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sur 1892 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voici l'un de mes plus grands coups de coeur toutes catégories confondues.
N'ayons pas peur des mots, en signant ce roman, David Herbert Lawrence a écrit l'un des plus grands romans mondiaux du XXème siècle. Et dire que j'ai hésité longtemps avant de le lire m'attendant bêtement à être déçue. Quelle andouille !

C'est bigrement bien écrit, une sorte de verve anglo-saxonne douce-amère pas très distante de celle d'Oscar Wilde, et nombre d'épiphores (dédoublements de mots ou de morceaux de phrases éminemment porteurs de sens). Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, l'auteur nous livre avec une sensibilité lucide et une grande intelligence de la féminité, sa vision désabusée de l'humanité (dont Clifford semble être le symbole), mais pourtant pas totalement dénuée d'espoir comme le suggère la lettre de Mellors qui clôture le roman.

L'histoire pourrait éventuellement se résumer maladroitement comme suit. Dans la haute bourgeoisie un baronnet anglais épouse une belle écossaise, mais manque de chance se fait raccourcir sitôt après en cette fin de World War I. Notre brave Sir Cliffort Chatterley parvient à rester en vie mais mort dans sa moitié inférieure. Il se retranche dans le château familial de Wragby au coeur des vestiges de ce qui fut la légendaire forêt de Robin des Bois, depuis lors investie par des villages ouvriers et des mines bien plus noirs que l'âme du Prince Jean.

La pauvre Constance Chatterley, s'ennuie à mourir dans son donjon campagnard et les prétentions artistiques et scribouillardesques de son glorieux époux n'y changent rien. Alors elle arpente assidument la forêt qui jouxte le parc du château et tombe inévitablement sur un faux rustre, Oliver Mellors, ancien officier dans l'armée des Indes, réfractaire au milieu mondain et au franc-parler assassin. Ce personnage sans concession va fatalement attirer Lady Chatterley bien que notre garde-chasse patoisant et aux trois-quarts ermite se soit bien juré de ne jamais plus retomber dans les filets d'une femme...

Je vous laisse découvrir la suite si vous avez le bonheur de ne pas la connaître car j'aimerais tant avoir le bonheur de relire ce livre "pour la première fois". Il y a, de surcroît, une épaisseur insoupçonnée dans ce livre qui confine à quelques unes des trois grandes questions métaphysiques : D'où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ?

Prenez plaisir, savourez fort et à pleins poumons cette oeuvre magnifique, du moins c'est mon appréciation, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Quelle pure merveille !
Je rejoins totalement les avis précédents sur ce magnifique livre de D.H. Lawrence !

Nous suivons la vie de l'héroïne de cette histoire, Constance, devenue Lady Chatterley après avoir épousé Clifford Chatterley. Ce dernier est revenu brisé et handicapé de la guerre et doit désormais vivre en fauteuil roulant, totalement dépendant de sa femme.
Dans ce quotidien ennuyeux, Constance est donc à la recherche d'un Idéal, qu'elle finit par trouver dans les bras du garde-chasse de son mari, Oliver Mellors. La tension est d'ailleurs permanente jusqu'à la dernière page ; en effet, la Lady se retrouve face à un choix difficile : une existence morne mais indépendante si elle choisit Clifford ou bien une totale liberté mais une déchéance sociale du côté de Mellors... Il s'agit donc avant tout d'une grande histoire d'amour racontée par Lawrence, et qui ne peut que séduire le lecteur.

Toutefois, derrière l'intrigue amoureuse se cache une dimension symbolique. Ainsi, chaque personnage représente une caractéristique de l'Angleterre de ce début de siècle : Clifford symbolise l'échec, puis la chute de la bourgeoisie ; Constance représente les espoirs d'une société traumatisée par la guerre. Enfin, Mellors est d'une certaine façon le porte-parole de l'auteur, s'interrogeant toujours sur des questions essentielles à cette époque, comme les inégalités entre ouvriers et patrons ou encore la part croissante de l'argent dans la mentalité des Anglais...

Ainsi, ce roman est complet, mêlant amour et réflexion, mais quoi qu'il soit, j'en garderai un excellent souvenir, charmée par des personnages que je n'oublierai sans doute jamais...

A lire absolument !
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« C'est pourquoi je crois à notre petite flamme fourchue. »
Ainsi parlait Mellors, l'Homme des Bois, pour décrire sa relation passionnelle et charnelle avec la belle aristocrate Lady Chatterley. Trois mots à la fois modestes et ravageurs. Trois mots fortement suggestifs et païens…
Tout est confrontation brutale dans ce roman ! L'impuissance et la froideur du Maître de Wragby s'oppose à la sensualité et la force érotique dégagé par Mellors. le corps sec et maigre de Lady Chatterley qui, au contact de l'Homme des Bois, soudainement s'épanouit pour devenir gracieux et svelte. La forêt, dernier refuge de liberté, de beauté et de sauvagerie qui recule inexorablement face aux destructions du monde industrialisé enfantant des paysages lugubres et des hommes émasculés, sans force, davantage objets qu'hommes.
L'amour irraisonné entre la belle Connie et Mellors balaiera tous les obstacles : les pesanteurs sociales, la différence de classe, la peur du scandale, les douloureux coups d'épingles des commérages et du « qu'en dira-t-on ». Un véritable hymne à la vie !
Pour décrire les relations amoureuses, les termes sont parfois crus mais toujours d'une extraordinaire poésie. Elles subliment la passion qui unit nos deux héros. Ils avancent main dans la main, le nez dans les étoiles, ignorant la médiocrité et la petitesse d'esprit de leurs congénères.
Qui n'a pas connu ces moments de grâce où l'amour rend aérien et invulnérable, qu'on ne cesse durant toute une vie d'essayer de revivre?
Un livre à lire et à relire.




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Braconner le garde-chasse !
Lady Chatterley étouffe de bienséance. Son Clifford est revenu de la Grande Guerre la nouille en berne. Passer ses journées dans la campagne anglaise austère à regarder pousser les fleurs et à nourrir les pigeons, c'est voir sa vie faner avant l'automne. Pour une jeune femme qui a connu les plaisirs charnels avant son mariage grâce aux échanges Erasmus de l'époque, le feu s'éteint mais les braises ne demandent qu'à se raviver. Gare aux tisons.
Constance prête l'oreille et le reste de son anatomie à ses instincts et il n'y a pas que son Lord Cocu qui va en faire les frais. Son auteur aussi. La publication du livre de D.H Lawrence est un roman à elle toute seule. Publié sous le coude et sous la ceinture en 1928, il n'est offert en version intégrale aux lectrices anglaises empourprées qu'en 1960 après un procès retentissant. La victoire du désir féminin.
Insatisfaite, la Lady agrémente donc ses balades dans les bois d'une relation passionnée avec le garde-chasse du domaine et l'auteur décrit de façon explicite la volupté et l'échange de virus. La galinette qui traque le sanglier. le vocabulaire est brut mais ce n'est pas du Rabelais. Chocking dans le cottage ! Gode save the Queen dirait San Antonio. Une aristocrate qui s'encanaille avec la classe ouvrière.
Le mari souhaite une descendance et suggère à la Lady de se dégoter un reproducteur mais ce dernier doit être de la bonne société et il proscrit toute tentation de passion. Dépossédé de ses attributs, l'impuissant tente d'intellectualiser la chose pour la négliger, mais il est débordé par les forces de la nature. Une force de la nature, surtout.
Tout le monde connait Lady Chatterley, pas seulement les petits futés qui ont reluqué en cachette les adaptations érotiques sur le petit écran avec Sylvia Kristel ou Edwige Fenech. J'ai des noms. En revanche, personne ne se souvient du nom de l'amant du titre. Ce n'est pas innocent. L'auteur a voulu en faire avant tout un sexe, un phallus d'or, graal pour cette jeune femme mariée. Peu importe l'emballage. Là est la transgression. Au diable les convenances.
D'ailleurs, je trouve que le roman perd un peu de sa force quand on découvre qu'Oliver Mellors, nom de l'étalon, dispose d'un passé militaire et d'une culture littéraire cachée sous ses apparences d'homme des bois qui coupe le bois torse nu. C'est pas Charles Ingalls. D.H Lawrence tente de rationnaliser la mystérieuse chimie de l'attirance entre deux êtres que tout oppose.
Ce roman est un authentique chef d'oeuvre. Les personnages ne sont pas sympathiques mais ils débordent de vie. Au-delà des galipettes, je n'ai jamais lu de pages qui décrivent aussi bien les sensations amoureuses. Pas les sentiments, les sensations. 50 nuances de volupté dans le grès. La verve de la verge si j'osais. C'est fait. Je ne peux que conseiller la lecture de ce livre en lieu et place de cette littérature érotique discount qui pollue les rayons des librairies avec des couvertures ridicules qui ressemblent à des pubs de lingerie pour la Saint Valentin.
La postérité tend à négliger l'arrière-plan du roman mais D.H Lawrence n'est pas tendre avec l'industrialisation à marche forcée de son temps. le récit ne se limite pas à l'exploration des fourrés et aux tasses de thé entre gens de bonne compagnie. Je n'aime pas la marmelade et les ombrelles.
Le bouquin à offrir à une femme mariée…mais pas la sienne !
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Dans une époque en pleine mutation, quand l'Angleterre agricole est effacée par l'Angleterre industrielle, Constance Chatterley, qui appartient à la classe riche, doit choisir entre deux mondes.

La pauvre Constance n'a pu résister à l'ennui d'une vie auprès d'un homme blessé à la guerre. Au milieu de la forêt de Sherwood, celle de Robin des bois, une cabane accueille ses amours avec le garde-chasse de son mari. Au plus profond des fourrés, peut-être le dernier lieu épargné par la lèpre industrielle des usines et des mines en ce début du XXe siècle, la sexualité avec son amant la révèle à elle-même. Elle trouve sa raison d'être et elle est prête à tout abandonner de son passé.

Dans ce merveilleux roman, puissamment et délicieusement sensuel, si D.H. Lawrence nous livre une vision sombre de l'évolution de la société - l'argent est au centre de la préoccupation des hommes, il régit, pervertit toutes les relations et détruit la beauté de la nature - il espère aussi en une nouvelle Angleterre, incarnée par Lady Chatterley et le garde-chasse, et en l'amour qui dépasse tout.
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Réduire ce roman classique à un simple récit d'adultère serait lui faire grand tort. "L'amant de Lady Chatterley" est bien plus que cela et son personnage principal, Olivier Mellors, garde-chasse, ancien officier aux Indes, est une voix nouvelle qui s'élève, pleine d'humilité et de bon sens, au-dessus du vacarme d'une société d'après-guerre - 14/18 - totalement déchirée entre son besoin de conserver ses traditions et l'élan de modernité qu'elle sent vibrer dans ses flancs.

"L'Amant de lady Chatterley" et son auteur me faisaient peur, pour parler vrai. Depuis des années, je tournais autour d'eux sans oser m'y approcher, comme on n'ose pas passer son doigt dans la cage d'un animal dont on ne sait s'il vous mordra ou vous caressera. Cette appréhension infondée rend encore plus vive ma satisfaction à avoir enfin découvert ce très grand roman anglais dont je ne m'étonne plus qu'il fît scandale lors de sa parution en 1928.

Oui, le style est direct et cru, oui, il y est beaucoup question de volupté mais c'est véritablement un roman érotique dans le sens noble du terme. Ne vous attendez pas à trouver sexe et vulgarité entre ses pages mais un trouble certain vous envahira à la lecture des superbes descriptions pleines de sensualité et de poésie un peu bestiale servant la relation entre Constance Chatterley et Olivier Mellors.

Je le disais en débutant mon propos, "L'amant de Lady Chatterley" est bien plus que le récit d'une histoire d'amour, belle et forte, entre deux êtres que tout semble opposer. D. H. Lawrence a également fait de son roman un superbe pamphlet contre l'industrialisation à outrance et le culte de l'argent, progressant selon lui au détriment d'une forme de sobriété heureuse et de l'amour véritable.

Les descriptions de la nature, livrée à nous dans sa plus belle nudité, valent celles de la relation amoureuse entre les deux protagonistes. Sa parfaite connaissance des mécanismes animant la upper-class anglaise - considérée comme un ramassis de pantins stériles et rabougris - et de la société qui est la sienne permet à l'auteur de développer une critique sociétale pleine d'intérêt et encore terriblement d'actualité aujourd'hui.

L'esthétisme du récit - qui n'est pas sans évoqué les décors de Downton Abbey -, la beauté envoûtante de la plume, la complexité psychologique des personnages vraiment remarquable concourent à faire de ce roman une oeuvre complète, aussi profonde que raffinée.

La littérature avec un grand L.
Ne passez pas à côté de ce chef-d'oeuvre.


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D.H. Lawrence a écrit trois versions de L'amant de Lady Chatterley. le roman connu sous ce titre en est la troisième ; celle considérée comme définitive par Lawrence et qu'il fit éditer à compte d'auteur, en mars 1928, quelques mois avant sa mort.
Ce n'est qu'en 1960 que le livre est enfin publié en Angleterre après un procès pour obscénité des éditeurs Penguin Books (qui permit ensuite une plus grande liberté d'expression).
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En 1928, L'Amant de lady Chatterley fait voler en éclats les tabous de la puritaine Angleterre, du sexe aux préjugés sociaux. Scandale ! Pourtant, à l'opposé de la pornographie évoquée à l'époque, le roman vibre d'une irrésistible sensualité.
Cette histoire d'une double transgression - conjugale et sociale est un roman d'une passion foudroyante dans le plus exquis des empires, celui des sens. Lorsque David Herbert Lawrence s'y attaque, en octobre 1926, il a 41 ans. Retiré en Toscane, il a rompu avec le «crachin infect» de l'Angleterre industrielle et lutte farouchement contre cette tuberculose qui finira par le terrasser quatre ans plus tard.
« Son roman, Lawrence sait bien qu'il n'a aucune chance d'être publié en Angleterre. Aussi décide-t-il d'acheter du papier et, pour 300 livres sterling, de le faire imprimer à Florence, à compte d'auteur. Il se vend sous le manteau à 1 000 exemplaires, tandis que les douaniers américains le refoulent aux frontières et que Scotland Yard le confisque. Condamné pour obscénité et pornographie, le livre subira de multiples piratages avant qu'une édition expurgée ne sorte en Angleterre, en 1932. Réaction unanimement scandalisée de la critique: il faut être un «pervers», un «esprit malade», pour oser écrire un tel outrage à la morale. 
Ce n'est qu'en 1960 que la version originale du roman paraîtra dans la patrie de Lawrence. Avec, à la clef, 3 millions de lecteurs en huit mois. Lesquels se délectèrent, comme ceux d'aujourd'hui et de demain, de cette symphonie érotique où les amants attisent un brasier étincelant. »

Une oeuvre que je ne connaissais que de nom. Bien belle découverte, malgré les difficultés du début à rentrer dans ce monde du Nord de l'Angleterre, ce monde de mines, d'obscurité, de désespérance. Ce roman est l'histoire d'amour adultère entre une aristocrate anglaise mariée Lady Chatterley Constance et son garde-chasse Mellors, un homme de la terre ayant néanmoins un passé militaire qui l'a formé à la société et qui s'oppose au mari Sir Clifford, homme de lettres paralysé suite à ses blessures de guerre.
Cette aventure amoureuse sera le révélateur de la féminité de Connie et surtout son éducation sexuelle avec Mellors, qui lui fera découvrir le plaisir charnel et balaiera ses hontes et complexes.
D'un bout à l'autre du roman, D.H Lawrence nous parle bien sûr d'amour, mais aussi de rapport des classes nantis et ouvriers, le décalage total entre tous ces hommes, mais aussi à la transformation de l'ancienne Angleterre vers un nouveau monde. Les repères sont chamboulés, remis en cause, la première guerre mondiale est passée par là.
Il y a aussi toutes ces pages de descriptions enchanteresses de la nature, par un auteur qui apparemment étouffe dans une Angleterre qui s'est transformée en une vaste sinistre mine de charbon. Il nous décrit une nature très érotisante et éblouissante avec beaucoup de délicatesse. Ce sont sans arrêt des passages de lumière qui émerge parmi toute cette ombre.
L'écriture de D .H. Lawrence est très belle, poétique, bien sûr son langage dans la relation charnelle entre Connie et Millord, est très crue, on peut comprendre qu'il ait choqué à l'époque puritaine où il a été écrit, mais de ce livre émerge une impression de beauté lumineuse dans un monde sinistre.
Une bien belle découverte, un très beau livre que je regrette de ne pas avoir lu plutôt.

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Passionnel,
Fusionnel,
Charnel !
Un trio amoureux !
Le mari Sir Cliffort Chatterley lieutenant de l'armée britannique homme de lettres paralysé suite à ses blessures de guerre.
Constance Chatterley, son épouse, ne désirait et ne recherchait rien qu'à échapper à l'ennui de son couple !
Une vie monotone où elle dépérit peu à peu.

Pourtant un jour !
Une Cabane perdue dans la foret.
Où tout va se jouer !
Elle va y rencontrer Mellors , le garde-chasse.
Taiseux,
ancien officier.

Elle succombera à cet homme dans ce monde silencieux.
Elle cueillera chaque instant dans cette nature préservée.
Tout est vérité dans cette forêt de Sherwood,
Sa vérité
Leurs vérités :
la légèreté de la lumière qui les enveloppe,
les courbes de leur corps qui se font échos,
exaltées,
enflammées,
extasiées.

Elle s'enivre de sa force,
sa chair se parfume de son amour,
Ses frissons d'interdit exaltent leur passion.
Jardin secret,
Espace protégé,
Rébellion contre l'ordre établit.
Espace de liberté.
Rupture des codes sociaux.

Vertiges clandestins ,baigné d'élixir jaillissant d'un amour sans interdit offert dans cet écrin de verdure.

Elle vénérait cet amour, ses mille plaisirs déployés pour la rendre heureuse et pour oublier un mariage poussif.
Elle s'abreuvait à ces instants d'éternité, conquise par toutes ces effluves de bonheur.
Son corps flambait dans l'ombre d'un mariage se délitant dans l'indifférence.
Elle ondulait entre le feu d'un amour rêvé et le métal d'un couple perdu.
Ce torrent de délice qu'elle s'octroyait pour supporter cette tristesse d'une paralysie qui privait son mari d'être complètement lui !
Elle était ce printemps qui revit dans sa sève et ses espoirs de vie.
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Il y a des livres qui se font désirer...
L'amant de Lady Chatterley fait partie de ceux-là.

Il y a longtemps que j'avais envie de lire ce roman. Il était sur mes étagères et ne cessait de me tenter. Pourtant, j'ai toujours remis à plus tard cette lecture. Est-ce parce que l'objet livre en lui-même n'est pas très attirant ? C'est un vieux livre de poche publié en 1966 dont les pages jaunies exhalent cette odeur si familière : ce parfum des vieux livres.
Je ne sais vraiment pas pourquoi j'ai toujours retardé la lecture de ce roman.
C'est comme s'il se refusait à moi...
Mais j'ai fini par le piéger. Il suffisait juste pour cela de l'inscrire au challenge ABC. Ainsi, il ne m'échapperait pas.

Il me fallait lire ce livre dans l'année et c'est ainsi que ni contrainte, ni forcée, je fis le premier pas et le sortis enfin de ma bibliothèque.
Je commençai la lecture de L'amant de Lady Chatterley, heureuse d'avoir franchi ce cap. Je l'avais vaincu. Il ne me résistait plus. J'allais pouvoir enfin le savourer...comme tant d'autres avant moi.
Mais, c'était sans savoir que ce roman était un brin pernicieux et qu'il me réservait quelques surprises..
Parce que non content de s'être refusé à moi durant tant d'années, voilà qu'il me cachait sa véritable nature dès l'instant où je l'entamai.
Il se montra, tout d'abord, pendant une bonne centaine de pages, sous son plus mauvais jour : bavard, ennuyeux, pédant. Contre toute attente, ce roman si longtemps désiré ne me convenait pas. J'avais besoin de passion, d'imprévus, de frissons. Mais de cela, il n'en avait cure. Il continuait à pérorer sur la vie, sur l'amour, sur l'industrialisation, sur l'argent. Il attendait de moi que je refasse le monde avec lui mais ce n'était pas de cela dont j'avais envie.
L'a t-il compris ? Ou était-ce une ruse pour démasquer s'il pouvait me faire confiance ? Était-ce une façon de me dire : « Si tu m'aimes, tu dois tout supporter de moi. Même mes tergiversations les plus extravagantes. »
Toujours est-il qu'il a commencé à se montrer un peu moins froid avec moi. Il s'ouvrait à moi en secret, m'enveloppait fébrilement de ses bras puissants, m'enhardissait au plaisir littéraire et laissait en moi à chaque fois que je le posais, un besoin inassouvi.
Une passion était née.
Sa conversation, dès lors, m'enchantait. Je ne pouvais qu'être d'accord avec sa façon de voir le monde. Il prônait la liberté, le retour à la nature, une société plus juste...il faisait fi des qu'en dira-t-on et des gens bien pensants. Il me fascinait et me troublait tout à la fois.

Il fut mon amant de quelques nuits.
Un matin, il mit fin à notre histoire. Brutalement.
Ce fut si soudain que je me demande encore s'il ne s'agit pas d'un de ses vilains tours.
Pourtant, j'eus beau tourner les pages, chercher désespérément une suite à cette histoire. C'était bel et bien fini.
La fin m'appartenait.
C'est le plus beau cadeau qu'il pouvait me faire.
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Ce monument de la littérature a fait l'objet de toutes les analyses et de toutes les recensions possibles, ma chronique n'apportera donc rien de nouveau, tout a été dit, sans doute très bien, par d'autres. Je vais donc modestement me contenter de livrer mon ressenti à chaud et sans doute de façon un brin désordonnée.

J'aurais du mal à qualifier « l'amant de Lady Chatterley » de roman érotique. Il y a bien des scènes de sexe explicites et un langage cru mais je n'ai pas trouvé à ces passages une dimension érotique. Je n'ai pas eu le sentiment que les scènes de sexe avaient vocation à échauffer les sens des lecteurs. « L'amant de Lady Chatterley » est un roman politique et de ce point de vue, c'est même un brûlot. Lawrence dresse un portrait bien sombre et bien amer de la société anglaise et des rapports de classes. Cette peinture sociale et politique est remarquablement précise et pertinente, c'est à une véritable dissection des rapports sociaux que Lawrence se livre. En effet, il analyse ces rapports de domination dans tous leurs aspects, le sexe étant un de ces aspects. Très clairement, l'auteur se place du côté du peuple, tout en ne présentant jamais les masses laborieuses sous un jour naïvement positif, il est d'un réalisme saisissant. Ce parti pris n'est d'ailleurs pas étonnant, Lawrence était lui-même issu du peuple et il parait évident que Mellors est son alter-ego. Comme son personnage, Lawrence est né dans le milieu ouvrier et a eu l'occasion de s'élever intellectuellement tout en ne reniant pas ses origines modestes. La classe dominante est vivement éreintée dans le roman. Les hommes qui composent cette classe dominante sont des êtres plein de mépris, sûrs de leur supériorité. Leur façon de se voir eux-mêmes offre un contraste saisissant avec la façon dont Lawrence les dépeint. A l'image d'une société gangrénée par l'appât du gain, le capitalisme ne sort pas grandi du roman, les hommes sont comme déconnectés d'une certaine réalité. En s'éloignant de la terre, en n'étant plus que des êtres économiques, ils ont perdu la conscience de leurs corps et ne tirent de la jouissance que dans la consommation, ce que Lawrence reproche d'ailleurs aussi bien aux classes laborieuses qu'à la classe dirigeante. Mais selon Lawrence, le salut ne peut venir que de la classe populaire. Pour peu qu'ils reprennent conscience de la terre et de leurs corps, les hommes du peuple sont encore des hommes capables de prendre et donner du plaisir alors que les hommes de la classe dominante sont dépeints comme dénués de virilité, impuissants ou pleurnichards. le propos de Lawrence est fort et c'est vraiment cet aspect du roman qui a choqué. Je pense que le caractère sexuel du roman n'a servi que de prétexte pour tirer à boulets rouges sur l'oeuvre. le scandale ne vient pas du fait que Lady Chatterley couche avec un amant mais plutôt que cet amant soit le garde-chasse, un homme de peu au statut de domestique. Ce propos très politique est délivré de façon plus subtile et plus profonde que ce que peut laisser paraitre ce que j'en résume. « L'amant de Lady Chatterley » est vraiment un livre très intelligent, brillant. Je trouve juste, et c'est mon seul regret vis-à-vis de ce roman, qu'il manque un peu d'émotions. Ce roman a stimulé mes méninges mais n'a pas touché mes tripes. J'ai eu le sentiment que cette oeuvre s'adressait au cerveau, pas au coeur.

Il ne faudrait pas que le léger bémol que j'évoque à la fin de mon billet vienne refroidir l'enthousiasme de ceux qui envisageaient de découvrir ce roman. « L'amant de Lady Chatterley » est vraiment un très grand roman, d'une intelligence remarquable, qui délivre un propos audacieux avec force et courage.

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