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4,09

sur 1991 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Merci Pour cette Masse critique privilégiée, Babelio et Gallimard, je ne savais pas à quoi m'attendre, si ce n'est que j'aime bien l'auteure, son style.

Fille.
F.
F comme Féminin
F comme Femme,
F comme Femelle,
F comme Fente, on n'est pas si loin de Fiente. C'est peut-être ce que certains pensaient dans les années 60, quand Laurence est née.

Le F qui fait mâle,
Le F qui oscille entre Faiblesse et Force.
Le F qui Foudroie de sa Flèche, parce que naître Fille, c'est n'être moins que rien, moins que lui, encore parfois aujourd'hui, dans certains pays, et même ici.

C'est une Fille, et pour ça, on la pense Facile.
On peut lui Farfouiller l'intimité, Forniquer, Forcer, tout Foutre dedans, et s'en Foutre.

C'est une Fille, quelle est sa Faute ? Être né Garçon, c'était juste une lettre après, dans l'alphabet. C'est bête, mais c'est ainsi.

Laurence va composer avec cette absence d'attributs, toute sa vie, se construire, se chercher, se trouver, transmettre à son tour. Nous allons vivre sa vie.

L'intrigue ne m'a pas semblé assez solide, mais j'ai beaucoup aimé le style, et le sujet, bien sûr, de l'identité et de la transmission, consciente ou non.

F comme Fin.

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Ouvrage reçu lors d'une Masse Critique Privilège, je tiens tout d'abord à remercier babelio ainsi que les éditions Gallimard pour l'envoi de cet ouvrage car, sans ceux, je ne l'aurais probablement jamais découvert et cela aurait été bien dommage ! Cependant, petite réserve au départ car jusqu'à la toute dernière page, je n'ai pas réellement su si j'allais aimer cette lecture ou pas et puis, finalement de fil en aiguille, j'ai bien vu que ma lecture progressait -pas à pas certes mais que plus j'avançais dance cette dernière (découverte à la fois de l'ouvrage mais aussi de l'auteure) et de plus en plus, je me laissais griser par ce que j'étais en train de lire.

Camille Laurens, prénom et nom à la fois féminin et masculin...et bien voilà un sujet de roman tout trouvé ! cella de l'appartenance à tel ou tel monde (homme ou femme ? Fille ou garçon ?). Laurence, notre héroïne, est une fille, vous l'aurez compris, mais pour ses parents, c'est "encore" une fille". Elle suit la naissance, à quelques années près, de sa soeur Claude (encore un prénom ambivalent). Notre héroïne narratrice n'aura de cesse de se battre pour exister pleinement en tant que personne à part entière, et non pas seulement comme la fille de, la soeur de et plus tard encore l'épouse de. L'on suit ici son enfance, son adolescence puis son passage à son tout au statut de mère, celle d'une fille après qu'elle a perdu dès l'accouchement, son premier né, un garçon, et dont elle ne fera jamais réellement le deuil (d'ailleurs, peut-il en être autrement pour une mère ?).
Sa propre fille, Alice, elle s'est toujours senti dans la peau d'un garçon et ce, depuis sa plus tendre enfance mais pour quelle raison ? Laurence l'ignore...est-ce inconscient de la part de cette dernière, comme si elle voulait combler le vide de l'enfant mâle disparu prématurément ?

L'auteure aborde ici des sujets extrêmement sensibles (eh oui, même de nos jours), mais sur un ton léger et très agréable à lire ! Mêlant humour, roman et sujet de société, voilà un beau panache qui résume à merveille cet ouvrage que je ne peux que fortement vous recommander même si j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans en raison de certains passages trop sensibles à mon goût mais je vous laisse les découvrir par vous-même car cela est probablement dû à ma sensiblerie (diront certains mais je le reconnais moi-même, donc il n'y a pas de soucis) de femme trop à fleur de peau dès que l'on traite de tels sujets.
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Histoires de filles au début des années soixante, de petites- filles, de femmes, de relations familiales, de sexualité.
Laurence est née fille dans une famille où on cache les histoires de mains baladeuses surtout si c'est l'oncle le cochon. Une famille où le père médecin, est un patriarche, un grossier personnage qui ne connaît rien à l'enfant ni à la femme et leur colle des étiquettes. Une famille où la mère est une Bécassine, sans bouche.

Qui se cache derrière l'étiquette fille, rose bonbon. Qui est Laurence ? "L'eau rance" ? Identique à sa mère, sa grand-mère, sa soeur Claude ?

J'ai détesté le père qui pense avec son sexe, l'oncle abject, le gynécologue crétin, incompétent, stupide. J'ai trouvé l'histoire bien écrite, avec des mots d'une justesse incroyable, des mots intimes pas toujours faciles à entendre.

La troisième partie tombe tellement vraie qu'elle percute. Une chape de détresse mais aussi une onde de révolte, d'écoeurement m'ont submergée.
C'était trop. Je ne sais pas si ce récit est une autofiction. En tout cas il restera tapi dans un coin de ma tête, pas trop envie qu'il m'envahisse. C'est comme une connaissance inconsciente venue de loin, transmise de mère en fille, un rappel. On se dit qu'on a bien fait de naître un peu plus tard dans un pays où la femme est quelqu'un. Quelqu'une comme un homme, et en même temps unique comme chaque être humain. On se dit que les "Alice" font et feront des merveilles et que les "Tristan" ont des ailes d'anges.

Je remercie Babelio et les Éditions Gallimard pour ce roman de Camille Laurens.
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Trois temps. Trois temps de la vie d'une fille, d'une jeune fille, d'une femme.

Laurence Baraqué nait dans une famille à Rouen, en 1959, une famille bourgeoise protestante traditionnelle, dans laquelle une grande soeur est déjà présente, mais sans garçon – un drame pour le père.
« C'est une fille ». La phrase revient comme un leitmotiv, et la phrase s'adresse à un « tu » qui nous fait sentir tout de suite de quoi on parle.
« On te pose sur le ventre de ta mère, coucou, fait ton père au vu de la vulve indéniable. Tu vagis. Machinal, il se fend d'un sourire puis recule. Tu ne couines pas, tu brailles, tu t'époumones, quel coffre, pour le coupe, à l'oreille on ne ferait pas la différence ».

Etre une fille dans les années 60, c'est se conformer à une façon de vivre en vigueur en province : on respecte le père, on s'exprime peu, on va à l'école de filles, et on fait attention à ne pas tomber enceinte.
Et puis il y a cet oncle et cette scène que je ne décrirai pas ici – « à l'époque on ne parle de viol » dit Camille Laurens dans une interview au Magazine LIRE, « mais de tripotage, de pelotage, on minimise en disant que ce n'est pas bien méchant ». Et pourtant n'est-ce pas un traumatisme, pour cette adolescente qui se construit ?

Et puis Laurence va grandir, devenir mère à son tour dans les années 1990.
Mais rien ne va se passer comme ça devrait, et le récit de l'accouchement désastreux est un vrai morceau de choix. Je garde en mémoire, bien après avoir refermé ces pages, le souvenir de cette mère, qui vient de perdre son fils, à qui personne ne s'adresse : on console le mari qui pleure, on rassure l'horrible médecin accoucheur qui a cumulé les erreurs, mais elle, on ne lui dit rien. Pas de prise en charge psychologique, pas de mère consolante. Rien.
Rien que ce médecin accoucheur qui va coudre « le point du mari », oubliant même de vérifier l'essentiel : si le placenta a bien été expulsé. Laurence aurait pu y passer.

Dans la troisième partie du récit, Laurence Baraqué a enfin un enfant – une fille, bien sûr. Elle s'appelle Alice, et elle grandit dans un contexte de couple divorcé, puisque très vite Laurence comprend que son mari n'est pas l'homme qui pourra l'épanouir complètement.
Mais c'est cette fille qui redonne espoir au récit : elle est vive, têtue, préfère s'appeler « Monsieur Bricolage » que Alice, se faire offrir des costumes de cow-boy, et accentue son caractère pendant l'adolescence. Une belle consolation pour sa mère, qu'on surprendra tout de même en pleine expression de culpabilité à la fin – mais on n'en dira pas plus, pour ne pas gâcher le plaisir des futurs lecteurs.

Camille Laurens explore donc le thème du féminisme à travers la vie d'une femme, une histoire banale, mais qui la rend universelle. L'autrice explique avoir voulu faire « une sort d'état des lieux de la question sur une soixantaine d'années » - sujet qui a ressurgi massivement lors de l'émergence du mouvement MeToo.

Et puis il y a surtout l'écriture. Avec une attention toute particulière au vocabulaire et au choix des mots, c'est une écriture pleine de finesse qui rend le récit très harmonieux. Même les scènes les plus douloureuses sont contrebalancées par des respirations où l'autrice s'interroge sur le langage, comme ce terme de « Garce » qui était au départ l'antonyme de « Garçon » et qui est devenu bien péjoratif. « J'ai la passion du dictionnaire, des différents sens de la langue, des couches de langage, cette espèce de sédimentation au fil des siècles, et puis selon les milieux sociaux, les générations » dit encore l'autrice.

On songe aussi à Annie Ernaux, et son roman « les Années », que j'avais chroniqué en 2011.

Avec ce très beau portrait d'une femme à cheval sur le 20ème et le 21ème siècle, ce récit est aussi un roman d'apprentissage, mais à l'envers, puisqu'au final c'est sa fille Alice qui va éveiller sa mère à toutes ses questions de féminisme.

Pour conclure Camille Laurens boucle la boucle après la phrase initiale, où l'on comprenait la déception à la naissance d'une fille, pour finir sur cette phrase qu'on retiendra : « Tu as raison, ma chérie, ai-je dit, c'est merveilleux, une fille. »
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La narratrice s'appelle Laurence Baraqués, elle est née à Rouen à la fin des années 50, d'un père médecin et d'une mère au foyer. le choix du roi : avoir un garçon et une fille. « C'est une fille », c'est ainsi que Laurence est accueillie le jour de sa naissance, une nouvelle décevante, on espérait tant un garçon, il y a déjà Claude la soeur aînée. Ce n'est pas que le père soit malheureux, mais bon, il manque quelque chose à son bonheur, voilà tout.
Surnommée Gras-du-bide par son père, Laurence va nous raconter son enfance, son adolescence, sa vie de femme et de mère.

Les premières années d'école, la découverte que les garçons ont entre les jambes un bout de tuyau d'arrosage qui leur permet de faire pipi debout. Il y a du petit Nicolas dans la première partie de ce roman, mais un petit Nicolas en jupe. C'est frais, tendre et drôle.
La main du tonton qui déboutonne son short et passe sous sa culotte. Ce n'est que du tripotage, les hommes, c'est des pulsions on n'y peut rien. Il leur faut la bagatelle. le linge sale se lave en famille. Motus et bouche cousue.
Elle lit « Salut les copains », écoute des 45 tours sur le Teppaz de sa copine, en s'enfilant des fraises Tagada, participe à des boums garage, découvre le plaisir et le désir. Savoir comment séduire les garçons.

Le deuil d'un enfant mort, devenir la mère d'Alice, un garçon manqué, son objectif en faire une fille réussie.
Ce roman est un moment de lecture très agréable, une réflexion subtile sur le statut des filles par rapport aux garçons, un roman féministe, mais qui nous interroge utilement sur les préjugés, les inégalités dues au langage, sur les violences silencieuses et insidieuses, « Les femmes ont peur tout le temps, à toutes les époques, une femme menacée c'est un pléonasme. »

L'écriture de Camille Laurens qui est légère et remplie d'humour sait se faire grave et émouvante pour nous raconter la difficulté de naître fille, de se construire, de devenir une femme, une mère. La dernière phrase du livre résume tout :

« Tu as raison, ma chérie, ai-je dit, c'est merveilleux une fille. »


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Un roman d'une belle acuité sur la construction de la féminité, les stéréotypes de genre très ancrés que la société véhicule y compris dans l'usage de sa langue. Être une femme, est-ce se définir en creux, être en quelque sorte socialement inféodée ? Beaucoup de lièvres sont levés...mais les lièvres ont par essence la patte agile et tous ces schémas de pensée continuent en 2022 de diffuser. Il y a toutefois de belles avancées dans le rapport homme-femme. J'ai aimé que ce roman, très cristallisé sur la question d'identité sexuelle, parfois de manière un peu victimaire, aborde également des sujets intimes et plus euphorisants comme la découverte du plaisir solitaire ou le cheminement du désir.
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Un roman féministe teinté d'humour et d'ironie qui m'a franchement bien plu.
Au vu de certains avis réservés, j'ai bien failli reporter cette lecture. Cela aurait été bien dommage. Car au-delà du sujet principal de ce livre, la défense de la cause des filles et des femmes, qui m'intéresse et me fait encore, toujours grimacer, je serais passée à côté d'une plume remarquable et d'une exceptionnelle maîtrise. Camille Laurens joue avec les mots et c'est souvent avec le sourire aux lèvres et admirative que j'ai lu ce livre, relisant certains passages, comme ceux des premières pages - une entrée en matière géniale et déroutante à la fois -, et également le récit du deuxième accouchement qui m'a émue aux larmes.
J'ai aimé le rythme de cette lecture, les changements de tons à l'image des tumultes de la vie. L'intimité d'une vie qui happe, fait réfléchir, des instants de foudre racontés avec fougue et qui saisissent. Une invitation au respect aussi.
Il y a le sujet bien entendu, plusieurs sujets en réalité : la souffrance des filles, femmes, l'adolescence, la sexualité, le mensonge, le deuil, la condition des filles, des femmes dans notre société ... ; les propos de l'auteure sont très tranchés; le titre déjà FILLE qui parle de lui-même. Camille Laurens fait une belle démonstration de ce que cela représentait de naître fille dans les années 50 : un fardeau, une tare pour le père de famille essentiellement finalement, et son cheminement est intéressant. J'ai apprécié aussi que l'auteure ne tombe pas dans la victimisation au féminin, d'une manière générale, même si certains passages peuvent l'infirmer.
« [...] c'est la leçon de choses dont tu aies jamais eu à subir le scénario, celui-là tu n'aurais pas pu l'imaginer. Mais la perte de chance remonte à bien plus loin, c'est une très vieille histoire, qu'on pourrait croire à tort écrite pour ailleurs ou pour autrefois. La perte de chance, ici et maintenant, c'est d'être quelqu'un qui ne choisit pas, qu'on manipule, le jouet d'un mensonge, l'objet d'une machination, l'enjeu d'un accord tacite, une personne dont le sort, la vie, le malheur et la joie se décident à côté d'elle, en dehors d'elle, malgré elle, chez les parents, les maîtres et les hommes. La perte de chance, tu vois, c'est d'être une fille. »
En tant que Fille, Femme, Mère ... il fallait rester à sa place. L'auteure nous fait prendre conscience du chemin qui a été parcouru depuis le milieu du siècle dernier : aujourd'hui, les femmes peuvent ouvrir un compte en banque par exemple, elles ont droit de travailler sans demander l'autorisation à leur mari...Pourtant, des combats sont encore à mener pour que la parité soit acquise. Et cela n'est pas anodin si le thème de la libération de la femme occupe encore une large place dans les écrits de cette rentrée littéraire.
« La différence, maman, entre les hommes et les femmes, tu vois, c'est que les hommes ont peur pour leur honneur, tandis que les femmes, c'est pour leur vie. le ridicule ne tue pas, la violence, si. »
Un itinéraire singulier particulier qui peut parler à beaucoup. Quelques généralités peut-être un peu faciles, mais dans l'ensemble une très belle lecture qui fait résonance avec celle que je viens de terminer "Le silence d'Isra" de Etaf Rum, un primo roman : trois portraits de femmes victimes de la tradition. Un livre plébiscité sur les réseaux, qui m'a également touchée.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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« C'est une fille », pas sûr que ces trois mots aient fait le bonheur de tous les parents à la fin des années 50.
Lorsque Laurence vient au monde en 1959, ses parents, son père surtout, espéraient un garçon. Il a donc fallu aviser, trouver un prénom dans l'urgence.
Le père a pensé à un film vu récemment « le prince et la danseuse » avec Marilyn et Laurence Olivier : « Marilyn, pas possible, et si elle était moche, privée des atouts féminins pouvant tenir dans la main d''un honnête homme », alors ce sera Laurence.
Laurence grandit dans une famille bourgeoise de Rouen, père médecin, mère au foyer. La fillette comprend rapidement que les filles ne peuvent prétendre à la même place que les garçons dans la société. A l'école, à la bibliothèque ou au cours de danse, ils ont toujours le premier rôle.
A la maison, le père règne en maître, personnage odieux avec son épouse, il n'attire pas la sympathie, c'est le moins que l'on puisse dire. Il donne les ordres et entend être obéi.
A un agent recenseur qui lui demande s'il a des enfants, il répond : « Non, j'ai deux filles. »

J'ai aimé ce roman, même, si sensiblement du même âge que l'héroïne, je ne me suis pas retrouvée dans une situation similaire.
Dans ma famille être une fille, n'a jamais été un handicap, loin de là.
Je me suis cependant sentie proche des souvenirs de Laurence.
Une porte s'est ouverte dans ma mémoire, faisant ressurgir pêle-mêle, ma poupée Bella, Petula Clark ou Thierry La Fronde, comme autant de petites madeleines au parfum d'enfance.
J'ai été moins sensible à la vie de femme de l'héroïne.

Camille Laurens signe un livre engagé sur la condition féminine dans les années 50/60. On a presque oublié qu'à cette époque, les femmes n'avaient pas le droit de travailler sans l'accord de leur mari, pas la possibilité d'ouvrir un compte en banque.

Merci à Babelio et aux Editions Gallimard pour cette découverte.
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Les filles ? Êtes-vous heureuse d'être née fille? Vous êtes-vous interrogées sur ce statut biologique qui impacte totalement le statut social?

Laurence est née fille dans une famille au patriarcat traditionnel et protestant des années 60, (dommage, on espérait un petit mâle…). Elle deviendra mère de fille dans une société qui verra naître la contraception, l'avortement et le #MeToo.

C'est un roman qui pourrait ne pas en être un, peut être construit d'une expérience personnelle, racontée avec une fraîcheur désinhibée pour évoquer la sexualité qui titille l'adolescence, l'éveil à la sensualité et les turbulences de l'amour.
Il compose peu à peu l'évolution du parcours de la Femme sur les dernières décennies. Il est certain qu'il existait alors une nette différence éducative entre fille et garçon, et que les mentalités ont grandement évolué.

Une vie de fille et femme, avec son lot de bonheurs et de tourments, en un récit attachant pour mettre en scène les relations familiales, fille/parents, filles/garçons, mère/fille.
S'il fallait émettre des réserves, je dirais mon impression d'avoir lu tous les poncifs contemporains: inceste, homosexualité, divorce, avec une accroche dramatique parfois « too much ». (L'événement de la naissance est particulièrement révoltant). Dérangée aussi par ce personnage féminin effacé et discret, comme en observation de sa propre vie. Plutôt curieux!

Au-delà du propos, mon plaisir reste l'écriture qui se joue des mots avec humour et impertinence. Une plume très spontanée pour la période enfantine puis plus réfléchie pour celle de la maternité, s'associant à de fines observations et réflexions sur l'éducation, l'identité féminine et cette dualité des sexes.

Heureuse d'être née fille? je m'interroge... mais merveilleux d'avoir une fille!
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C'est une fille dont j'ai beaucoup aimé faire la connaissance.
Dans un roman très intimiste, presque introspectif, @Camille Laurens nous interpelle tour à tour avec force et douceur, violence, âpreté et en même temps silence et calme sur la place de la femme dans nos sociétés. Place de la femme, place de la fille, puisque le texte s'étire sur une bonne partie de la vie de Laurence.

Le style est surprenant. Non pas l'écriture en elle-même de Camille Laurens, très travaillée. Mais le mode narratif choisi, où l'on est tour à tour acteur et spectateur, dans l'histoire ou simple observateur. Peut-être une manière pour l'auteur de nous forcer à nous impliquer dans cette histoire, à presque prendre position. Parce que ce qui m'a parfois déstabilisé, c'est de ne pas savoir si j'étais en face d'un roman, avec une certaine dose d'auto-biographie (mais ce n'est là qu'une impression que je fonde sur un simple sentiment), en face d'un essai, au croisement de la philosophie et de la sociologie.

J'ai de toute façon été interpellé par le texte de Camille Laurens, et comme l'une des critiques de Babelio lues après la fin du roman, peut-être davantage interpellé en tant qu'homme. Je ne sais pas ce que l'auteure a voulu nous raconter, nous dire. Mais je pense qu'elle a voulu nous mettre en face d'une réalité, d'une condition, celle de la femme dans nos sociétés dites modernes. le tout sans porter de jugement, ni sur la fille dont elle raconte l'histoire, ni sur nous qui en prenons connaissance. Nous mettre en face et peut-être par la même occasion nous interroger, nous faire prendre du recul sur notre société.

C'est une fille qui va longtemps accompagner mes pensées.
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