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Perrine Le Querrec (Autre)
EAN : 9782376650560
96 pages
La Contre Allee (21/02/2020)
4.56/5   45 notes
Résumé :
“Pendant plusieurs semaines, des femmes, des héroïnes, m’ont confié leur vie et leurs mots. Leur besoin commun de briser le silence et l’indifférence autour des violences conjugales et ses nombreux visages. [...] C’est cela que vous allez lire.”
Perrine Le Querrec
Que lire après Rouge pute - La couronneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Rouge pute, c'est un titre que l'on se prend en pleine figure, comme les coups, les violences diverses que se sont pris les femmes avec lesquelles s'est entretenue Perrine le Querrec pour écrire ce recueil de poésie.

Rouge pute, c'est une couleur de rouge à lèvres, péjorativement considérée par certains de ces hommes violents pour qui sortir avec du rouge à lèvres de cette couleur, c'était être une pute.

Rouge pute, c'est une poésie qui, sans surprise, nous percute de plein fouet : d'abord dans le fait de ne pas mâcher, poétiser les mots choisis pour raconter les violences, physiques, morales, insidieuses, qui durent longtemps, souvent connues de tous mais traitées comme si elles n'existaient pas, souvent jugées de tous ("Mais pourquoi ne part-elle pas ?" par exemple), ne faisant que les rendre encore plus violentes pour les victimes ; ensuite dans la rythmique choisie de chaque poème, tout en répétitions, formes brèves, circularité, comme matraquage symbolisant ces mêmes violences.

Rouge pute, de la poésie à lire pour ce qu'elle dénonce, avec force et émotion.
Lien : http://www.aubonheurdesmotsd..
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Poignant, fondamental, « Rouge Pute » est d'utilité publique. Un cri dans la nuit au plus sombre de l'insoutenable. Perrine le Querrec a rassemblé l'épars, meurtrissures, échos heurtant les falaises. Femmes en annonce d'une parole rédemptrice. Femmes blessées au fronton conjugal. « Planquée dans la chambre. Un instant oublier. Silence ma détresse, je saigne. » Femmes enchaînées, ressacs de violences. Les hommes en guerre, l'ennemi : les femmes. « Interdit. Interdit. Interdits. Puis systématiquement les représailles. » Elles osent la première syllabe. Perrine le Querrec recueille les mots de ces assoiffées d'amour, d'espace et de musique, de caresses et de sérénité. « Et je vais mal répondre, et ça va recommencer. » le choc est rude. Nous sommes le trou de la serrure. En passe de communier avec les dires de ces belles abandonnées dans l'aube d'un XXIème siècle. Dans l'intériorité de ces femmes violentées, battues, harcelées, enfants aux abois. Chaises broyées sur leurs reins souples et divins. Coup après coup, la liberté est noire, solitaire, absente. Femmes cadenassées. Osez le premier pas, puis l'autre. Ne pas faire grincer la porte du plausible départ, surtout. « Délivrez-moi de lui, délivrez-moi de moi, de ses violences, de mes silences. » Elles parlent, chapelets de souffrances. L'abîme infini, les draps ensanglantés, une contemporanéité ingérable. La réalité, plaie vive. Pudiques, altières, battantes, le courage est l'échappée en pleine nuit. Chevauchée à l'aveugle, genoux écorchés, saut dans la flaque. « La peur, la fuite, le combat. » Dire les faits, poèmes claquant au vent des affres. Poèmes tempêtes, larmes, prison, l'estime en berne. Poèmes délivrances, dentelles, espérances. « Heureusement je me réveille accrochée à mon Non. » Poèmes brisés, une claque après l'autre, la mort au garde à vous. Redire les griffures, les alphabets d'honneur sur les maux. Les faims d'amour, de respect, d'équité. La loyauté a éteint la lumière. le domicile conjugal est le radeau de Géricault. Les silences de plomb, les nuits sourdes, opaques, annonciatrices des batailles. Révoltes en devenir, « Rouge Pute » fleuve rouge. « Personne ici ne te fera de mal. Des livres sécurité. Terminer un livre, en reprendre un autre. Des livres d'amour. » Cris infinis, ricochets de souffrances. « Rouge Pute » est un outil, le témoignage. Un livre à déposer dans tous les antres, les associations, les ministères. Qu'il soit lu à voix haute dans les lycées, les universités, les lieux de vie et de travail, dans les Palais de Justice. Déposez sur les bancs publics, dans les sacs à main, dans les trains. Plus de bourreaux, drapeau blanc. Partout où le mal gronde sournois. Ce livre est La solution, La Parole. « Même si à l'intérieur j'ai toujours peur. » Vaincre l'immonde bête à coup de rouge à lèvres. Dire l'urgence et le devoir de lecture, cette reconnaissance universelle au verbe placé en exactitude assise. Paroles, mimétisme, Rouge sang, « Rouge Pute, ils assassinent. » Célébration de la lutte achevée. « Nous autres, femmes, filles, filles, enfants, être humains, nous déposons une couronne sur ta tête. » Une référence. Publié par les majeures Editions La Contre Allée.
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De la poésie sous forme de coup de poing. Ou d'uppercut. Des mots qui vous touchent directement.
La violence que subissent ces femmes est palpable. Avec son art, Perrine le Querrec met à la portée du lecteur des sensations, des émotions, des sentiments puissants. La peur, la violence, la honte, le rejet, le dégoût mais aussi la force, la volonté, l'espoir.
On pense parfois que la poésie est d'une autre époque, éloignée de nous. Et bien l'autrice nous prouve ici que la poésie peut être profondément ancrée dans le réel, le quotidien, le trivial. Elle met du lyrisme, de la puissance, de la beauté et de la force dans les aspects les plus sordides, violents de ce que peuvent subir certaines femmes.
Glaçant, beau et nécessaire.
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Perrine le Querrec forme des poèmes avec les témoignages recueillis auprès de femmes battues, sujet toujours d'actualité. Elles sont victimes mais soupçonnées d'une certaine culpabilité: la justice traîne quand elles ont le courage de dénoncer les faits.
Souvent on pense: "pourquoi ne sont-elles pas parties" mais pour aller où? et les enfants?
La violence, la peur inondent les propos.
On sait que cela existe mais on tente de fermer les yeux.
Un petit livre qui prend aux tripes.
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Un recueil de poèmes nécessaire 💄

Coup de ❤

25 novembre. Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

L'occasion de vous faire découvrir les témoignages de ces « femmes fortes, secouées par des tempêtes que nul ne peut imaginer ».
L'autrice nous les fait découvrir sous forme de poèmes. Ces poèmes bouleversent, tétanisent, nous mettent en colère. Criants de réalisme, ils dépeignent les souffrances de ces femmes, pouvant mettre en exergue nos propres peurs.

« Replonger dans le passé, écouter chacun de leurs mots, écouter enfin après tant de silence autour d'elles, tant d'indifférence, écouter et croire.
Mot après mot, elles se sont redressées. Leur courage, leur joie de vivre, leur force ; notre besoin commun de briser le silence et l'indifférence autour ds violences faites aux femmes, violences conjugales, sexuelles, psychologiques, violences humaines, violence de la société, la violence ses nombreux visages, c'est cela que vous allez lire ».

Ce recueil c'est une demande. Celle d'arrêter d'ignorer ce que ces femmes subissent. de les écouter et de les croire, pour qu'elles ne se soient plus jamais seules.
Tout le monde devrait lire cet ouvrage !💄

*

« Pour x raisons
La violence tombe
Pour x raisons
Mon corps, une ombre
Pour x raisons
Ma vie, une tombe »

« Tu n'es pas seule sera la seule voix
Fais ce que tu veux sera la seule loi
Sois qui tu veux sera la seule voie
Profite de chaque instant, le seul mantra
Vis librement est le seul choix »

« Pour le moment j'en suis là
Sur le qui-vive
Vivre »

*
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Marcher sur des oeufs

Au début.
Au début tu n'as pas peur tu ne vis pas avec la peur
tu vis avec un homme que tu aimes et qui t'aimes tu
le crois au début.
Au début amoureuse, l'amour le grand mot,
amoureuse et même retomber amoureuse après
les excuses.
Au début, entendre parler de femmes battues
et se dire "mais elles n'ont qu'à partir".

Mais l'emprise la terreur si tu ne les as pas vécues.
L'épuisement.

Au début tu ne comprends pas au début tu ne sais pas tu ne sais rien.
Puis.
Dès le matin et chaque matin: Qu'est-ce qui va se passer?
Puis.
Dès le matin et chaque matin: Si je dis ça ou ça, si je
fais ça ou ça, qu'est-ce qui va se passer? est-ce que
je vais y passer?
Passer une autre journée
Marcher sur des oeufs
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La robe de mariée

Un jour c'est vrai j'ai dit Oui, lui aussi
Un jour c'est vrai on s'est mariés c'est même moi
C'est vrai c'est moi la demande en mariage
Un jour c'est vrai, des jours parfois il m'appelait
Chérie
Parfois dehors
Mais une fois la porte passée
Dès qu'on était rentrés
Sans témoin sans regard
Pas le temps de se frotter les yeux
La dernière nuit de mon enfer
Il a tenté de me crever les yeux

Un jour c'est vrai, j'ai cru au paradis
J'avais dit Oui, et lui aussi
Il était doux, un agneau
Un autre jour l'agneau a disparu
Pas même un loup, un monstre
C'est à lui que j'avais dit quoi, à lui
Et ça je l'ai su
Dès la porte fermée
Ma robe de mariée, je l'ai lacérée
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Conjugaison
(se taire)

Je me tais
Ta gueule!
Il me tue
Nous nous raisons
Vous, vous vous taisez
Ils assassinent
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Et ainsi, une semaine sur deux, pendant deux mois. Retrouver ces femmes, survivantes, héroïnes, devenues si proches, à la villa Calderòn, au centre social de La Chaloupe chez elles, s'embrasser, sortir le cahier, faire chauffer l'eau du thé, prendre des nouvelles de la vie, des enfants, puis replonger dans le passé, écouter chacun de leurs mots, écouter enfin après tant de silence autour d'elles, tant d'indifférence, écouter et croire.
Mot après mot elles se sont redressées. Leur courage, leur joie de vivre, leur force, c'est cela qui a mené l'écriture ; notre besoin commun de briser le silence et l'indifférence autour des violences faites aux femmes, violences conjugales, sexuelles, psychologiques, violences humaines, violences de la société, la violence ses nombreux visages, c'est cela que vous allez lire.
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Pour x raisons
La violence tombe
Pour x raisons
Mon corps, une ombre
Pour x raisons
Ma vie, une tombe
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Videos de Perrine Le Querrec (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Perrine Le Querrec
Accompagnée par Nemo Vachez Rencontre animée par Mélanie Leblanc Qu'elle publie de la poésie, des romans ou des pamphlets, Perrine le Querrec écrit par chocs successifs, fait parler les silences, travaille l'espace de la page, entraînant ses lecteurs dans des univers d'une grande singularité.
Elle propose ce soir une lecture musicale portant sur des extraits de deux recueils publiés en ce début d'année. Dans Warglyphes, l'écrivaine tente de décoder le langage de la guerre. Elle analyse sa grammaire, scrute ses manifestations, inventorie ses formes, parcourt son atlas. Tout autre programme avec La fille du chien : « le chien pour guide, quitter la ville. Apprendre une vie lente, foisonnante. Chaque jour en inventer la langue. »
À lire – Perrine le Querrec, Warglyphes, éditions Bruno Doucey, 2023 – La fille du chien, éditions Les lisières, 2023.
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