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De la Provence occupée à celle des années 80, en passant par Israël et le Canada. L'errance juive du 20e siècle.

D'une volonté d'extermination, 39-45, au refus d'une existence, 1948. Cette même année, la fin d'un exode qui, l'espace de quelques secondes, croise le début d'un autre. Deux destins qui se rencontrent, se comprennent et, en esprit, ne se quitteront plus.

Et un dernier combat, celui contre les fantômes des disparus.

C'est le Clézio, donc c'est beau. Très beau.

Dommage, simplement, qu'une forme de manichéisme assez simpliste semble transparaître dans le thème du conflit israélo-arabe. Les "chassés", les "chasseurs". C'est beaucoup plus complexe que cela. D'autant plus en 1948.
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Un bijou littéraire !

Esther la Juive et Nejma la Palestinienne, des étoiles errantes : deux destins et un cri de douleur : la guerre. L'exil est un point commun (Israël, terre promise pour l'une et camp de réfugiés pour l'autre). Cependant, Nejma et Esther ne se retrouveront jamais ; il leur restera uniquement ce regard et l'échange de leur prénom sur un cahier.

L'écriture poétique et vibrante de JMG le Clézio nous enchante et sait nous transporter au plus profond de l'âme de Nejma et Esther. de toute beauté !


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L'histoire d'Esther Grève, petite fille juive commence pendant l'été 1943 et finit pendant l'été 1982 à la mort de sa mère. Elle part de la zone libre vers l'Italie puis vers Israël, tout jeune pays encore en guerre contre la Syrie. C'est une "étoile errante", Estrellita l'appelait son père, mort dans le maquis tandis qu'il faisait passer des gens vers l'Italie. C'est l'histoire d'un voyage continuel, de rencontres, d'amours, de morts par lequel Le Clézio joue sur plusieurs voix, variant du "je" d'Esther ou de Nejma, rencontre éclair sur la route de Jérusalem de cette jeune Palestinienne qui fuit la misère avec son mari et un bébé, vers le "elle" narratif, distant comme un zoom arrière. Esther fuit le mal nazi, le mal de la guerre, le mal absolu, la mort... On sent cependant dans l'écriture comme une fatalité à voyager, à s'exiler, comme une destinée déjà écrite et nombreuses sont les références bibliques (le livre du commencement) qui figure un paradis perdu tout comme les Djenounes de la vieille Aamma Houriya, conteuse dans le camp où vivait Djema. A chaque fois que ce paradis est entr'ouvert, par la musique, la contemplation de la mer, de la nuit, des étoiles où l'on attend toujours quelque chose : Esther, son père, Saadi (amant de Djema) les camions de ravitaillement de l'ONU, les enfants forment un groupe fasciné.

A la fin, Esther qui a un fils et vit de nouveau en Israël après un détour par le Canada, revient à Nice - d'où elle part au début du roman - pour jeter à la mer les cendres de sa mère. Elle retrouve ainsi son enfance et le mal qu'elle a rencontré sur les traces de son père tué par la Gestapo.

Bien sûr, c'est du le Clézio! Et il sait très bien écrire, avec poésie, imagination, style. Jamais il n'est ennuyeux malgré la fin un peu longue de l'errance d'Esther, on comprend pourquoi il prend son temps, le dilate comme les souvenirs se répètent. Dans le passage sur Djema, c'est le style quasi-biblique qui prédomine fait de phrases répétitives, d'inversions, d'échos pour mieux traduire la simplicité empreinte de profondeur. C'est la lutte pour la survie comme si tout recommençait, comme une nouvelle genèse.

C'est un roman d'une grande facture qui force l'admiration et l'enthousiasme.

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c'est beau ! que dire de plus? Dramatique bien sûr mais sans tomber dans la lamentation, une description poignante de l'amour d'une fille pour son père... et d'un père pour sa fille. JMG le Clezio fidèle à lui même, à ce style qui musarde, presque paresseux. Est-il utile de le préciser ? J'adore ce livre, sans doute parce que je suis père
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Les parents d'Esther l'appellent Hélène. Il faut dire qu'en cette année 1943, il ne fait pas bon porter un patronyme juif. A St Martin de Vésubie, où ils vivent tous les trois, l'hôtel du village loge les occupants italiens. Lorsque ces italiens s'en vont pour faire place aux allemands, la vie d'Esther bascule : elle fuit elle aussi vers l'Italie, en compagnie de sa mère et des autres juifs du village. Son père, parti dans le maquis, doit les rejoindre plus tard. Une fois la guerre terminée, c'est un autre voyage qui est entrepris, vers Israël, terre de tous les espoirs. Sur cette terre elle croise Nejma, une palestinienne adolescente comme elle, rencontre furtive mais qui la troublera longtemps.

C'est d'une double errance dont nous parle J.MG le Clézio dans ce roman, à la fois physique et spirituelle. Pendant de longs mois, en effet, Esther et sa mère se déplacent, tantôt à pieds, tantôt en train ou en bateau, motivées par la nécessité de survivre, puis dans le but de s'établir sur la terre de leurs origines. Nejma et ses compatriotes palestiniens errent eux aussi, chassés de leurs fermes ou de leurs maisons, forcés de s'établir dans des camps insalubres, ou de s'épuiser sur les routes en quête d'eau et de nourriture.
Au fur et à mesure de ces différents voyages, le lecteur devine aisément qu'il est surtout question des errements de l'âme, notamment de ceux d'une jeunesse qui cherche à se situer dans le monde des adultes, puis s'efforce d'y trouver sa place, et qui a besoin de donner à l'existence un sens qui soit en adéquation à la fois avec ses idées de justice et son besoin d'épanouissement personnel.
Un étrange parallèle s'établit entre les deux jeunes filles : il semble qu'Esther ne tienne pas en place parce qu'au fond d'elle-même, c'est une autre quête qui se joue, celle de la conscience de soi, à laquelle ni la religion ni l'appartenance à un peuple ne lui permettent finalement d'accéder. A contrario, le nomadisme forcé de Nejma semble la rendre plus mature, la conforter dans son identité et vis-à-vis des responsabilités qui lui échoient en tant que femme.

Il serait bien sûr réducteur de ne voir ce récit qu'à la lumière de son contexte historique et/ou géographique. Il a une portée universelle, parce qu'il s'attache, au-delà des intérêts nationaux ou idéologiques, à nous parler des individus. Et ces derniers ont beaucoup plus de points communs qu'ils ne veulent bien l'admettre, qu'ils soient juifs ou arabes, français ou italiens, qu'ils croient à la religion ou au communisme…
Il nous parle aussi de l'enfance perdue, tuée, car en cas de conflit, quel qu'il soit, les enfants en sont toujours les plus pitoyables victimes.

La richesse de l'écriture, la justesse des mots, cette façon qu'a J.M.G. le Clézio de mêler étroitement personnages et environnement naturel (l'importance et l'omniprésence du soleil, du vent...), la lucidité de son analyse du comportement humain, font d'"Etoile errante" un grand moment de lecture.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un le Clézio comme on les aime. La force de l'existence se mêle à la destruction qu'imposent les hommes eux-mêmes à leur propre race et malgré toutes les difficultés, malgré le pire, les personnages prouvent toujours leur attachement à la vie.
En parallèle, nous découvrons la vie de 2 jeunes femmes d'origines différentes, aux quotidiens différents, mais semblables par la cruauté qu'elles subissent. Finalement, ni les occidentaux, ni les peuples du désert ne sont protégés ; lorsque la violence prime, où que l'on soit, la protection dont on pensait bénéficier s'effondre.
C'est un livre émouvant, où l'on retrouve des thèmes récurrents à cet auteur : religion, attachement aux coutumes, dévouement familial, fidélité à sa terre d'origine, amour, naissance, reconstruction... Le Clézio nous montre que malgré la hardiesse de la guerre, une humanité humble finit toujours par retrouver le salut.
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La guerre d'abord.
Dans l'arrière-pays nicois transformé en ghetto. Esther est juive. Esther doit fuir, avec sa mère. Gagner l'Italie.
Puis Israël.
La guerre encore. Une autre guerre.
Esther croise le chemin de Nejma. Nejma qui marche silencieusement, quitte son pays pour un camp de réfugiés. Nejma qui n'a que le temps d'écrire son prénom, de le donner à Esther, simplement ça, un prénom. Rien d'autre.
Certaines choses sont innomables, monstrueuses, douloureuses. Et les mots de le Clezio sont beaux, plein de poésie, pour dire ces choses-là.
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Ce n'est que le deuxième livre de le Clezio que je lis. J'y ai retenu dans celui-ci une atmosphère à la Modiano très cotonneuse... écriture magnifique et simple, propos humanistes et fondamentaux, récit de son être au monde. Je réitérerai rapidement
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Finalement, ce livre pose deux questions sans en donner la réponse tellement la question est absurde : à quoi sert la guerre ? Qui a-t-il d'aussi absurde ?
L'allégorie est portée par Esther qui fuit le nazisme avec sa mère. Elle tentera naturellement de rejoindre Israël et fera des rencontres sur son chemin (comme Nejna qui est, elle aussi, déracinée : elle est Palestinienne).
Au fond, Le Clezio nous prouve que nous ne sommes pas si différents : tous des hommes avec du sang qui coule dans nos veines. Alors à quoi bon s'échiner à s'entretuer ?
Pas le meilleur roman de le Clezio. Tout de même largement au-dessus du lot.

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Belle écriture mais récit désincarné qui a fini par me lasser.
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