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3,38

sur 100 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La quantité de pages ne fait pas la qualité d'un récit ! en voici une preuve supplémentaire avec ces 60 pages percutantes…un texte fort, qui claque ! Je suis admirative devant la prouesse de l'auteure qui a réussi à écrire un texte si dense dans une langue à la fois riche et précise…qui m'a un peu rappelé l'écriture d'Amélie Nothomb.
Elle écrit donc une lettre à l'enfant qu'elle n'a pas eu, donnant les arguments qui lui ont fait refuser la maternité (c'est un choix) et imaginant quelle aurait été la place et la vie de l'enfant si elle avait cédé à la pression exercée sur elle. Son texte, poignant et d'une grande intelligence, témoigne d'une réflexion profonde : il incite le lecteur à se positionner quant à ses conceptions de la maternité, de la filiation.
Elle refuse en fait de faire porter à un enfant le poids de ses souffrances, de son enfance, de sa mauvaise relation avec sa propre mère…Elle ne veut pas que son enfant soit son « pansement » et ne se berce pas d'illusions telles que « Je saurai lui donner ce que je n'ai pas eu ».
Ce texte résonnera longtemps pour moi !
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Pas aimable Linda Lê : c'est elle-même qui s'évertue à nous le dire. Si peu aimable qu'elle refuse à l'homme qui l'aime de partager avec lui son rêve d'avoir un enfant. Non, elle ne se reproduira pas, elle ne se racontera pas d'histoires sur cet enfant qu'elle pourrait avoir, ce qu'il pourrait devenir, ce qu'il pourrait construire... Non, elle ne se laissera pas emporter par la rêverie de berceaux, de rubans, de vacances à la mer.... Non, elle serait d'ailleurs une bien mauvaise mère, trop "loufdingue", trop déséquilibrée qu'elle est, trop obsédée par sa création littéraire. Ce choix, si difficile aujourd'hui à affirmer pour une femme, elle en fait un texte admirable, une lettre d'amour qu'elle envoie à ce fils qu'elle n'aura jamais mais qui, pour toujours, est là présent en elle, l'accompagne, doué de vie.
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Ce petit ouvrage appartient à la collection "Les affranchis" chez l'éditeur Nil. Une demande aux auteurs : "Ecrivez la lettre que vous n'avez jamais écrite".

Il s'agit là d'une lettre sur un sujet difficile dans notre société actuelle où la famille-cocon devient le dernier refuge à défendre, où une femme se doit de devenir mère pour avoir accéder à la complétude (exigence pseudo-naturelle qui n'est pas imposée aux hommes avec pareille vigueur).
Linda Lê compose donc à contre-courant cette lettre à "l'enfant qu'[elle n'aura] pas". Situation d'autant plus douloureuse que son compagnon ressent, lui, le désir de donner la vie.
Il est frappant de noter que nombre de blogs, bien souvent féminins, n'ont pas saisi l'ironie dans les clichés maniés dans les premières pages par l'auteure. En effet, Linda Lê explique à son ami ce refus de donner la vie avec force arguments philosophiques et sociaux : il est impensable de lancer un enfant dans un monde pareil, la vie n'est que vide et inutilité. Mais rapidement, on ressent que ce ne sont là que des excuses intellectuelles, revendiquées d'ailleurs comme telles, et répondant en joute verbale aux arguments tout aussi littéraires et pensés de son compagnon.

Non, Linda Lê ne sera pas mère car rien ne l'y mène : ni le modèle maternel d'une "Big Mother" tyrannique luttant contre la féminité de ses filles, ni son corps, ni son mode de vie.
Pour elle qui se débat déjà avec ses démons, la grossesse, l'accouchement et le lien tissé avec l'enfant ne sont en aucun cas des réponses.
Mais il n'y a dans cette lettre, intime et touchante, nulle revendication collective. L'auteure ne s'érige pas en modèle féministe cherchant à délivrer la femme de cet aspect animal qu'on voudrait lui imposer de toute éternité. Ce non-désir d'enfant, elle le ressent ainsi, il est étroitement lié aux tours et détours de son histoire personnelle. Parallèlement, Linda Lê dépeint fort bien le discours violent qui s'abat sans nuance sur les femmes nullipares : immaturité, incomplétude, anormalité, égoïsme.

Cependant, ce fils prend vie au cours de la lettre. L'auteure en narre l'enfance, l'adolescence puis la jeunesse possibles. Être imaginaire que Linda Lê se refuse explicitement à assimiler à la création littéraire, il nourrit et apaise celle qui ne l'a pourtant pas engendré.
Lien : http://los-demas.blogspot.fr..
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Une longue missive à un être qui n'existe pas si ce n'est dans la projection mentale voire affective. Avec acuité, sensibilité et intelligence Linda Lê parle à l'enfant qui ne nait pas et n'est pas, à l'enfant qu'elle ne veut pas et n'aura pas.
Une lecture qui m'a profondément bouleversé au point d'arrêter en plein milieu. Les phrases m'ont tellement prise de plein fouet que j'en ai perdu mon livre.
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Un très beau principe pour un écrit original.
Le style est un peu monolithique et j'avoue m'être un peu ennuyée au fil d'énumérations qui se répètent avec le même schéma d'opposition. Toutefois le récit est original tant par le sujet que par la forme choisie.
On peut regretter juste que ce soit le "cliché" de la femme qui n'a pas d'enfant car elle a été elle-même traumatisée lors de son enfance mais il s'agit d'un récit de vie, preuve que parfois la réalité nous rattrape durement.
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Linda Lê n'aura pas d'enfant, par choix, et elle le raconte dans ce court ouvrage. Je vous avoue que j'attendais beaucoup de ce texte, pour des raisons personnelles mais également sociologiques. Les femmes qui ne veulent pas d'enfant, on en parle jamais, c'est tabou. Ça n'est pas “normal” de ne pas vouloir procréer, ce n'est pas dans l'ordre des choses, et elles subissent une pression sociale, biologique et personnelle très importante.

Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2012/01/chronique-livre-a-lenfant-que-je-naurai-pas/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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La collection Les affranchis chez Nil propose aux auteurs de rédiger « la lettre qu'ils n'ont jamais écrite ». Un exercice de style peu aisé, qui peut permettre, suivant les cas, aux auteurs d'aborder des sujets personnels, des moments de leur histoire qui les ont marqués, tout en respectant l'art épistolaire.

Linda Lê écrit à son enfant. Plus précisément, à l'enfant qu'elle n'a pas et qu'elle assure ne jamais vouloir avoir. Clara et moi avons été séduites par ce petit texte qui est absolument magnifique. L'écriture est fine, ciselée, délicate et forte tout à la fois, et certaines pages vraiment de toute beauté. Nous aimons beaucoup l'idée de cette lettre, qui permet de dévoiler l'intime, de se mettre à nu, et de parler au lecteur comme s'il était dans la vie de l'auteur, un ami, une oreille attentive et aimante.

Mais elle comme moi avons ressenti un malaise à cette lecture. En effet, mamans toutes les deux, nous n'arrivons pas à imaginer qu'on puisse volontairement se priver du bonheur d'avoir un ou plusieurs enfants. Notre lecture, malgré sa beauté, nous a emplies de tristesse pour cette femme, dont la vision de la vie est si pessimiste qu'elle s'auto-censure elle-même, qu'elle s'interdit cette joie ineffable de la grossesse, de la naissance et de voir chaque jour pousser son petit, se développer sa personnalité, ses goûts, ses désirs, ses passions. Même si on sait bien que les enfants, "ça fait bien du souci", qu'on ne pourra jamais se départir d'une angoisse omniprésente qu'il leur arrive quelque chose ou qu'on ne les ait pas assez, ou mal aimés. Même si c'est fatigant, les enfants, si parfois on en jetterait bien un par la fenêtre, si on s'arrache les cheveux avec nos ados qui nous répondent avec insolence, avec le petit qui a bousillé le canapé en le repeignant au feutre, avec sa fille qui veut sortir habillée comme un trainée, avec celui qui veut un portable ou qui ne fiche rien à l'école... On peut trouver dix mille raisons en effet pour ne pas avoir d'enfant, mais à mon sens, c'est se priver soi-même, et c'est bien dommage.

Suite sur Les lectures de Liliba
Lien : http://liliba.canalblog.com/..
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À l'enfant que je n'aurai pas est une lettre que Linda Lê a écrite à l'enfant qu'elle a décidé de ne pas concevoir. Elle fait partie de la collection Les affranchis de NiL : Quand tout a été dit sans qu'il soit possible de tourner la page, écrire à l'autre devient la seule issue. Mais passer à l'acte est risqué. Ainsi, après avoir rédigé sa Lettre au père, Kafka avait préféré la ranger dans un tiroir. Écrire une lettre, une seule, c'est s'offrir le point final, s'affranchir d'une vieille histoire. La collection « Les Affranchis » fait donc cette demande à ses auteurs : « Écrivez la lettre que vous n'avez jamais écrite. »

L'auteure nous offre son cheminement personnel, son enfance étouffée par une mère autoritaire, ses convictions intimes mises à mal par un homme, S., qui voulait avoir des enfants et qui a essayé de la convaincre très maladroitement, et parfois même avec agressivité et violence, lui jetant au visage qu'un thérapeute aurait pu la « purger de ses névroses » et qu'ainsi, elle aurait pu « triompher de ses infirmités », pour ensuite affirmer qu'elle était « un cas pathologique ».

Alors elle explique à cet enfant qui ne verra jamais le jour qu'elle n'aurait pas été capable de l'élever, de lui donner tout l'amour qu'il méritait puisque l'écriture prend toute la place. Elle écrit toute l'inattention à laquelle il a échappé. Et pourtant, à travers cette écriture, elle lui consacre du temps, elle le fait exister dans un imaginaire qui transpire la réalité. Elle a le courage de ne pas céder aux sirènes sociétales de la maternité. Elle a la liberté de décider ce qui est le mieux pour elle, et pour cet enfant, et elle s'y tient, malgré les bourrasques. Les injonctions du passé, le traumatisme d'autrefois sont trop présents, tout comme le besoin de s'exprimer par les mots.

Mais ce refus d'enfant, cette introspection sur elle-même, lui permettent d'avancer, de s'analyser, de se transcender.

« Tu m'éveilles à la pluralité des sensations, tu me libères de mes inhibitions ; je n'ai jamais eu la prudence de qui se ménage, et plus j'agis de manière que, si tu avais vu le jour, tu sois fier de moi, plus je déploie de l'opiniâtreté dans mes entreprises. »

Dans une plume sensible et sublime, cette autobiographie radiographie la féminité dans une société dans laquelle les ventres ronds sont presque un passage obligé pour la femme, et par conséquent quand elle s'y refuse, doit faire face aux sommations troublant l'intime. Un court récit qui résonne et qui libère.
Lien : https://ducalmelucette.wordp..
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Bonne lecture sur un sujet encore tabou: la non envie de procréer.
L'auteur écrit une longue lettre à l'enfant qui ne sera pas: les raisons et pourquoi de son non désir.
Juste et touchant.
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