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3,8

sur 1925 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Constance Reid a été élevée parmi les peintres et les intellectuels socialistes, dans « un milieu esthétique et libre de conventions », aussi son adolescence a-t-elle été marquée par la liberté et l'indépendance d'esprit. Ses premiers rapports sexuels, elle les vit comme « une sorte de régression primitive et comme une dépréciation » à laquelle les hommes, attardés, tiennent absolument et à laquelle les femmes doivent se soumettre. Elle ne conçoit pas que ces relations puissent être porteuses d'émotions, pour elle seules les discussions riches de réflexion et d'arguments le sont. Cette relation physique, elle la considérait même comme une entrave à sa liberté.

Constance grandit et rencontre Clifford Chatterley avec qui elle est fière de partager une intimité qui est au-delà du sexe. Il est appelé pour la guerre en 1917 et en revient un an plus tard avec la moitié inférieure du corps paralysée à partir des hanches. Leur envie d'enfant est anéantie.

Les époux Chatterley réinventent alors leur intimité : Clifford écrit des romans et Connie le soutient dans cette entreprise. Leur quotidien est calme jusqu'au jour où Connie prend un premier amant et où son mari lui laisse entendre qu'il ne lui en voudrait pas si elle décidait d'avoir une liaison pour donner un héritier au domaine des Chatterley, conscient qu'il en est incapable. La vie de Connie bascule vraiment le jour où elle rencontre le garde chasse du domaine : Mellors... 

A partir du profil sociologique des personnages et de leur histoire personnelle, on devine facilement les enjeux de la rencontre entre Connie et Mellors. En effet, Connie va s'intéresser à des questions moins spirituelles, elle va prendre de la distance avec la vie qu'elle pensait si noble pour prendre conscience de son corps et de ses sens.

Le thème de la sexualité est selon moi le thème central de cette histoire. Connie, qui ne connaissait que le plaisir intellectuel découvre avec Mellors la sensibilité de la chair et l'importance de la sensualité. A partir de cette découverte, elle va se redécouvrir et se réinventer progressivement en bouleversant ses idées reçues.

Si l'on pense souvent que la culture et la pensée élèvent l'homme et l'invitent à l'interroger sur sa vie et sa façon de voir les choses, on s'aperçoit ici que la vie de l'esprit seule ne peut pas combler totalement une personne : Connie va se rendre compte de la nécessité d'écouter son corps et de s'épanouir aussi de manière sensible.

L'autre point qui me paraît important dans ce roman est le contexte social dans lequel il s'inscrit. En effet, L'Amant de Lady Chatterley a été publié en 1928, or les femmes avaient obtenu le droit de vote dix ans plus tôt mais à partir de leurs 30 ans. Elles obtinrent le droit de vote à partir de 21 ans (comme les hommes) en 1928.

Le contexte social de l'époque fait donc la part belle au féminisme et Connie représente ainsi la volonté de liberté et d'indépendance des femmes de l'époque. On remarque en effet que Connie n'est pas un simple pantin fidèle à son éducation : on la voit évoluer au fur et à mesure du roman, ses opinions et sa vision des choses changent. Connie s'impose ainsi comme une vraie héroïne romanesque, un individu à part entière qui prend des décisions, prend le risque de changer d'avis et de s'affirmer.

J'ai trouvé le style de Lawrence agréable et facile à suivre. Il donne un ton particulier à son roman, à la fois tragique et très dynamique. le ton dramatique qu'il emploie parfois est immédiatement contrebalancé par le patois que parle Mellors par exemple, de telle sorte que l'ambiance générale n'est jamais totalement sombre, comme si Lawrence voulait nous dire que, malgré le désespoir de la situation de Connie, elle n'est pas dans une impasse et elle a le pouvoir de changer les choses.

En fait, j'ai du mal à mettre les mots sur l'atmosphère du roman parce que pendant cette lecture, j'ai senti une certaine distance avec les personnages et les événements. Les personnages, leurs motivations et leurs sentiments profonds m'ont parfois parus difficiles à cerner. Je pense à Mellors en premier lieu, mais Connie m'a aussi parue assez distante. Cela vient peut-être aussi du fait qu'elle-même n'avait pas l'air de savoir ce qu'elle voulait, comme si elle était dépassée par les événements. Malgré sa volonté d'être une femme indépendante et autonome, Connie est en réalité beaucoup plus fragile qu'elle n'en a l'air, mais ça je ne l'ai compris qu'après avoir refermé le livre...

Ce roman nous invite ainsi à nous interroger non seulement sur la façon dont on conçoit l'amour et la place que l'on accorde au sexe dans une relation, mais aussi sur la façon dont se construit un individu par rapport au contexte social qui l'entoure. le thème de la sexualité est un thème que je ne retrouve pas souvent dans les romans que je lis, et j'ai bien aimé la façon dont il était abordé ici : sans tabou et sans chichi, avec beaucoup de sensibilité et d'émotion finalement.

J'ai beaucoup aimé découvrir Constance, voir la façon dont elle a évolué et les décisions qu'elle a prises. C'est une vraie héroïne qu'on admire facilement : on la plaint dans sa relation avec Clifford et on est facilement enclin à la soutenir dans ses choix et dans émotions.

En définitive, c'est un roman que je conseillerais à beaucoup de monde ! D'une part, c'est un classique qui plaira à tous ceux qui en lisent et d'autre part, c'est un livre qui plaira aussi à tous ceux qui veulent voir des thèmes « tabous » ou moins communs abordés dans des livres. En tout cas, c'est certainement un roman qui vous fera réagir et qui vous invitera à réfléchir sur vos propres opinions.
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L'histoire est connue : Dans l'Angleterre du début du 20ème siècle, où les femmes commencent à s'approprier leurs pensées et leurs corps, Constance épouse un aristocrate et devient Lady Chatterley. Hélas, Clifford part à la guerre, et en revient en fauteuil roulant. La vie sexuelle du couple est réduite à néant. Constance doit constamment aider et soutenir son mari au détriment de sa vie de femme, et Clifford ne lui donne pas une once de tendresse en échange de ce qu'il considère comme normal.


Constance étouffe dans cette vie, et sa santé en pâtit. Et lorsqu'enfin une infirmière la seconde pour qu'elle se rétablisse, sa famille l'incite à se divertir avec un amant. Dans le même temps, son mari voudrait bien un héritier et lui propose de trouver discrètement un gentleman pour avoir une aventure sans lendemain avec lui et lui donner un enfant. A condition que cela ne change rien à leur mariage…


Constance s'interroge alors sur ses droits et devoirs en tant que femme, sur l'importance qu'elle doit accorder à ses aspirations et à celles de son corps, sans trouver de réponse sur ce qu'elle doit faire d'elle-même. Elle rencontre alors Mellor, le garde-chasse encore marié mais séparé de sa femme, et des réponses se profilent sur ce qu'elle désire vraiment, ce que veut son corps mais aussi son esprit ; Ce qu'elle veut tout entière puisqu'avec lui, son corps et son esprit sont enfin réunis. Et finalement, n'est-ce pas simplement cela, l'amour ? de simple aventure dans les bois, cette relation devient rapidement fusionnelle et pourrait bien changer leurs vies. Mais le divorce n'est pas encore monnaie courante à l'époque, et le respect des convenances est la seule certitude à laquelle veut s'accrocher une population dont les moeurs évoluent. Constance et Mellor vont-ils sacrifier leurs sentiments aux convenances, ou bien le scandale éclatera-t-il ? Et s'il éclate, sera-ce pour le meilleur… ou pour le pire ?


*****

Si ce classique a une réputation sulfureuse et raconte effectivement une histoire d'amour, il est avant tout le formidable portrait de l'Angleterre de la révolution industrielle, d'une société en plein bouleversement technologique et en pleine évolution des moeurs à laquelle la population tente de s'adapter : Quelle place reste-t-il pour l'aristocratie dans cette société ? Quel y sera le rôle de la femme ? Des classes sociales ? D.H. LAUWRENCE nous y livre toute une série de réflexions intéressantes sur le contexte socio-politique de l'époque, et c'est ce qui rend ce livre passionnant et en a fait un chef d'oeuvre : Car il mêle intimement l'individu avec son époque et montre comment les deux évoluent l'un avec l'autre.


Ainsi, le sexe est très présent dans les réflexions échangées entre les protagonistes, parce qu'il correspond aux bouleversements subis par la société à cette époque. Cependant, contrairement à ce que suggère sa réputation, les scènes d'amour nous sont épargnées, simplement suggérées après quelques gestes tendres. Je n'ai pas vu le film mais d'après ce que j'en ai entendu, il est peut-être plus érotique que le livre lui-même ?


Quant à la plume, elle est belle et facile à lire, ce qui fait de ce classique une oeuvre très abordable. Vous n'avez donc plus d'excuse pour ne pas le découvrir. J'ajoute que dans l'édition que je vous présente en photo, vous pourrez lire la préface de D.H. LAUWRENCE qui explique et défend son oeuvre contre les jugements et censures qu'elle a subi :

« L'esprit garde, au fond de lui, une antique peur du corps et de la puissance du corps. Et c'est l'esprit qu'il convient de libérer, de civiliser sur ce point. La terreur que le corps inspire à l'esprit a rendu fou d'innombrables hommes. »

« L'obscénité n'apparaît que si l'esprit méprise et craint le corps, si le corps hait l'esprit et lui résiste. »

« La vie n'est acceptable que si l'esprit et le corps vivent en bonne intelligence, s'il y a un naturel équilibre entre eux, et s'ils éprouvent un respect naturel l'un pour l'autre. »


L'avantage des classique est que, bien souvent, les questions qu'ils posent restent en partie d'actualité longtemps après, car ils abritent une part d'universalité. Ici, que ce soit l'histoire ou les questions posées, il y a encore aujourd'hui matière à réfléchir avec l'auteur...

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Tellement, tellement plus qu'un simple roman érotique ! Pourquoi le réduire à cela ?
C'est la fin d'un monde, le début d'un autre. C'est la solitude, la souffrance, le plaisir, l'humain, en somme.
C'est plus beau, mieux écrit et plus profond que bien des romans auréolés d'on ne sait trop quelle prétendue réflexion intellectuelle.
S'il fallait le réduire à quelque chose, c'est tout simplement à un chef d'oeuvre de la littérature anglaise...
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Tout ce serait-il joué en un instant ?
Lord Clifford Chatterley avait jugé froidement la situation. Il avait épousé Constance, une jeune et belle écossaise à l'esprit indépendant. Un mariage arrangé entre gens de la bonne société. Mais il était revenu des champs de bataille de la Grande Guerre invalide. Alors il s'en était ouvert à son épouse, ici dans les bois de son domaine : si elle voulait se choisir un amant afin de porter un enfant, il y consentait. C'est à cet instant que le troisième protagoniste de cette histoire fait son apparition : Oliver Mellors, le garde-chasse. Vivant symbole de 'homme des bois frustre, libre.
Ou est-ce le fruit de lente déliquescence ?
Constance refuse de se laisse glisser. Sa vie peut s'envisager vide de toute perspective. En bonne épouse, elle soutient son mari s'épanouit cyniquement dans une vie de romancier plus populaire que vraiment talentueux.
Wargby, leur résidence, appartient à cette morne campagne anglaise marquée du sceau noir de l'industrie minière. La pluie tâchant les sols comme les coeurs. En quittant sa carrière littéraire pour prendre en main ses affaires, Lord Chatterley parachève le rejet de Connie...
Reste l'espace préservé des bois – terres frondeuses car siège des exploits de Robin Hood – et l'homme qui s'y est volontairement retiré. L'amant, l'homme sauvage, si éloigné des conventions de la société anglo-saxonne que leurs premiers échanges amoureux sont simplement, mécaniquement sexuels. Et l'épanouissement de cet amour aura toujours pour ressort principal l'acte, décrit dans des termes les plus explicites. Tout comme leurs échanges : Oliver appréhende les femmes de sa vie sur le plan du sexe et Connie essaye à mots couverts d'évoquer l'amour, tout en ne retenant que les propos les plus licencieux...

" L'Amant... " est une réflexion sur une transformation. On retient principalement le parcours d'une femme qui s'affranchie des conventions sociales pour vivre son amour – son plaisir ? - Mais c'est aussi une britannique analyse du passage de la société traditionnellement rurale à l'ère industrielle et ses conséquences sur les hommes. Sur ce fossé qui se creuse entre gens de peine – de peu – et la Bonne Société où les gentlemen-farmer se font capitaines d'industrie.
Ce fossé, qui rends l'histoire d'amour entre la Lady et le domestique plus inconcevable. A fortiori car le ressort est non une forme de romantisme romanesque mais le sexe. Qui continue à donner à l'oeuvre sont petit " parfum de scandale "...
Pour ma part je retiendrai l'évolution de Lord Chatterley : capable de toute les concessions pour conserver la présence – la considération ? l'amour ? - de son épouse. Il devient un monument de cynisme et de dégoût : préoccupé de la réussite de ses entreprises minières et tyrannisant avec veulerie sa garde-malade par dépit.

" L'Amant... " est une oeuvre dérangeant. Son style est incomparable. Il offre des perspectives de réflexion. Il use les mots les plus crus. Il évoque des bouleversements sur le plan humain pour chaque personnage en particulier et pour l'ensemble de la société britannique. Ces changements semblant paradoxalement inextricablement liés.
L'amour triomphe-t-il de l'adversité ? La question reste posée...
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C'est le reflet d'une époque et d'une certaine population qui avait le temps de s'ennuyer.
C'est très bien écrit et on se laisse emporter par cette histoire.
Les auteurs anglais savent nous parler de sentiments et de passion amoureuse.
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Voici un roman profondément ancré dans son époque : l'après guerre, une sorte de blues général côtoyé par un bouleversement profond des styles de vie. L'amant de Lady Chatterley n'est pas uniquement le récit de la relation entre Mellors et Constance, D.H Lawrence (1885-1930) dépeint parfaitement l'atmosphère d'une petite ville d'Angleterre rongée par les cancans et dont la principale activité économique, les mines de charbon, décline de plus en plus face à l'avènement du règne des usines.
Cet ennui est le fil conducteur d'une grosse partie du roman. Constance s'ennuie, Constance se balade, Constance aspire à une autre vie. Quand Constance se retrouve, sans trop comprendre comment, dans les bras du garde chasse, il lui est difficile de baisser sa garde et d'accepter la passion. Elle analyse froidement ce qu'elle vit, d'une telle façon qu'on en vient à penser qu'elle est beaucoup plus affectée par l'ennui qu'on ne pouvait le croire.
Au vu du titre du roman et connaissant le scandale qu'a provoqué sa sortie (publié en 1928, autorisé au Royaume Uni en 1960 après un long procès pour le respect des bonnes moeurs), je m'attendais à quelque chose de vraiment oulala. Que nenni ! Certes des scènes de sexe sont présentes dans le livre, et l'auteur n'utilise pas d'euphèmisme, ici un chat est un chat, provoquant l'ire des anglais dans les années 60. Mais pour notre époque, rien de bien choquant. Ici on parle de sexualité. de sexualité sans sensualité. Les rapports entre Constance et le garde sont assez froids au début. Constance peine à se laisser aller, et quand bien même elle y parvient, elle ne donne que son corps. C'est ce ré-apprentissage de l'amour physique que l'auteur met en scène. Au fil du roman, une complicité s'installe entre les amants et la sensualité apparaît enfin. Si les premières scènes de sexe sont décrites de manière très anatomique, les scènes d'amour de fin sont beaucoup plus axées sur le ressenti des personnages, et le lecteur accède à une véritable sensualité : celle où le corps accepte l'esprit et vice versa. On passe de Kraftwerk à Air en quelque sorte.

Là n'est pas le seul intérêt du livre. D.H Lawrence parle également de cette époque de transition que vit l'Angleterre rurale des années 20. Cette Angleterre traditionnelle, des mines de charbons, cette aristocratie et son architecture noble, tout cela disparaît progressivement au profit d'une Angleterre urbanisée:

"La nouvelle génération était tout à fait ignorante de la vieille Angleterre. Il y avait un arrêt dans la continuité de la conscience ; un arrêt presque américain : en réalité industriel. Que viendrait-il après ?"

Les villes s'agrandissent, perdent leur charme et se remplissent d'hommes n'ayant comme seul intérêt l'argent. Peu importe la classe sociale, l'argent est l'unique raison d'être : avoir plus, mieux paraître.

On retrouve de nombreuses fois dans le roman des allusions à l'abrutisation de la masse, à l'oubli des valeurs simples :

" Voilà le seul moyen de résoudre le problème industriel : enseigner au peuple à vivre, et à vivre en beauté, sans avoir besoin de dépenser de l'argent. Ils devraient apprendre à être nus et beaux, et à chanter en masse et à danser les anciennes danses de caractères"

C'est également la fin des intellectuels, tournés en ridicule à travers le personnage de Clifford, écrivain n'aspirant qu'à la célébrité. Cette célébrité se transformera en besoin de popularité lorsque Clifford prendra conscience qu'il est maître du destin des mines de charbon de son domaine. Même la figure de l'intelligence meurt pour l'argent.

Pour conclure : Je recommande ce livre. Il n'est pas passionnant, il n'est pas bouleversant. Mais il s'agit d'un ouvrage vraiment très intéressant, que ce soit sur la sexualité commune et féminine ou sur le changement d'époque. Bien que la trame principale soit l'histoire entre Constance et Mellors, je ne considère pas ce livre comme un roman d'amour.
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une merveille, un style, de la poésie sous les charmilles, dans les clairières, dans la chaumière et dans les bras d'un vigoureux garde chasse introverti : les ingrédiens d'un chef d'oeuvre, le film ne lui fait aucune ombre, au contraire,
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Vaguement découragée par le titre et la couverture qui avait l'air de promettre une histoire d'amour à l'eau-de-rose, j'ai été agréablement surprise par une trame qui ne se contente pas de parler des sentiments de deux personnages mais les fait intervenir sur de nombreux sujets passionants : la politique, la guerre des sexes, la lutte des classes, la déshumanisation du travail en usine, la cupidité du monde capitaliste, la destruction de la nature par la pollution, le destin de l'homme, ...

Par ailleurs, les passages érotiques sont très agréables et allègent une atmosphère autrement trop étouffante. Les descriptions bucoliques, lors des promenades dans les bois du domaine, sont également des bouffées d'air frais, bien accueillies par la citadine que je suis.

Je le recommande chaudement ! C'est un classique mais il mérite plus que notre vague hochement de tête de lettré blasé, il mérite son retour en grâce!
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Deux mondes s'opposent celui des mineurs des Midland, l'industrialisation, ces ouvriers qui se tournent vers le bolchevisme. et le milieu aristocrates des Chatterley, la lutte des classes. L'importance de la nature en particulier de la forêt, lieu d'espace, où Constance se sent bien car il est le lieu de liberté en opposition à l'étouffante ambiance qui règne dans la propriété de Wragby. le corps de Constance est rongé par un cancer et besoin vital de se sentir libre. La forêt de Sherwood (la forêt de Robin des Bois) est un lieu sauvage, c'est dans cette forêt que Constance rencontre pour la première fois Mellors, homme qui parle patois, c'est dans la forêt qu'il trouve refuge dans une cabane. Au début de sa rencontre avec Mellors, il est question de la clé pour avoir accès à la cabane dans les bois. Cette clé symbolise à mon sens un accès à un changement, à un échappatoire car elle étouffe à Wragby. le personnage de Constance fait penser à celui du conte la Belle au bois dormant, elle se réveille au contact de son amant qui n'est pas issu de la même classe sociale qu'elle. Constance est indifférente au regard que l'on peut porter sur elle et sa relation avec Mellors. Elle ne voit pas où est le mal ! Elle n'est pas comme son mari, cela ne la choque pas d'avoir une relation sexuelle avec un homme qui n'est pas du même rang sociale qu'elle. Elle s'émerveille sur l'Angleterre comme une petit fille. D.H Lawrence décrit très bien ce choc de la fin d'un monde, la confrontation de la vieille Angleterre aristocrate rurale à l'essor industriel des villes ouvrières, ainsi que le pouvoir de l'argent, la différence entre les hommes et les femmes, un grand roman d' une grande richesse et c'est passionnant ! C'est une raison pour laquelle c'est un incontournable.
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Premier livre lu dans le cadre du défi de Grominou , j'avais envie de découvrir ce roman au parfum de scandale quand il parut, en 1929.

La première constatation, c'est que les passages incriminés sont bien soft au regard de ce que l'on est capable de lire aujourd'hui. Les scènes « érotiques » (et encore, je ne sais même pas si le terme est adéquat…) offrent en fait une certaine pudeur : ce n'est pas cru, ce n'est pas vulgaire, c'est tout au plus presque scientifique dans la dissection de ce qu'est l'acte d'amour. Bref, pas de quoi fouetter un chat aujourd'hui, ou retrouve le livre dans l'Enfer de la Vaticane… ^^

Je ne peux pas dire que ce livre m'ait totalement emballée. J'y ai trouvé quelques longueurs et une force d'inertie assez conséquente, en dehors des passages relatifs à l'histoire entre Constance Chatterley et le garde-chasse. Parce qu'avant d'être un récit des sentiments, L'amant de Lady Chatterley est surtout un récit de la mutation : D.H. Lawrence brosse en effet un tableau de la société anglaise post première guerre mondiale, et ce changement important se reflète sur ses personnages, comme le miroir brisé des illusions perdues suite à la guerre.

Ici, c'est l'Angleterre des Midlands, l'Angleterre de l'industrialisation exponentielle et des bassins houillers. L'Angleterre des luttes des classes, de l'opposition entre les castes, du déni de l'évolution et de l'opportunisme en matière de profits et de gains. C'est le choc de la fin d'un monde : DH Lawrence décrit la confrontation de la vieille Angleterre aristocratique et rurale à l'essor industriel des villes ouvrières, futures villes tentaculaires.

Le livre donne évidemment aussi prétexte à des points de vue sur la sexualité. Il y est par exemple question du sexe comme d'une conversation et une communication du corps, qui poursuit ou qui amorce la conversation des esprits. C'est tout à fait intéressant, surtout si l'on se réfère au moment où cela a été écrit ! Mais dans la relation entre Constance et Oliver Mellors, le garde-chasse, tout est assez déconcertant. Leur première fois par exemple m'a laissée perplexe. La jeune femme y est décrite comme une poupée molle, passive mais consentante. Bien sûr, l'histoire est un éveil des sens à la sensualité et à l'érotisme, mais tout de même, certaines scènes m'ont mise à l'aise en raison de l'attitude de Constance. Ses sentiments à l'égard du garde-chasse sont extrêmement ambivalents, oscillant entre la répulsion et l'attirance pulsionnelle. Aucun d'eux finalement n'arrive vraiment à être en accord avec l'Autre. D'autant que Constance, dont DH Lawrence emprunte souvent le point de vue, intellectualise complètement l'acte d'amour, et quand elle parvient à ne pas le faire, comme la fois où ils font l'amour dans les bois, à même le sol, après une rencontre imprévue, la jeune femme est animalisée, poussant des cris rauques de bêtes qu'elle ne reconnaît pas provenir d'elle-même… C'est donc une relation très torturée et tourmentée, intérieurement, mais aussi en raison des convenances et des aléas extérieurs. Et Mellors renforce encore ce clivage en parlant volontairement patois en présence de la jeune aristocrate, bien qu'il parle en réalité un anglais plus que correct et distingué.

Le cottage du garde et la relation qu'ils entretiennent tous les deux peut-être vus comme un refuge, une bulle qui les sépare de Tavershall et de la nouvelle ère industrielle, mais aussi de Wragby et du corsetage social. Et l'opinion du garde, qui se dégage de certaines conversations entre les deux amants, souligne la vanité de la quête d'argent, de la prostitution à la déesse-chienne de la renommée et de l'avancement, et prône presque un retour aux valeurs rousseauistes d'une nature protectrice et bienveillante, ainsi que d'une humanité simple, naïve et pleinement satisfaisante.

Finalement, j'irais presque jusqu'à dire que L'amant de Lady Chatterley vaut beaucoup plus pour son tableau d'une époque et des mentalités que par la relation entre Constance et Mellors. Leur liaison n'est qu'un reflet aux préoccupations grandissantes de cette Angleterre en mutation.

Et le mari de Constance est l'emblème le plus fort et le plus détestable de ce changement. Très vite, il devient antipathique et le dégoût qu'en ressent Constance se communique au lecteur. Mais l'avenir envisagé par les deux amants ne connaît pas d'aboutissement certain. Ce point d'interrogation final reflète l'incapacité de l'auteur lui-même de voir ce que l'Angleterre va devenir au sortir de cette première guerre mondiale et aux montées nouvelles de la société… Ou son désenchantement ?

Je ne livre ici que mes impressions premières, au sortir de cette première lecture, mais je pense qu'on peut en faire une étude très intéressante et fouillée.

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