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S'il fallait définir la nouvelle chez Le Clézio, on pourrait dire qu'elle est comme un trait au scalpel. Elle offre une immersion saisissante dans la vie des personnages au moment où celle-ci semble basculer.

La narration est énigmatique, touffue et exploite toujours la part de mystère, des personnages, en remontant le fil du temps et en laissant quelques questions sans réponses.
Il y a toujours les thématiques du voyage, de prendre le large et des tragédies

Ces deux histoires sont bien lestées pour mieux suivre les volutes émotionnelles, invisibles de l'intérieur, mais qui labourent pourtant les personnages.

De son écriture directe, incroyablement libre, Le Clézio restitue l'énergie vitale de la jeunesse et les craintes de la vieillesse. Il les regarde se brûler, s'épanouir, et transforme le chagrin en idées, sondant les peurs les plus profondes avec intelligence et subtilité.

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Quand on veut voyager tout en restant chez soi, rien ne vaut un livre de JMG le Clézio. On ouvre un de ses livres et on est partance… « Hasard, suivi de Angoli Mala » est pour moi un court roman suivi d'une longue nouvelle. Chacun de ces récits nous offre une histoire d'apprentissage, apprentissage de la vie mais aussi apprentissage de la Nature dans ce qu'elle a de plus sublime.

« Hasard » nous raconte l'histoire de Nassima, petite-fille solitaire et rêveuse qui habite seule avec sa mère dans le Sud de la France. Sur le chemin de ronde de Villefranche, elle guette le retour du Azzar, majestueux voilier, propriété du cinéaste et aventurier Juan Moguer. Une nuit, Nassima monte clandestinement à bord du voilier qui l'a toujours faite rêver. Commence alors une aventure hors du commun, une parenthèse maritime faite de grandes étendues, de solitude et de silence. Mais après l'euphorie du bleu azur, des dauphins et des escales aventureuses panaméennes, la réalité reprend ses droits et avec elle, la fin d'un rêve.
Azzar est pour Nassima la promesse de rejoindre un père absent ou à défaut, d'en trouver un de substitution en la personne du capitaine cinéaste.
Azzar comme hasard, un bateau symbole de rencontres fortuites qui parfois décident de toute votre vie, en bien comme en mal. Juan Moguer en fera les frais, ainsi que son voilier avec lequel il ne fait qu'un : raconter la vie de l'un, c'est raconter la vie de l'autre, de sa gloire à sa déchéance.

Si « Hasard » est une ode au monde de la mer et de ceux qui font corps avec elle, de l'Italie aux îles de la Martinique en passant par le Panama, « Angoli Mala » nous entraîne dans la forêt du Darién, espace sauvage à frontière de la Colombie et du Panama. Pour cette nouvelle, JMG le Clézio s'inspire d'une légende indienne où Angoli Mala prend les traits d'un jeune orphelin, Bravito, qui revient sur sa terre natale. Avant que la folie ne l'emporte au coeur de la forêt, il fera l'apprentissage de la vie, de la violence et de l'amour. Une nouvelle fois dans ce récit où le conte se mêle à la réalité, la nature est reine. Elle est ici plus sauvage et plus vibrante que jamais.

JMG le Clézio est un poète, un grand voyageur et un humaniste. A travers le beau, il sait également dénoncer la violence des hommes, leur cupidité et leur arrogance. Engagé, l'écrivain nous parle des exploités, des miséreux, des petites putes qui ont encore l'air d'écolière et qui attendent leurs riches clients dans les rues de Medellin en Colombie, des indiens à la frontière qui se font exproprier et qui oublient leur malheur dans l'alcool, des contrebandiers et des policiers corrompus qui répandent leur poudre blanche jusqu'au coeur des bouges de Yaviza, au Panama.

Voilà, pendant quelques jours, je suis partie en Colombie et au Panama, j'ai vogué sur l'océan étincelant, j'ai parcouru la forêt sauvage et ses torrents. J'y ai vu les merveilles de la Nature, j'y ai vu les dégâts de l'homme.

C'est du le Clézio, rien de nouveau. C'est juste une écriture inspirante et obsédante.
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Hasard, et vous embarquez pour un long voyage sur Azzar, est ce par hasard ou pas ce nom si semblable. Tout est hasard aussi pour cette histoire. Un père qui n'a plus sa fille à ses côtés, une fille dont son père s'est enfui. Deux être qui étaient fait pour se rencontrer pour mieux se consoler.
J'ai beaucoup apprécié cette vie en pleine mer, avec ce vieux marin, et cette nymphette et son boa Zoé, l'oncle Andriamena.
La fin est moins captivante, moins poétique.
Ce premier roman nous invite au voyage sur les océans alors que le deuxième bien plus court nous immerge dans la forêt amérindienne. Un autre dépaysement, une histoire un peu dure, règlement de comptes entre contrebandiers, indiens. J'ai moins adhéré bien que j'ai aimé le décor obscur et envoûtant de cette forêt.
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Deux histoires, comme le reflet l'une de l'autre dans un miroir : « Hasard », la plus longue et « Angoli Mala », séparées de quinze ans…

« Hasard », ou l'histoire de deux destins : celui d'une adolescente, Nassima, abandonnée par son père parti à l'aventure, et Juan Moguer, un aventurier richissime di cinéma aussi solitaire que misanthrope, commandant du « Azzar » un superbe voilier sur lequel la jeune fille s'embarque en passager clandestin alors qu'il fait escale dans le port de Villefranche…
« Angoli Mata » : bâtie à partir d'un fait divers, on assiste au retour au pays d'un jeune indien, Bravito, après une éducation chez un pasteur américain. Il découvrira la déchéance de son peuple Waunana, perdu dans l'alcool et la soumission… Révolte…

Deux textes, deux quêtes d'identité, un thème cher à l'auteur du « Chercheur d'or »…comme celui du prix à payer pour la liberté ou celui du voyage initiatique… Quant à la nature elle vit à chaque page.
Malgré tout et surtout malgré le grand respect que je voue à Jean-Marie le Clézio, et particulièrement à ses écrits maritimes, la traversées vers les Antilles à bord du Azzar me fut difficile… A plusieurs reprises la tentation d'abandon m'effleura. Las, je suis tout de même parvenu à bon port, pour assister au désastre…

Le seul Le Clézio pour l'instant qui m'a demandé de l'effort… malgré une langue si belle à décrire la nature, la mer et le Azzar perdu dans la tempête entre Malaga et Antigua.
De très belles pages, néanmoins…

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Au commencement, une voile blanche effilée comme une aile d'albatros claque doucement sur les rêves de Namissa. le grillon métis accroche son regard au plumage de toile immaculée. Partir et devenir ou rester et se rabougrir?Au commencement du commencement, un bateau a emporté le père et la douceur maternelle, a désagrégé le monde chaud de l'enfance. L'âme embourbée et les pieds toujours mouillés, Namissa s'invite en clandestine sur le luxueux voilier d'acajou. le voyage débute. Mais la poésie des premières pages reste à quai. La beauté prend l'eau.

En bon petit mousse, j'écope, je souque l'aussière, déterminée à ne pas passer par dessus bord avant la fin de la traversée. du rivage, le chant des sirènes était trop enchanteur.
224 pages plus loin, épuisée d'avoir ramé par manque de vent, j'examine mon périple d'un oeil à la fois perplexe et torve (ce qui constitue un exploit). Bien sûr, j'ai pêché quelques rares perles dans la mer des sargasses mais beaucoup de couleuvres aussi et JMG le Clezio a, lui, pêché par manque de réalisme.

Car le voyage vire à la caricature: le sexagénaire et la nymphette. Lui (ex cinéaste riche et célèbre) a largué les amarres, sa femme, sa fille pour couler des jours de misanthropie maritime en compagnie d'un énigmatique homme à tout faire taiseux. Sur fond d'alcool et de prostitution. Il traîne dans son sillage un évènement trouble. (Et moi munie de mes rames). Quelques tempêtes plus loin, on accoste enfin pour sombrer dans un pessimisme brouillardeux qui ne rend pas nos deux héros plus crédibles. Après son incompréhensible admission sur le navire, Nassima a été expulsée. Rapatriée en France, elle assistera à la déchéance finale de Juan Moguer, qui jamais ne fut son père de substitution. Pourtant, l'une était en recherche de père, l'autre en manque de fille.
J'en suis venue à regretter ma première galère. Elle entretenait mes pectoraux.

Evidemment, le merveilleux voilier a fait naufrage. Ce petit roman aussi. le romancier de l'enfance malmenée s'est échoué à l'instar du Azzar.
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Une critique qui se fait tirer l'oreille.
Voici plusieurs jours que je l'ai lu et je ne sais trop quoi en dire.
Deux romans dans un livre.
Le premier : Hasard
La jeune Nassima, quatorze ans, s'incruste sur le voilier de Juan Moguer, un célèbre cinéaste. Elle vit plusieurs mois d'aventure en sa compagnie, puis le retrouve quelques années plus tard.
Liens étranges entre ces deux là. Recherche du père, apprentissage de la vie…
J'ai bien aimé le lire, l'écriture est très agréable, mais une fois terminé, je ne sais pas si j'ai vraiment aimé.
Le deuxième : Angoli Mala
La vie d'un indien, Bravito, qui retourne à la nature. C'est dur, violent.
Je n'ai pas trop saisi le lien entre les deux. Pas compris le titre non plus.
Même sentiment que pour le premier : belle écriture, belle histoire, mais pas d'adhésion totale.
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oui captivant et nous tient en haleine ; peut faire penser à Lolita en plus soft ; une belle histoire entre un vieux marin et une jeune fille déroutée
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Deux récits, un long, un court. L'éditeur nous dit que ces deux histoires ont été écrites à 15 années d'intervalle.
Dans le premier récit, Nassima, adolescente en recherche de son père, s'embarque sur le bateau "Azar" piloté par Moguer et son compagnon de voyage : l'énigmatique Adriamena. Nassima connaîtra l'aventure, les conditions de vie difficiles, la gentillesse cachée de Moguer. le lecteur découvrira la mer, la navigation difficile, la peur, la violence des éléments et de l'océan.
Ces deux récits parlent d'apprentissage. Les personnages se cherchent, évoluent dans la vie avec beaucoup de questionnements.
Ce sont de très beaux textes, emprunts d'une poésie violente, à fleur de peau.
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On se demande où va aller "hasard" qui dérive comme le navire dans une histoire que personne ne semble maîtriser : ni l'enfant sur le bateau qui ne sait pas où elle va, ni le capitaine, ni le pilote, absent, tout le monde est isolé, personne ne parle, rien ne se fait en commun, et puis je ne sais pas, heureusement le roman se lit vite, on regrette moins de l'avoir ouvert.
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N° 1498- Août 2020.

Hasard suivi de Angoli Mala – J.M.G.Le Clezio – Gallimard .

« Hasard, » c'est la rencontre de plusieurs vies, celle de Nassima, une petite fille  qui vit avec sa mère à Villefranche et qui rêve de retrouver son père, un médecin antillais, parti en les abandonnant, celle de Juan Moguer, la soixantaine, un richissime producteur de cinéma sur le déclin qui sillonne les mers sur son voilier, le « Assar », et celle de ce bateau. Quand il mouille dans la baie, la petite fille, devenue Nassim et déguisée en garçon devient son passager clandestin. Découverte, elle est initiée par Moguer à la navigation, s'intègre au maigre équipage fait de ces deux hommes solitaires dont l'un, Andriamena, sera rattrapé par son passé et elle s'émerveille du spectacle de la mer. Cet homme la prend sous sa responsabilité, un peu comme si elle était sa fille qui a le même âge mais qu'il voit peu à cause de son divorce.
La passion de le Clezio pour la mer et pour le voyage est communicative à cause des termes techniques maritimes mais surtout grâce à la magie poétique de son écriture. Elle rend compte de la beauté de la nature et de la mer autant que l'appétit de liberté qui caractérise son oeuvre et qui se retrouve évidemment ici avec en plus l'émotion distillée par la fin du voilier et surtout la mort de Moguer malgré la chaude présence de Nassima, l'existence limitée et éphémère des choses et des hommes . Il y a une corrélation entre le titre de ce roman (hasard) et le nom du bateau (Azzar), beau yacht qui navigue sur les mers du globe avec à sa barre Noguer qui fuit son passé en s'accrochant à ce symbole, désireux aussi d'échapper à sa nouvelle condition, lui qui a été influent, séducteur, maître des destinés et qui maintenant n'est plus rien, vieux, ruiné, taiseux, abandonné de tous, il est l'image de la condition humaine. Les relations entre Nassima et Noguer sont à ce point ambivalentes qu'il croit retrouver sa fille sous les traits de la jeune fille et elle son père disparu au point d'accompagner ses derniers moments et ceux de son navire . Leur histoire commune est hachée, intimement liée à ce bateau qui pour lui est un symbole et pour elle un espoir et qui d'ailleurs sombre avec lui.
Le hasard qui est une des grandes interrogations, parfois contradictoires des hommes, est lui-même un phénomène aléatoire déclencheur d'événements non liés à une cause précise et dont le symbole est le jeu de dés. Dans la vie de chacun d'entre nous, le hasard tient une place beaucoup plus grande que nous voulons bien l'admettre, entre liberté individuelle et destin, il est toujours entouré de mystère. Ce sont des rencontres qui bousculent nos certitudes les mieux ancrées en nous et nous insufflent une folie qui nous fait croire que tout est possible et qui ainsi bouleverse les choses les mieux établies pour la poursuite aventureuse de chimères au point de nous faire douter de nos plus solides illusions. Il est à l'image de ce bateau, microcosme poussé par le vent qui porte dans ses flancs des rêves de voyage mais échoue sur un quai oublié et de cet homme et de sa splendeur passée.
Le deuxième texte qui s'inspire d'une légende indienne met en scène, un jeune indien de 18 ans, Bravito, orphelin et éduqué par un pasteur qui veut retrouver sa forêt d'origine mais pour survivre doit accepter de travailler pour des contrebandiers et les policiers véreux. Il découvrira la déchéance de son peuple miné par l'alcool.
Il est toujours tentant, s'agissant de la publication de deux textes que quinze années séparent et qui sont deux textes indépendants l'un de l'autre, de découvrir ce qui les lie. Bravito comme Nassima vivent dans un contexte de liberté symbolisé par la mer et par la forêt, mais pour chacun d'eux, comme pour nous tous le temps passe et imprime sur nous sa marque. Ils se sont donné un but qu'ils n'atteindront peut-être pas mais qui leur servira de boussole pour un temps et qui nourrira leurs illusions. Désir d'absolu et volonté de retrouver ses racines dans les deux textes. Autant j'ai eu plaisir à être attentif au premier texte autant, entrer dans le second m'a paru difficile.
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