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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le titre est déjà un mystère. Hysteresis... mais "quoi que c'est" se dit-on la bouche pâteuse et les cheveux en bataille... Allez, je ne vais pas faire durer le suspense plus longtemps, le dictionnaire étant mon ami, c'est avec plaisir que je vous donne la définition : "Propriété présentée par un système dont les propriétés à un instant donné dépendent de toute son évolution antérieure et pas seulement des paramètres décrivant le système à cet instant". Ben mes aïeux, avec ça, nous sommes sauvés ! Que tous ceux qui ne sont pas scientifiques lèvent le doigt (ça va m'être dur à présent de pianoter sur mon clavier avec un doigt en l'air !). Bon, trêve de plaisanterie, le titre prend tout son sens une fois l'histoire lue.

Rouperroux. Rien que le nom vous inspire un univers bucolique. Vous imaginez déjà un petit village tranquille, perdu dans la campagne, avec son clocher surplombant la nature environnante, le coq chantant au lever du soleil (si je ne sais pas quoi faire, je me recyclerai en agent immobilier)... Mouais... mais Rouperroux a connu la "Panique", sorte de vengeance de la nature due à l'utilisation à outrance des technologies. le village tente alors de se reconstruire. Mais à quel prix ! Les habitants, tous nés après le cataclysme, ne doivent pas en sortir, n'utiliser aucun appareil moderne. Ils doivent vouer un véritable culte à la Nature et détester leurs ancêtres. Ça casse l'ambiance, hein ! Et c'est dans cette chaleureuse atmosphère qu'un étranger arrive, Jason Marieke, un conteur. La méfiance est de mise car il a connu "l'avant". Il est, en quelque sorte, le lien entre le passé et le présent. Cette rencontre avec les habitants va révolutionner leur quotidien...

Si le thème n'est pas nouveau, on peut dire que ce roman est original à plus d'un titre. D'abord, parce qu'il se focalise sur une petite communauté. Nous sommes pratiquement dans un huis-clos. Et à première vue, certains ne sont pas seuls dans leur tête... Ensuite parce que mine de rien, ce bouquin est truffé de liens culturels : poésies, chansons. N'oublions pas que "l'étranger" est un conteur. Enfin, parce que le rythme est soutenu. Il n'y a qu'un petit bémol à tout ceci : l'auteur n'inverse jamais le sujet et le verbe lorsque la phrase le réclame. Un autre auteur a ce style là, Agota Kristof, mais c'est voulu dans la mesure où le narrateur est un enfant. Là, ça n'a pas lieu d'être et devient vite agaçant. Ceci dit, l'histoire est tellement prenante que l'on en arrive à oublier ce défaut.

Merci à Babelio et aux éditions le Bélial' pour cette belle découverte.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Très bonne surprise que ce premier roman "adultes" par un auteur qui écrit d'ordinaire pour la jeunesse. Ce roman post-apocalyptique se lit très vite et avec un immense plaisir. Les chapitres sont très courts, jamais plus de 2-3 pages, et je les ai enchaînés à toute allure.

Un vieil homme, Jason, arrive dans un village et sa présence va bouleverser le quotidien des habitants. Il faut dire que cela se passe dans un monde un peu particulier, où la vie ressemble à celles de nos ancêtres, simple et dédiée au travail manuel, en effet, la technologie a entièrement disparue, suite à "La Panique", qui date d'une quarantaine d'années.
Depuis lors, les survivants vouent un culte à la nature et surtout aux arbres, et tant le quotidien que les croyances ont été entièrement chamboulés.

Jason, notre héros, semble avoir vécu cette période et sa seule présence pourrait bien faire basculer la vie de tous...
L'ambiance de suspicion est vraiment bien décrite, on ressent le malaise général de cette communauté et l'intrigue générale est intéressante.
Les conditions de vie un peu moyenâgeuses sont très détaillées et amènent le lecteur à se poser pas mal de questions sur nos vies actuelles.

Mais, car il y a forcément un mais... j'aurais deux petits reproches à faire. D'une part les personnages manquent d'épaisseur, la plupart d'entre eux n'ont qu'un nom et une profession, et comme ils sont nombreux, j'ai eu tendance à les confondre.
D'autre part le suspense n'est pas toujours bien mené, il y a de petites intrigues secondaires tout au long de l'histoire principale mais celles-ci sont généralement closes en deux pages. Par exemple, on se demande quel est le lien entre deux personnes et trois pages après, on a déjà la réponse...alors que personnellement, j'aime bien me creuser un peu les méninges avant que la réponse me soit révélée.
Dernier point : je n'ai compris le titre qu'à la fin, après avoir cherché la définition de ce mot, qui ne me parlait pas des masses, je dois le reconnaître !
Je remercie Babelio et les éditions le Bélial pour cet envoi, lors du dernier Masse critique.
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En Résumé : J'ai passé un très bon moment de lecture avec cette histoire post-apocalyptique qui nous plonge dans un village, aux abords paisibles, mais qui cache de terribles secrets. L'intrigue se révèle efficace et bien mené avec son lot de surprises, faisant monter la tension au fil des pages et happant le lecteur. L'univers construit se révèle sombre, sauvage, où l'humanité a régressée suite à une grande catastrophe et qui nous fait réfléchir sur le devenir de notre monde ainsi que sur la force, parfois facile, de l'obscurantisme sur les populations. Les personnages se révèlent denses, humains et surtout intéressants, on peut ne pas tous les apprécier, mais on les comprend. L'auteur offre aussi un parallèle saisissant entre l'ancienne génération qui a laissé faire, là ou la génération d'après est obligée de subir. Je reproche juste que l'auteur utilise un peu trop par moment des expressions anglaises, genre retrouver 4 à 5 fois « shit » sur une page, mais aussi une façon de présenter les dialogues qui ne m'a pas accroché et enfin je trouve légèrement frustrant le deus ex machina de fin. Rien de bien méchant non plus. La plume de l'auteur se révèle simple, efficace et entrainante captant le lecteur rapidement. En tout cas je lirai sans soucis d'autres récits de l'auteur.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Lorsque je commence un livre, il arrive fréquemment que j'ai une idée préconçue de l'histoire que je vais découvrir.
C'est cette idée qui me pousse d'ailleurs à le lire.
Là, je m'attendais à trouver une ambiance post-apocalyptique à la sauce "La route". Film que je n'ai pas spécialement apprécié entre parenthèse car j'ai trouvé qu'il était un peu longuet (si si, le mot est dans le dico ! ) mais j'avais bien aimé l'idée de départ.

Finalement, en commençant ma lecture, je n'ai pu m'empêcher de penser au film "Le Village" de Night Shyamalan.
La ressemblance n'est pas dans l'intrigue mais dans l'ambiance, l'atmosphère.

Rouperroux est un un village n'aimant guère les étrangers. Alors quand Jason Marieke débarque d'on ne sait où, avec son léger accent ricain, on le regarde d'un mauvais oeil. Surtout les notables qui semble avoir quelque chose à cacher et qui ne veulent surtout pas qu'on commence à se mêler de leurs affaires.

Hysteresis est bien un livre post-apocalyptique mais les faits se passent des décennies après que les cavaliers de l'apocalypse n'aient chevauché notre terre.
La fin de notre monde a eu lieu et un nouveau est apparu.
Seulement, ce n'est pas ces fameux cavaliers qui ont provoqué notre perte mais nous, en nous éloignant de plus en plus de la Nature, en consommant et polluant toujours plus jusqu'à la "Panique".
Raison pour laquelle nos successeurs vénèrent autant les arbres.
C'est devenu la nouvelle religion de ce nouveau monde.

Cette vénération peut aussi s'expliquer par le fait que la population vit grâce à la nature, l'utilise pour se nourrir ou se créer des objets du quotidien et en est conscient.
C'est comme si la civilisation avait fait un "reset" et était retourné au Moyen-Age.
Un Moyen-Age avec certains anachronismes puisque vous pouvez tout de même retrouvé des objets du "passé" comme un ballon de basket ou des voitures.

Hysteresis n'est pas qu'un huis-clos avec une obscure intrigue mais c'est aussi une réflexion très intéressante sur le conflit intergénérationnelle, l'obscurantisme qui découle après la Panique (nom donné à l'événement responsable de l'écroulement du monde que nous connaissons actuellement ) et nos relations actuelles avec la nature.
C'est aussi la possibilité de voir une très belle amitié entre un enfant et un "vieille" homme.
Beaucoup de choses à picorer donc dans ce livre, prouvant la richesse de ce récit.
Pour les amateurs, il y a même des extraits de poésie ainsi que des couplets de chanson insérés dans le texte.
Ceci n'est pas fait gratuitement et je pense que c'est une bonne idée de l'auteur.
Maintenant, et c'est pour cela que je n'ai pas mis 5 étoiles, je ne suis pas une amatrice de ce genre et je dois avouer que j'ai plus d'une fois eu envie d' éviter ses passages.
Par contre, je suis sensible à une écriture simple et belle, sachant créer des émotions et des images.
Et là aussi, l'auteur ne m'a pas déçue.
Par contre, je dois reconnaître que certaines tournures de phrase notamment dans les dialogues, lorsque le narrateur souhaite signifier qui s'exprime m'ont dérangée.
L'auteur a peut-être voulu appuyer sur le fait que le narrateur est jeune mais cela m'a semblé de trop.

Et voilà ! Je finis sur le seul point négatif que j'ai trouvé! Mince !

Bon, alors je me lance dans la conclusion qui rattrape le tir :

Une belle lecture qui laissera une trace de son passage dans ma vie de lectrice ! (pas mieux...désolé ! J'espère néanmoins avoir réussi à vous donner l'envie d'avoir envie ! :)
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Si le post-apo est un sous-genre que j'apprécie en général beaucoup, il faut reconnaître que l'on retrouve un peu trop souvent le même schéma d'un roman à l'autre : soit l'auteur met en scène de manière spectaculaire ce qui va causer la disparition de notre monde (des zombies, une épidémie, des catastrophes naturelles...), soit il se focalise sur ce qui se passe aussitôt après, alors que les survivants ont encore la possibilité de survivre sur les ruines de nos civilisations (les voitures fonctionnent, on trouve toujours de la nourriture en conserve...). En ce qui me concerne, j'ai toujours été plus attirée par ce qui pourrait se passer bien après le drame, lorsqu'il est devenu impossible pour les humains de continuer à exploiter les restes de nos civilisations disparues sans que le souvenir de celles-ci ait pour autant été complètement effacé. Quel type de société pourrait alors émerger ? Quel mode de gouvernement, quelles techniques inventées (ou retrouvées) pour se nourrir, se vêtir, se laver, bref, pour mener à bien toutes les tâches de la vie quotidienne ? Les récits qui se posent la question sont rares (ou en tout cas je n'ai pas encore eu l'occasion d'en lire beaucoup) et c'est justement ce qui m'a attiré dans le roman de Loïc le Borgne. L'action d'« Hysteresis » se situe ainsi une quarantaine d'années après la Panique, un événement jamais précisément défini dans le roman mais dont on comprend sans mal qu'il correspond à l'effondrement de notre monde moderne. Tant bien que mal, les survivants se sont organisés en petites communautés aujourd'hui peuplées de gens qui, à de rares exceptions près, n'ont jamais connu le monde avant le drame. Parmi les exceptions, on trouve justement Jason Marieke, un voyageur qu'on voit un beau jour débarquer à Rouperroux, un petit village isolé dans lequel les habitants mènent une vie difficile, faite de labeurs et de peu de distractions. Or, ces habitants voient d'un très mauvais oeil l'arrivée de ce vestige de l'ancien monde qui enquiquine tout le monde avec ses questions et fait remonter de vieux secrets que certains ont tout intérêt à ne pas voir divulguer.

Loïc le Borgne construit son récit de manière fort habile, exacerbant lentement mais sûrement les tensions qui règnent dans le village jusqu'à ce que la situation finisse inévitablement par éclater. le principal atout du roman réside ainsi dans son ambiance résolument sombre et inquiétante qui ne laisse pas indifférent. Dès l'arrivée de Jason, on sent que quelque chose cloche dans ce village, impression renforcée par le comportement des habitants qui vient accroître le malaise du lecteur. Il y a d'abord les jumelles, Mélusine et Mélopée, deux petites pestes tyranniques et tout à fait terrifiantes en dépit de leur jeune âge. Il y a aussi ce culte étrange que vouent quelques uns des habitants aux fées et aux arbres, et les châtiments qui découlent d'un non respect à leur égard. Et puis il y a ce passé que personne ne veut évoquer, et ces gens qui ont disparu de la circulation entre deux recensement sans que personne ne veuille évoquer ce qui a pu leur arriver... le lecteur tourne les pages avec fébrilité mais aussi avec une certaine angoisse qui n'est d'ailleurs pas uniquement due au comportement des habitants mais aussi au décor. Plus de lumière pour se rassurer la nuit, une proximité avec la forêt qui accroît les risques d'attaques de brigands ou de bêtes, le froid, les tempêtes... : les personnages d'« Hystersis » renouent avec des peurs anciennes qu'une partie du monde a aujourd'hui totalement occulté. Les habitants de Rouperroux possèdent malgré tout quelques avantages, à commencer par les installations datant de l'époque médiévale et soigneusement entretenues par la commune avant la Panique. le lavoir reprend ainsi du service tandis que les paysans renouent avec les vieilles méthodes de labourage et redécouvrent les vertus des arbres et des plantes qui les entourent. La dimension écologique est très importante dans le roman puisqu'on comprend rapidement que la Panique s'est déclenchée à cause de nous, de notre impact sur l'environnement qui a fini par se retourner contre nous (catastrophes naturelles, déclenchement d'épidémies...). Les nouvelles générations entretiennent ainsi une profonde rancoeur à l'égard de leurs proches ancêtres qui savaient ce qui se passait mais qui aimaient trop « leur confort et leurs voitures » pour agir avant le désastre.

La narration est assurée par Romain, un jeune garçon du village qui va servir de guide à Jason Marieke dès son arrivée. On s'attache sans mal au gamin qui manifeste constamment une volonté de bien faire et qui s'émerveille de choses qui nous semblent, à nous lecteurs, tout à fait banales (un ballon de basket, la lumière artificielle...). Cette narration à la première personne oblige toutefois l'auteur à ruser de temps à autre si bien que le roman change à plusieurs reprises brièvement de point de vue lorsque Romain retranscrit des extraits des journaux intimes rédigés par d'autres personnages. Difficile d'ailleurs de ne pas se prendre également d'affection pour Jason et Gabrielle qui, en dépit de leur âge, se trouvent au milieu d'une très belle histoire d'amour traitée avec beaucoup de délicatesse. La plupart des autres villageois ne sont en revanche pas vraiment à leur avantage sans pour autant être stéréotypés ou bâclés : la plupart agissent par peur, par fanatisme, ou encore par simple passivité autant de motivations qui les rendent très humains ce qui participe là encore à accroître le malaise du lecteur. Comme si toutes ces qualités ne suffisaient pas, le roman est également porté par une très belle plume, Loïc le Borgne disposant d'une écriture soignée, prompte à émouvoir le lecteur. Ce dernier sera également ravi de retrouver un peu partout dans le roman des extraits de chansons ou poèmes pré-Panique composés par l'auteur lui-même ou par de grands chanteurs ou écrivains (Bob Dylan, Jim Morrison, Jacques Brel (« Ces gens-là », bien sûr), Keats, Shakespeare... Tout les passages ne sont pas faciles à reconnaître mais participent à créer une ambiance très particulière et s'insèrent parfaitement dans le récit, venant tour à tour compléter une phrase ou illustrer un événement ou un sentiment général. L'ouvrage fourmille également de comptines ou chansons populaires souvent inquiétantes qui renforcent l'aspect pesant du récit, de même que tout le folklore développé par les nouvelles générations autour des fées.

Loïc le Borgne signe avec « Hystéresis » un excellent roman qui séduit aussi bien par la qualité de ses personnages que par son ambiance inquiétante ou encore son traitement original du post-apo. Une très belle surprise que je vous recommande chaleureusement !

N. B. : Si vous êtes curieux de découvrir d'autres récits post-apo qui adoptent le même parti pris que dans le roman (dépeindre notre monde ni au moment du cataclysme, ni juste après), je vous conseille la lecture des nouvelles suivantes : « Les premiers jours de mai » de David Chambost (dans « Tremplin pour l'Utopie »), ou encore « Annoncer la sentence » de S. M. Stirling (dans « Dangerous Women »). Si vous avez d'autres exemples de ce type, je suis preneuse !
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Hysteresis est un roman qui déroute et qui étonne. Sa construction est atypique et nous met presque mal à l'aise. L'on suit l'histoire via Romain un jeune garçon qui vivait comme tout le monde jusqu'à ce qu'il se lie d'amitié avec Jason, ce vieil homme qui a plus d'un tour dans son sac. Déjà, l'ambiance du roman est sombre et fait quelque peu penser au film "le village". A Rouperroux, on croit aux fées, on vénère les arbres, mais surtout, on respecte une certaine croyance, au point de punir ceux qui s'y opposent. C'est ainsi qu'il est strictement interdit de toucher à la végétation sous peine d'être banni du village après avoir été battu par l'un de ses habitants. de même qu'on évite de parler de l'époque d'avant où l'homme possédait une grande technologie. Désormais l'électricité et les outils actuels n'existent plus. Car oui, la vie a changé depuis la grande Panique et la Terre a repris ses droits.

Du coup, l'univers proposé par l'auteur est franchement très sympathique même si très sombre et risque de déstabiliser bon nombre de lecteurs, peu habitué à ce genre de lecture. En plus, j'ai trouvé le style de Loïc le Borgne très atypique et différent de tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent. Il a une telle manière d'écrire que si on adhère pas rapidement à son style, alors je pense que cela représentera un frein à la lecture. Pour ma part, ça l'a complètement fait, au point que j'étais captivée par cette histoire de fée et de découverte.

En bref, Hysteresis est un grand roman qu'il faut lire !
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Quand Jason, vieillard d'avant la Panique, débarque à Rouperroux, chacun le pressent bien en son for intérieur : la menace guette le fragile équilibre sur lequel le village s'est construit. Car Jason parle et questionne, à l'encontre des traditions. Si la communauté a pu survivre jusque-là, c'est grâce au refoulement collectif de secrets peu avouables. Face à l'intrus qui vient nommer sans scrupule les tabous, certains sortent leurs griffes. La tornade n'est pas loin…

« Hysteresis » est un roman déroutant, qui dépeint un monde d'après l'apocalypse, nommée ici « La Panique ». le monde post-Panique a perdu les attributs qui l'ont fait basculer, c'est-à-dire les progrès techniques condensés notamment dans les technologies numériques. Les hommes vivent dans une sorte de Moyen-Age, la nostalgie d'un autre temps en plus :
« Nous sentions cet espoir et cette détresse se tordre et se mêler en nous, cette horrible nostalgie, cette désespérance et cette soif de jours meilleurs. Nous songions à ce que nous étions devenus dans ces ténèbres, à ce monde qui nous avait réduits à des ombres et qui nous faisait si peur, à cet autre monde doré qui pour toujours s'éloignait, nous quittait, devenait flou derrière nos larmes. » (p. 221.)
Car ce monde, qui s'arrête ici aux frontières de Rouperroux, semble s'être endormi à l'ombre de la raison pour basculer dans un radicalisme forcené. Ici, ce sont les arbres qu'on révère, à qui on voue un culte sans borne, plus particulièrement leur essence immatérielle : les fées. Malheur à ceux qui osent brûler les ailes des fées ! Les sévices seront aussi cruels que l'affront.
« Hysteresis » mélange les genres et les clins d'oeil à notre temps : mythologie grecque avec Jason, arthurienne avec les fées, poèmes et chansons, littérature enfantine et adulte… L'ensemble reste sombre, pesant, comme la menace annoncée (sans être pour autant dévoilée) dès le prologue par le narrateur, un enfant.
Le suspens, comme l'ombre, croissent au fil de l'intrigue. le dernier tiers du livre vient condenser, en un final éblouissant, les qualités de l'intrigue, jusque-là trop disparates : une écriture puissante, à la lisière du poétique et de l'onirique, l'ombre et la lumière accordées en une tension brûlante, une ode à la Terre, à cet autre monde doré, aux possibles à construire.

Je tiens à remercier Babelio (via l'opération Masse Critique) ainsi que les éditions le Bélial' pour cette belle découverte, aussi déroutante qu'enrichissante !
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Une superbe couverture pour ce roman de Loïc le Borgne qui nous projette dans un monde post-apocalyptique pas si science-fiction que ça à mon avis, car le sujet traité ici est tout à fait d'actualité et inquiétant. Une thématique qui m'intéresse beaucoup, je ne pouvais donc pas passé à côté de Hystérésis.

Une belle écriture qui accompagne de bons personnages dans ce récit où l'ambiance est assez noire.

Une très bonne lecture qui laisse un goût de réfléxion.

Lien : http://silencejelis.blogspot..
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Un excellent roman, magnifiquement écrit, et particulièrement lucide sur les turpitudes humaines. A tel point que je l'ai trouvé carrément glauque par moments. En ce sens, on ne peut pas dire que la lecture fut agréable, et pourtant je ne suis pas parvenue à décrocher avant la fin. Car au final j'ai aimé ces personnages qui se battent pour préserver le peu de bon qu'il reste en ce monde...
Lien : http://www.chroniquesdachero..
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tb
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