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4,36

sur 682 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour avoir tant aimé le roman de Philippe Claudel, je ne pouvais pas passer à côté de cette adaptation en roman graphique, conquise par la mise en format de l'album et cette simplicité élégante de la "une" cartonnée.

Première impression aux premières pages tournées: je n'ai pas retrouvé ma vision personnelle, beaucoup plus édulcorée, et les images que je m'étais créée à la lecture du livre. Le trait incroyable en noir et blanc, performance de dessinateur, impose un univers beaucoup plus sombre que mon souvenir. Tout est dans le dessin, implacable, essentiel, sans besoin de beaucoup de dialogues pour tout dire. C'est une lecture silencieuse, qui prend aux tripes.

Le roman donnait peu de pistes temporelles, l'époque et les lieux restaient flous pour le lecteur. Allemagne, Urss? Ici, tout évoque la guerre, les camps de concentration, les lynchages, les campagnes reculées, enneigées, glaciales, les êtres frustres , la violence, la lâcheté et la déshumanisation.

"Noir, c'est noir!" Tout est exprimé, dessiné. Les maisons enfumées et sans lumière, la "gueule" des hommes, dure, hostile, les forêts sombres, les oiseaux de malheur, les silhouettes entre les arbres, les pas dans la neige. Même le blizzard prend forme dans une forêt de bouleaux.

Impressionnant! A lire en choisissant bien son moment, pour ne pas s'engluer dans la morosité.
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Ah, on m'en parle de Manu Larcenet ! Les fameux « le Retour à la terre », « le Combat ordinaire » et autres « Blast » sont autant d'albums dont on me rebat les oreilles à ne plus savoir qu'en dire.

Pour une fois, Manu Larcenet tente l'aventure de l'adaptation, celle du roman de Philippe Claudel de 2007, le Rapport de Brodeck, paru chez Stock, notamment récompensé par le prix Goncourt des Lycéens. Nous suivons Brodeck, marqué par son expérience d'un camp de rétention (qui semble tenir du camp de concentration) qui, une fois revenu dans son village reculé, arrive par hasard à la taverne de Schloss au moment où tous les autres villageois viennent de tuer l'Anderer, « l'Autre ». Cette exécution, cette Ereigniës, va marquer les habitants soit par la culpabilité résiliente, soit par la lâcheté des consciences lourdes. Or, les notables du village chargent Brodeck de faire un rapport qui expliquera leur geste, en les dédouanant en fait. Très vite, Brodeck va rédiger ce rapport en collectant les informations, tout en se gardant un carnet secret où il notera ses vraies pensées sur ses concitoyens.
Le pitch semble simple, pourtant il est difficile de se mettre dedans avec le peu d'informations que l'auteur nous sert : Brodeck est marqué à vie par son expérience des camps, mais nous n'en savons que peu pour l'instant (on se doute que ce sont ceux de la Deuxième Guerre mondiale, mais les soldats pourraient tout aussi bien faire penser aux Poilus de la Première), d'autant plus que sa femme, Emélia, semble avoir perdu la raison (sans raison, pour l'instant), alors que sa fille semble toute heureuse ; je ne sais pas pourquoi cela m'a gêné, car j'adore ce type de mystères où les tenants et les aboutissants ne sont dévoilés qu'en temps utile, mais là j'avoue que le temps utile est arrivé plus vite que ne sont venues les précisions sur ce qui se passe, ou plutôt s'est passé. En effet, on alterne astucieusement entre le récit présent et des retours en arrière sur son internement, sur la guerre qui vient de se terminer, sur la vie du village quand l'Anderer est arrivé, même si pour l'instant ce personnage vole au-dessus du récit sans jamais vraiment atterrir.
En revanche, l'élément parfait de cette première partie du diptyque, c'est évidemment le dessin de Manu Larcenet : c'est juste magnifique ! Tout en noir en blanc, les planches s'enchaînent de belle façon en alternant décors enneigés et sombres recoins ; les jeux d'ombre sont primordiaux dans ces cas-là et l'auteur s'en sert à merveille, d'autant plus qu'il distille dans les dialogues (n'ayant pas lu le roman de départ, je ne peux pas comparer les deux versions) quelques réflexions intéressantes sur l'intérêt de raconter ou d'effacer, de se souvenir ou d'oublier, ce qui nous prépare pour la suite et l'intérêt qu'il veut donner à son ouvrage.

Un très beau roman graphique que cet « Autre » ! Même si une majeure partie des enjeux du récit est floue, la qualité du dessin emporte le lecteur dans d'épaisses ténèbres au fin fond de ces montagnes reculées.

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Intriguée autant par le récit de Philippe Claudel que son adaptation en bande dessinée par Manu Larcenet, j'ai fini par me laisser tenter par cet étrange récit, où plusieurs récits sont imbriqués avec l'ambiance d'un roman noir.
On a bien sûr le narrateur de l'histoire, puis le rapport que des villageois demandent au malheureux Brodeck de rédiger afin de laver leur conscience d'un meurtre gratuit, puis le carnet tenu par Brodeck qui est l'occasion pour lui de faire une confessions sur ce qui s'est réellement passé dans ce petit village de montagne.
Quand on y rajoute le coup de crayon de Manu Larcenet... le résultat est oppressant au possible ! Pourtant, le dessinateur laisse une place importante aux séquences muettes, notamment dans la montagne. Et paradoxalement elles ne font que renforcer le malaise qui règne dans ce village arriéré où les étrangers, ceux qui ne sont pas du coin et pas aussi vils et miséreux que ces gens ne sont pas les bienvenus et jugés coupables de leur différence.
On trouve aussi beaucoup de gros plans ou de plans rapprochés dans lesquels il est clair que l'essentiel du drame se joue dans les non-dits.

C'est donc une fable dramatique, très pesante qu'on peut lire dans ce premier tome qu'il est impossible de lâcher avant la fin ! Une fable où la méfiance exacerbée et la diabolisation de l'Autre font ressortir les peurs et les instincts les plus bas qui existent chez les hommes. Il semblerait d'ailleurs que la conscience ne sert qu'à peu d'entre eux, et ceux qui en sont pourvus finissent en martyrs tragiques de l'indifférence.
Le motif de cette barbarie est d'ailleurs très présent dans le récit, que ce soit chez les humains, les animaux ou dans les scènes de chasse. Mais de tous ceux-là qui est le pire... Difficile à dire.

C'est affreusement glaçant mais la fin de ce tome nous pousse à la lecture du second tome pour savoir ce qui s'est réellement passé et jusqu'où l'horreur post-Seconde guerre mondiale est allée !
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J'ai lu "Le rapport de Brodeck" de Philippe Claudel il y a déjà un bout de temps et j'avais envie de découvrir l'adaption en BD. J'ai d'abord été attiré par l'objet livre et j'ai été conquise par le graphisme en noir et blanc de Manu Larcenet. Je n'avais pas été emballé plus que ça par le roman à l'époque et redécouvrir l'histoire en image donne au récit un intérêt différent. On y retrouve la noirceur des personnages et l'ambiance lugubre des non dits que l'on pouvait retrouver dans les petits villages d'après guerre.
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BD en 2 tomes. Roman de Philippe Claudel qui m'a touchée. Manu Larcenet, cette fois, nous emmène loin de ce qu'il nous a habitué : humour, tendresse, etc. Ici tout est sombre, les dessins en noir et blanc sur fond de neige, le coeur des habitants, l'ombre de la guerre qui est passée par là. Une histoire sur la bêtise humaine où comment un étranger qui débarque dans un village fait peur à ce point parce qu'il les dessine ? du grand Larcenet au sommet de son art.
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Brodeck habite à l'écart d'une petit communauté où tout le monde se connait. Lui il fait des rapports sur la forêt, les rivières, les animaux... Mais un soir on va lui demander un rapport beaucoup moins bucolique. Un homme a été tué dans la seule auberge du village, et c'est à lui, le seul qui n'est pas participé, de relater les faits qui sont survenu ce soir là.

L'histoire commence assez bizarrement, on a du mal à plonger ou a comprendre vraiment ce qu'il se passe. Puis petit à petit les indices se mettent en place. Brodeck est marqué par ses années en camps de concentration, on devine donc que les faits se passent juste après la deuxième guerre mondiale. Probablement en Alsace où dans le coin vu les termes de patois. Mais rien n'est sur.
Brodeck, en faisant son rapport, va donc nous confier des instants de vie. A lui, aux habitants de ce petit village, du camp de concentration, et bien sur de l'anderer. L'étranger, l'autre. celui qui a été tué...
Le ton est sombre, l'ambiance tendue. La tension transpire du récit, du texte mais surtout des dessins. Des yeux de ces personnages effrayés ou en colère, semblant prédire le pire à celui qui les regarde.

J'avoue avoir mis du temps à ouvrir cette BD. Il aura fallu de très nombreuses critiques positives, un prix landerneau et un challenge BD sur le thème de Manu Larcenet, pour me pousser à commencer cette lecture. Je le regrette pas bien sur, mais j'ai compris mes réticences face à cette sombre histoire qui glace un peu les os.
L'objet livre est pourtant très beau. Une belle couverture dans un format originale. Et surtout la surprise de ses dessins. Bien sur de Manu Larcenet on connait le retour à la terre ou le combat ordinaire. Mais là on en est loin, trèèèès loin. Dessin noir et blanc hyper réaliste est très fouillé, très pointu, très noir. Les paysages et la faune y est particulièrement bien reproduite. On reconnait les espèces au premier coup d'oeil, du vrai dessin animalier. J'avoue aussi que l'auteur à faire une mise en page qui permet de relever les émotions et la tension de l'histoire.
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On prend un grand romancier, Claudel, un dessinateur chevronné, Larcenet, une histoire à vous nouer les tripes en mode noeud d'échafaud, on oublie toute lumière, tout espoir, toute miséricorde (sauf celle pour se pendre), et on chemine douloureusement pendant des dizaines de planches, des planches aussi raboteuses qu'un tronc de résineux, aussi fatidiques que celles d'un cercueil, aussi peu séduisantes que celle où s'engage un mutin qu'on jette à la mer. Nul combat ordinaire dans cet univers noir et cruel, nul apitoiement inutile sur des êtres privés de leur humanité.
Comme dans Les âmes grises, l'innocence ne protège ni des coups du sort, ni de la mort. Les faibles se font broyer, par le destin ou par leurs semblables. Celle qui domine ces âmes égarées, c'est la peur, la trouille, la frousse, la terreur qui pousse devant elle un troupeau de loups prêts à se déchirer sans pitié.
Une vision de l'humanité qui laisse peu de place au salut de l'individu. La meute humaine suit ses instincts, l'Homme révolté de Camus s'y fraye difficilement un chemin.
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Il fallait une identité graphique marquante pour cheminer à travers ce récit avec la même profondeur tourmentée que celle habitant la langue déployée par Philippe Claudel dans son roman « le rapport de Brodeck », qui reçut le prix Goncourt des lycéens en 2007. La présente adaptation éponyme, composée de deux tomes, parvient à restituer l'ambiance et les personnages du roman avec une acuité pénétrante. Noir et blanc. Pas même de gris. Noir et blanc suffisent à croquer les paysages envahis de brume et de neige, les poussières flottant dans l'air, les vapeurs au bord des lèvres, ou les gueules des villageois saccagées par des années de guerre et une animosité atavique.

Brodeck, rescapé des camps et de l'horreur, vit désormais avec son épouse devenue muette, leur petite Poupchette, et la vieille femme qui l'a recueilli alors qu'il était encore enfant. C'est un petit fonctionnaire appliqué et consciencieux qui rédige des notices sur l'état des forêts, des chemins et des rivières. Un soir, tous les hommes du village réunis à l'auberge Schloss lui demandent d'écrire un rapport sur le crime qu'ils viennent de commettre collectivement, afin que ceux qui liront ce rapport comprennent et pardonnent…

On retrouve tous les personnages clefs du roman aux noms tellement évocateurs. Orschwir et Göbbler tels des ombres comminatoires, le mystérieux Anderer, étranger placide et contemplatif qui a pour seul tort de renvoyer aux villageois abrupts le reflet de leurs âmes méprisables. le rendu volatile de ce personnage tranche d'ailleurs remarquablement avec les gueules marmoréennes des villageois. La manière de représenter l'armée envahisseuse dans les retours en arrière est intéressante quoique discutable car elle déshumanise ces occupants et jusqu'à leurs chiens en les rendant tous semblables à des créatures monstrueuses. Peut-être pour nous laisser comprendre que la véritable monstruosité se cache souvent là où on ne la voit pas…

L'atmosphère dérangeante du roman est palpable, l'humanité affligée de Brodeck affleure dans chacun de ses monologues intérieurs, et l'inventivité langagière de Claudel reste perceptible.
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Une série qui ne m'aura pas attiré mais qui a été recommandée.
Rien qu'en feuilletant les pages les pages on sent la froideur de l'ambiance, de la vie et des relations humaines. Grâce aux dessins en noir et blanc sans nuance. Dessins très efficaces donc. Les paysages et la nature sont aussi très bien rendus. Les personnages un peu moins. On a du mal à les reconnaitre. Mais c'est certainement un peu voulu par l'auteur vu certaines représentations. Qu'on puisse s'identifier plus facilement, transposer à qui on veut.
C'est de même pour l'histoire. On comprends très clairement que l'auteur parle de la seconde guerre mondiale, des camps de concentration et des séquelles mais sans jamais les nommer. C'est un peu étrange car il y a beaucoup de non dit. Ca n'a pas été facile pour moi pour plonger dans cet univers et dans l'histoire. Mais on est vite rattraper par le ton de pudeur et la certaine poésie des mots.
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Le Rapport de Brodek est dès le premier contact un bel objet. Certes, ça ne suffit pas en soi, mais ça n'est pas rien non plus : tout le monde apprécie d'avoir un bel objet entre les mains. Mais c'est encore mieux quand on l'ouvre. Chaque case, chaque planche est en soi une oeuvre complète. C'est sombre, pesant et taiseux. Et malgré cette absence de bavardage, le récit est parfaitement clair, même quand on ne connaît pas le roman, ce qui est mon cas.
Il est loin, le Larcenet de Fluide Glacial ! Ses planches de l'époque n'étaient pas mauvaises, loin de là, mais depuis, il est devenu un artiste accompli, puissant et sans concession. Et c'est tant mieux pour nous.
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