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EAN : 9782267014273
247 pages
Christian Bourgois Editeur (02/10/1997)
2.73/5   11 notes
Résumé :

Elles sont trois, réunies un dimanche après-midi dans une cuisine pleine d’odeurs alléchantes. Elles sont trois, comme les filles du roi Lear. Comme les trois régions du Viêt-nam. Comme les trois Parques qui dévident, nouent, tranchent le fil de la destinée. Elles sont trois, comme les Tristesses penchées sur le lit de Thomas de Quincey : la plus âgée, la Madone des Larmes, porte à la ceinture des clefs avec lesquelles elle ouvre toutes les maisons, pénè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'adore Linda Lê, parce que, comme je l'ai déjà écrit, sa lecture m'impose de constantes recherches dans les dictionnaires, tant son vocabulaire est riche. Tout est donc dans le style: un vocabulaire très varié qui passe par de nombreux registres de langue et qui est soumis à l'épreuve des sens exhaustifs. C'est un exercice de haute voltige verbale, comme en témoignent en partie seulement les citations.

Qui sont les personnages de ce récit haletant et incandescent? Il y a les trois parques vietnamiennes: la miss «Belles Gambettes», soeur cadette de la propriétaire enceinte de la «maison flambant neuve» et la cousine, la Manchote qui est également la narratrice. Il y a ensuite le père des deux premières, ce vieux roi Lear abandonné depuis plus de vingt ans «dans la petite maison bleue» au Vietnam. S'agissant des hommes, il y Théo le compagnon de miss «Belles Gambettes» et le «maître des lieux de la maison flambant neuve, le mari, expatrié zurichois», dit aussi «le méditatif». le roi Lear a un fidèle ami appelé «le couineur» (sic !) qui est vraisemblablement un religieux accro aux «anguilles cuites au naturel». Il y a aussi la grand-mère morte, Lady Chacal, riche vietnamienne ayant fui les communistes en France après avoir «enlevé» les deux filles du roi Lear. Les trois cousines sont réunies un dimanche après-midi dans la «maison flambant neuve» à préparer le voyage en France du vieux roi Lear. Viendra-t-il ou pas? Je ne peux vous répondre sous peine de trop dévoiler.

L'emprise (cette domination intellectuelle ou morale d'un être sur un autre) est le thème récurrent de Linda Lê, qu'elle traite là encore avec brio. Elle l'analyse ici au sein du couple (Théo et miss «Belles Gambettes», sa soeur aînée et son méditatif de mari ), par la religion ou la présence fantomatique de la grand-mère (Lady Chacal).

Avant de vous laisser entamer peut-être cette lecture, je reproduis un mystérieux avertissement en fin d'ouvrage. J'ai le sentiment que l'auteur le rendrait elle-même public à plus d'un égard :
«Écrit dans le plus grand isolement, terminé le 1er avril 1997, remis, puis retiré à la sainte Catherine de Sienne, avant la décision, prise à la saint Salomon (une fois écartée la tentation d'une publication sous pseudonyme), de le laisser voir le jour, ce livre avait trouvé, dans les semaines suivant son achèvement, un épilogue quelque peu dramatique–trois mois de stupeur et de confusion–que je n'aurais pu affronter sans l'aide de quelques amis et d'un médecin. Merci donc au trio de la rue Oudinot, du quai de Grenelle et de la rue de Val-de-Grâce. À Christian Bourgois pour sa patience. À Jean-Claude Demant pour ses conseils. À Olivier Rolin, qui répondit, un dimanche, à un appel de détresse. Et à l'absent, dont le murmure sut dominer cette “voix épouvantable qu'on appelle ordinairement le silence”.»
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le livre de linda lê n'est pas un livre facile :deux soeurs se préparent à recevoir leur grand-père père ,resté dans son pays d'origine alors qu'elles se sont exilées en France depuis de nombreuses années .Il y a l'aînée qui attend un enfant et s'ennuie auprès de son mari suisse ,dans son pavillon flambant neuf ,il y a la soeurette aux belles gambettes et puis une cousine la manchotte qui prévoit les catastrophes mais ne peut les empêcher et que nul ne veut écouter . On est emporté par le flot de pensées de tous ces personnages ,qui ne peuvent oublier la tragédie de leur pays et leurs tragédies personnelles .On circule du pays d'exil au pays d'origine le Vietnam et on refait le parcours de ses trois femmes qui est auusi celui de LInda lê .Les mythologies ,les cultures ,les pensées se mêlent .On sent qu'on est pas près d'oublier la manchotte .
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le livre de linda lê n'est pas un livre facile :deux soeurs se préparent à recevoir leur grand-père père ,resté dans son pays d'origine alors qu'elles se sont exilées en France depuis de nombreuses années .Il y a l'aînée qui attend un enfant et s'ennuie auprès de son mari suisse ,dans son pavillon flambant neuf ,il y a la soeurette aux belles gambettes et puis une cousine la manchotte qui prévoit les catastrophes mais ne peut les empêcher et que nul ne veut écouter . On est emporté par le flot de pensées de tous ces personnages ,qui ne peuvent oublier la tragédie de leur pays et leurs tragédies personnelles .On circule du pays d'exil au pays d'origine le Vietnam et on refait le parcours de ses trois femmes qui est auusi celui de LInda lê .Les mythologies ,les cultures ,les pensées se mêlent .On sent qu'on est pas près d'oublier la manchotte .
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le petit dragon ondoyant zigzaguait entre le zist du capital et un zeste de marxisme, comme un zombi, rendu zinzin par les années de zizanie communiste, qui se mettait à danser le swing de la simonie sous le soleil du capital à son zénith. De temps en temps, le Parti faisait gronder sa colère; le petit dragon s'aplatissait aussitôt, mimant la pause triste et résignée qu'il avait du temps où il n’était qu’une queue affamée devant les magasins d'État, toute tremblante de peur et longue comme le catalogue des péchés mortels contre la Révolution. Et si cela ne suffisait pas pour apaiser la fureur du Ciel, le petit dragon mettait un bémol à sa fougue affairiste, éteignait pour quelques jours sa flamme du négoce avec une petite larme nostalgique des années d'innocence, la décade vertueuse où les magasins, au passage du chaland, baissaient pudiquement les paupières, une petite larme en forme de clip, où une cloche et une tête à claques, glougloutant de candeur, chantaient au clair de lune un gloria in excelsis à l'oncle Hô, un exsudat sérieux à claquer d'ennui, dégoulinant de glaire vertueuse et qui s'en allait noyer son clapotis édifiant dans le cloaque du capital, le flot du clinquant qui charriait toute la clique des clones mercenaires, naguère cloués au pilori, désormais portés au pinacle, proliférant comme les kleenex, petits papillons multicolores subitement apparus sur les étalages, chassant les papillons noirs de la décade funeste, séchant les larmes nostalgiques du petit dragon qui, sorti des transes mortelles du communisme, se transportait, avec une ondulation de joie, vers le bazar du transitoire, ses enseignes changeantes et sa débauche d'émotions jetables.
(p. 227-228)
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[…] en attendant le demi-dieu qui devait lui dédier son dard, la donzelle s'était démenée comme un beau diable, avait dompté un dada après l'autre, raclé toutes les cordes de son arc, appris la guitare en dix leçons, dansé la gigue, acheté une caisse à faire tchac-boum, commandé de la couleur, dressé un chevalet, acheté une boîte à faire clic-clac, dessiné des robes, acheté une machine à faire zig-zag, pouponné des arbres nains, acheté une fontaine miniature qui faisait flic-flac, potassé le japonais de cuisine, mimé l'art du thé, acheté un service rayé payé ric-rac, mais elle avait beau faire clicclactchacboumzigzag, les jours se suivaient flip-flop, les dépouilles des vocations manquées s'entassaient pêle-mêle, et c'était toujours le même bric-à-brac d'ennui qui attendait le fric-frac providentiel d'un sauveur tombé pile poil pour guérir ces quintes et débrouiller ce méli-mélo de lubies. […] la prisonnière mangeait, cuisinait puis mangeait, mangeait puis cuisinait, en tête à tête avec la petite boîte qui radiotait, quand elle ne crachait pas des tchac-boum près de la hotte ultraperformante qui aspirait les odeurs de friture mais ne sniffait pas les relents de spleen.
(p. 75-76 et 77-78)
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Plus moyen d'arrêter le conjuré, qui se croyait de nouveau maître à bord, libre de se laisser aller à sa fureur hargneuse (comme dit la Manchote) et de piétiner les conditions stipulées dans le contrat d'association mis au point après un sondage express sur l'inconvénient d'être apparié (encore une pique de la sorcière), la vie à deux est-elle pour vous une expérience exaltante (à court terme) ? éprouvante (à la longue) ? absurde (de bout en bout) ? egophage (de jour en jour) ? dissolvante (nuit après nuit) ? une expérience de brève communion mutuelle suivie de longues humiliations réciproques (ou comment atteindre l'orgasme quand le désir n’y est plus) ? d'incompréhension sournoise changée en indifférence affichée (ou le plaisir de renoncer à une énigme quand on n’en a rien tiré) ? le souvenir de territoires concédés avec des trémolos et repris sans sommation, un pied de nez comme paraphe (ou le bonheur de se sentir enfin bien peinard après des années dans le lit de Procuste) ?
(p. 120-121)
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Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, préférait dire ma cousine qui, ajustant le dogme de la métempsychose à sa candeur philosophante, croyait ferme en une autre vie, qu'elle considérait comme une séance de rattrapage, où les recalés de cette existence se verraient octroyer la grâce d'une possible place dans le peloton de tête.
(p. 26)
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Le français, ça allait de soi. C'était l'idiome diplomatique dans la maison flambant neuve ; mais le père rêvait de semer, dans la graine de paradis, des germes de germanisme, que la mère, ne voulant pas être en reste, marierait à des gamètes insolites, poussières de vietnamien levées par le vent de la mémoire.
(p. 13)
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