Ouvrage fort intéressant sur les forces de défense de l'État d'Israël, au travers du lien très prégnant existant entre l'armée et la nation israélienne
Il situe vers la fin de 1968. De fait, certaines terminologies sont un peu désuètes. Les mots fusées sont notamment employés pour évoquer les missiles...
Mais l'ensemble de l'ouvrage restitue bien les faits dans le contexte géopolitique de l'époque.
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Les Israéliens en temps de paix adorent l'intrigue, la politique auxquelles ils appliquent toutes les subtilités du Talmud. Ils s'entre-déchirent sans pitié avec une diabolique délectation. Mais les pays arabes voisins veillent sur eux. Ils sont sans le vouloir les Anges Gardiens d'Israël. Les voici menaçants et hurlant "Égorge, Égorge" aussitôt se recrée en face d'eux cette solidarité profonde de gens voués à un même destin impitoyable.
Cette union se fait toujours autour de l'armée jalousement gardée à l'écart de la politique. Alors ce n'est plus seulement une armée. Elle devient soudain la nation tout entière, Israël débarrassé de ses malfaçons et de ses faiblesses.
L'armée israélienne n'a aucun règlement, on s'y débrouille au jour le jour avec les problèmes qui se posent. Elle ne suit les théories d'aucune école de guerre, française, anglaise ou américaine. Elle n'est ni pour Clausewitz ni pour Guderian. Mais prend tout ce qui lui semble bon. Elle gagne toutes les guerres parce qu'elle ne peut en perdre aucune, avec du matériel périmé ayant vingt ans de plus que celui de l'adversaire, ce qui prouve que l'homme, même dans la guerre est supérieur à la machine.
Mais les Juifs d'Israël s'émerveillent encore plus d'avoir une armée à eux, avec des chars, des avions, des caporaux et des généraux, une armée qui sait se battre, qui est préparée essentiellement pour un certain type de guerre, la fait mieux que toutes les autres. Elle est le bouclier de David et les Murailles d'Israël, le creuset dans lequel a été fondue à partir d'éléments disparates une véritable nation. Elle est Israël car sans elle Israël aurait depuis longtemps cessé d'exister.
Sur la tête du général Sharon, le béret rouge des parachutistes français, de ce rouge grenat différent de celui des paras israéliens. Un officier français qui l'avait accompagné dans le Sinaï le lui donna pour le remercier de s'être si bien battu et d'avoir honoré ainsi tous les parachutistes à quelque nation qu'ils appartiennent.
C'est un parachutiste nommé Zamouche qui arrive le premier devant le Mur des Lamentations et plante sur son faîte un drapeau qu'il a ramené de son kibboutz.
[...]
Les parachutistes d'Israël viennent après deux jours de combat d'écrire la plus belle page de la guerre et de l'histoire du peuple juif.
Jean Lartéguy, écrivain, soldat, patriote | Cercle Richelieu