Il n'y a pas longtemps, je suis partie quelques jours en baie de Somme.
Ah, le calme ! La nature ! Les grandes étendues de marais et de sable avec en toile de fond la mer...
La pointe du Hourdel, ses phoques et son blockaus, Saint-Valéry et son petit port donnant sur le Crotoy, Cayeux sur mer, Mers-les-Bains, et les falaises d'Ault, s'écroulant doucement...
Bref, vous l'aurez compris, cette région, source de paix et de silence, m'est chère.
Cette paix, ce silence,
Béatrice de Lavalette les a bien maltraités, dans son polar : deux morts à plusieurs années d'intervalle, l'un mis au congélateur comme un vulgaire gigot, l'autre démembré et fourré dans un sac en plastique. Deux morts de la même famille, en plus. Brrr....On pense au tueur, à celui qui a dû les manipuler (est-ce la même personne ?). On pense aussi à la famille, et surtout à l'enfant, Fabien. Traumatisé, il l'est ! L'écriture a été pour lui un exutoire, car il a retranscrit dans ses carnets toute son histoire, tout son cheminement.
Et puis un couple de Parisiens arrive, un couple comme il y en a tant, avec ses petits heurts et malgré tout, un amour qui dure. Ce couple voudrait fêter son anniversaire de mariage dans cette région idyllique. Idyllique, idyllique....hem. En voulant aider, un peu forcés quand même, un auto-stoppeur très bizarre, ils tombent en plein dans cette histoire de crime.
L'inspecteur Favre, malgré ses maux d'estomac, et son adjoint Lejeune vont avoir affaire à un sombre drame familial, qu'il faudra coûte que coûte éclaircir avant qu'il n'y ait d'autres morts, surtout que la fameuse course à pied de la Transbaie a lieu le lendemain.
A coup de phrases courtes, où chaque pensée, chaque acte est noté, l'auteure me mène en bateau à travers l'une des plus belles baies d'Europe. Pas de non-dits, ici : tout est consigné. Je suis plongée malgré moi dans le cerveau de quelques personnages d'où je parviens tant bien que mal à sortir. Il est vrai que ces personnages m'ont hantée, j'en ai même rêvé !
Moi qui ne suis pas habituée aux polars, j'ai lu celui-ci assez facilement car, à part la découverte des corps, il y a peu de détails glauques. Tout se passe plutôt dans la description de la vie des protagonistes, une vie peu reluisante, minable, faite de trahisons et de non-amour, à quelques exceptions près.
« le baiser du soir de ma mère me faisait l'effet d'une porte qu'on vous claque violemment à la figure » : ça veut tout dire, n'est-ce pas ?
Baie de Somme : paysages somptueux et actes pitoyables. Qui aurait pensé faire cette association ?
Béatrice de Lavalette ...et bien lui en a pris !