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Citations sur Désert (286)

Quelquefois Hawa (...) regarde les gens, dans les restaurants, dans les halls des aéroports, dans les bureaux, elle les regarde comme si ses yeux allaient simplement les effacer, les faire retourner au néant auquel ils devaient appartenir. Quand elle a ce regard étrange, le photographe ressent un frisson, comme un froid qui entre en lui. Il ne sait pas ce que c’est. C’est peut-être l’autre être qui vit en Lalla Hawa qui regarde et qui juge le monde, par ses yeux, comme si, à cet instant tout cela, cette ville géante, ce fleuve, ces places, ces avenues, tout disparaissait et laissait voir l’étendue du désert, le sable, le ciel, le vent. [...]
Que cherche-t-elle? Que veut-elle de la vie? Le photographe regarde ses yeux, son visage, et il sent la profondeur de l’inquiétude derrière la force de sa lumière. Il y a aussi la méfiance, l’instinct de fuite, cette sorte de drôle de lueur qui traverse par instants les yeux des animaux sauvages.
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Il y a tant de choses qui passent par le silence.
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Au fond du tombeau, sur la terre battue, le guide était étendu à plat ventre. Il touchait la terre avec ses mains, les bras allongés devant lui, ne faisant qu'un avec le sol. Il ne priait plus, à présent, il ne chantait plus. Il respirait lentement, la bouche contre la terre, écoutant le sang battre dans sa gorge et ses oreilles. C'était comme si quelque chose d'étranger entrait en lui, par sa bouche, par son front, par les paumes de ses mains et par son ventre, quelque chose qui allait loin au fond de lui et le changeait imperceptiblement. C'était le silence, peut-être, venu du désert, de la mer des dunes, des montagnes de pierre sous la clarté lunaire, ou bien des grandes plaines de sable rose où la lumière du soleil danse et trébuche comme un rideau de pluie ; le silence des trous d'eau verte, qui regardent le ciel comme des yeux, le silence du ciel sans nuages, sans oiseaux, où le vent est libre.

p.30
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Les vagues tombent, toutes molles, sur le sable de la plage, allongent leurs nappes d'écume mauve.
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Lalla attend quelque chose. Elle ne sait pas très bien quoi, mais elle attend. Les jours sont longs, à la Cité, les jours de pluie, les jours de vent, les jours de l’été. Quelquefois Lalla croit qu’elle attend seulement que les jours arrivent, mais quand ils
sont là, elle s’aperçoit que ce n’étaient pas eux. Elle attend, c’est tout. Les gens ont beaucoup de patience, peut-être qu’ils attendent toute leur vie quelque chose, et que jamais rien n’arrive.
[...]
Lalla le regarde de temps à autre. Elle aime son visage impassible, son profil d’aigle, et la lumière qui brille au fond de ses yeux sombres. Lui aussi, le Hartani, il attend quelque chose, mais il est peut-être le seul à savoir ce qu’il attend. Il ne le dit pas, puisqu’il ne sait pas parler le langage des hommes. Mais dans son regard on peut deviner ce qu’il attend, ce qu’il cherche. C’est comme si une partie de lui-même était restée au lieu de sa naissance, au-delà des collines de pierres et des montagnes enneigées, dans l’immensité du désert, et qu’il devait un jour retrouver cette partie de lui-même, pour être tout à fait un.
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"Les jours sont tous les mêmes, ici, dans la Cité, et parfois on n'est pas bien sûr du jour qu'on est en train de vivre. C'est un temps déjà ancien, et c'est comme s'il n'y avait rien d'écrit, rien de sûr. Personne d'ailleurs ne pense vraiment à cela, ici, personne ne se demande vraiment qui il est."
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Ces choses étaient plus belles quand il les regardait, plus neuves, comme si personne ne les avait regardées avant lui, comme au commencement du monde.
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Il connaissait toutes les étoiles, il leur donnait parfois des noms étranges, qui étaient comme des commencements d'histoires. Alors il montrait à Nour la route qu'ils suivraient le jour, comme si les lumières qui s'allumaient dans le ciel traçaient les chemins que doivent parcourir les hommes sur la terre. Il y avait tant d'étoiles ! La nuit du désert était pleine de ces feux qui palpitaient doucement, tandis que le vent passait et repassait comme un souffle. C'était un pays hors du temps, loin de l'histoire des hommes, peut-être, un pays où plus rien ne pouvait apparaître ou mourir, comme s'il s'était déjà séparé des autres pays, au sommet de l'existence terrestre.
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Alors apparaissent des choses belles et mystérieuses. Des choses qu’elle n’a jamais vues ailleurs, qui la troublent et l’inquiètent. Elle voit l’étendue du sable couleur d’or et de soufre, immense, pareille à la mer, aux grandes vagues immobiles. Sur cette étendue de sable, il n’y a personne, pas un arbre, pas une herbe, rien que les ombres des dunes qui s’allongent, qui se touchent, qui font des lacs au crépuscule.
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Quand Llalla s'aperçoit que le Hartani et l'epervier sont semblables, elle frissonne, mais son vertige cesse.Le ciel devant elle est immense, la terre est une buée grise et ocre qui flotte à l'horizon.Puisque le Hartani connaît tout cela, Lalla n'a plus peur d'entrer dans le silence.Elle ferme les yeux, elle se laisse glisser dans l'air au milieu du ciel, accrochée au bras du jeune berger.Lentement,, ensemble, ils tracent de grands cercles au-dessus de la terre, si loin qu'on n'entend plus aucun bruit, rien que le froissement léger du vent dans les rémige, si haut qu'on ne voit presque plus les rochers, les buissons d'épines, les maisons de planches et de papier goudronné.
Puis, quand ils ont longtemps volé ensemble, et qu'ils sont tout ivres de vent, de lumière et de bleu de ciel, ils reviennent vers la bouche de la grotte, en haut de la falaise rouge : ils se posent légèrement, sans faire rouler une pierre, sans faire bouger un grain de sable.
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