Cette grande journaliste a été sur tous les fronts chauds de la planète, de la fin du XXème siècle au début du XXIème.
Elle nous livre ici son témoignage sincère, ne faisant pas l'impasse sur ses moments de doute et ses erreurs et ne cache pas non plus les négociations parfois difficiles avec sa direction.
Quelques photos agrémentent ce récit dans lequel le témoignage des iniquités subies par d'autres compte plus que tout, au mépris même de sa propre survie, et avant sa vie conjugale et familiale.
Un souvenir d'enfance, de l'autre côté de la Méditerranée, est, d'après l'autrice, l'élément déclencheur de cette vocation.
Je me souviens bien de cette reporter et j'ai été subjuguée par cette histoire.
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Une femme au front raconte la carrière de Reporter de guerre de Martine Laroche-Joubert, ses missions en zones de conflit. Ce livre raconte l'envers du décor, les balles qui sifflent, le courage des gens sous les bombes, le besoin des reporters de raconter ces vies, d'en rendre compte au monde. Je suis née en 1980, ce livre m'a énormément parlé, il raconte toutes les guerres que j'ai connues depuis que je suis en âge de comprendre ce qui se joue au Journal Télévisé. Et de suivre tous ces récits de missions fait prendre conscience qu'il y en a eu un certain nombre. le Liban, l'Irak, l'appartheid en Afrique du Sud, la Bosnie, l'éclatement de l'ex-URSS, la Syrie, l'Afghanistan ... Ce qui est frappant dans le récit de Martine Laroche-Joubert, c'est son honnêteté intellectuelle, sa lucidité sur ses choix, pas toujours flatteurs vis à vis de la morale (je pense par exemple au fait de laisser ses enfants pour aller risquer sa vie au bout du monde, et d'y aller avec une certaine joie et un sentiment d'être au coeur de l'Histoire, quite à délaisser son histoire personnelle) mais qu'elle n'enjolive ni ne minimise à aucun moment. C'est vraiment la force de ce livre. Martine Laroche-Joubert ne cherche pas à se mettre en valeur, elle raconte objectivement le quotidien d'un journaliste de guerre, les situations vécues, souvent dangereuses, parfois terribles, elle raconte ses compagnons d'arme (ou plutôt d'info et d'humanitaire), dont beaucoup sont disparus, parfois de façon obscure, et dont elle nous parle, pour ne pas qu'ils tombent dans l'oubli. Un livre très fort.
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"Toutefois, même si par tempérament je me projette sans arrêt dans l'action, cette disposition personnelle est arrimée à une conviction profonde : il est toujours profitable au monde qu'on le questionne et qu'on l'explore. Quitte à le montrer sous son pire visage. C'est cela aussi, cela surtout, être grand reporter : devenir le meilleur messager possible des petits et des grands bouleversements du monde- et libre aux uns ou aux autres d'en tirer leurs propres enseignements. "
Un témoignage prenant par une professionnelle passionnée. L'écriture est sobre, factuelle et pourtant personnelle malgré la pudeur.
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Journaliste : un mot, un titre neutre, ni masculin ni féminin ! Mais c'est aussi révélateur : pas une seule fois, sur le terrain, dans des moments exaltants, stressants, voire tragiques, j'ai l'impression que mon regard diffère de celui d'un homme. Ce qui change, en revanche, c'est la manière dont les femmes reporters sont vues.
C'est une force, un atout, pour pénétrer certains milieux - quand il s'agit, par exemple, de recueillir la parole d'une femme voilée ou d'une esclave sexuelle : malgré leurs peurs, malgré leurs réticences à parler, elles le feront plus facilement face à nous. Autrement dit, être une femme nous permet de passer de l'autre côté du miroir, dans des univers cachés, secrets, et même, paradoxalement, d'approcher les milieux qui leur sont les plus hostiles. Je pense bien sûr aux islamistes radicaux, ceux rencontrés au Pakistan ou ailleurs.
Car même eux n'arrivent jamais à se persuader qu'une femme pourrait leur faire du mal... C'est une faille, et une faille où j'ai toujours su me glisser sans trop de difficultés.
Cela paraîtra anodin peut-être, mais prendre soin de soi et se renvoyer une image aussi peu négligée que possible ramènent à quelque chose de rassurant, de réconfortant, voire de civilisé. Ce n’est jamais sans effet sur une certaine disponibilité physique et morale.