Cette adaptation du « Rapport de Brodeck » de Philippe Claudel n’est pas simple recopie. Manu Larcenet, trop fort pour créer des ambiances sordides, a un peu abusé. Résultat : on ne comprend plus rien à l’histoire. Peut-être pourra-t-on aimer cette variation, à condition d’avoir connaissance de l’histoire originale.
Reste pourtant un paradoxe : le déchaînement de ces prétentions artistiques (réussies) se targue de moralité. Nous pouvons certes nous caresser les globes oculaires, mais interdiction de rigoler. Le ton est pesant, le crime est grave, les corbeaux crissent des plumes dans la fureur du ciel. Dans trois siècles peut-être commencera-t-on à parler des crimes de la seconde guerre mondiale sans se sentir obligé de mettre son costume trois-pièces. De toute façon, ça ne changerait rien, et si on arrêtait de larmoyer en beuglant « coupable ! », on éviterait peut-être de mettre la fureur de la culpabilité dans la tête des gens qui n’y sont pour rien.
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