synthèse de cette société duale (mais pas que ! ) qu'est celle du Pays du Soleil Levant. C'est aussi, dans une moindre mesure, un récit de ses séjours et de ses observations dans ce pays dont il nous livre quelques ressentis personnels. Laplantine dresse donc, à plusieurs thématiques, un large portrait de la société japonaise à la fois dans sa retenue et ses excès.


S'il est parfaitement structuré en plusieurs parties pertinentes, cet ouvrage est bien trop court pour comprendre toutes les subtilités de la mentalité des japonais. Dès lors, cette étude se fait surtout en surface, avec peu de développements ni de détails. Cet effet est renforcé par la multiplicité des sujets abordés et j'ai souvent regretté que l'auteur ne s'attarde pas plus sur telle ou telle problématique. du coup, pour le lecteur averti que je suis, admirateur de cette culture aussi passionnante qu'originale, j'admets ne pas avoir appris grand-chose de ce court livre. En revanche, étant un bon aperçu de cette société nippone aux multi-facettes, je conseille fortement sa lecture à toute personne désireuse de comprendre un peu plus ce lointain pays et ses habitants.


« Le Japon ou le sens des extrêmes » est donc une bonne introduction à la compréhension du Pays. Un appel au voyage et au dépaysement à petit prix.
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C'est un petit livre dont le contenu est une mine de renseignements sur les Japonais et le Japon. On y aborde l'insularité du pays et sa nature impétueuse accouchant d'un peuple original. Un peuple animé de contradictions. Les japonais vivent entre modernité et passé. Modernes : ils sont innovants. le passé : par les nombreuses fêtes et processions (liées à des divinités de la nature). Les japonais sont pondéré à l'extérieur et extravagant en privé.
L'auteur, a travers la littérature et le cinéma, nous présente un peuple parfois excessif dans son comportement, comme le suicide ritualisé de Yukio Mishima, écrivain immortel.
J'y ai aussi appris que les maisons et les temples sont détruits tous les 30 à 40 ans puis reconstruit à l'identique, que les villes n'ont pas de centre comme en occident.
Et aussi la réalité suivante : la ségrégation de certaines minorités.
Je termine ma critique par cette phrases déconcertante : "La totalité n'est jamais visible." Je pense que cela dépeint parfaitement l'âme nippone.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Alors que la société japonaise est presque unanimement réputée comme étant l'une des plus conformistes du monde, le personnage de "l'extravagant" contribue à mettre en question un stéréotype tenace. Il montre qu'il y a place pour la non-conformité. Et cette non-conformité valorisant l'accomplissement individuel, la subjectivité et la vie privée au détriment de la socialité, loin d'être rejetée par tous comme une calamité, peut au contraire être considérée comme exemplaire.
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Chaque société, dans un processus que la psychanalyse appelle le contre-transfert, impose une distorsion à la connaissance des cultures dans lesquelles nous n'avons pas été socialisés et c'est cette distorsion qui est source de malentendus. Ces dernières [sic] viennent des présupposés et des projections qui tendent à enfermer les individus, voire une culture tout entière, dans une construction homogène et uniforme.

"Prologue"
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La fascination pour la mort pouvant aller jusqu'au suicide est une tradition solidement ancrée dans la culture japonaise. Si le sacrifice collectif pour la patrie n'est plus guère d’actualité, le (suicide) est encore bien présent dans l'imaginaire contemporain. Il parcourt le roman et le cinéma et, mis en scène de manière spectaculaire, il fait toujours les délices des spectateurs de kabuki.
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Japon. Aucun pays au monde ne me paraît l'objet d'une projection aussi massive d'imaginaire. Aucun pays ne suscite à ce point des fantasmes et des images clivées qui oscillent entre le paradis et l'enfer. Le paradis : la fascination pour une japonité mystique et mystérieuse qui serait l'autre absolu de《l'Occident》. L'enfer : la construction cette fois d'un Japon-repoussoir, le cauchemar de villes fourmilières dans lesquelles les êtres humains seraient devenus des robots.

"Prologue"
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Ce qui compte le plus dans la culture japonaise est le mode et la manière et non la fin, le but à atteindre ; le processus et la présentation et non le contenu. (P.24)
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Videos de François Laplantine (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Laplantine
Entretien avec François Laplantine, professeur émérite d'ethnologie, Université Lyon 2 et Roger Somé, Professeur à l'Institut d'Ethnologie de l'Université de Strasbourg. Leçon d'Ethnologie autour du parcours de François Laplantine à l'occasion de sa venue à l'Université de Strasbourg pour la conférence "Penser l'intime aujourd'hui" le 4 octobre 2017
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