Tournés vers le désert, ils faisaient leur prière sans paroles. Ils s’en allaient, comme dans un rêve, ils disparaissaient.
La fièvre du soleil et de la sécheresse est éteinte par la nuit. La soif, la faim, l'angoisse se sont apaisées par la lumière de la galaxie et sur sa peau il y a, comme des gouttes, la marque de chaque étoile du ciel.
Une nuit, le photographe l'emmène dans un dancing qui s'appelle le Palace, le Paris-Palace, un nom comme ça. Pour danser, elle a mis une robe noire décolletée dans le dos, parce que le photographe veut faire des photos.
Là aussi, c'est un endroit qui ressemble aux grandes places vides où il n'y a que les silhouettes des immeubles et les carrosseries des autos arrêtées au soleil. C'est un endroit terrible et vide, où les hommes et les femmes se pressent et grimacent dans l'ombre étouffante, avec les éclairs de fumée des cigarettes, et le bruit du tonnerre qui cogne, qui fait vibrer le sol et les murs.
Au-dessus de la terre, au zénith, le ciel est d'un bleu très dense, presque couleur de nuit, et quand elle regarde vers l'horizon, au-dessus de la ligne des dunes, elle voit cette couleur rose, cendrée, comme à l'aube.
La gare, c'est aussi un des endroits où on peut voir sans être vu parce qu'il y a trop d'agitation et de hâte pour qu'on fasse attention à qui que ce soit.
La nuit tombait vite, près de la Hamada. l'ombre entrait dans le fond de la vallée, laissant que les pitons de pierre rouge dans la flamme du soleil.
Le crépuscule est gris d'abord, puis rouge, avec de grands nuages pareils à des crnières de flamme.
Le soir, quand le soleil était près de l'horizon et que l'ombre des buissons s'allongeait démesurément, les hommes et les bêtes cessaient de marcher.
Les petites filles aux cheveux cuivrés grandissaient, apprenaient les gestes sans fin de la vie.
Les hommes choisissaient sans regarder l'endroit où leurs pieds allaient se poser. C'était comme s'ils cheminaient sur des traces invisibles qui les conduisaient vers l'autre bout de la solitude, vers la nuit.